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LA LETTRE, par Selena Asten

« Londres, 17 mai.

J'espère que quelqu'un trouvera ma lettre, un jour. J'espère que l'on me pardonnera. A l'heure où j'écris, je suis en chemin pour réparer la plus grave erreur que j'aie pu commettre au cours de ma vie. Mais, pour que vous compreniez, chers lecteurs anonymes, laissez-moi vous raconter mon histoire.

Je m'appelle Selena Austen, et je viens d'avoir 17 ans. Je suis élève à la prestigieuse école de sorcellerie Poudlard, en dernière année. Je devrais être en train de réviser mes examens de fin de cycle, et de m'inquiéter pour mon avenir. Mais il y a longtemps que j'ai laissé tomber tout cela, pour deux raisons. La Guerre qui se prépare, et une bêtise que j'ai commise il y a deux ans. Que dis-je une bêtise. Une énorme stupidité. Et pour quelle raison ? La plus idiote possible, si vous voulez mon avis. Mais la plus humaine aussi. Car tout ce que je voulais, c'était avoir des amis. Comme quoi, même les aspirations les plus banales peuvent vous faire basculer...

Mais trêve de bavardage. Je n'ai pas beaucoup de temps, il vaut mieux que j'aille à l'essentiel, à présent que vous savez qui je suis. Sachez simplement que, si je suis, aujourd'hui, revenue sur cette malencontreuse décision, cela a détruit mon avenir. Mais cela, vous le comprendrez plus tard.

Dès que les choses ont commencé à mal tourner, je me suis dit que je ne rallierais jamais la cause de ceux qui répandaient le mal autour d'eux. Je peux vous jurer que j'étais comme Harry Potter. Une fervente défenseuse des causes justes, même si elles peuvent paraître perdues d'avance. Vous allez sûrement commencer par m'insulter, de me comparer à lui. Mais si vous allez au bout de cette lettre, vous réaliserez que j'ai raison.

D'ailleurs, et ce malgré mon appartenance à la maison Serpentard, j'admirerai toujours le trio soudé qu'il forme avec Hermione Granger et Ronald Weasley. J'aime leur amitié, leur force et leur confiance. Ils sont doués et dévoués. Prêts à se sacrifier pour se battre. Au point qu'avant de mourir, l'an dernier, Dumbledore leur a confié une quête...

J'ai honte de l'avouer, mais je sais ce qu'ils cherchent. Pour la bonne et simple raison que je me situe du mauvais côté de la barrière. Et, croyez-moi, j'aurais voulu que cela n'arrive jamais.

Oh ! Je sais ce que vous allez vous dire. « Mon Dieu ! C'est une adepte de Voldemort ! ». Je sais que vous serez tenté(e/s) de brûler ce morceau de parchemin jauni, sur lequel sont tracées ces lignes d'une main mal-assurée. Mais vous auriez tort. Et même si vous ne le souhaitez pas, je vous demande de me faire confiance, et de continuer. Après tout, vous n'avez rien à perdre, n'est-ce pas ?

Où en étais-je donc ? Ah, oui. A Harry et ses amis.

Je vais vous faire une confidence. Autant les élèves de la maison Serpentard formaient un groupe en apparence plutôt uni, autant ceux de Gryffondor approchaient carrément de l'image de la famille aimante. Chez eux, il n'y avait pas de hiérarchie. Que du respect et de l'amitié. Je ne dis pas que tout était rose en permanence, ce serait parfaitement injuste. Mais personne n'était suffisamment fier pour ne pas reconnaître ses torts et réparer ses erreurs.

Chez nous, c'était le contraire. Nous avions un chef, avec un bras gauche, un bras droit, des généraux et des partisans. Et moi, au milieu de cela, je me sentais seule. Asservie à Drago Malefoy, comme les autres, je ne trouvais pas ma place. Je n'avais pas de réelle importance, car ceux d'en haut semblaient partager un secret, qui les reliait. J'avais pourtant essayé de m'intégrer à ce groupe. Mais Pansy Parkinson veillait bien à ce qu'aucune fille n'approche son Drago chéri de trop prêt, au risque qu'elle lui prenne sa place de Reine. Pourtant, je n'avais aucunement l'intention de lui voler son « petit ami ». Les blondinets décolorés et arrogants, très peu pour moi.

