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Chapitre 3

Une semaine entière s'était écoulée depuis que Ryan avait envoyé sa réponse. C'était le jour de Noël et, comme chaque année lors des fêtes, il se sentait plus seul que jamais. Depuis son immeuble, il entendait les gens rire, chanter, manger. Etre ensemble. Il voyait les décorations illuminer la ville et l'éclabousser de couleurs, il voyait les familles et les couples s'embrasser. Tous ces moments de bonheur ne faisaient que le renvoyer à sa solitude et à son désespoir. Son cœur se nouait lorsqu'il voyait tous ces gens être heureux. Il n'avait pas de nouvelles de Tristan et sa famille lui avait tourné le dos après la perte de son procès. Les effluves de viande et de légumes lui parvenaient depuis les appartements voisins et il sentit son estomac se tordre. Lui se nourrissait d'alcool, de pâtes et de plats cuisinés. Cela faisait tellement longtemps qu'il avait adopté ce régime qu'il en avait oublié l'odeur et le goût des aliments naturels.

Noël. Ce moment magique lorsque vous êtes enfant. Vous faites tout pour être bien sage, de peur que le Père Noël ne passe pas. Vous avez une attitude d'ange et des notes exemplaires. Le soir venu, vous déposez vos chaussons au pied du sapin et le lendemain, ils débordent de cadeaux.

Ryan n'avait pas apprécié Noël longtemps. A l'âge de dix ans, lorsqu'il avait compris que tout ceci n'était qu'une légende, il s'était senti trahi par sa famille. Dès lors, les fêtes de Noël s'étaient transformées pour lui en cauchemar. Il s'était forcé à y assister, sans plus jamais partager la joie de ses proches. Son sentiment n'avait pas changé aujourd'hui. Il avait même empiré.

Il se détourna de sa fenêtre et tira le rideau pour ne plus voir les lumières et les sourires béats de ses voisins. Ainsi coupé de leur joie, il se retourna vers ses livres et se demanda à nouveau si Tristan allait le contacter ou non. Son regard se posa sur ses bouteilles d'alcool pleines, posées sur la table. Il s'en servit un verre et ricana. Non, Tristan ne le contacterait pas. Il le sentait au fond de lui et éprouva un pincement au cœur à cette idée. Malgré l'échec de sa dernière leçon, le français lui manquait. Son procès l'avait brisé, mais c'était plus fort que lui, l'encre coulait dans ses veines plus violemment encore que l'alcool ou le sang. L'enseignement lui faisait peur, la Grande Dictée lui faisait peur, mais il n'était pas prêt à abandonner. Comme mus par un irrépressible désir, ses yeux ne cessaient de se lever vers les livres emprisonnés. Il ne parvenait pas à les ignorer et à se dire qu'ils n'auraient plus jamais d'utilité. Il avait peur de les toucher, comme si les personnages allaient quitter les pages pour l'agresser, mais il n'arrivait pas à se convaincre que leur histoire était terminée. Plus il les regardait, plus son cœur s'accélérait, sans qu'il sût si c'était d'angoisse ou d'impatience. Le silence le hantait, le renvoyant à sa solitude et à son profond sentiment d'inutilité. Tristan avait changé d'avis, renoncé avant même d'avoir essayé. Soit il ne s'en sentait plus capable, soit il était au courant de son état et avait préféré choisir un autre professeur. Le poing de Ryan se serra à cette pensée. Lorsqu'il se força à le détendre, ses mains se mirent à trembler. Et quand il entendit ses voisins se souhaiter Joyeux Noël, il dut s'assoir pour ne pas tomber.

Le week-end passa ainsi lentement, entre angoisse et désespoir. Le lundi soir, il sursauta lorsque son portable sonna. Il regarda l'écran : c'était un numéro qu'il ne connaissait pas. Méfiant, il prit l'appel sans dire un mot, prêt à raccrocher au nez de celui ou celle qui voudra lui vendre quoi que ce fût. Mais à sa grande surprise, une voix juvénile s'éleva à l'autre bout du fil.

-Allô ? Bonsoir, suis-je bien chez Monsieur Ryan Amarro ?

Perplexe, Ryan fronça les sourcils.

-Oui. De quoi s'agit-il ?

-Je suis Tristan Dumont, répondit timidement la voix. Je...Je vous appelle au sujet de la Grande Dictée.

