PDV Harold

Un mois passa, pendant lequel je me creusais la tête pour essayer de trouver une alternative à cette armée. Je pourrais demander de l'aide à mon père et à Mala, mais celle-ci refuserait de faire combattre des dragons, et je ne voulais pas mettre Beurk en danger. Je ne demanderais de l'aide à mon père qu'en dernier recours.

Pendant ce mois, j'avais pu observer ce qu'il s'était passé à la Rive en notre absence. Malgré la surveillance des Parenvrilles, les jumeaux avaient réussis à faire exploser une forêt, soi-disant « sans le faire exprès », Rustik n'avait pas réussi à séduire Kognedur, car celle-ci se montrait totalement indifférente à ses avances pas très sincères. Des bébés dragons de toutes les espèces étaient nés sur l'île, et Varek s'était fait un plaisir de tous les répertorier, grand bien lui fasse. Dagur avait dressé de nouveaux Terreurs Terribles comme Aéropostaux. Ingrid avait découvert une île remplie uniquement par des Murmures Mortels, véritable gruyère.

En ce moment, je volais sur le dos de Krokmou, au-dessus de la forêt, et les Furies Nocturnes étaient rangées en formation en V derrière nous. Tous les adultes participaient, les jeunes, les nouveau-nés et les deux derniers œufs non éclos étant sous la bonne garde d'Elia, d'Ingrid et de Sonovent. Sheireen suivait l'entrainement avec nous, car elle avait beau avoir une dragonnière, elle n'était pas formée pour se défendre ou attaquer.

J'enseignais depuis un mois les ordres fondamentaux aux Furies sauvages plus si sauvages que ça.

- Dispersion ! criais-je.

Elles se placèrent aussitôt à des endroits aléatoires, s'éloignant le plus possible les unes des autres.

- Tirs plasmas !

Chacune tira sur les cibles que l'on avait placées au sommet des arbres.

- Tir groupé !

Dans ce moment-là, c'était à Krokmou d'indiquer la cible la plus appropriée. Pour un bateau, ce serait la coque. Il communiqua la cible choisis d'un grognement. Tous tirèrent en même temps, faisant exploser le sommet de l'arbre.

- Tirs chargés !

Les Furies commencèrent à charger un tir plasma plus puissant avant de le tirer d'un même mouvement sur d'autres cibles. Heureusement que celles-ci étaient en fer de Gronk, car sinon, nous devrions les changer tous les jours.

Le but final de l'entrainement était que les dragons, toutes espèces confondues présentes sur l'île, sachent attaquer aux endroits stratégiques, en groupe comme en solo. Nous leur apprenions à esquiver des boulets, des flèches et même des haches et des épées, à viser le plus précisément possible, et à être le plus rapide et foudroyant.

Le ventre d'Astrid s'arrondit, et je refusais qu'elle continue à dresser des Vipères, malgré ses protestations. Ingrid la remplaça dans cette tâche. Je passais voir ma petite amie tandis qu'elle s'était enfermée dans sa hutte. Je toquais contre la porte, et elle ne répondit pas, trop occupée à maugréer sur son « triste » sort. J'entrais, même si elle ne m'en avait pas donné l'autorisation.

- Astrid... soupirais-je en la voyant allongée sur son lit, me tournant le dos.

- Harold ?

- Je comprends que tu ne sois pas contente que je t'interdise de dresser des dragons, mais comprends moi aussi ! Je ne veux pas que tu prennes de risques. Si tu faisais une fausse couche par excès de travail je...

- Tu me quitterais c'est ça ! me coupa-t-elle d'un ton sec, me laissant choqué qu'elle puisse penser ça de moi.

- Astrid ! Comment oses-tu avoir de telles pensées !

Je me rapprochais de son lit et m'allongeais à côté d'elle, avant de l'enlacer.

- Tu te souviens du médaillon que je t'ai offert ?

Je n'eus pas de réponse.

- Il signifie que je t'appartiens, et que tu m'appartiens. Il signifie que je ne veux, et ne peux pas te quitter. Ce que je voulais dire, c'est que si tu faisais une fausse couche, je ne pourrais peut-être pas me relever. Cet enfant, c'est le mien, c'est le nôtre. Il compte beaucoup pour moi, presque autant que tu comptes pour moi. Je ne suis pas aussi courageux que ça, malgré les apparences.

Je la sentis sangloter dans ses draps. Je la serrais contre mon torse pour la réconforter, pour la protéger de ses craintes.

- Je suis désolée Harold... Je sais bien que tu ne me quitteras pas... Les nerfs qui lâchent, sans doute...

Je baissais doucement sa tunique et embrassais sa nuque, puis descendais dans son dos. Elle se retourna vers moi et me donna un baiser fiévreux, auquel je répondais immédiatement. Mes mains descendirent au creux de ses reins tandis qu'elle fourrageait dans mes cheveux bruns. Bientôt emportés par cet élan d'amour, nous nous laissâmes guider par nos émotions, et nos vêtements finirent au sol...

***

PDV Ingrid

Je m'apprêtais à rentrer après une longue journée de travail, dans la hutte que je partageais avec Astrid. N'entendant aucun bruit, je pensai qu'elle s'était endormie et je montai sur la pointe des pieds à l'étage. Ouvrant la porte doucement, je réalisai avec bonheur qu'Harold avait rejoint Astrid et qu'ils dormaient nichés dans les bras l'un de l'autre, la couverture remontée jusqu'au cou. Puis j'aperçus le tas de vêtements au sol et souriait. Je décidais d'aller dormir chez Varek, n'ayant pas d'autres solutions. Mais avant, je passai prévenir mon frère, qui dormait chez Harold, l'informant que celui-ci ne rentrerait pas ce soir.

