C'est le jour de l'assaut, aujourd'hui commence le premier jour de ma révolution. Nous sommes tous concentrés, nous n'avons pas le droit à l'erreur. Nous devons capturer un maximum de soldats ennemis.
Nos regards sont graves, Louise passe à proximité de moi et me nargue. Je l'ignore, je me concentre sur la mission, des centaines de vies sont sous ma responsabilité.
Chayton prononce un discours, c'est le jour tant attendu, nous allons reprendre notre liberté par la force. Le commandant ennemi ne cède pas, il veut aller jusqu'à la guerre.

Je monte dans notre avion militaire, je suis avec ma division une cinquante, je leur prodigue les derniers conseils, alors que je ne connais rien à la guerre. Tout se faisait via une simulation. Certains perdront la vie, d'autres seront capturés par l'ennemi. Je les fixe un à un pour graver dans ma tête ce souvenir qui marque le début d'un nouvel air. On y a pris part, nous y étions.

L'avion décolle, nous y serons dans une quarantaine de minutes. Ça réveille en moi des souvenirs douloureux, ma fuite, mon périple et mon sauvetage.

— Tu me reçois?
— Papa.

Les mots tant interdits sont sortis, je ne peux plus faire marche arrière, nous sommes désormais liés à vie.

— Ma chérie ne me déçoit pas!
— Jamais.
— Bonne chance!

Nous arrivons à proximité, on produit un effet de surprise sur l'ennemi. Nous les attaquons en plein jour et sur leur terrain. Habituellement, ils viennent à nous.
Je me détache avant que l'avion ne pose, mes sous-officiers me suivent. L'avion se pose, les portes s'ouvrent , on se dirige par groupe de 5 dans la forêt. Chacun veille les uns sur les autres. A peine franchi des tirs, je les repère, je contre-attaque, le militaire tombe au sol. D'autres hommes arrivent et nous tiennent en joue, on se déploie autour d'eux. On les cible et je vise une zone non létale, ils s'écroulent de douleur. Je me rapproche de lui et je le saisis par le col.

— Sale traître!
— Bienvenue en enfer soldat.

Je l'assomme par un coup de poing.
La caméra continue de tourner, me filmant en train de tuer l'ennemi. Je tire et j'en touche deux de plus, quand je reçois une balle à l'épaule. La douleur m'irradie le bras, mais je garde ma posture, je me tourne, un de mes sous-officiers l'a achevé.

— On y va!

On sort de la forêt rejoindre nos avions. Nous sommes moins qu'au départ, nous avons des victimes de notre côté. C'est dure à encaisser.

Nous arrivons à la base avec une harde d'applaudissements, les prisonniers sont amenés en cellule en attendant de les interroger.
Mon père me prend dans ses bras et me félicite.

— Tu as été digne de nos ancêtres!
Je souris timidement.

Je rejoins ma chambre pour prendre une douche quand Jay m'arrête. Il me prend dans ses bras, je suis gênée par cette proximité. Il se détache de moi et m'embrasse le front. Il s'en va en direction de ces appartements. J'ouvre ma porte et je m'adosse à la porte, bouleversée par son geste.

Je suis convoquée au réfectoire, on s'assoit en attendant la venue de mon père. Personne ne comprend ce qui se passe. J'entends des murmures, des hypothèses farfelues. Mon père finit par entrer.

— Merci d'être venu aussi rapidement. Nous avons de nouvelles informations sur l'ennemi . Je vous laisse juger par vous-même.

Un écran s'allume avec le Commandant Wert. Il est entouré de ses généraux, son discours commence. Je fixe mes camarades, ils sont tous concentrés sur l'écran. Jay est en retard , il s'assoit à mes côtés.

— Mes concitoyens, aujourd'hui marque un triste jour. Nous avons perdu des hommes, des frères , des maris, des fils! Les tueurs sont les ennemis de notre système: les rebelles. J'annonce que la guerre est déclarée. J'en appelle à votre soutien!

On entend des sons de stupéfaction. Le commandant nous a officiellement déclaré la guerre. Tous les coups sont permis. Mon père éteint l'écran, on applaudit et on se lève. Il est fier, nous allons enfin pouvoir délivrer les zones occupées par cette dictature. Je rejoins mon père sur l'estrade et le prends dans mes bras. On va délivrer ma mère, ce n'est plus qu'une question de temps.

Je rejoins, avec mon père, la partie haute sécurité de la base, là où sont enfermés nos ennemis. Pour le moment, ils ne souhaitent pas coopérer. Ils récitent avec ferveur leur devise. On entre dans une des salles d'interrogatoires. Le soldat est attaché, ses yeux sont injectés de sang, il nous hait.

— Es-tu prêt à coopérer soldat?
— Allez vous faire voir !

Mon père lui donne un coup de poing, sa tête bascule en arrière. Sa bouche est ensanglantée, j'ai un mouvement de recul.

— Ne me manque pas de respect devant ma fille!

Le soldat pose ses yeux sur lui et crache son sang sur moi,  j'en suis envahie d'un dégoût.

— Sale traître! Tu as déshonoré les tiens!
En s'adressant à moi.

— C'est la meilleure décision que j'ai prise, trahir votre gourou.