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MARDI 24 / 21 HEURES


Louis s'était reculé sur chaise, les mains sur le ventre, et Ninon l'observa avec amusement. Il avait dévoré sa pizza jusqu'à la dernière miette, en un temps record, quand elle, n'était même pas parvenue jusqu'à la moitié. On aurait dit qu'il n'avait pas mangé depuis quatre jours, ce qui, en y réfléchissant, était peut-être le cas.

Ils avaient éteint la télévision pendant le repas, pour éviter que les informations menacent de faire exploser leur esprit. Ils avaient bien discuté, retrouvant le simili de complicité qu'ils avaient eu avant que tout cela n'arrive. Ninon était prête à faire un effort, elle l'avait décidé la veille, dans la salle de bain pendant qu'elle se brossait les dents. Elle avait regardé son reflet avec désarroi. Comment pouvait-elle continuer d'être la personne bornée et psychorigide qu'elle était ? Elle aurait dû être comme Alice. À sa place, Alice aurait explosé de rire, et aurait charrié Louis pendant des semaines. Ninon n'était pas prête à faire des blagues graveleuses, mais pouvait envisager de considérer l'incident avec désinvolture. Dans quelques mois, quand ils déménageraient, peut-être en riraient-ils.

─ Tu veux faire un jeu, ce soir ? demanda Louis.

Ninon leva un sourcil, le souvenir amer de leur dernière partie en tête.

─ Tu es sûr de vouloir t'aventurer sur ce terrain-là ?

─ Je ne suis plus malade, pas de raison que je perde.

Elle accepta d'un mouvement d'épaule.

─ Je crois que j'ai un Cluedo dans ma chambre, proposa Louis.

Il se leva de table, délaissant son assiette vide où subsistaient encore quelques traces de sauce tomate. Ninon fixa la vaisselle, ce n'était pas son tour, et elle se demandait s'il s'en souvenait. Il n'était plus malade, il n'avait plus d'excuses. En temps normal, elle se serait levée pour débarrasser, mais dans sa résolution qu'elle avait prise devant son miroir, elle s'était aussi promise d'être plus souple. Tout n'avait pas besoin d'être fait en temps réel. Même au restaurant, on patientait un peu avant que l'assiette disparaisse de sous notre nez.

Louis revint les bras ballants.

─ Il n'est pas dans mon placard, j'ai dû le mettre dans la cave.

─ Dans la cave ? s'étonna Ninon.

─ Oui, la cave de l'appart', au sous-sol de l'immeuble. Tu le mets où ton vélo, toi ?

─ J'ai pas de vélo.

Elle ne savait pas qu'ils possédaient une cave. Elle entassait tous ces cartons remplis de vêtements de ski et de livres pour enfants dans son armoire depuis tout ce temps, alors qu'elle aurait pu les redescendre ? Encore un coup d'Alice, à tous les coups.

Louis entreprit de descendre chercher le Cluedo, et Ninon, piquée par la curiosité et le goût de l'aventure, le pria de l'attendre. Elle enfila une veste molletonnée, et des ballerines en tissu qu'elle utilisait comme chaussons, avant de suivre Louis, qui n'en menait pas plus large avec son tee-shirt de la Matmut et ses claquettes par-dessus ses chaussettes.

Ils dévalèrent les escaliers sur deux étages, menaçant de perdre leurs chaussures à plusieurs reprises, et Louis l'entraîna dans recoin reculé de l'immeuble, dans la cour intérieure. La bâtisse était vieille, avec des lézardes d'humidité dans les murs et du carrelage éclaté au sol, Ninon ne pensait pas que quiconque aurait pris le risque de faire creuser des sous-sol en plus de cela. Pourtant, derrière une porte qui ressemble à celle d'un panneau électrique, son colocataire lui dévoila ce qui ressemblait à des catacombes.

Il appuya sur un interrupteur et une lumière grésillante clignota, émanant d'une simple ampoule suspendu à un fil. Ninon balada son regard sur le bois rongé, la laine de verre apparente et les toiles d'araignées au plafond. C'était... charmant. Louis avait l'air de savoir où il allait, empruntant un couloir sur sa droite pour longer les nombreux box scellés. Ninon lui emboîta le pas, quelques frissons parcourant son échine. Dans leur dos, la porte de la cave se referma doucement, dans un grincement. Quand elle entendit le cliquetis de la serrure, elle sursauta :

─ La porte s'est refermée derrière nous, dit-elle.

─ J'ai la clé, lui assura Louis.

Il venait de s'arrêter quelques mètres plus loin, et son trousseau à la main, il chercha la clé de sa cave. Quand il en écarta une toute petite, Ninon réalisa alors à quoi servait le jeu qu'on lui avait confié, elle avait pensé que c'était un double de la boîte aux lettres. Elle découvrait la lumière après avoir vécu dans l'obscurité. Louis poussa la porte, et Ninon jeta un coup d'œil intrigué à l'intérieur. Il y avait un canapé miteux, deux ou trois cartons et le vélo de Louis. Au fond, trônait un meuble poussiéreux, qu'elle avait vu pour la dernière fois dans la chambre d'Alice, avant son départ. Elle n'avait pas du l'emmener. Louis ouvrait un carton, et mettait la main sur le Cluedo quand soudain, le noir complet.

Ninon se raidit sur place, prise au dépourvue.

