2- VII
Hey tout le monde ! Je suis là pour éclaircir ce triste dimanche, veille de la rentrée !
Bon, j'arrête de raconter n'importe quoi et je vous laisse lire ce chapitre inespéré.
Caleb avait faim. Et soif. Et froid.
Pour être exact, il avait l'impression de subir tous les maux de la Terre en même temps. Voilà ce qu'était le châtiment réservé aux traîtres à Teikoku: une mort lente et douloureuse, seul, enfermé dans l'obscurité.
Parfois, il se disait qu'il allait s'échapper, mais il savait que c'était peine perdu: il n'avait plus assez de forces pour ça. De temps en temps, il se sentait terriblement seul et se réfugiait dans ses souvenirs les plus lointains, où sa mère le bordait encore et lui faisait des câlins. Il se surprenait même à en inventer. Ces songes qu'il vivait dans un étrange état de demi-sommeil étaient pour lui la meilleure partie de cet emprisonnement.
Le reste du temps, il souffrait. Son ventre était indéfiniment vide, sa gorge désespérément sèche et l'air de plus en plus froid. Puis vint ce moment où il se dit qu'il allait vraiment mourir ici, dans ces conditions déplorables.
Cette idée de résignation absolue l'insupporta.
À quel moment suis-je devenu aussi faible ? Se questionna-t-il avec hargne.
Il n'y avait aucune réponse à cette interrogation, mais Caleb n'allait pas changer d'idée. Il refusait tout simplement de mourir de façon aussi affreuse.
Je mérite au moins une mort digne, quand même, au lieu que mon cadavre serve de garde-manger pour les charognards !
Il amorça un geste pour se lever, mais ne pût faire davantage: son corps ne répondait plus.
Et le cycle recommença, semblant éternel: douleurs insupportables, songes à demi-éveillé, idées de révoltes.
Puis, tout à coup, la porte s'ouvrit.
~~~
Byron avait enfilé une tenue qui se voulait militaire, mais qui ressemblait plus au costume d'un gamin le jour d'haloween.
Chang Su Che, son stratège, se gardait bien de le lui faire remarquer: depuis que la princesse Lyrna lui avait mît son poing dans la figure, et s'était par conséquent enfuie, il avait perdu beaucoup de crédit aux yeux du jeune roi. Le stratège se tenait derrière lui, détaillant la personne qui leur faisait face.
C'était le représentant du chef d'Alius, leur armée alliée dans la guerre contre Raï-mon et Orphée. Ses cheveux roux semblaient défier les lois de la gravité, et ses yeux verts marais brillaient d'une lueur inquiétante.
- Xavier Foster, commença le blond. Sais-tu qui je suis ?
Dans son orgueil, se croyant supérieur à lui, le jeune roi était très étonné que Xavier ne s'incline pas, ni ne le salut.
- Tu es Byron Love, répondit-il d'un ton neutre. Et je viens faire un plan de bataille avec toi et ton stratège.
Ledit stratège faillit s'étrangler en entendant la réponse du soldat. Jamais Byron ne laissera passer un tel affront.
Rouge de colère, ce dernier serra les dents et fit un pas en avant, s'apprêtant à défendre son honneur.
Chang Su fut plus rapide et lui posa la main sur l'épaule, le figeant dans son geste. Xavier les regardait tranquillement, un sourire presque malsain sur les lèvres. Il se fichait bien de l'état de l'orgueil de Byron, et prenait même un malin plaisir à le piquer.
Chang Su décida de prendre les rênes de la conservation.
- Discutons donc de la raison de votre venue. Déterminons un plan d'attaque si puissant que nos adversaires ne pourrons plus jamais se relever : quelque chose de...parfait* !
~~~
Paolo avait donné une tente à Jude et Lyrna, qui n'avaient vu aucun inconvénient à ce qu'ils la partagent.
En ce moment, Lyrna fixait Jude, attendant qu'il lève les yeux vers elle. Il faisait semblant de lire quelque chose, une fiche que lui avait donné Paolo. Il ne voulait tout simplement pas croiser le regard de son amie.
- Jude...finit-elle par dire.
- Quoi ?
