Anna
Soigneusement, Anna vissa la tête de son nouveau jouet.
C'était un petit bonhomme en métal, grand comme deux fois sa main, avec de fines articulations et une ampoule électrique à la place de la tête. Une sorte de poupée lumineuse. Comme toutes les petites filles, Anna possédait des jouets qu'on lui avait offert pour Noël ou pour ses anniversaires, mais elle avait décidé que ce serait bien plus drôle d'en fabriquer au moins un elle-même.
Deux ans et demi plus tôt, pour son septième anniversaire, sa maman lui avait installé un petit atelier dans sa chambre. Quand Maman, informaticienne, partait réparer des ordinateurs, Anna restait à la maison et s'occupait. Elle suivait des cours par correspondance ou bricolait dans son atelier. Bastien, le soignant qui s'occupait d'elle, passait trois fois par semaine et l'auscultait pour vérifier qu'elle ne tombait pas malade car Anna était très fragile. Elle avait ce que les médecins appelaient une maladie du système immunitaire. Même les maladies bénignes qui rendaient à peine malades les autres enfants pouvaient la clouer au lit pendant des semaines. C'était pour cela qu'elle ne quittait jamais la maison, bien à l'abri des microbes.
Anna aimait bien vivre dans cette maison. De toute façon, elle n'avait jamais rien connu d'autre. Avec son ordinateur, elle pouvait parler avec d'autres enfants malades. Elle avait Laurence, l'aide ménagère, qui passait une fois par semaine pour faire le ménage et déposer des plats surgelés qu'elle réchauffait elle-même quand Maman ne rentrait pas à midi. Elle lisait des bandes dessinées, elle suivait des cours de maths et de français. Et puis, elle bricolait.
Ce petit bonhomme était sa dernière création. Jusqu'ici, elle avait déjà fabriqué des tas de trucs : une figurine composée de bouts de plastique collés ensemble, un jeu de société dont le but était de vendre des arbres, un jeu de cartes électronique qu'elle avait codé elle-même... Avec ce nouveau jouet, elle voulait passer à l'étape au dessus.
Elle attrapa sa tablette et envoya un signal. À sa grande joie, le petit jouet tourna la tête à droite. Elle essaya encore et il tourna la tête à gauche. Ça marchait !
Bon, elle avait prévu gauche quand il tournait la tête à droite et droite quand il la tournait à gauche, ça n'était pas encore parfait. Mais si elle avait réussi à lui faire tourner la tête, elle pourrait lui faire faire plein de trucs : marcher, courir, s'asseoir, danser et même parler. Elle allait fabriquer le compagnon parfait. Ce qu'elle allait s'amuser !
Mais il lui fallait un nom. Quelque chose de drôle, de joli, de sympathique, d'original... Elle prit quelques notes, réfléchit longuement puis se décida. Elle l'appellerait Clic, c'était un beau nom.
Elle allait enfin avoir un ami...
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