─ Encore, fit son colocataire.

─ Comment ça, encore ?

─ Les plombs sautent souvent ici. Pas grave, mets la lampe de ton portable.

─ J'ai pas pris mon portable, l'informa-t-elle.

─ Oh.

Dans l'obscurité, Ninon ne préférait pas bouger. Elle se souvenait de toutes les araignées qu'elle avait croisées sur le chemin, et la perspective qu'elles la guettent, avec leur vision démultipliée et leur faim avide lui donnait des sueurs froides. Elle resta à sa place, la gorge nouée, les poings serrés, attendant que Louis trouve une solution.

─ Bon, l'entendit-elle, ça va le faire. C'est jamais qu'une ligne droite.

Elle entendit quelques fracas, le bruit des pièces du jeu dans la boîte et des pas de Louis sur la terre battue. Puis d'un coup, on heurta son nez.

─ Aïe ! se plaignit-elle.

Dans le même temps, un cling retentit, suivi d'un tout aussi majestueux murmure de Louis :

─ Merde.

Ninon avait fait un pas de recul, se frottant le nez pour se remettre du coup qu'il venait de lui mettre. Elle s'inquiéta, il n'avait pas semblé jurer pour s'excuser :

─ Quoi ?

─ J'ai fait tomber les clés, avoua-t-il.

─ Tu... Louis !

─ C'est pas de ma faute, pourquoi tu étais sur mon chemin aussi ? Aide moi à les trouver.

Elle grimaça, mais il ne pouvait pas la voir.

─ Beurk, non, je ne mets pas mes doigts par terre.

─ Oh, c'est bon, crois-moi, le virus n'a pas voyagé jusqu'ici.

─ Peut-être mais il doit y avoir des trucs bien pire.

Elle ne perçut qu'un long soupir de sa part, puis un silence interminable et une agitation au niveau de ses pieds.

─ Tu les cherches, là ? demanda-t-elle.

─ Non, je prépare un cocktail !

─ Pas la peine d'être désagréable.

─ Ah, c'est bon !

Le son victorieux des clés tintant entre elles soulagea Ninon. Ils allaient pouvoir sortir d'ici avant que les araignées ne l'aient attrapée.

─ Par contre, s'enquit Louis, j'ai posé le Cluedo au sol, je sais plus où.

─ J'ai plus envie de jouer, on s'en va.

Il prit ses paroles pour des ordres, et lui demanda d'attendre, trifouillant à l'aveuglette pour refermer la porte de la cave. Ninon lui disait que ça pouvait attendre, mais Louis tenait trop à son vélo pour risquer un vol.

─ OK, fit-il après avoir terminé. On y va.

Ninon n'osait toujours pas bouger, elle avait déjà perdu tout sens de l'orientation, et craignait qu'en avançant, elle se mange cette laine de verre moisie et rencontre un arachnide. Elle ne voulait pas se donner des airs, Ninon était une véritable trouillarde, détestant les films d'horreur et les manoirs hantés. Il n'y avait rien de pire que d'être confronté au sentiment paralysant qui nouait l'estomac. Alors elle vivait un cauchemar, dans cette cave. Avec la lumière, ça allait, mais dans le noir... Elle détestait le noir total. Sentant qu'elle n'y parviendrait pas, elle chuchota à l'attention de Louis :

─ Je pense pas que je peux.

─ De quoi ?

─ Bouger.

Il y eut un blanc. Elle crut qu'il allait se moquer d'elle, ou pire, la gronder et lui dire de cesser ses gamineries. Dans un raclement de gorge, Louis proposa :

─ Attrape ma main.

Ninon ne protesta même pas. C'était effectivement la meilleure solution. Elle tendit le bras, agitant les doigts et tournant sur elle-même pour chercher la main de Louis, et leurs doigts se rencontrèrent enfin. Il avait toujours les mains brûlantes, comme la veille. Les siennes étaient d'autant plus glacées. Ninon ferma les yeux, pour être dans sa bulle et se laissait guider. Elle marchait dans la direction où Louis la tirait, et un pas à pas après l'autre, ils parvinrent à s'extirper des méandres de l'immeuble. Louis la prévint de faire attention à la marche, et Ninon rouvrit les yeux. La cour, baignée par la lumière de la lune, dessinait ses ombres, et les arbres qui dansaient au vent n'avaient jamais été aussi accueillants. Elle souffla, gonflant ses joues et faisant éventail avec ses mains pour faire redescendre le rouge à ses joues.

C'était décidé, ils arrêtaient les jeux de sociétés.

─ T'as peur de tout, en fait, lui fit remarquer Louis, s'amusant de la scène. Est-ce que tu as été de ces enfants qui n'avaient pas le droit de courir dehors parce que c'était trop dangereux ?

─ Non, j'étais de ces enfants qui avaient le droit de faire absolument tout ce qu'ils veulent, qui ont déjà bu de l'eau de Javel sans faire exprès et n'ont pas été envoyés aux urgences.

─ Oh... OK, ça explique aussi.

Ninon avait reprit son souffle, Louis avait refermé la porte de la cave. Ils remontèrent jusqu'à l'appartement dans un silence lourd, Ninon se remettant de ses émotions. Et étrangement, il n'y avait pas que la peur dans son ventre. Il y avait aussi la sensation de la main de Louis dans la sienne...

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