Chapitre 32 : "la saison des Grands Froids est là, ça ne fait aucun doute"
Crabe Brun
Je contemple ma tanière complètement démolie par ce maudit arbre. Je sers les dents, une boule se formant dans ma gorge. Les chats du Clan avaient tout fait pour essayer de le retirer mais rien à faire, il était trop lourd. Donc, cela fait trois jours que j'ai élu domicile dans la tanière des guerriers avec Cri de l'Aigle et Fumée Opaque.
Là-bas, je dors très mal. L'un des deux guerriers ronfle et je crois bien que c'est Cri de l'Aigle. Je devrais peut-être lui donner des plantes pour l'aider à mieux respirer pendant la nuit...
Je soupire, les mes yeux toujours rivés sur ma tanière. La solitude me manque la nuit... Ça me fait bizarre de sentir une présence près de moi quand je dors. Surtout que Fumée Opaque a installé ma litière à côté de la sienne... Non pas que ça me dérange, ça me fait juste bizarre.
Un cri de joie me tire de ma rêverie. Je secoue la tête et tourne les yeux vers une boule de poil blanche qui court après une feuille morte. Elle roule sur elle-même, bondit et atterri sur la pauvre feuille qui n'avait rien demandé.
Je souris. Petit Pétale sera sûrement une grande guerrière. Je regarde à l'entrée de la Pouponnière. Fleur Blanche regarde sa fille avec fierté. Où est donc Petite Brindille ?
J'aperçois alors son pelage brun. Il est complètement immobile. Il observe avec attention un brin d'herbe couvert de rosée. Je plisse les yeux en l'observant. Ce chaton est différent des autres, il n'est pas du tout attiré par le combat...
Sans que je m'en rende compte, mes pas me mènent à lui. Je secoue la tête, un peu perturbé. Je me racle la gorge pour annoncer ma présence à mon neveu. Il sursaute légèrement, ne s'attendant sûrement pas à me voir.
- Salutations Petite Brindille.
Le petit me fixe de ses grands yeux ambrés innocents.
- Bonjour Oncle, tu as bien dormi ?
Il avait posé cette question par pure politesse car, je n'ai pas eu le temps de répondre, qu'il était déjà retourné à son observation de brin d'herbe.
Je m'assois à ses côtés, regardant à mon tour le brin d'herbe. Il n'a vraiment rien d'exceptionnel, je ne comprends pas pourquoi le chaton brun est si fasciné...
- Hum... Qu'est-ce que tu vois sur ce brin ?
Il lève sa tête vers moi, paniqué.
- Quoi !? Je devrais voir quelque chose d'important ?
Mon visage reste neutre, j'évite de montrer mon désarroi au chaton, je ne veux pas qu'il pense que je me moque de lui...
- Tu... Depuis tout à l'heure, tu fixes ce brin d'herbe... J'aimerais juste savoir pourquoi ?
- Aaaah... C'est juste que je trouve ça beau...
Je fixe le chaton, les yeux plissés. Il a vraiment quelque chose de spécial...
Une idée germe dans mon esprit. Je pourrais lui demander de devenir mon apprenti ?
Soudain, Petit Pétale tombe la tête la première sur le fameux brin qu'on était en train d'observer. Elle se relève, ignorant le mécontentement de son frère, se secoue son beau pelage blanc mouillé par la rosée et repart à la chasse de sa feuille morte.
Petite Brindille pousse un gros soupire exaspéré.
- J'en ai marre ! Quand je joue avec elle, elle se moque de moi et quand je la laisse tranquille, elle vient m'embêter !
Je souris, attendri. Je pose ma queue sur son épaule pour le réconforter.
- Tu sais, c'est ta sœur. Même si vous ne vous entendez pas bien, viendra un jour où elle aura besoin de toi, et inversement. À ce moment là, vous serez heureux de vous avoir, l'un et l'autre, à vos côtés !
Un silence me répond. Petite Brindille secoue la tête sans rien dire. Mes mots ne semblent pas l'avoir convaincu...
Il se met à bailler à s'en décrocher la mâchoire.
- Bon, je rentre à la Pouponnière. À plus Oncle.
Il se dirige à pas lents vers sa tanière. Il passe devant sa mère qui regarde toujours Petit Pétale avec fierté et entre dans la tanière qui sent le lait.
