Chapitre 2
Je mettais au cours des années habituée à la solitude que je considérais comme ma vieille amie,et pourtant le départ précipité et imprévu de celui que je considérais comme mon seul ami me fit de la peine. Bien vite ses autres amis l'oublièrent, ils ne se demandaient plus ce qui avait bien pu lui arriver, mais comment leur en vouloir quand il était parti sans rien dire à personne, alors je ne leur tins pas rigueur de leur désintérêt si rapide pour quelqu'un qui était encore un ami proche quelques mois auparavant. La seule chose qu'ils gardèrent de lui fut mon surnom , je devins la sorcière, mais de leur bouche il n'y avait aucun compliment, aucune gentillesse, aucune histoires derrière ce mot. Je fis ce que je faisais toujours dans des situations qui m'ennuyait comme celle-ci, ce genre de situations où de toute manière rien de bon n'en sortira jamais et où la seule raison de celles-ci était la méchanceté, je les ignorais, et bien vite ils se lassèrent. Après tout à quoi bon embêter quelqu'un qui n'en a rien faire, qui à défaut de tristesse et de désespoir ne ressent que de la pitié pour ses détracteurs.
Ma vie suivit son cours ces longues années que furent le collège et le lycée. Je m'ouvrais petit à petit aux autres au fil de ces années, je connus mes premiers amours et mes premières peines, je refoulais certaines pensées pour ne pas trop ennuyer les autres avec toutes mes réflexions que je faisais à longueur de journée, je me fis des amies que je pensais sincères et droites.
Je n'ai au cours de ces années plus repensé à Robin,enfin c'est ce que j'aurais voulu pouvoir dire, mais il restera à jamais mon premier véritable ami, et bien que c'était insensé je continuai d'avoir une légère pointe au coeur lorsque l'on évoquait le mot sorcière, et pourtant dieu que j'avais grandis. Je ne pensai plus sincèrement croire à autant de choses qui semblaient impossible qu'avant, symbole de la croissance sûrement, je m'en voulais un petit peu de ce fait, cependant lorsque je parlais avec mes amies je continuais de défendre leur existence corps et âme alors que moi-même je commençai à douter,peut-être était-ce en mémoire de ce fantôme de mon enfance qui était si impressionné de ma foi qui semblait si inébranlable, ou peut-être avais-je juste eu peur de grandir.
Une fois que le lycée fut fini, tout le monde se retrouva séparé par les kilomètres, éloignés pour se diriger vers des filières différentes les unes des autres, et dès lors les plus superficielles des amitiés qui avaient pourtant mis des années à se tisser se brisèrent, de toutes mes amies je n'en conservais qu'une, mais c'était la plus gentille et la plus généreuse de toute alors cela m'importait peu. Annie était une des seules qui se rappelait de Robin et qui ne m'avait jamais traité de sorcière, plus encore elle avait même ma défense de nombreuses fois avant qu'ils ne se lassent de mon surnom.Elle était blonde aux yeux bleus, tout le contraire de moi en somme et j'aurai ,j'en suis convaincue, tout fait pour elle, pour lui rendre ne serait-ce qu'un millième de l'affection qu'elle m'avait donné au cours de ces années. C'était pour cette raison que je me retrouvai ce samedi matin à sortir le chien de sa voisine dans la rue,car étant trop malade elle ne pouvait sortir de chez elle. Malheureusement j'avais autant de talent avec les humains qu'avec les chiens pour me faire aimer. La scène qui se déroulait devant mes yeux était ce petit et hargneux chien noir qui m'aboyait dessus. Ce n'était pas mon jour, ni même mon année, à vingt ans je vivais encore chez mes parents ne cessant de changer de domaine d'étude et ne sachant quoi faire de ma vie. De plus depuis maintenant quelques rues j'avais la désagréable impression d'être épiée, alors ce chien qui pour une raison inconnue décidait de faire une rébellion et de négocier ses droits à force d'aboiements était bien la dernière chose dont j'avais besoin.
Cette sensation si désagréable d'être épiée se reproduisit de nombreuses fois au cours des mois qui suivirent, je ne pris pas la peine de m'en inquiéter sincèrement, qui avait intérêt à me suivre après tout. Ce qui attira plus mon attention fut de délicieuses hallucinations auditives, ce n'était que des murmures dans le vent, murmures provenant sûrement de mon imagination, moi seule semblant les entendre, mais cette pensée me fit, dans ce coeur si protégé du monde extérieur, un mal trop important pour ne pas que je l'ignore. En effet ces doux murmures revêtant ce que je jurerai être la voix de cet ombre du passé, de mon si tendre Robin, me chuchotant "ma petite sorcière".
Un soir, alors que j'avais fini de me convaincre que ce n'était que le fruit de mon imagination si fertile, il se présenta à moi, je l'aperçus de la fenêtre de ma chambre, me faisant de grands signes avec sa main pour attirer mon attention vers le jardin où il se trouvait. Je sortis sur la pointe des pieds, pour ne pas réveiller mes parents et ma soeur qui dormaient, je passai la porte menant à mon jardin comme si c'était un rêve, comme si la personne que j'étais en train de rejoindre était vraiment cette personne de mon enfance.
-Salut.
Sa voix, tellement pure, tellement semblable à mes souvenirs et à ces murmures.
-Salut.
-Ne me demandes-tu pas ce que je fais dans ton jardin après tout ce temps?
-As-tu des intentions condamnables envers ma personne ou ma famille?
-Quoi? Bien sûr que non.
-Alors il n'y a rien de plus que j'ai besoin de savoir. Je crois tes yeux pour ce qui est de tes bonnes intentions.
-Toujours cette foi inébranlable.
-J'ai juste tenté de la conserver pour une personne de mon enfance qui semblait si impressionnée par celle-ci.
-Me croiras-tu peu importe le sujet de mes propos?
-Si tu en es convaincu du plus profond de ton être alors j'y croirai comme toujours.
-Tu m'avais dit les même mots lorsqu'on était à l'école.
Ma foi en lui n'avait-t-elle donc jamais changé? Je me faisais bien rire à me convaincre avoir grandi et évolué, alors qu'un simple souvenir avait pu tout faire revenir. Non, pas un simple souvenir, une personne extraordinaire qui ne m'avait jamais semblé faire parti de notre monde, il le survolait, l'analyser, c'était d'ailleurs une des raisons pour lesquelles il m'intriguait tant. Lui, qui ne semblait pas appartenir à la race humaine et qui pourtant la comprenait mieux que moi.
-Ce doit être parce que sur ce point ma conviction est la même.
-Te rappelles-tu la première histoire que je t'avais raconté?
-Celle de ce monde empli de magie au fond d'un terrier de lapin?
-Non, une autre. D'ailleurs celle-ci venait d'un livre, je n'arrivais à atteindre ton niveau d'imagination, je voulais t'impressionner.
Son si grand sourire qu'il arborait tout au cours de notre discussion se modifia légèrement en expression gênée.
-Oui je le savais, mais tu avais une si belle manière de me la raconter que je n'avais pas osé t'interrompre.
Il rougit légèrement et changea de sujet.
-La première histoire que je t'ai raconté était celle du dôme, tu dois sûrement ne plus t'en rappeler. C'est celle où toute la réalité...
-...n'est qu'apparence, et où une autre espèce intelligente nous observe. Bien sûr que je m'en rappelle, c'est l'histoire qui me fit sorcière.
-Ma petite sorcière.
Un murmure, il me l'avait dit dans un murmure dans le vent, comme pour me confirmer que c'était bien lui tout ce temps.
-Mais comment...
-Laisse moi parler et tu comprendra tout. J'en suis convaincu, personne n'y croit, et cela ne fera de mal à personne...
Il avait énoncé les raisons que je lui avais jadis dites et qui me poussait à croire en quelque chose.
-... alors je t'en pris fais moi confiance. Cette histoire est vraie, ce que tu vois, ces étoiles et cette lune si belle tout cela n'est qu'un dôme. La Terre est un site de recherche pour une autre espèce doté d'intelligence, cela fait des générations que les hommes sont observés.
-Les hommes ont été enfermé?
-Non, oui , je ne sais pas ce n'est pas la question. Ecoute moi, il y a bien des espèces au delà de ce dôme, il y a des planètes à visiter, des galaxies à traverser, des mondes à découvrir. Et parmis toutes les espèces il en existe une capable de choisir son espèce, pouvant passer d'humain à saturnien en quelques secondes, ce sont les personnes de cette espèce qui tente depuis des générations de comprendre l'Homme, et j'en fais parti.
-Tu sais bien que je croirai tout de toi, mais c'est trop, alors quoi tu as choisi ce visage?
-Non, les personnes de mon espèce ont un équivalent dans chaque espèce mais on ne peut choisir notre visage, ce visage c'est le mien, le vrai.
Je reculais les larmes aux yeux face à celui pour qui j'aurais tout fait sans l'ombre d'un doute, celui pour qui j'étais persuadé d'être capable de tout croire.
-Je suis désolée, tellement désolée,mais je ne peux pas. Le temps a passé, les années se sont écoulées, et ma foi a faibli, elle est toujours forte mais elle a maintenant une limite. Je ne peux pas croire tout ce que tu me racontes.
-Jane...
-Et même si c'était vrai vous avez enfermé l'humanité dans un dôme,en quoi cela ne fait-il de mal à personne?