De nouveau, ce ton plus glacial que le vent qui soufflait dehors attaqua la jeune femme. Il lui en voulait énormément, et ne faisait aucun effort pour le lui cacher.
- Rien. Je voulais juste vérifier si tu m'en voulais encore, dit-elle en toute franchise.
Il lui jeta un coup d'oeil si rapide que Lyrna crut qu'elle avait rêvé.
- Je ne comprend pas pourquoi tu tiens tant à faire venir Stonewall ici. Et ne me sers pas l'excuse que c'est un atout majeur pour Orphée...
- C'est pourtant la vérité.
Elle essayait presque de s'en convaincre elle-même. En réalité, elle n'avait aucune idée de pourquoi elle voulait à tout prix sauver Caleb.
- En tout cas, je remarque que tu es ravi de me retrouver saine et sauve, dit-elle d'un ton ironique. On dirait juste que tu t'en fiches complètement, mais bon...
- Lyrna, si tu dis encore une seule fois quelque chose d'aussi stupide, je te fais avaler ta langue.
Elle haussa un sourcil, surprise d'entendre cette phrase dite sur un ton aussi froid.
Le stratège finit par soupirer et se tourna enfin vers elle, se passant la main sur le visage.
- Excuse-moi, je suis fatigué. Je n'ai plus les idées très claires.
Lyrna accepta ses excuses sans broncher. Il la regarda un instant en silence, puis s'approcha d'elle et s'assit à sa hauteur.
- Comment va ton genou ?
- Mieux que tout à l'heure.
Le médecin du camp lui avait fait un bandage digne de ce nom après avoir bien nettoyé et désinfecté la blessure. Elle n'avait presque plus mal au repos, mais il lui était impossible de faire plus d'un pas sans boiter.
Jude plissa les yeux. Il se sentait terriblement coupable en voyant l'état dans lequel était son amie, il savait que c'était sa faute. S'il n'avait pas raté sa mission comme un débutant, elle n'aurait pas récolté toutes ces blessures.
- Je te demande pardon.
Elle leva un regard interdit vers lui et haussa les épaules.
- Pourquoi ? Ça fait longtemps que je suis seule responsable de ce qui m'arrive.
- C'est ton père qui t'as dit où j'étais ?
- Oui.
Après avoir dit ce mot d'un ton bizarre, qui voulait à la fois tout et rien dire, elle se tourna sur le côté, dos à lui, pour essayer de dormir. Jude comprit que la discussion était close.
Il la regarda un pendant un moment, puis éteignit la vieille lanterne qu'on leur avait prêté. Il s'étendit à son tour à quelques centimètres d'elle, et ferma les yeux pour essayer de dormir.
Lyrna attendit que la respiration de son ami devienne régulière pour se retourner et le regarder attentivement, vérifiant qu'il dormait réellement. Après cela, elle se leva en faisant le moins de bruit possible, en boitant plus qu'en ne marchant, mais elle parvint à sortir de la tente.
L'air glacial l'assaillit aussitôt, et l'idée de retourner dans son lit lui traversa l'esprit. Mais elle la rejeta directement: une balade nocturne, aussi froide soit-elle, était bien plus amusante...et instructive.
Lyrna savait que Paolo avait envoyé ses hommes libérer Caleb, elle voulait être là pour les voir arriver. Histoire de savoir s'ils avaient réussi.
Elle attendait aussi désespérément Aurélie, mais cette dernière semblait décidée à ne pas venir. Lyrna s'en voulait de plus en plus de les avoir laissées partir seules.
Alors qu'elle ruminait ces sombres pensées, la jeune femme entendit du bruit venant des bois devant elle. En effet, quatre soldats d'Orphée apparurent, totalement essoufflés. L'un d'eux portait une autre personne sur son épaule, tel un sac à patates.
Lyrna se précipita vers le soldat en question, qui écarquilla les yeux en la voyant.
- Qu'est-ce que tu fais là, toi ?
C'était le dénommé Gigi, l'armoire à glace qui l'avait interceptée il y a quelques temps de cela alors qu'elle passait sur son territoire. Il ne comprenait apparemment pas ce qu'elle faisait ici.