Mon seul but était donc de me faire des amis : mais cela ne fonctionnait pas. Alors, en désespoir de cause, je m'étais résolue à faire un pas vers la maison qui, depuis la création de l'école, était destinée à être notre concurrente la plus redoutable : Gryffondor. Je ne partageais pas leurs dortoirs ni leur salle commune, mais, au moins, je les voyais pendant la plupart des cours, et à l'heure du déjeuner.

Cependant, et comme j'aurais dû m'y attendre, aucun d'eux n'a voulu de moi. Ils devaient me prendre pour une espionne, ou quelque chose de ce genre. Ils ont sûrement cru que je n'avais pas remarqué la manière dont ils me regardaient. Ces coups d'œil suspicieux dans ma direction, les sourires en coin, la gêne en ma présence... Je n'ai pas insisté. Même si cela me faisait mal, je devais bien reconnaître qu'entre eux et moi ce n'était pas possible non plus, malgré leur politesse courtoise à mon égard. Ils se méfiaient clairement de moi, et il m'aurait fallu des années de patience pour qu'ils m'acceptent réellement.

Mais moi je n'étais pas une fille patiente. J'avais 15 ans, je voulais tout, et tout de suite. Aujourd'hui, je sais que j'ai abandonné trop vite. Ce que j'ai pris pour une hostilité spécifiquement dirigée envers moi n'était en fait qu'une attitude tout à fait logique, résultant d'une rivalité ancestrale. Cependant, à l'époque, j'avais été vexée, et même blessée par leur réaction. Et je me suis enfuie, là où j'aurais dû insister. Je n'en serais pas là actuellement, mais, de toute façon, il est trop tard pour regretter. On ne refait pas le passé. Et quelques tours de collier remonteur de temps n'y changeraient pas grand-chose. Tout cela a eu lieu il y a bien trop longtemps, et la seule chose que je puisse faire est d'assumer les conséquences de mes actes. D'autant plus qu'à ce moment-là, je n'avais pas encore mis le pied dans les ennuis. Ce n'est que quelques temps plus tard, lorsque je me suis résolue à devenir importante dans ma propre maison, que les choses ont commencé à mal tourner...

J'ai décidé de mener ma petite enquête autour de moi. J'ai écouté. J'ai observé... Tout cela pendant des jours. J'ai même réussi, avec l'aide d'un sortilège de confusion assez réussi, à tout faire avouer à ces imbéciles de Crabe et Goyle... C'est ainsi que j'ai appris la vérité : tout ce petit groupe était composé de Mangemorts, serviteurs du Seigneur des Ténèbres. Le père de Drago était même l'un des adeptes les plus puissants du Mage Noir.

J'ai d'abord eu extrêmement peur. Je ne me sentais pas bien de partager leur salle commune, leur dortoir, leurs robes de sorciers... Mais, à partir de cet instant, je n'ai également plus cessé de me poser une multitude de questions. Comme par exemple, à quel point je me sentirais mieux si je devais faire partie de ce monstrueux projet. Mais je ne parvenais pas à m'y résoudre. Ça aurait pourtant été si facile de sauter le pas... Mais j'ai hésité.

Le fait de ne pas être seule valait-il réellement que fasse un tel sacrifice ? Devais-je m'engager dans cette voie dangereuse ? Jusque-là, j'avais toujours considéré « Vous-Savez-Qui » comme le grand méchant de l'histoire. Mais il y avait de fortes chances pour qu'il gagne la Guerre qui, de toute évidence, approchait à grands pas. Harry et ses amis, seuls espoirs, étaient si jeunes... Et puis, me rallier à la cause de Voldemort ne faisait pas de moi une personne mauvaise. J'étais simplement quelqu'un qui sentait le vent tourner. Du moins... C'est ainsi que je tentais de me convaincre. Bien sûr, ce n'était pas suffisant. Il manquait un élément déclencheur. Et, tant que celui-ci n'avait pas eu lieu, je suis restée perchée ainsi, au bord du gouffre, indécise.

Pourtant, un jour, quelque chose m'a faite basculer. Maudit soit cet événement. Ou, peut-être, béni soit-il. Car je m'en vais à présent faire ce que j'aurais déjà dû faire il y a bien longtemps.

