Chapitre 27
Deux jours plus tard, nous avons essuyé un bombardement. Ils ne sont jamais attaqués d'aussi près aux terres libres. Notre territoire est protégé par une convention signée.
Une réunion de crise est organisée, il a envoyé une de ses meilleures délégations en éclaireur. Nous allons les prendre en filature quand ils seront à proximité de nos territoires. Nous partons le soir même rejoindre notre campement.
— Tess, fais attention à toi!
— Tu ne viens pas?
— Non, ton père m'a assigné au département stratégie.
— Bien.
J'enfile mon uniforme, je m'attache les cheveux. Nous serons une dizaine en camouflage, l'équipe est réduite pour ne pas immobiliser trop de nos soldats si la base est attaquée. Dans l'avion, la tension est palpable. On atterrit à un kilomètre de leur campement, on veut les prendre par surprise.
Nous marchons une vingtaine de minutes, je les vois avec mes jumelles infrarouges. Ils sont une vingtaine autour d'un feu, on se rapproche en se déployant. Nous ne sommes plus qu'à quelques mètres, je les observe en train de rire. Cette guerre est prise à la légère par nos ennemis. Un des soldats sort de la tente, un brun, il est de dos. Il leur demande de se taire, c'est leur supérieur. Les soldats s'arrêtent instantanément de rire.
Il se tourne dans ma direction, et tout bascule. J'ai chaud, froid à la fois , mes mains tremblent, mes larmes menacent de couler. C'est Zain. Il est là-devant moi, vivant et il se bat pour nos ennemis. Je suis chamboulée, je n'arrive pas à reprendre mes esprits. Zain est brun, c'était un faux blond, je n'avais jamais remarqué. Je doute de ce que je vois, je suis peut-être en train d'halluciner. Mais il se dirige vers les sous-bois sûrement pour soulager une envie pressante. Je contourne le campement et me lance à sa recherche. Je fais attention aux bruits de pas. C'est lui qui m'a formé pour être indétectable.
Je le vois, il fait pipi en sifflant, un sourire se dessine sur mes lèvres. J'approche pour avoir une meilleure visibilité. Je m'approche encore plus, je ne suis qu'à quelques mètres. Je n'arrive pas à arrêter d'avancer. Jusqu'au moment où il m'agrippe et me plaque contre un arbre. Je suis fichue.
— Zain.
Il me regarde avec curiosité.
— C'est bien toi. Tu es vivant.
— Très bien tenté la rebelle. Qui t'a refilé les infos? Un de vos prisonniers?
Je ne comprends pas son détachement.
— C'est moi Tessa.
Il ne semble pas réagir à mon prénom, qu'est-ce qui lui prend?
— Tessa, la rebelle, l'unique.
Son visage n'est plus qu'à quelques centimètres des miens. Je fixe ses lèvres, il semble troublé.
— J'ai eu la meilleure prise.
— Tu ne peux pas faire ça! C'est toi qui m'as sauvé.
Il ricane.
— Tu as une imagination débordante, ma beauté.
— Tu ne te souviens de rien? De nous?
— Nous? Pactiser avec l'ennemi sûrement pas.
— Je suis ta gouvernante.
Il semble surpris.
On entend du bruit, j'en profite pour reprendre le dessus, je l'immobilise et lui envoie un coup de taser, il tombe au sol.
— Je suis désolée.
Ses yeux se ferment. J'entends des explosions, ils sont en train d'attaquer le camp. Je ne sais pas quoi faire. Je ne veux pas livrer Zain aux rebelles, ils feront de lui un exemple. Je lui attache les mains, je le relève et j'avance avec son poids sur moi. J'avance sur plusieurs mètres pour m'éloigner de la zone de combat. Je suis en train de trahir les miens, pour lui. C'est de la pure folie, mais je suis vite rattrapé par la joie de l'avoir retrouvé, avec ou sans sa mémoire.
Mes pas se font de plus lents, c'est à ce moment qu'il reprend connaissance.
— Détache-moi!
— Non pas tant que tu tenteras de me capturer.
— Alors le voyage sera long. Il y a des patrouilles dans un rayon de 50 kilomètres.
— Je sais, j'ai déjà fait ce parcours.
Il avance ce qui me soulage de son poids, il me suit docilement. Il doit avoir un plan pour me désarmer. Je reste sur mes gardes. On s'arrête pour faire une pause. Deux heures qu'on marche à travers cette jungle. On s'adosse assis contre un arbre.
— Tu dis être ma gouvernante?
Je lève les yeux vers lui, et ce regard vert lagon me submerge de nouveau. Un an que je pleure chaque nuit. Pendant qu'il n'avait aucune idée de qui j'étais. Je ne peux pas m'empêcher d'avoir mal au cœur. Pourtant, ce n'est sûrement pas sa faute, mais j'ai nourri cet amour alors que lui ignorait qui j'étais.
— Oui. On était plus que ça.
Il explose de rire, les clichés ont bon dos.
— On partageait nos nuits?
— Non ça, c'était avec Louise!
— Louise? Tu l'as vu?
Je crois rêver, il se souvient de Louise, je me relève en colère et frustrée. Il a perdu les souvenirs me concernant, mais il garde les souvenirs de cette peste.
— Oui ta chère Louise va bien!
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro