Chapitre 14
Dans la soirée, Paul me remet un mot. Je déplie le papier une fois seule dans ma chambre.
— Rejoins-moi par l'arrière-cour à minuit. Zain.
Je relie le papier plusieurs fois, pour être sûr d'avoir bien compris la consigne.
Je reste dans mon lit en attendant que l'horloge sonne minuit. Quand la sonnerie retentit, je me redresse, ouvre la porte sans faire de bruit et m'engouffre dans l'escalier en pesant chaque pas que je fais. Pour éviter de faire trop de brouhaha, je garde mes chaussures dans les mains.
Je rejoins l'arrière-cour, quand quelqu'un me saisit et me plaque contre un mur.
Je n'ai pas le temps de réagir qu'il pose ses lèvres sur les miennes, je sens chaque pulsation de mon cœur se mouvoir au gré de son baiser. Une euphorie, une explosion d'émotions. Ses lèvres chaudes chevauchent les miennes inexpérimentées. Je sens sa langue s'engouffrer dans ma bouche et tanguer avec la mienne. Des frissons parcourent mon corps, c'est un plaisir enivrant. On se détache à bout de souffle. Notre respiration masque le silence de cette nuit particulièrement sombre.
— Tu es mienne.
Mon cœur bat à tout rompre. Les émotions me submergent, je suis effrayée, heureuse, bouleversée, attristée à la fois. Trop pour un seul corps. Je suis à lui et non sa possession systémique.
— Tu es mien.
Cette fois, c'est lui qui est pris au dépourvu. Il semble toucher en plein coeur. Ses mains ne me lâchent pas, son souffle sur mon visage est saccadé. Il pose à nouveau ses lèvres sur les miennes, cette fois le geste est abrupt, presque physique, il me désire autant que moi. Son corps se colle au mien, ils se cherchent, ses mains glissent sous ma chemise. Je le rapproche de moi et me mets sur la pointe des pieds pour être à son niveau. C'est ravageur, une envie de se posséder nous englobe. On entend du bruit, il se détache, je regagne l'intérieur, tremblante.
Pour la première fois de toute ma vie, je comprends le sens du mot aimé. C'est à la fois explosif et douloureux. Un mal qui peut à la fois détruire et nous combler de joie.
Je m'allonge sur le lit, j'essaye de reprendre mes esprits. J'essaye de rationaliser ce moment dans ses bras pour me protéger et éviter de souffrir quand je serai loin de lui, loin de ce cauchemar.
Le matin, les souvenirs de la vieille reviennent en pensées intrusives sous forme de flash. J'en ressens les moindres sensations. Je me relève, je me prépare. Au petit-déjeuner, je suis muette, trop submergée par ces images, elles me déconnectent de la réalité. Je rejoins sa chambre, pour une fois il est déjà réveillé, il semble autant tourmenté par notre rapprochement physique. Ses yeux me fixent comme la plus belle merveille du monde.
Je lui tends sa tenue, il s'engouffre dans la salle de bain. Un silence assourdissant prend part à mon malaise. Il en ressort prêt, son odeur boisée emplit mes narines. J'enregistre son odeur et la grave dans ma mémoire. Il quitte la chambre, je la nettoie. J'entre dans la salle de bain et range les produits, je tombe sur son parfum. Je ne sais pas ce qui me prend, je le glisse dans ma poche. J'ouvre une commode et lui en ressort un tout neuf. Il ne s'en apercevra pas.
Nous nous mettons en route pour la faculté. Dans la voiture, l'ambiance est étouffante. Je ne sais pas comment rompre ce silence. Il est au feu rouge, nous sommes à une rue de l'université, le feu passe au vert mais, il continue de rouler.
— Tu t'es trompé de chemin?
— Non nous n'allons pas à la fac.
— Quoi?
— Fais-moi confiance!
Je garde le silence et observe les ruelles qui disparaissent au gré de la route. Nous sommes de nouveau dans ce bois. On descend de la voiture, mais il se dirige vers le coffre en sort un sac de randonnée. Je ne comprends pas bien. Il m'adjoint de le suivre, nous retrouvons cette plaine.
— Tu t'en vas dans deux semaines, il faut maintenant te préparer. Dans ce sac, tu trouveras tout le nécessaire de survie. Tu as 7 jours de voyages, en complément il faudra chasser et cueillir des fruits. Il y a une boussole avec une carte pour te guider, une arme pour te défendre. Dans les deux semaines qui suivent, je vais préparer ta condition physique et ta défense.
— Pourquoi fais-tu ça pour moi?
— Je suis un passeur, un résistant.
— Quoi?
— Tu es la vingtième que je fais passer de l'autre côté.
— Tu risques ta vie! Je ne suis pas d'accord!
Il sourit avec tendresse.
— Alors vie, fais de grandes choses de l'autre côté!
— Je veux rester avec toi!
— Il en est hors de question! Je n'accepte plus ta condition!
Je me retourne frustrée par son rejet. Ma vie semble bien mieux à ses côtés. Je ne sais rien, que des histoires racontées sur les terres libres.
— Et si tout ça n'existait pas!
— Tessa, je m'y suis déjà rendu! Et tu me remercieras quand tu y seras.
— C'est vrai ce qu'on raconte?
Il pouffe de rire.
— Commençons.
La matinée, il m'entraîne à l'orientation, je commence à comprendre l'utilité d'une boussole. La carte ne sert à rien seule. Après le déjeuner, je m'exerce aux armes.
Nous rentrons à la villa, comme si de rien n'était. Il paraît vouloir se tenir à carreaux pour ma propre survie. La maîtresse de maison ne s'en est pas prise à moi, je reste sur mes gardes. Elle explosera tôt ou tard. Paul me remet un autre papier.
A minuit, je rejoins l'arrière-cour mais, il n'y a aucune embrassade. Il me guide vers une dépendance. La porte s'ouvre sur une salle d'entraînement. Nous allons nous entraîner la nuit.
Je m'allonge sur le tapis, il en fait de même. Nous sommes côte à côte, à bout de souffle, par cette intensité physique. Il me ramène à lui et me retrouve au-dessus de lui. Il fixe mes lèvres, cette fois-ci, je prends l'initiative de goûter à nouveau ses lèvres. Elles sont douces, chaudes et impatientes. Notre baiser est un tourbillon de sensations. Ses yeux sont fermés, il me partage toute sa passion, sa douleur.
— Je penserai à toi chaque minute de ma vie en femme libre.
Il sourit.
On regagne nos chambres mutuelles.
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