Elle ignora superbement sa question en voyant que celui que Gigi portait sur son dos était Caleb.
- Comment va-t-il ? Dit-elle.
Le soldat d'Orphée fronça les sourcils, la trouvant bien insolente. Elle était dans son camp, et elle osait poser des questions sans répondre aux siennes. Vraiment, quel toupet !
- Je vais l'amener à l'infirmerie, grogna-t-il.
Lyrna hocha la tête et continua cependant de le suivre. Elle voulait absolument connaître l'état de santé de celui qu'elle avait indirectement sauvé.
Gigi finit par abandonner l'idée de la faire partir, et l'ignora jusqu'à ce qu'ils arrivent à la tente représentant l'infirmerie.
Le soldat posa un Caleb inconscient sur le lit de camp. Angelo, qui semblait aussi être infirmier, observa son état.
- Il a besoin d'eau, de nourriture, et de rester au chaud.
Le petit soldat jeta un coup d'œil curieux à Lyrna, mais ne lui dit rien. Il ne semblait pas hostile à son égard, contrairement à Gigi.
Ce dernier, considérant sa mission comme accomplie, alla faire son rapport à Paolo. Lyrna resta avec Caleb et Angelo dans la tente.
- Tu veux bien essayer de le réveiller ? Demanda ce dernier. Je dois lui donner à boire et à manger.
Elle hocha la tête et se pencha vers Caleb pour le secouer plus ou moins doucement.
- Eh, réveille-toi, espèce d'idiot ! T'as assez dormi, dit-elle.
Angelo n'était pas sûr que la méthode de la jeune femme fonctionne. Pourtant, l'ancien soldat de Teikoku se mît à bouger légèrement.
- Laisse-moi...tranquille..., marmonna-t-il d'une voix rauque. T'es même pas réelle...
- Hein ?
Lyrna croisa les bras. Il était devenu fou, ou quoi ?
- Ça doit être à cause de sa captivité, expliqua Angelo. Il pense que tu es une hallucination.
Lyrna fit la moue. Il ne manquait plus que ça; c'était bien la première fois qu'on la confondait avec une hallucination. Comment lui prouver qu'elle était réelle ?
- Tu pourrais l'embrasser, proposa Angelo. Il se rendrait compte que tu es réelle.
- Hein ?
Elle le regarda comme s'il avait perdu la tête, et le petit blond écarquilla les yeux avant de se mettre à rougir, confus.
- J-je suis désolé, je pensais que c'était ton petit ami, c'est pour ça que j'ai dit ça.
Il était atrocement gêné. Lyrna finit par émette un petit rire. Caleb, son petit ami ? Il avait de drôles d'idées, cet Angelo.
- Enfin, c'est une bonne idée. On peut toujours essayer.
- Quoi ?! S'écria Angelo. Tu es quand même prête à l'embrasser ?
- Pourquoi pas, si ça peut lui sauver la vie. Et puis tu sais, un petit bisou,
ça ne veut rien dire pour moi...
Sur ces paroles, Lyrna se pencha vers Caleb et sous le regard perplexe d'Angelo, elle l'embrassa.
En sentant une chaleur inhabituelle sur ses lèvres, Caleb fronça les sourcils. Comment une hallucination pouvait faire cette sensation-là ? Ça valait peut-être le coup d'ouvrir les yeux pour voir.
Lyrna s'écarta et scruta attentivement le visage du jeune homme. Quand il entrouvrît les paupières, Angelo courut chercher l'eau et la nourriture en disant: "Tiens-le éveillé !".
La jeune femme sourit d'un air qu'elle espérait être rassurant.
- C'est quoi cette expression bizarre sur ton visage ? Dit-il d'une voix faible.
- J'essaie d'être gentille, et voilà comment tu me traites, rétorqua-t-elle en levant les yeux au ciel. J'aurai mieux fait de te laisser dans ton trou.
- Pff, c'est ça. Tu te serais vachement ennuyée sans moi...
Angelo coupa court à leur discussion en revenant. Il fit boire un peu Caleb, puis lui donna à manger en toutes petites quantités.
- Il faudrait refaire ça quelques heures, lança-t-il en étouffant un bailllement.