Que s'est-il passé, me direz-vous ? Rien de bien important, à vrai dire. Nous étions en cinquième année... Et, à ce moment-là, le Professeur Dumbledore avait été remplacé, le temps de quelques mois, par le Professeur Ombrage. Lors d'un cours, Harry a dit que le Seigneur des Ténèbres allait revenir. La directrice rose bonbon n'a pas supporté et a envoyé Harry en retenue. Ses amis et lui ont alors décidé de créer une armée. L'Armée de Dumbledore. Je n'ai jamais su où se trouvait leur QG officiel. Ce que je sais, grâce à ma place de l'époque, est qu'ils se réunissaient souvent dans la Salle sur Demande.

Toujours est-il que la gué-guerre qui avait déjà lieu entre les Gryffondor et les Serpentard s'est accentuée, car les deux autres maisons de Poudlard, neutres jusque-là, se sont ralliées aux rouges et or. Quant aux Serpentard, ils se sont placés du côté de la nouvelle directrice et de ses horribles sbires, qui punissaient les élèves de manière affreuse. Le moment était venu pour moi de faire un choix. Un choix qu'à vrai dire, on ne m'a pas vraiment laissé. Car les élèves de ma maison se sont subitement aperçus de mes talents magiques, et m'ont entraînée dans la spirale infernale qui m'a amenée jusqu'ici.

Oui... Vous l'aurez compris, j'ai fait partie de la brigade inquisitoriale d'Ombrage. J'étais chargée de dénoncer les comportements que cette dernière considérait comme « déviants ». En réalité, elle voulait surtout avoir les Gryffondor, réputés pour leur insubordination, à l'œil. J'étais l'une des principales responsables de la destruction de la liberté à Poudlard. Mais, à l'époque, je m'en fichais. Je me sentais puissante, forte, respectée, voire même crainte. On m'adressait enfin la parole, je n'étais plus invisible.

Drago m'a petit à petit faite entrer dans son cercle intime. J'ai été invitée à des réunions secrètes dans son dortoir, puis à des soirées au manoir de ses parents. Et, un jour, je L'ai rencontré. Vous devez vous douter de qui je parle, bien sûr... Je me souviens avoir ressenti la plus grande terreur de tout ma vie. J'avais la sensation que ma peur transperçait chacun des pores de ma peau. J'étais tétanisée, glacée, gelée, et brûlante en même temps. Tellement effrayée que j'ai bien cru que j'allais m'évanouir. Je me suis faite la plus petite possible. Je ne voulais surtout pas qu'IL me remarque. Je voulais disparaître. Purement et simplement disparaître. Et, au moment où je finissais de me liquéfier littéralement sur place...

« Approche », m'a-t-il simplement dit, de sa voix doucereuse, sa main à la peau grisâtre tendue vers moi. Je suis restée là, les yeux exorbités, une éternité. Jusqu'à ce que cette folle de Bellatrix se jette sur moi d'un geste rageur, m'agrippe par les cheveux et me traîne jusqu'à lui, à genoux sur le marbre glacial de la grande salle.

« On ne désobéit pas au Maître... » m'a-t-elle grincé à l'oreille d'un air complètement fou, ses immenses yeux noirs écarquillés à l'extrême. Ses pupilles étaient tellement dilatées que l'on ne distinguait plus la différence avec ses iris. Puis elle m'a giflée. Sûrement car elle devait trouver ma façon de la dévisager effrontée. En tous cas, elle l'a fait avec une telle force que j'en ai vu 36 chandelles. Je me suis retrouvée face contre terre, le souffle court, au bord de la nausée.

« Doucement, Bellatrix... » a-t-il encore susurré, me faisant frissonner. Je détestais cette voix aussi sifflante que la langue d'un serpent. Aussi coulante que le corps d'un reptile qui se déplace. J'ai été saisie d'un nouveau haut-le-cœur.

