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Chapitre 1

Trois ans plus tard. Rien n'avait changé.

Mathieu était toujours seul, dans son appartement. Il travaillait toujours dans un fast-food. Il fumait toujours. Sa vie était toujours aussi monotone. Il était toujours autant renfermé sur lui-même.

Et, curieusement, de temps à autre, la jeune fille venait toujours lui sourire à la fenêtre. Sans qu'aucun mot ne soit échangé.

Cependant, il n'avait jamais revu ses parents. Il ne l'avait pas revue tout court, même dans la rue. Elle semblait en permanence trappée chez elle. À la fenêtre. Il soupçonnait cette pauvre fille d'être séquestrée. Pourtant, son sourire rassurant et ses signes de se taire le convainquait de ne pas intervenir.

Mathieu se sentait réconforté par la vision de cette fille. Il avait l'impression que quelqu'un veillait sur lui. Ce n'était pas sa mère qui l'appelait tous les deux jours pour avoir des nouvelles. Ce n'était pas non plus son père qui lui envoyait des mails avec ses résultats d'analyses pour montrer que son état s'améliorait. Encore moins ses collègues qui le félicitaient pour son comportement et son efficacité au travail. Mais une petite inconnue, qui, de temps à autres, apparaissait à une fenêtre pour l'abreuver de sourires. 

Il ne savait rien sur elle. Ni son nom, ni son âge, ni ses intentions. Mais pourtant, il se sentait si proche d'elle. Comme une vieille amie à qui on a pas parlé depuis des années. Alors que pourtant, ils n'avaient toujours pas échangés le moindre mot.

Néanmoins, une chose avait changé dans la vie de Mathieu. Pour éviter de totalement s'enfermer dans la solitude, il allait au bar. Enfin, toujours le même, presque méthodiquement, tous les soirs. Il était devenu exactement ce qu'il détestait : un pilier de bar, avec une voix rauque de fumeur, qui parlait toujours aux mêmes habitués tous les soirs afin d'occuper le temps. Un véritable déchet de la société, en somme.

Pourtant, ces moments-là étaient sûrement les plus agréables de sa journée. Il parlait avec des personnes comme lui. Des marginaux, des solitaires, des hommes se contentant de peu. Des fois, ils rencontraient des personnes qui sortaient du commun. Des adolescents venus boire, des couples préférant s'enivrer que passer une soirée devant un film, des hommes venus chercher des femmes à ramener chez eux. 

Mais aucune de ses rencontres ne l'avaient vraiment marqué. Ce n'était que des discussions dans le vent, sans aucune alchimie. Excepté une.

Ce soir-là, comme tous les autres, Mathieu s'installa sur son tabouret. La lassitude de ses habitudes répétitive et la solitude lui pesaient énormément. Cependant, il se forçait à garder le moral.

— Comme d'habitude, lança-t-il au barman.

Quelques minutes plus tard, une bière était posée devant lui. Il porta la boisson à ses lèvres. Le goût acide lui irrita la bouche. Il n'aimait pas vraiment la bière, à vrai dire. Mais c'était le standard pour avoir l'air d'un individu à peu près normal dans ce genre d'endroits. À force, il s'était habitué au goût. 

Il lança des regards autour de lui. Ce bar était assez petit, ce qui lui donnait un certain charme. Un énorme écran au fond diffusait des images d'un match de foot. Devant, une petite troupe de supporters criaient à la moindre action intéressante, pintes en main. De l'autre côté, un petit groupe de jeunes jouaient aux fléchettes avec une précision discutable. Le reste du bar était composé de tables poisseuses de bière, autour desquelles des groupes de personnes d'âges et de milieux sociaux variés discutaient et buvaient dans la bonne humeur.

Mathieu était seul dans son coin, comme à son habitude. Il ne faisait que discuter avec les barmans ou avec quiconque voudrait engager une discussion avec lui. La plupart du temps, il restait silencieux et ne faisait qu'observer le monde. De l'extérieur, il avait sûrement l'air bizarre, voir un peu flippant. Un homme barbu et impassible qui restait seul des heures entières. Pourtant, ça ne le dérangeait pas. Il aimait beaucoup ce silence observateur, qui lui permettait de s'occuper dans sa pesante solitude.

Soudain, quelque chose vint casser cette routine si définie. Une voix féminine s'éleva à sa gauche.

— La même chose, s'il vous plaît. 

Mathieu se retourna. Il observa sa voisine. Il s'agissait d'une femme de son âge. Visiblement une fausse blonde, avec des yeux bruns et qui portait une robe noire. Elle avait des traits du visage très doux, et un petit sourire espiègle tapissait son visage. Sa beauté le frappa. Et c'est sans doute ce qui le poussa à l'accoster. 

— C'est la première fois que je vous vois ici, lança Mathieu.

C'était rare qu'il engage les conversations. Mais cet endroit était surtout un bar d'habitués, et il était peu fréquent de voir de nouvelles personnes venir seules. D'autant plus des femmes. 