Ryan sentit son estomac se contracter à ces mots. Il resta un moment silencieux, son cerveau tentant de s'extirper des vapeurs alcoolisées pour assimiler ce que venait de lui dire ce Tristan Dumont. Et soudain, les rouages se remirent en place. Le directeur de la Grande Dictée. La copie de Tristan. Le 20/20. La demande de parrainage. Comment avait-il pu oublier ? Il soupira, se passa une main dans les cheveux.

-Oui, bien sûr. Excuse-moi, j'avais oublié. Acceptes-tu toujours mon aide ?

Il entendit Tristan rire à l'autre bout du fil.

-Oui, sinon je ne vous appellerais pas. Accepteriez-vous que l'on se voie...peut-être cette semaine ?

La dépression de Ryan lui avait permis de comprendre une chose : ne jamais laisser voir son véritable état et faire semblant d'avoir des obligations, voire un emploi du temps chargé. Les gens n'aiment pas les personnes dépressives, Ryan le savait mieux que quiconque. Si jamais Tristan apprenait qu'il se rendait chez un homme alcoolique qui ne faisait rien de ses journées, il risquerait de fuir. Or, Ryan commençait à en avoir assez de la solitude.

-Je suis d'accord. Demain chez moi, si tu veux ? A 18 h ?

-Oui. Demain, à 18 h, c'est très bien. A demain, alors.

Et, probablement sous l'effet de la timidité, Tristan raccrocha avant que Ryan eût prononcé un mot de plus. Il raccrocha à son tour en souriant, amusé. Puis, son regard se posa à nouveau sur ses livres et il soupira. Il allait devoir en lire plusieurs d'ici le lendemain après-midi s'il voulait espérer trouver un, voire plusieurs extraits suffisamment longs pour rivaliser avec la Grande Dictée. Il déglutit, mais se leva et osa enfin se planter devant sa bibliothèque. Il n'avait plus touché un seul livre depuis procès et l'idée de lever la main vers eux lui faisait peur. Il prit une profonde inspiration et osa enfin sortir Le Tour d'Ecrou de son étagère. Il se souvenait avoir étudié ce livre d'Henry James avec beaucoup de passion – son ventre se noua à ce souvenir. Il sortit ensuite La Promesse de l'aube de Romain Gary – il avait particulièrement apprécié le mystère des deux prix Goncourt –, Enfance de Nathalie Sarraute, Un cœur simple de Flaubert et L'Œuvre de Zola. Depuis qu'il les avait étudiés en licence, il s'était pris de passion pour les auteurs du XIXe siècle, bien qu'il ne dénigrât pas les autres. Lorsqu'il eut terminé, il étala les romans sur sa table et les contempla, la gorge sèche. Cinq livres qu'il avait particulièrement appréciés, mais qu'il semblait redécouvrir après tout ce temps. Il prit Le Tour d'Ecrou en tremblant et l'ouvrit. Ce livre était l'archétype même du genre fantastique. L'histoire d'une préceptrice venue donner des cours à deux enfants dans une grande demeure à Londres, où se dérouleront des phénomènes inquiétants...Henry James avait su manier avec brio le réalisme et amener le fantastique d'une main de maître. Ryan avait toujours accordé à ce livre un statut à part et il n'eut aucun mal, en le feuilletant, à trouver des extraits suffisamment longs. Il continua sans se décourager, éplucha ses livres, chercha sans relâche des extraits, marqua les pages avec les premiers papiers qu'il trouvait, encadra des passages de crochets faits au crayon. A mesure qu'il avançait dans sa quête, il tremblait d'excitation. Il lisait comme il n'avait pas lu depuis des années, le cœur battant, les yeux brillants de larmes. Il buvait à la fois les mots et l'alcool, s'enivrait tant par la boisson que par la littérature. Lorsqu'il s'endormit enfin, le visage posé sur un livre ouvert, il était six heures du matin. Comme à son habitude, il se leva à midi, soulagé que Tristan ne vînt que le soir. Il déjeuna sans se presser et resta en tenue d'intérieur, se contentant d'arranger quelque peu ses cheveux noirs emmêlés. Ses yeux bleus étaient cerclés de cernes, mais il n'en tint pas compte. Il passa ensuite l'après-midi à ranger ses bouteilles d'alcool pleines et à jeter les vides, sans s'occuper du reste de ses affaires qui jonchaient le sol de son appartement.

Lorsque la sonnette retentit à 18 h, il était prêt.

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