Chapitre 18
Deux jours, que je progresse, la fatigue commence à se faire ressentir. La veille, j'ai été pris en chasse par la milice. J'ai réussi à me cacher dans un terrier, que j'ai recouvert de feuilles. Je suis sale, je me sens mal, mais je suis vivante.
Quelques fois, je tiens une conversation avec moi-même par peur d'oublier le son de ma voix. Je ne sais pas si je perds la tête, seulement deux jours après avoir pris la route. Je repense à Zain à ses yeux qui me nourrissent. A-t-il lu ma lettre? C'est ce que j'espère du moins. Je veux qu'il ressente dans mes écrits chaque émotion que j'y ai transcrite.
C'est le soir, je progresse quand j'entends du brouhaha , la malice est encore à mes traces. J'accélère le pas. J'y ai échappé la veille par, je ne sais quel miracle, ça ne se reproduira pas deux fois de suite. J'augmente la cadence quand j'entends des bruits, on me tire dessus. J'essaye de les éviter, mais je ne sais pas d'où proviennent les tirs. Je me mets à courir, mais j'ai réagi trop tardivement, une balle me broie la cuisse.
L'adrénaline aidant, je ne m'arrête pas, je continue de courir. Je ne ressens aucune douleur, un deuxième miracle. Je cours de plus en plus vite jusqu'à ne plus entendre de bruit. Mais je ne m'arrête pas, je continue en direction du nord.
Une heure plus tard, la douleur me rattrape. Je m'arrête près d'un cours d'eau, je regarde ma plaie, la balle est ressortie. Je prends ma trousse de secours, je désinfecte la plaie , la douleur est pire que tout. Il y a un kit de suture, je sanglote en même temps que je la saisis. Je sais que je vais souffrir. J'enlève l'aiguille du sachet chirurgical et la dirige sur ma cuisse. Je prends mon couteau de chasse et je le mords pour éviter de crier. Je fais ma première incision, la douleur est telle que mes dents marquent la manche du couteau, je renouvelle trois fois les points. Je finis en désinfection et en appliquant du baume. Je pose un pansement chirurgical. Je fais de même pour la partie externe où la balle est ressortie.
Après cela, je reste allongée, trop épuisée par tant de souffrance. Je chantonne une chanson et je m'endors.
Je suis réveillée par une odeur boisée familière qui me chatouille le nez. J'ai l'impression de connaître le parfum. J'ouvre les yeux sur un brun aux yeux océans qui me fixe. Je suis accablée, ils m'ont retrouvée, j'ai échoué. Je me redresse et me saisis de mon arme.
— Doucement ma douce.
— Qui êtes-vous?
— Toi d'abord!
— Je ne vais sûrement pas te dire qui je suis.
Il ricane.
— Je fais partie des terres libres.
— Quoi?
— Tu es plus docile tiens donc.
Ce mot m'horripile, je ne peux plus l'entendre. Je me redresse avec difficulté, je me mets en marche en boitant.
— Où comptes-tu aller ma jolie?
— Loin de toi.
— Pourtant je pourrais t'aider à franchir les terres.
— Que veux-tu en échange?
Il me reluque avec désir, pourtant je fais peine à voir aussi sale.
— Tu es répugnant.
Il éclate de rire.
— Bon allez on y va ma jolie! Je suis en charge d'aider les déserteurs.
— Donc tu me fais marcher depuis le départ.
— Oui.
Il explose de rire.
Il me tend un bout de bois pour m'aider à marcher. C'est moins douloureux grâce au baume miraculeux.
Il prend la tête de notre marche, je surveille nos arrières. Il progresse sans boussole. Je vérifie la direction, nous allons bien dans le nord.
Nous tenons un rythme soutenu durant des heures, la douleur à la jambe me lance. Il s'en aperçoit et nous accorde une pause. Je m'assois, je refais mes soins, le baume me soulage instantanément. En attendant, ce jeune homme dont j'ignore même le prénom, chasse pour notre dîner.
Au bout d'une demi-heure, il apporte de quoi dîner. Il s'occupe de tout, je me repose. Les trois derniers jours ont été éprouvants. Dans deux jours, nous franchirons les montagnes rocheuses.
Il me tend ma part, je saute sur mon plat, je suis affamée. Il a même trouvé des baies, je me régale.
Une fois le repas fini, on décide de se reposer quelques heures avant de continuer.
— Comment t'appelles-tu ma jolie?
— Tessa Westey.
Il se redresse, j'en fais de même, ne comprenant pas sa réaction.
— Et toi?
— Jay, ma douce.
Il a l'air préoccupé.
— Rendors-toi! Nous devons absolument franchir les terres dans deux jours.
— Le voyage n'est pas censé durer 7 jours?
— Pas quand tu as le meilleur guide.
Je ricane et hoche la tête. Je me rallonge et ferme les yeux avec l'image de Zain dans mes pensées.
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