« Il ne faudrait pas effrayer notre nouvelle recrue... »

Ce sont ces quelques mots qui ont tout changé. Avec horreur, j'ai compris qu'il était trop tard pour faire demi-tour. Que je ne pouvais plus m'enfuir à toutes jambes. Ce que j'avais, jusque-là, pris pour un jeu, n'en n'était plus un. J'avais sauté seule, à pieds joints dans le nid du loup. Je me souviens qu'une larme avait roulé sur ma joue, à cet instant. Mais personne ne l'a remarquée. Ou alors, ceux qui l'ont vu, ont pensé que la gifle de Bellatrix en était responsable. Mais personne n'a rien dit. Alors je me suis redressée, prenant cependant soin de garder le regard baissé. Je l'ai entraperçu se pencher sur moi, du coin de l'œil.

« Qui es-tu... » Je ne savais même pas si je devais répondre. Il savait probablement déjà tout sur moi. Pourtant, il me posait la question. Alors, après quelques secondes de silence, je lui ai décliné mon identité. « Se...Selena Austen, Monsieur... », ai-je lamentablement bégayé. Il m'a semblé le voir sourire. Si nous pouvons appeler un sourire l'immonde grimace qui s'est affichée sur la fente qui lui servait de bouche.

« Je sais cela... Ce que je veux savoir, c'est pourquoi tu es là, Selena Austen... Il ne me semble pas que tes parents étaient des Mangemorts... Si ? » Je me suis mise à trembler, sentant la fin venir. S'il pensait que j'étais venue à la manière d'un spectateur qui s'apprête à regarder une foire aux hiboux, il me tuerait. Ainsi, je me suis contentée de hausser les épaules. Qu'en savais-je, après tout. Je n'avais jamais connu mes parents. Ils étaient morts peu avant mon premier anniversaire.

Après cela, j'avais été placée dans un orphelinat, ou j'avais grandi jusqu'à mon onzième anniversaire. Il n'y avait rien à ajouter. Du moins, le croyais-je... Car le sorcier au visage inhumain s'est soudainement mis à rire aux éclats. Et tous ses fidèles ont suivi dans un horrible vacarme. Un filet de sueur glacée avait coulé le long de ma colonne vertébrale. J'avais l'impression qu'une horde de détraqueurs m'assaillaient, volant la moindre parcelle de joie de mon corps. Je me sentais vide de vie. Proche de la fin. Et, je l'avoue, à cet instant, j'ai souhaité mourir. J'aurais voulu qu'il me tue. Aujourd'hui encore, je regrette qu'il ne l'ait pas fait. Je n'aurais jamais porté la cape noire. Et je n'aurais pas la Marque.

Ce tatouage imprimé jusque dans ma chair, dont j'ai tenté maintes fois de me débarrasser, entaillant la peau le plus profondément possible sans jamais y parvenir. Cette Marque je j'ai parfois contemplé des heures, les yeux secs d'avoir trop pleuré, vide de toute énergie. Vide de vie.

Mais revenons à nos moutons. Vous attendez sûrement tous de savoir pourquoi ils se sont mis à rire... Et bien ! Lisez-donc ce qui suit...

Après un instant durant lequel il s'est délecté du rire de ses adeptes, Voldemort a repris la parole. « Vous souvenez-vous, mes fidèles amis, de ces deux malheureux Aurors, Peter et Ally Austen ?! » s'est-il exclamé d'une voix tonitruante. Les ricanements ont évidemment redoublé d'intensité, tandis que je m'apercevais de la terrible erreur que j'avais commise en venant ici ce jour-là. « Vous souvenez-vous de la manière dont je leur ai, à tous les deux, extirpé le dernier souffle de vie ? C'était spectaculaire, n'est-ce pas ?! »

Mon cœur s'était arrêté de battre, alors que je réalisais. Je ne les avais pas connus, mais les avais trahis. Et cela en prenant la seule et unique décision de toute ma vie. J'avais souillé la mémoire de mes parents. Non, pire que cela, je les avais tous deux traînés dans la boue. Ils s'étaient battus contre ce à quoi je me ralliais. Et cela les avait tués.

Je ne saurais décrire ce que j'ai ressenti à ce moment-là. Je crois que j'étais incapable d'avoir la moindre pensée cohérente. Je n'avais plus aucune sensation. Plus aucun sentiment. Je n'étais plus qu'un corps vide, une marionnette, un pantin de bois. Une poupée. Je m'étais laissée manipuler par mon désir d'être quelqu'un, à tous prix. Et j'avais réussi. J'avais attiré l'attention de l'Être le plus important du monde des ténèbres. Mais ce n'était pas ce que je voulais. Seulement... Qui s'en souciait ?