Je le suis du regard jusqu'à ce qu'il disparaisse de ma vue. Une fois disparu, je secoue la tête et prend le chemin du tas de gibier. La faim me tord l'estomac.
Sur le tas, une maigre souris trône, seule. Je grimace. Je doit aller la donner à Coeur de Pierre et Orage du Crépuscule plutôt que de la garder pour moi... Je regarde la souris avec envie quand Fumée Opaque et Nuage d'Espoir débarquent dans le camp, un écureuil et un moineau dans la gueule.
Mes yeux brillent à la vue d'un futur repas potentiel. Je me dirige vers eux, l'estomac dans les talons.
- Alors ? Bonne chasse ?
Fumée Opaque dépose sa proie pour me répondre :
- La Saison des Grands Froids est là, ça ne fait aucun doute... Les proies se tèrent dans leurs terriers...
Je grimace à nouveau. Trois gibiers ce n'est pas assez pour nourrir tout notre Clan, même si on est pas beaucoup...
- Nuage d'Espoir, va apporter l'écureuil et le moineau aux anciens, je me charge d'apporter cette souris à Fleur Blanche et ses petits.
La jeune chatte blanche aux tâches grises acquiesce, s'empare des proies et se dirige vers la tanière des anciens. Fumée Opaque m'envoie un légé sourire avant de prendre la souris rachitique et d'aller à la Pouponnière.
Je fixe mon repas s'en aller avec désespoir. L'eau me monte aux babines quand je pense au goût somptueux de la viande que j'aurais pu manger. Tant pis...
Peu de temps après, le lieutenant couleur fumée ressort de la Pouponnière. Il se dirige vers moi.
- Tu vas bien ? T'as l'air fatigué...
Je me passe un coup de langue sur l'épaule avant de lui répondre :
- Rien de grave. C'est juste que je dors mal à cause des ronflements de Cri de l'Aigle... Et j'ai vraiment très faim aussi.
Fumée Opaque me fixe avec un regard terriblement inquiet. Je pose ma queue sur son épaule pour le rassurer.
- Mais ne t'inquiètes pas, tout va bien.
Il ne semble pas bien convaincu par ce que je viens de dire.
Je me lève.
- Eh, tu vas où ?
- Je vais parler à Cri de l'Aigle. Ses ronflements ne te dérange pas pour dormir toi ?
Le lieutenant couleur fumée ricane et me laisse partir.
Je trouve Cri de l'Aigle presque immédiatement. J'entends un reniflement sonore sortir tout droit de la tanière des guerriers. Je plisse les yeux, une pointe d'inquiétude me serrant le cœur.
J'entre dans la tanière, le cœur battant à toute allure. J'avais peur de ce que je pouvais trouver. Quand mes yeux s'habituent à l'obscurité, je vois le jeune guerrier brun aux pattes blanches farfouiller dans sa litière.
Je me sens rassuré de le voir debout et actif. Je m'étais attendu à le retrouver allongé, le souffle court mais non. Il a l'air d'aller plutôt bien d'ailleurs.
Je me racle la gorge pour signifier ma présence au guerrier. Il sursaute en retournant.
- Ah c'est toi ! Tu m'as fais une de ces peurs !
Il renifle à nouveau en m'expliquant :
- Cette satanée Petit Pétale s'est amusé à mettre des graines piquantes dans ma litière...
Il éternue. Je me crispe. Il se tourne vers moi, de la morve coulant sur son museau. Je grimace.
- J'ai du attraper froid, avec tout ce vent... J'ai un peu le nez bouché et j'éternue aussi...
Il renifle encore.
- Ok, je vais chercher de quoi te soulager, reste ici.
Cri de l'Aigle hoche la tête et retourne à ce qu'il faisait avant que je vienne le déranger, enlever les graines de sa litière.
Je sors de la tanière des guerriers, un peu rassuré. Cri de l'Aigle n'a qu'un rhume pour l'instant. Je peux le soigner avant que sa maladie n'empire.
Je cours jusqu'à la tanière de Étoile de l'Aurore. C'est là que j'ai mis mes remèdes, pour ne pas qu'ils soient écrasés par l'arbre et pour ne pas qu'ils gèlent à cause du froid qu'il commence à faire.
