2- 🌲 L' atelier.
En l'espace de cinq minutes, il n' y avait plus qu'Ailfrid et moi dans la pièce.
- Je te fais visiter ?
- Tu es lutin depuis quand ? Qui est Balthazar ? Pourquoi Cieran ne reste pas avec les autres ?
- Oh la la ! Que de questions..Je te réponds en avançant. Cela va faire la quatrième année. Balthazar est celui qui décide à la fin de la première année, au vu de ton travail, où tu vas travailler. A mon tour, pourquoi tes parents ne t'ont pas mis à l'école ?
- Je ne sais pas. Et Cieran ?
- Voilà l'atelier où tu vas être toute cette semaine. C'est ici que l'on peint les jouets en bois. Je te laisse regarder, et après je répondrais à tes questions.
L' atelier était plutôt grand et bruyant. Une vingtaine de lutins y travaillait. Certains peignaient, d'autres vernissaient, d'autres rangeaient les jouets finis dans des grandes malles ! Tous travaillaient dans la bonne humeur en chantant. Il y avait des trains, des cubes, des jeux de constructions, des puzzles...
Ailfrid était devant un ordinateur et lisait un email.
- Tu as fini de regarder ? Des questions ? me dit-il avec un petit sourire moqueur.
- Non. Quel est ton travail ?
- Une seule question ? Je choisis des images qui deviennent des puzzles. Mais je supervise surtout le travail de l'atelier. Il est en péril. Les enfants ne veulent plus de ces jouets, apparemment.
- As-tu déjà été voir comment c'était ? Chez les enfants ?
- Quelle drôle de question...non.
- Il faut combien d'années pour avoir le droit d'y aller ?
- Seul le Père Noël y va, Aveleen. Aucun lutin ne fait le voyage.
- Mais nous fabriquons les jouets, année après année. Ne serait-il pas normal qu'un de nous soit dans le traîneau cette nuit-là ?
- Je ne me suis jamais posé cette question.
- Balthazar y a été, lui ?
- Pas à ma connaissance. Tu veux voir les autres ateliers ?
- Non, merci.
Pourquoi a-t-elle subitement cette tristesse alors qu'elle était curieuse et dynamique tout à l'heure ? Cette histoire de voyage..sans doute, se demande Ailfrid.
🌲🌲🌲
A la fin de la journée, tous les travailleurs partis, il n' y a plus que trois personnes assises autour d'assiettes emplies d'une soupe odorante.
- Cieran, presse-toi de finir ta soupe avant de t'endormir dedans. Alors, que penses-tu d'Aveleen après cette première journée, Ailfrid ?
- Je ne sais pas, elle travaille bien et apprend vite...
- C'est tout ? Pas d'enthousiasme ? J'avais cru déceler cette étincelle pourtant...
- Elle l'avait... Mais une stupide réponse l'a fait disparaître en un instant.
- Débarrasse la table, je vais coucher Cieran. Tu m'expliques cela après...dit l' homme.
Installés devant la cheminée, Balthazar fut très attentif à mon récit.
- Quelle drôle de gamine ! A-t-elle parlé de ses parents ?
- Je lui ai demandé pourquoi elle n'était pas à l'école mais elle ne m'a pas répondu. Cieran y arriverai, c'est certain. Il a obéi aujourd'hui ?
- Il est petit et très intelligent. Je ne sais pas comment l' occuper vraiment.
- Tu regrettes de nous avoir accueillis ?
- Pas le moins du monde. De vous cacher aux yeux des autres, oui. Demain, tu prendras Cieran avec vous, et sans l'imposer à Aveleen. Ton frère fera le reste.
🌲🌲
La nuit avait été courte, mais la marche pour rejoindre mon lieu de travail, seule, exigeait toute mon attention. Je ne me trompais pas, mais ma curiosité faillit me mettre en retard.
Cieran et Ailfrid m' attendaient. Étais-je si en retard ?
- Bonjour. Je suis en retard ?
- Les autres viennent de partir à l'instant. Viens te réchauffer cinq minutes. Tu as beaucoup de chemin pour venir ?
- Presque une heure. Et vous ?
Cieran allait répondre mais le regard d'Ailfrid le stoppa net...
- Allons-y. Cieran reste avec nous aujourd'hui, tu pourras le surveiller si je m' absente.
- Bien sûr, mais je n' ai aucune expérience, je suis fille unique.
Dans l'atelier, l'activité des lutins était toujours aussi forte.
Cieran ne la quittait pas, souriant, espiègle. Les autres lutins, plus âgés, le laissaient faire et parfois Ailfrid haussait le ton pour le calmer.
Aveleen avait remarqué des livres dans le coin détente où se trouvait aussi des poufs.
- Cieran, veux-tu que je te lise une histoire ?
- Ailfrid, je peux ? demande-t-il à son frère les yeux brillants de plaisir.
- Très bonne idée, Aveleen. Vous avez bien travaillé et l'heure de la pause approche.
J'attrapais un livre dont la couverture, très joliment décorée, et le titre m'attiraient : le voyage du Pere Noël.
Je m'installais sur le divan et commençais ma lecture. Cieran, debout, m'écoutait puis très vite il se trouva assis à mes côtés.
- Tu lis mieux que Balthazar, tu sais ?
- Ah ? Il te raconte des histoires ?
- Bien sûr, tous les soirs, pour d'endormir, dit-il en se mettant la main devant la bouche, pour arrêter ses mots.
- Je ne le répéterai pas. C'est votre père ? lui chuchoté-je en jetant un oeil vers Ailfrid.
- Non. Balthazar nous a recueillis Ailfrid et moi, il y a trois ans.
- Mais il m' a dit qu'il était lutin depuis quatre ans.
- C'est Cieran qui a raison. Vu mon âge, c'était plus crédible. Tu ne dois le répéter à personne, on nous séparerait.
- Je vous le promets. Il est de votre famille ?
- Non. Cieran était malade, je suis venu frapper ici, Balthazar l'a soigné et nous sommes restés.
- Et pourquoi ne faut-il rien dire ?
- Tu ne sais pas ? Sérieux ? Balthazar n' est pas un lutin. Il n' a donc pas le droit d'avoir des enfants. C'est la loi. Tes parents ne t'ont pas appris la loi ?
- Si, bien sûr. Je ne m' en rappelais plus c' est tout.
- Ou tu mens...dit Cieran en me regardant droit dans les yeux.
- Ce ne sont pas mes parents, ils m'ont adoptée, avoué-je honteuse.
- Allons voir Balthazar.
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