- Et ben ! Ça envoie dans leur couple hein ! s'exclama-t-il quand je lui eus exposé la situation.

Je rigolais doucement.

- Qu'ils en profitent ! Quand leur enfant sera né, ils n'auront plus trop l'occasion de le faire.

- En attendant, on devrait leur proposer d'habiter dans la même hutte ! Genre les deux tourtereaux dans la hutte d'Harold, et nous deux dans celle d'Astrid, en attendant de construire les nôtres ! Et quand celles-ci seront finies de construire, Elia pourra reprendre celle d'Astrid ! D'ailleurs, tu t'es demandée où elle allait dormir cette nuit, elle ?

Non, je ne m'étais pas posée cette question. En effet, Astrid, Elia et moi dormions dans la hutte d'Astrid et Dagur dans celle d'Harold. Ah... Nous commencions à être trop nombreux.

- Au pire, tu l'héberge ? Elle ne peut pas dormir dans le lit d'Harold, par contre, ce serait malpoli. Tu pourrais lui préparer un lit au sol pendant que je vais lui expliquer !

- Ok d'acc p'tite sœur ! Et je suis enchanté de l'accueillir !

- Dis donc, tu serais pas amoureux d'elle ? me moquais-je.

- Je ne sais pas... rougit-il soudainement.

- Bon allez ! J'y vais avant qu'elle n'entre dans la chambre !

Je sortais de la hutte d'Harold et me rendais à l'étable, où je savais qu'Elia passait le soir pour vérifier que tout allait bien chez les Furies. Je marchais rapidement, afin de ne pas la rater. De toute façon, elle était à pieds, Sheireen dormant avec Krokmou et les siens à l'étable.

- Elia ? chuchotais-je en entrant dans la pièce éclairée seulement par quelques torches. ,

- Ingrid ? me répondit-elle sur le même ton en arrivant vers moi. Tu n'étais pas partie te coucher ?

- Il y a eu quelques complications... Rien de grave ! ajoutais-je en la voyant froncer les sourcils. C'est même des complications plutôt heureuses !

- Qu'est-ce qu'il se passe ? s'étonna-t-elle.

- Harold s'est endormi chez Astrid après qu'ils aient... bref, t'as compris ! Et donc on doit dormir ailleurs. Dagur est d'accord pour que tu dormes avec lui dans la hutte d'Harold ! Pas dans le même lit rassure toi ! Et moi, je vais dormir chez Varek.

- Euh... ok...

Elle semblait un peu gênée de dormir avec Dagur.

- Ne t'inquiète pas, malgré les apparences, mon frère n'est pas du genre à violer les gens. Il est juste un peu dérangé parfois. Encore que maintenant, il a fait des progrès !

- D'accord...

- Même si je pense qu'il est un peu amoureux de toi... dis-je malicieusement.

Ingrid, créatrice de couples à domicile ! Je vis un éclair illuminer ses yeux. Mmm... Il faudrait que je mène l'enquête...

PDV Elia

Dès qu'Ingrid fut partie, un sourire illumina mon visage. Dagur ? Amoureux de moi ? C'était vrai qu'il n'était pas mal non plus... Drôle, plutôt intelligent malgré les apparences, beau, musclé, gentil, tout en aimant qu'on le respecte.

Je marchais lentement en direction de la hutte d'Harold, et sentis la gêne monter en moi. Dormir dans la même hutte que lui ? Vraiment ? A côté de lui, sur un lit au sol ? Oh mon Thor... Arrivée devant la porte, j'hésitais à toquer. Mais alors que je levais la main, la porte s'ouvrit sur un Dagur plutôt gêné lui aussi.

- Euh... entre vas-y... dit-il.

- Merci...

J'entrais en prenant garde à ne pas le frôler. J'étais déjà venue ici, pour donner un courrier à Harold. La porte se referma et Dagur passa devant moi.

- Euh... J'ai mis ton lit à l'étage, dans la même pièce que le mien... Mais si tu veux, je le déplace ici hein ?

- Non... En haut c'est bien, ne t'embête pas ! répondis-je en souriant, nerveuse.

Je montais à l'étage. Deux lits, ceux d'Harold et de Dagur, était rangés dans les deux coins au fond de la pièce. Le mien, au sol, était collé contre un mur.

- Euh... Si t'as besoin de te changer, je descends... annonça Dagur, se frottant l'arrière du crâne.

- Non, c'est bon, de toute façon, j'ai pas mes vêtements de nuit, alors je vais dormir comme ça.

- Bon, ben moi en tous cas, je me change alors si tu pouvais te tourner ou descendre s'il te plait...

Je descendais pour lui laisser de l'intimité. Quelques secondes plus tard, il me rappela. Je montais donc et rougis intensément en me rendant compte qu'il était torse nu. Il était couvert de cicatrices, ce qui le rendait plutôt... sexy. Peut-être que j'avais des goûts bizarres...

- Bon, et bien... bonne nuit ! annonça-t-il.

- B... Bonne nuit !

Il se dirigea vers son lit dans lequel il se glissa, me tournant le dos. Je fis de même et rabattais la couverture sur mon dos. J'entendis Dagur souffler la chandelle, nous plongeant dans le noir. Je mis longtemps à m'endormir, pensant à Dagur qui lui dormait à côté de moi.