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Chapitre 2

Le samedi, comme à son habitude, Ryan se leva à midi et descendit voir son courrier sans prendre la peine de s'habiller. Il ouvrit sa boîte aux lettres...et se figea. Il se mit à trembler, sa gorge s'assécha et il sentit la sueur perler sur son front, tandis qu'il demeurait immobile, bouche-bée, les yeux écarquillés. Suffisamment longtemps pour qu'une voisine le saluât, avant de le gratifier gaiement d'un « Vous avez vu un fantôme ? ». Il secoua la tête pour reprendre ses esprits, avant de se forcer à sourire. Sans un mot, il finit par prendre l'enveloppe et remonta s'enfermer chez lui. Il la posa sur la table avec d'infinies précautions, comme s'il avait peur qu'elle ne lui explosât au visage, puis il se rassit et resta ainsi, à la regarder sans oser l'ouvrir. Il n'était pas idiot. Il avait vu le tampon dans le coin supérieur, ce tampon qu'il aurait reconnu entre mille et qu'il avait espéré ne plus jamais revoir. Elle revenait dans sa vie. Il avait réussi à L'éviter pendant tout le temps qu'avait duré son procès, il avait réussi à La tenir à distance, à L'éloigner de son esprit pour garder un semblant de sérénité. Mais Elle revenait et, à présent qu'il avait le tampon en face de lui, il avait le très net sentiment qu'il ne pourrait pas Lui échapper plus longtemps. Son cœur battait la chamade et ses mains tremblaient sous l'effet de l'angoisse qui s'emparait de lui. Il n'aurait jamais dû prendre l'enveloppe. Il aurait dû la laisser dans la boîte. Ou la mettre dans les poubelles de l'immeuble. La déchirer, la jeter, la brûler. Mais l'enveloppe restait intacte. Posée sur sa table, elle attendait tranquillement qu'il voulût bien l'ouvrir. Comme si elle savait qu'il ne la détruirait pas. Encore une fois, Elle se montrait plus forte que lui.

Le tampon lui brûlait les yeux, il croyait presque entendre une voix ricaner à son oreille : « Alors ? Tu pensais m'échapper, n'est-ce pas ? Détrompe-toi, je suis bien là et je ne compte pas te laisser en paix ! ». Il ferma les yeux et poussa un profond soupir. Pourquoi le sort s'acharnait-il ainsi sur lui ? Pourquoi refusait-Elle de le laisser tranquille ? Il ne voulait plus d'Elle, il ne voulait plus penser à Elle. Il croyait qu'Elle était partie pour de bon, qu'il avait réussi à La rayer de sa vie. Il pensait qu'Elle le quitterait définitivement, à présent qu'Elle avait gagné contre lui. Il pensait qu'il aurait la paix. Il s'était trompé. Son regard se reporta sur l'enveloppe. Il prit une profonde inspiration, puis, résigné, l'ouvrit et déplia la lettre. « Monsieur, comme vous le savez...J'ai le plaisir de vous informer...Nous ne doutons pas de votre réussite...J'espère que vous donnerez une réponse favorable à cette demande... » Il secoua la tête et reposa la lettre sur la table. C'était ce qu'il redoutait. Elle revenait bel et bien vers lui. Elle. La Grande Dictée.