— Oui, en effet, répondit-elle chaleureusement. Vous venez souvent ?

— Tous les soirs. 

— Je ne peux pas vous concurrencer, donc, souligna-t-elle avec un clin d'œil.

Mathieu ne répondit pas. Pendant quelques secondes, il y eut un blanc. Cependant, son interlocutrice reprit immédiatement la conversation.

— À vrai dire, je ne vais jamais dans les bars. Mais j'ai quitté mon ex il y a quelques temps, et j'ai besoin de rencontrer du monde. Je suis allée dans le premier bar qui m'est tombée dessus.

— On a pas l'habitude de voir beaucoup de nouvelles têtes, ici. C'est toujours les mêmes personnes. C'est pour ça que ça m'a surpris de vous voir, déclara Mathieu.

— Peut-être que je deviendrais une habituée aussi, si cet endroit me plaît. Qui sait ! s'exclama-t-elle d'un ton rieur.

L'homme, qui était d'habitude si impassif, se surpris à esquisser un sourire. 

— Ça me ferait plaisir de voir une femme ici, dans ce cas. On manque cruellement de présence féminine, ici. Et, euh... Désolé pour votre ex, ajouta-t-il.

— Ça fait partie de la vie, déclara-t-elle en haussant les épaules. De toutes façons, je n'ai pas le temps d'être triste.

Sa bière arriva. Elle but sèchement une grosse gorgée de la boisson. Mathieu la détailla attentivement. Malgré son air innocent, il savait d'instinct qu'il était face à une femme forte et fière. Ce genre de femmes qui ne se laissent pas faire. Tout transparaissait le féminisme, l'extraversion et la fermeté dans son attitude. 

— Dites-moi, que faites-vous, dans la vie ? questionna-t-il.

— Je travaille dans l'informatique. Je code des trucs, et je me casse la tête sur des problèmes chiants. Et toi ?

Le soudain passage au tutoiement troubla Mathieu. Pourtant, il décida de ne pas relever.

— Milieu d'hommes, ça, non ? suggéra Mathieu. Personnellement, je ne fais pas grand chose. Je sers des burgers.

Son interlocutrice croisa les bras.

— Oui, en effet, je ne croise pas beaucoup de femmes à mon travail. Mais ça me va. J'adore mener les hommes à la baguette. Au fait, on parle, on parle, mais quel est ton petit nom ? l'interrogea-t-elle.

Mathieu était mi-amusé, mi-irrité par cette inconnue qui prenait énormément ses aises avec lui. Cependant, ça ne le dérangeait pas plus que ça. Quelqu'un pour bousculer ses habitudes ne lui faisait pas de mal. Surtout que c'était vraiment rare que quelqu'un lui témoigne de l'attention.

— Mathieu. Et vous ?

L'expression de son interlocutrice changea d'un coup, pour devenir beaucoup plus crispée. Cependant, ça ne dura qu'un instant. Quelques secondes après, elle avait retrouvé son air enjoué habituel.

— Tu comptes me vouvoyer encore longtemps ? se moqua-t-elle. Bref, je m'appelle Margaux.

— Enchanté, dit Mathieu sans grand entrain.

De nouveau, un silence. Cette Margaux avait beaucoup de courage de continuer à tenter de discuter avec un homme si introverti.

— Mon ex s'appelle Mathieu aussi. C'est drôle que j'en recroise un si vite.

Cela expliquait son air étrange quand Mathieu s'était présenté. L'ironie de la situation fit rire jaune le héros.

— J'espère que tu ne vas pas te mettre à me détester pour ça.

Margaux se leva soudainement, sans crier gare.

— Il m'en faut plus pour détester quelqu'un. Bref. Tu fumes ?

— Et pas qu'un peu, déclara-t-il en suivant son pas.

Aussi dit, aussitôt fait. Les deux nouveaux amis se retrouvèrent dehors. La nuit était déjà quasiment tombée, même s'il n'était que 20h.

Margaux sortit un paquet de cigarettes et en porta une à ses lèvres. Mathieu fit de même.

— Quelle merde, ce truc, marmonna son interlocutrice.

C'était la première fois qu'il ne la voyais pas sourire depuis le début de la soirée.

— Tu ne veux pas arrêter ? la questionna-t-il en allumant sa clope.

Elle soupira.

— Je n'ai aucune volonté. Et de toutes façons, je ne me vois pas vivre vieille.

Mathieu serra les dents. Finalement, c'était un peu l'esprit de tous les fumeurs réguliers. À quoi bon arrêter de fumer quand on ne se voit pas dépasser la cinquantaine ?

— Quand est-ce que tu as commencé à fumer ? demanda Mathieu.

Décidément, même lui se mettait à engager des discussions.

— J'avais quinze ans, je crois. Un ami beaucoup plus vieux que moi m'a fait essayer.

— C'est super irresponsable, soupira Mathieu.

Margaux adopta un petit sourire en coin.