Je l'entendit soupirer légèrement contre sa propre naïveté.
-Je suis désolée ma petite sorcière, j'ai surestimé ta capacité de croire, ce n'est pas une critique je ne pense pas que quelqu'un puisse posséder une foi si importante en l'impossible, et ironiquement moi le dernier. Regarde le ciel, seul nous pouvons voir ce qui va arriver.
Je levai la tête vers le ciel, espérant que cela finira de me tourmenter, lorsque Robin me colla quelque chose dans le cou, j'allais protester quand je vis ce qui se déroulait devant mes yeux.
Robin se plaça à côté de moi et me murmura:
-Cela te permet de voir, c'est mon cadeau pour toi en remerciement de ta si grande foi.
Devant moi une dizaines de vaisseaux étaient stationnés dans le ciel, j'aurais dû avoir peur, paniquer, mais au lieu de suivre ce que la raison suggérait je ne trouvait le spectacle que magnifique et ensorcelant.
-Nous avons le dôme pour nous dissimuler, pas pour vous enfermer. Durant des siècle l'Homme a été incapable d'aller dans l'espace ainsi cela ne posait aucun problème, nous avons modifié les images des satellites pour nous camoufler et avons créer la réplique de la Lune dans un de nos vaisseaux pour vous. Mais l'Homme a évolué, nous allons définitivement enlever le dôme et partir pour étudier pacifiquement d'autres planètes, ne t'inquiète pas sorcière personne ne sera dans le ciel quand il s'ouvrira pour toujours. J'aimerais que tu viennes avec moi sur d'autres planètes, voir d'autres civilisations, je pourrais camoufler ta véritable apparence, je peux d'offrir le monde, les mondes.
Je baissai enfin mes yeux vers lui.
-Moi? Pourquoi? Où? Comment?
-Oui toi, car j'ai besoin de toi et que je ne pourrais pas quitter cette planète en paix si je laisse mon âme soeur derrière moi. Et pour les autres questions tu connais déjà la réponse, crois-moi.
Son âme soeur, le méritais-je seulement?
-Tu trouveras des personnes à la foi plus grande.
-Elles ne seront pas toi.
-J'ai changé depuis,j'ai eu des histoires.
-Cela importe peu, je sais que tu as changé j'ai gardé un oeil sur toi à travers les années, je m'assurais que tu ne manques de rien, et j'ai vu la merveilleuse personne que tu es devenu.
-Je sais pas si je serai assez forte pour quitter ce monde.
-Jane Jeneconnaispastonnom, ma petite sorcière, tu as traversé cette vie en véritable étrangère, en inconnu de ce monde, ce monde ne te mérite pas. Voyage avec moi, tu pourras trouver un monde à ta hauteur ou au moins comprendre ton monde en prenant du recul, je te ramènerai ici d'un seul mot de ta part. Fais le grand saut.
J'avais peur, pas de lui, pas de le suivre, cela je ferai toujours sans hésitation, mais quitter ce monde, ce monde si inconnu, mes parents , qui m'avaient encouragé à croire sincèrement, ma soeur, qui idéalisait ma personne, Annie, qui aurait fait de son mieux pour que je sois heureuse.
-D'accord, je te suivrais.
Il explosa de joie et m'embrassa passionnément, j'avais rêvé de ses lèvres si longtemps.
-Allons-y tout de suite, tu as tant de chose à découvrir.
-Je te suivrai à trois conditions.
-Lesquelles?
-Ne m'abandonne pas sans rien dire, garde ta forme humaine quand nous sommes que tous les deux, et laisse moi faire un mot pour ma famille et mon amie avant de partir.
-Je te le promet sur ce qu'il y a de plus précieux, et prend quelques affaires et des souvenirs pour ne pas que ce monde te manque trop.
Je lui souris et me dirigeai vers ma maison, avant de passer la porte je me retournai et lui dit:
-Je t'aime Robin.
-Moi aussi.
Je ne raconterai pas les mots que j'ai laissé à mes proches cela nous appartient, je ne raconterai pas non plus les adieux avec ma soeur qui se réveilla pendant que je faisais mon sac, ces larmes nous appartiennent, mais ces notes, cette histoire, elles vous appartiennent, je les ai rédigé pour le monde avant de partir, ce qui s'est passé dans les étoiles est un secret, pas que je ne veuille vous le révéler mais je n'ai pas encore vécu ces moments.
La connaissance que je souhaite vous offrir ce n'est pas la présence d'une autre espèce qui nous observe, loin de là, c'est le fait de croire, sincèrement, sans limite, et du fond du coeur l'impossible de ce monde et du suivant.
Adieu, les étoiles m'ont convié et il serait impoli d'être en retard.
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