Chapitre 21
Je suis au réfectoire, ma table se remplit peu à peu. Certains tentent des rapprochements que je refoule assez vite. Je préfère rester dans mon coin, attendant de récolter assez d'informations sur ce que je suis. Jay repère ma table et se pose avec son plateau.
— Les trouduc, dégagez!
Les opportunistes autour de moi déguerpissent comme des insectes. Il semble avoir une autorité sur eux. Je me focalise sur mon assiette, il me fixe sans sourciller. Un seul pouvait faire ça sans que ça me gêne, Zain.
Que fait-il en ce moment? Sait-il que je suis bien arrivée? Des dizaines de questions me taraudent l'esprit. Je décide d'en avoir le cœur net.
— Comment puis-je contacter Zain.
Jay s'arrête de manger et pose sa fourchette dans son assiette. Il regarde autour de nous comme pour vérifier que personne ne nous écoute. Ai-je prononcé un prénom qu'il ne fallait pas?
— Pourquoi veux-tu le contacter?
— J'ai mes raisons!
— Tu es amoureuse de lui?
— Quoi? Ça ne te regarde pas.
— Tu descends d'un prestigieux guerrier amérindien, tu mérites mieux qu'un traître de sénateur.
— Je ne te permets pas de juger de mes choix! Est-ce bien clair!
En criant.
Tous les regards se tournent vers nous, je ne m'étais pas aperçu que j'étais debout. Je me rassois, les autres reprennent leurs repas et discussions.
— C'était pour toi que je disais ça!
— Je peux me passer de tes conseils. Comment le contacter?
— Via un téléphone gps sécurisé.
— Où est ce téléphone?
Il souffle fort, mes questions semblent l'indisposer, il se tortille sur sa chaise.
— Dans le bureau de ton père.
Je finis mon repas et je rejoins à la hâte le bureau de mon père. Je frappe, il est en réunion, il me demande d'attendre la fin. Je ne suis pas à quelques minutes près. Je m'assois en attendant mon tour.
La réunion se termine, ses généraux me saluent et quittent ses quartiers. Il me fait entrer et me propose du café. Il me sert une tasse, je romps le silence, trop pressée d'entendre la voix de celui pour qui je franchirais les montagnes.
— Je veux parler à Zain.
— Tu es amoureuse de lui?
— Vous n'allez pas tous vous y mettre! Je veux lui parler!
Il sourit avec tendresse.
— Tu as bien du sang de nos ancêtres. Tu pourras l'appeler dans deux jours.
— Quoi?
— Nous limitons nos conversations, il serait vite repéré .
— Bien.
Je me relève, déterminée à faire passer les deux prochains jours le plus rapidement possible, même si je dois négocier avec le dieu du temps. Je rejoins ma chambre et tente de me coucher, je compte bien visiter cette ville pour infirmer ou confirmer les rumeurs sur les Terres libres. Mes yeux s'alourdissent, je m'endors épuisée.
Le matin, je ne perds pas de temps, je rejoins le réfectoire sans aide extérieur. Je commence à me familiariser avec cet environnement. Jay est attablé, je m'assois à sa table. J'avale mon petit-déjeuner à toute vitesse. Je demande à un des généraux, l'autorisation de quitter la base. Il me fait attendre dans le hall en attendant la réponse de ses supérieurs. Il revient une vingtaine de minutes plus tard. J'ai obtenu l'autorisation, Jay m'accompagnera. Il est un peu trop présent à mes côtés, je soupçonne qu'il me surveille pour le compte de mon père.
J'attends que Jay me rejoigne, il finit par arriver le sourire aux lèvres. Il me dirige vers l'extérieur, où des véhicules sont stationnés devant la base. On monte dans un de ces engins et il démarre en direction de la ville. Mes pensées sont toutes vers Zain, cette proximité me manque tant. Nos trajets, tant que bien silencieux, nous rapprochaient l'un de l'autre.
On pénètre dans la ville, des gens marchent vers leur destination, certains promènent leurs animaux, je ne rate pas une miette de tout ce qui se déroule devant moi. Et là, stupéfaction, un homme et une femme s'embrassent à pleine bouche dans la rue. Je me retourne pour continuer à les observer. Je n'en reviens pas, ils affichent leur amour au grand jour, c'est si différent de chez moi.
La voiture s'arrête vers un quartier très beau, champêtre, où se mêle le charme de l'ancien au nouveau. Je descends et j'observe les bâtiments , j'attends quelques secondes, puis de longues secondes, mais rien ne se passe.
Jay m'observe adossé à la voiture, comme l'air de dire que je suis stupide.
— Il n'y a pas de désodorisant qui souffle sur les rues?
— Des quoi?
— Des odeurs de jasmin ?
Il éclate de rire.
Je le fixe sérieusement, ma question est des plus sincères. J'ai tant entendu cette histoire, que je souhaite de réelles explications. Je croise mes bras, à la limite de taper du pied.
— Non ma jolie, c'est faux. Tu veux du jasmin? On t'en procurera.
— Non ça ira, j'ai ce qu'il me faut.
— Un cadeau de ton chéri?
Je hoche la tête avec remontrance.
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