La simple pensée de son nom le fit frissonner. Cette dictée n'a rien d'une dictée ordinaire comme celles que connaissent tous les élèves de collège. Sa longueur hors du commun – elle est en effet longue de plusieurs pages – et la manière dont elle est transmise aux participants – le texte n'est lu qu'une seule fois avant d'être dicté et n'est jamais répété – font d'elle la dictée la plus difficile jamais connue en France.Elle avait été créée en 1998 par Alfred Leroy, un professeur de français en lycée devenu célèbre grâce à sa création. Il l'avait mise au point pour montrer aux adultes que les dictées ne sont pas qu'un exercice scolaire réservé aux élèves et aux enfants, mais qu'elles peuvent être un véritable concours pour les plus âgés. Chaque année, cet événement national rassemblait ainsi tous les adultes du territoire français. Celui ou celle qui n'avait fait aucune faute – pas même la moindre coquille – recevait un bon d'achat de dix livres dans la librairie de son choix. Ryan avait pour habitude, en tant que professeur de français, de préparer les volontaires à cette dictée hors du commun. Mais après son procès et son licenciement, il s'était promis d'arrêter. Il secoua la tête. Il écrira au directeur, il s'arrangera. Qu'ils trouvent quelqu'un d'autre. Il n'entraînera plus jamais personne à cette dictée. Et de penser ça, déjà, il se sentait un peu mieux. Il soupira et reposa la lettre sur la table. Ce faisant, il fit tomber une feuille, pliée avec la lettre et qu'il n'avait pas vue tout de suite. Surpris, il la ramassa et la déplia. Son cœur manqua un battement lorsqu'il vit le mot écrit en haut, au milieu. « Dictée ». Puis, son regard se posa sur le nom et la classe, indiqués de part et d'autre : « Tristan Dumont, Tale L ». Enfin, il regarda la note : 20 / 20. Les mains tremblantes, le cœur battant à nouveau la chamade, il lut la copie et dut bientôt se rendre à l'évidence : celle-ci ne comportait aucune faute. En Terminale,cela tenait du miracle. C'était même une véritable exception. A cette époque où l'orthographe et la langue française ne comptaient plus ni pour les jeunes ni pour leurs parents, à l'heure où les adolescents écrivaient en langage sms et où les pancartes des campings et des commerçants – sans parler des mails –comportaient presque une faute à chaque mot, Ryan commençait à douter de l'utilité des professeurs de français. Voir une copie d'élève où des mots tels que « pulsations »,« commis » ou « bringuebalante » étaient écrits correctement lui redonnait confiance en son ancien métier. Cela lui faisait nourrir l'espoir que tout n'était peut-être pas perdu...Il relut la lettre :« J'ai le plaisir de vous informer que vous avez une nouvelle fois la possibilité de parrainer l'un des participants pour le préparer à l'événement. ». Il soupira : il savait ce que signifiait « parrainer » dans ce contexte. Cela signifiait aider l'élève, l'entraîner, le préparer à la Grande Dictée. Il n'y était pas prêt lui-même. Cela faisait des années qu'il avait cessé d'être en contact avec ce concours et avec l'enseignement en général. La simple idée de renouer avec les dictées l'angoissait. Mais cette lettre le plaçait dans une position très délicate : le directeur précisait en effet que Tristan désirait intégrer à la rentrée prochaine une école de correcteur à Paris. En tant qu'ancien professeur de français, Ryan connaissait les examens d'entrée de cette école. Il savait qu'un exercice du même style attendait les candidats.Pouvait-il vraiment refuser son aide à Tristan ? Pouvait-il l'empêcher de vivre son rêve ? Surtout qu'il n'était pas assommé ni par le travail ni par les activités depuis son licenciement...Le vide qui l'entourait était finalement pire que de préparer un élève à un événement national. Il relut la copie de Tristan et cela le décida : dès le lendemain, il rédigea sa réponse, expliquant qu'il acceptait d'entraîner l'adolescent à la Grande Dictée. Puis, il posa son stylo et releva la tête. Son regard effleura les classiques présents sur les étagères de sa bibliothèque, et qu'il n'avait plus rouverts depuis son licenciement. Zola. Camus. Sartre. Colette. Sarraute. Et tant d'autres...Ryan pouvait presque entendre les pages frémir et les mots chuchoter,comme si les livres avaient eux aussi hâte de quitter leur prison pour revivre enfin après toutes ces années. Il sentit son cœur battre plus fort à l'idée d'ouvrir à nouveau leur cage. L'aide qu'il apportera à Tristan l'aidera peut-être à sortir de sa solitude et à renouer avec la littérature. Il espérait seulement que son procès ne se reproduirait pas. Son estomac se contracta à cette simple idée. Il ouvrit l'enveloppe vierge, y glissa la lettre, inscrivit l'adresse et se rendit à la poste avant d'avoir le temps de changer d'avis.

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