Alors j'ai fait la seule chose que je pouvais. J'ai fait taire la voix qui me hurlait de me rebeller, à l'intérieur de moi. J'ai fait taire ma culpabilité et je suis devenue la marionnette que je devais être. Je suis devenue lisse et froide. Hautaine et absente. Lointaine. J'ai exécuté chaque ordre. Sans faire le moindre zèle. Mais sans faire le travail à moitié non plus. Ni plus ni moins que ce que l'on me demandait. Et le pire dans tout cela, c'est que cette capacité à être exactement ce que l'on attendait de moi m'a faite monter en grade. Là où, encore une fois, je ne voulais pas attirer l'attention sur moi, je suis devenue le modèle à suivre. J'étais régulièrement félicitée. Et récompensée. Je me dégoûtais...

Depuis ce jour, celui où j'ai officiellement fait mon entrée chez les Mangemorts, plus aucun sourire n'a su gagner mes lèvres. Plus aucune larme n'a su gagner mes yeux. Plus aucun sentiment n'a su gagner mon cœur. Jusqu'à ce que je prenne la décision de me sortir de là. De me racheter.

Je me souviendrais toujours de la seconde où tout a basculé. J'avais eu 17 ans trois mois auparavant. Le jour de mon anniversaire, comme chacun d'entre nous, j'avais été marquée. Ce tatouage affreux qui orne mon bras... Et contre lequel j'avais tant lutté. J'ai remarqué que plus je me rebellais contre lui, plus il disparaissait.

Malheureusement, il ornera encore ma peau après ma mort. Le sortilège qui l'entoure est bien trop puissant. J'en ai pleinement conscience. Pourtant, je ne peux m'empêcher d'espérer que, lorsque je ne serai plus, l'on se souviendra de moi comme de la jeune repentie, et non comme de la Mangemort perdue dans la multitude de ceux qui se sont trompés de voie. Je dois cela à mes parents. Je me le dois à moi-même. Pour partir en paix. De toute façon, je suis déjà morte à l'intérieur. Il ne reste rien de moi. Et quand je repense à la manière dont je suis arrivée là... J'ai envie de hurler. Mais ce n'est ni l'endroit ni le moment.

Parlons donc du jour où j'ai décidé de recommencer à vivre. Du jour où j'ai repris ma liberté. Du jour où je me suis dit qu'après tout, mieux valait tard que jamais... Voldemort a avoué à tous ses fidèles, réunis au manoir des Malefoy pour l'occasion, qu'il était vulnérable, car Harry savait pour les Horcruxes. Il était parti à leur recherche, accompagné de ses deux meilleurs amis. Il en avait d'ailleurs déjà détruit quelques-uns.

Le nombre exact m'échappe, mais cela n'a aucune importance, à vrai dire. Moi, à ce moment-là, j'ignorais tout de cette magie aussi puissante que sombre. Je me suis donc contentée d'écouter. Et j'ai compris. J'ai compris que, finalement, c'était moi, qui m'étais fourvoyée. Le Mal n'avait jamais été en position de force. Et l'on pouvait le combattre...

J'ai pris une seconde pour revenir à moi. Et j'ai laissé un sourire de victoire effleurer mes lèvres. C'était comme si, soudainement, je m'étais libérée du sortilège de l'Imperium. Sauf que je n'y avais jamais été soumise. Mais je n'ai rien laissé paraître. J'ai continué à écouter, avec une attention soutenue. Et l'un d'entre nous a posé la question que j'attendais.

« Maître... Pardonnez mon interruption, mais pourrions-nous savoir quels sont les objets que nous devons encore protéger ? Sinon, nous ne pouvons pas... » Il n'a pas fini sa phrase, car le visage de Voldemort s'est décomposé. « Tu me demandes... De vous révéler mon plus grand secret, Alecto ? » L'homme est devenu si pâle que l'on voyait ses veines tracer des sillons violets sous sa peau. Ce-dernier avait cependant la chance d'être important au sein du groupe, car, finalement, Voldemort a décidé de lui répondre. C'est ainsi que j'ai appris que Nagini, le serpent, était l'un d'eux. Et, pour moi, il était le plus rapide à détruire. Car le plus proche.