- Va te coucher, Angelo, tu ressembles à un zombie, répondit Lyrna. Je m'occupes de Caleb.
Le petit infirmier lui adressa un regard reconnaissant et alla dormir un peu, totalement épuisé.
- J'ai pas besoin qu'on s'occupe de moi, grogna Caleb.
- Très bien, répondit Lyrna en se levant. Je retourne dormir avec Jude, alors...
- Non, attends !
C'était sorti tout seul. Caleb serra les dents: bizarrement, il ne supportait pas l'idée que Lyrna puisse dormir dans le même lit que Jude Sharp. Il voulait l'en empêcher.
- Il fait super froid ici, se plaignît-il. Si tu veux jouer l'infirmière à domicile, apportes-moi une couverture.
Lyrna le jaugea, les mains sur les hanches. Avait-il demandé ça uniquement pour ne pas qu'elle s'en aille ? Elle était plutôt dans l'idée qu'il avait réellement froid.
Il fallait qu'elle en ai le cœur net.
- Ne me donnes pas d'ordres.
Elle se rapprocha du lit, souleva le drap et s'y glissa sans que Caleb ait le temps de faire un geste.
- Ça te suffit, comme couverture ?
- Eh bien...faut avouer que c'est pas mal, dit-il avait un sourire en coin.
Bon, apparemment, il avait bien envie qu'elle reste avec lui. Mais trêve de plaisanterie, il fallait qu'elle retourne dans la tente avec Jude maintenant.
Pourtant, quand elle essaya de se lever, deux bras l'encerclèrent et la serrèrent contre le torse de leur propriétaire, c'est-à-dire Caleb.
- Tu as dit que t'allais me servir de couverture, alors tu me sers de couverture.
- J'ai jamais dit ça, protesta-t-elle mollement.
Lyrna n'essayait pas vraiment de partir, c'était juste histoire de se donner bonne conscience. Elle posa la tête dans le cou de Caleb et l'enlaça de façon à ce que ça reste confortable pour eux deux.
Le soldat était bien content de ne pas passer la nuit seul. Après sa captivité, il dormira sûrement un peu mal, il en était conscient. C'est donc par pur égoïsme qu'il avait décidé de garder la jeune femme contre lui cette nuit-là.
Quand à Lyrna, elle aussi y trouverait son compte. Si elle gagnait la confiance de Caleb, il sera plus facile de le faire accepter auprès de Paolo, et même de Jude, qui sait. Au final, ce serait rentable pour tout le monde.
Ce cas de figure n'était envisageable que si Jude n'apprenait jamais que Lyrna et Caleb avaient dormis ensembles, bien sûr.
Ce dernier sentait les cheveux de la jeune femme lui chatouiller le menton. En voulant les chasser, il lui caressa involontairement la tête.
- Qu'est-ce que tu fais ? Grogna-t-elle aussitôt.
- Tes cheveux m'embêtent, répondit-il sur le même ton.
- C'est ta faute, t'as voulu dormir avec moi. Alors maintenant la ferme et dors.
Le ton se voulait sec, mais en vérité ils souriaient tous les deux d'un air amusé.
Finalement, ce fut la fatigue qui empêcha Caleb de trouver une réponse adéquate. Il marmonna tout de même:
- Tu m'aurais pas embrassé, tout à l'heure ?
- Dors, ou c'est moi qui t'assomme, dit-elle en désespoir de cause.
Il finit par obéir à son ordre et par tomber dans les limbes du sommeil.
Lyrna songea à la catastrophe que ça ferait si Jude apprenait tout ça. Il faudrait qu'elle parle avec Angelo le demain, tiens. Histoire que son "baiser" avec Caleb ne s'ébruite pas.
Sur cette pensée, elle s'endormit.
*parfait: comme notre chère zone de pressing ( nom de tactique absolument ridicule, par ailleurs ).
Caleb est libéré, enfin ! J'en avais marre de le faire souffrir.
Mouais...en fait non, j'aime bien faire souffrir mes personnages.
Par contre Aurélie est toujours paumée, on se demande où elle a atterri...peut-être nulle part.
À bientôt pour la suite, et bonne rentrée à tous !
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