— C'est moi qui lui ai forcé la main. Il ne l'aurait jamais fait de lui-même, sinon. Et toi, quand est-ce que tu as commencé ?

— Au collège, avec des potes. On traînait dans des parcs, et on fumait pour faire les grands. Quelle connerie, quand j'y repense.

Margaux lâcha un petit rire.

— On a tous fait des erreurs, par le passé. Tu n'as pas à t'en vouloir.

Ce qui n'étaient que des échanges à mi-mots terminèrent par une longue discussion.

En effet, Margaux et Mathieu discutèrent toute la soirée. Si Mathieu était, comme à son habitude, blasé et peu souriant, la bonne humeur et l'entrain de Margaux le firent sortir de son cocon habituel. Depuis combien de temps n'avait-il pas parlé aussi longtemps à une fille autre que sa mère ? Depuis le lycée ? 

Les heures passèrent, jusqu'à ce qu'il soit bien trop tard pour un dimanche soir d'automne. Les deux interlocuteurs se retrouvèrent dehors, devant le bar, alors que la nuit était déjà tombée depuis longtemps. 

— Je vais rentrer, déclara Margaux en jetant un coup d'œil à l'heure sur son téléphone.

— Il est tard. Tu veux que je te ramène ? s'inquiéta Mathieu.

— J'habite juste en face, ria-t-elle. Mais c'est gentil de proposer.

Mathieu haussa les épaules d'un air gêné. Il était l'archétype même du garçon gentil, mais trop simplet. 

— Bah... À la prochaine, alors. 

Margaux le regarda avec un sourire complice.

— Tu ne me proposes même pas un rendez-vous ? 

— Un rendez-vous ? répéta-t-il, l'air interloqué.

— Tu sais, ce que font des gens quand ils se rencontrent et qu'ils s'entendent bien, dit Margaux d'un air rieur. Tu n'as pas l'habitude, je me trompe ? 

Mathieu baissa les yeux, rouge comme une pivoine.

— Quand tu veux, marmonna-t-il.

— La semaine prochaine ? Dimanche soir, dans le même bar. Ça te va ?

— Dans une semaine ? s'exclama Mathieu, surpris. Ça ne fait pas un peu long ?

— J'ai un emploi du temps chargé, répondit-elle, soufflant la fumée de sa cigarette. Et puis, je me laisse du temps pour décider si tu me plais.

Ça y était, Mathieu rougissait de la tête au pied.

— Hum...  À ta guise. 

Sans un mot, elle écrasa sa cigarette sur son cendrier. Mathieu la dévora du regard, ne sachant pas quoi dire.

 — J'ai été très heureuse de te rencontrer. J'ai hâte qu'on se revoit. Sur ce, bonne soirée ! le salua-t-elle avant de s'éloigner.

— Bonne soirée, marmonna-t-il, pensif.

Mathieu se retrouva seul, le claquement des talons de sa nouvelle amie rythmant le silence. 

L'homme était extrêmement troublé par cette nouvelle rencontre. Il n'était pas le genre de personne à chercher l'amour, ni même à rencontrer de nouvelles personnes tout court. Pourtant, une jolie fille était apparue comme si de rien n'était, et semblait lui porter de l'intérêt. Lui qui n'y connaissait rien à l'amour ou à la drague, il avait pu faire briller le regard de quelqu'un sans spécialement le vouloir. Ce simple fait lui réchauffait le cœur.

Il se dirigea vers sa voiture. Il ouvrit la porte et s'installa au volant. Il appuya sur un bouton sur le poste de commande pour lancer le même disque de rock des années 80 qu'il écoutait en boucle. Puis, dans cette atmosphère de fin de soirée, il se dirigea vers chez lui. 

Il se gara quelques rues plus loin de celle de son appartement. Il sortit de sa voiture puis marcha une centaine de mètres pour rejoindre la petite ruelle où il logeait.

Au moment d'y entrer, quelque chose d'étrange se passa.

Sans qu'il n'y ait le moindre courant d'air, un grand froid lui happa la gorge. Il frissonna. Ça n'était pas un froid d'automne normal. Cela semblait venir de lui-même, comme si son corps se glaçait de l'intérieur.

Pour accompagner son mal-être, son regard commença à se brouiller. Ce n'était pas à cause de l'alcool. Il avait trop peu bu pour cela. Des papillons noirs voletaient devant ses yeux. Au fur et à mesure du temps, il commençait à ne  plus rien voir du tout.

Sa tête commença à le faire souffrir. Si fort qu'il perda l'équilibre et bascula par terre. Il tomba sur le sol en pavés. Il avait plu pendant son séjour au bar. Le froid du sol mouillé lui glaça le sang. 

Ses yeux se fermèrent lentement, sans qu'il puisse les contrôler. Il n'avait plus aucune force, même assez pour contrôler son corps. Il sentait petit à petit la vie lui échapper. Avant de s'évanouir, il sentit sa tête s'écraser lourdement contre le sol.

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