Oui, voilà donc ce que j'ai décidé de faire. Détruire une partie de l'âme de Voldemort. Ce n'est pas grand-chose, mais on ne sait jamais. Un de moins, c'est toujours cela de pris n'est-ce pas ? Restait encore à savoir comment le faire. Puis Voldemort nous a dispersés, pour protéger ses « trésors » éparpillés. J'ai donc décidé de retrouver la trace des trois amis partis à la recherche des Horcruxes.

Je dois admettre que cela n'a pas été facile. Il m'a fallu beaucoup de temps, et quelques fausses pistes, avant de mettre la main sur eux. Je ne leur ai pas adressé la parole. Tout le monde savait que j'étais une partisane de Voldemort. Ils m'auraient tuée avant que j'aie pu ouvrir la bouche. Et quand bien même ils m'auraient laissée parler, ils ne m'auraient pas crue, et j'aurais fini à Azkaban avant même d'avoir eu le temps de dire « ouf ». Et j'avoue que tout valait mieux plutôt que cette fin horrible.

D'autant plus qu'avant de mourir, je tenais à faire quelque chose qui me rattraperait. Je me suis donc contentée de les suivre discrètement, et d'écouter la moindre de leurs conversations. Jusqu'à dénicher l'indice qu'il me fallait. Un crochet de basilic, caché dans la Chambre des Secrets, dont on ouvrait la porte en parlant le fourchelang. Quelques mots que Harry a appris à ses amis.

J'avais toutes les cartes en main. Au plus profond de mon cœur, je les ai remerciés. Si j'avais pu, je leur aurais demandé pardon. Mais il était trop tard. Et j'avais une mission à accomplir. Je leur devais bien ça, à eux aussi, après tout.

Comme vous vous en doutez, dans les jours suivants, je me suis rendue à Poudlard. Là-bas, c'était le chaos caché sous une apparente tranquillité. Les bruits couraient dans les couloirs. Mais la surface restait lisse et calme, comme avant. Rogue semblait être un directeur suffisamment convaincant pour que l'on ne tente pas de le défier. Et les élèves se tenaient à carreaux...

Je me suis glissée dans les corridors déserts. J'ai collé mon oreille contre les portes, cherchant à entendre les professeurs donner cours, le cœur serré. Puis j'ai poussé jusqu'aux toilettes des filles. Vous savez, celles où Mimi Geignarde fait sa vie, au deuxième étage. J'ai prononcé les mots. J'avoue m'y être reprise à trois fois, mais j'y suis parvenue. Je suis descendue dans la Chambre des Secrets, et j'y ai pris autant de crochets que je le pouvais. On n'est jamais trop prudents, n'est-ce pas ?

Alors voilà. Vous savez tout, à présent. Comment je me suis retrouvée dans ce train, la capuche rabattue sur la tête, une écritoire sur les genoux et une plume à la main. Je ne sais pas à qui j'écris. Je n'ai plus personne. La moralité de l'histoire, c'est qu'en souhaitant me faire des amis je me suis retrouvée plus seule que je ne l'ai jamais été. Pourtant je suis plus forte que je ne l'ai jamais été.

Tout cela, je ne le dois qu'à moi-même, j'en suis consciente. Je ne veux pas que vous me plaigniez. Mais je ne veux pas non plus que vous me haïssiez. J'étais jeune, innocente et bête. Je me suis trompée mais je me repends. Et pas seulement avec des mots. Tâchez de ne pas oublier.

Ce que je m'apprête à faire... Je sais pertinemment que cela ne va pas réparer toutes mes erreurs. Les vies que j'ai prises, ainsi que celles que j'ai détruites tout autant que j'ai détruit la mienne, je ne pourrai jamais les rendre. C'est un fait. Mais j'espère que cela me rachètera tout de même un peu à vos yeux. En tous cas, sachez que cela me rachète aux miens. Cette action que je m'apprête à faire... C'est du suicide, j'en ai conscience. Mais... ne dit-on pas une vie pour une vie ? Alors, ne pouvant en donner plusieurs, je donne la mienne.

Selena. »

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