J'annonce ma présence d'un miaulement. Je l'entends de l'autre côté me dire d'entrer. Ce que je fais.
- Que veux tu ?
- Je viens chercher des baies de genièvre. Cri de l'Aigle à attrapé un rhume à cause du froid.
Les yeux verts de la meneuse brillent d'inquiétude dans l'obscurité.
- Ne t'inquiètes pas. Il n'y a pas de danger si il se soigne à temps.
Je fouille dans mes remèdes pour trouver les fameuses baies. Heureusement, il m'en reste encore une grande quantité.
- Crabe Brun, je préfère que Fumée Opaque et toi ne dormiez pas avec Cri de l'Aigle cette nuit, on ne sait jamais...
Je hoche la tête. Elle a raison. Dormir dans la même tanière que le jeune guerrier pourrait être risqué.
- D'accord. Je vais prévenir les concernés.
Je sors et vais rejoindre Cri de l'Aigle. Il s'est allongé dans sa litière en m'attendant. Quand il m'entend entrer, il lève la tête.
Je dépose les baies de genièvre près de lui.
- Mange. Ça va soulager ton rhume.
Il hoche la tête et m'obéit. Il ne fait qu'une bouchée des baies. Il grimace, sûrement à cause de leur amertume.
Ensuite, je lui explique que, cette nuit, il dormira seul dans la tanière des guerriers pour ne pas qu'il nous contamine. Il hoche la tête avec compréhension.
- Bon, je vais prévenir Fumée Opaque... Surtout repose toi et ne fais rien de stupide.
Il lève les yeux au ciel avec un sourire.
Je sors de la tanière à la recherche du lieutenant couleur fumée. Il ne semble pas être dans les parages...
Je n'aperçoit que son apprentie qui fait les cent pas devant l'entrée du camp. Je vais la voir.
- Nuage d'Espoir, tu as vu Fumée Opaque ?
- Il est sortit dehors sans moi !
Elle semble en colère. Je souris.
- Eh, il va revenir ! D'ailleurs, cette nuit, lui et moi, on dort dans la tanière des apprentis. Va donc nous faire nos litières !
Elle écarquille les yeux. Sa queue bat l'air d'une façon très nerveuse. Je plisse les yeux face à son comportement étrange.
- Qu'est-ce qui te prend ?
- Rien rien !
Elle s'éloigne de moi en courant, comme pour me fuir. Je secoue la tête.
C'est à cet instant que Fumée Opaque entre dans le camp. Il manque de me rentrer dedans.
Il tient dans sa gueule un écureuil tout maigre. Il me le pose a mes pattes avec un grand sourire.
- Tiens, je l'ai chassé pour toi ! C'est tout ce que j'ai pu trouver...
J'ouvre la gueule mais aucun sons n'en sort. Mon estomac est tellement reconnaissant envers Fumée Opaque en cet instant ! Mais mon cerveau me dit de ne pas manger cet écureuil et de le donner à ceux qui sont en plus dans le besoin...
- Je peux pas manger ça.
Fumée Opaque est déçu, je peux le lire dans ses yeux ambrés.
- Pourquoi ça ?
Je soupire.
- Cri de l'Aigle en a plus besoin que moi. Il a un rhume, c'est pour ça qu'il ronfle, a cause de son nez bouché... D'ailleurs, cette nuit, Étoile de l'Aurore nous demande de dormir dans la tanière des apprentis, on ne sait jamais...
- Oh... D'accord... Bon ben je vais l'apporter à Cri de l'Aigle alors...
Il s'empare de la proie qui aurait dû être à moi et s'éloigne.
Je serre les crocs tandis que mon estomac cri famine. Je grogne.
Fumée Opaque revient vers moi, le sourire aux babines.
- Cri de l'Aigle est très reconnaissant de ton geste ! Il semblait d'ailleurs étonné quand je lui ai dit que tu l'avais fais passé avant toi !
Je souris légèrement.
- C'est mon devoir de guérisseur de faire passer le Clan avant moi.
Bonjour ! Ça fait longtemps hein 😅
Je suis désolée de mon inactivité sur mon compte !
Voici un petit chapitre tranquille pour me faire pardonner eheh
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