Chapitre 17
15 décembre 2024
Aucun des scénarios imaginés par Noël ne se déroula devant ses yeux. À la place, la porte s'ouvrit sur un beau salon décoré et chaleureux composé d'un fauteuil rouge en velours, d'une cheminée accompagnée d'un feu ardent, et quelques étagères par-ci par-là sur lesquelles trainaient des babioles. Au sol, un tapis marron avait était déposé pour couvrir la glace, et un sapin attendait patiemment d'être décoré au centre de la pièce. Tous leurs regards se dirigèrent vers lui, attendant que l'un d'eux fasse le premier pas. Mais aucun ne trouva le courage, surtout pas Noël qui crut déceler un mouvement derrière l'arbre.
-Vous avez vu ? demanda-t-elle.
Ses compagnons n'eurent pas le temps de lui demander quoi qu'un homme à la carrure robuste armé d'une hache surgit de derrière le sapin et se jeta sur le groupe. Ils crièrent, Eylé se plaça devant Noël qui ne vit que partiellement Noraï s'avancer pour barrer le passage de l'homme.
-Klaus ! Stop !
L'homme s'arrêta brusquement, sans doute surprit d'entendre son nom. Noël se dégagea avec prudence de derrière Eylé pour dévisager leur agresseur. Serait-ce lui le père noël ? Elle se l'imaginait avec une longue barbe blanche, comme dans les films, hors lui était imberbe. Il ne semblait pas si vieux que ça, la cinquantaine, ses cheveux étaient grisonnants, et ses yeux de même couleur. Il avait l'air terriblement malheureux, ses paupières semblaient lourdes et son dos voûté.
-Noraï ? dit-il d'une voix écaillée et grave, sans doute car il ne devait pas avoir adressé la parole à quelqu'un depuis longtemps.
La jeune femme hocha la tête et se jeta dans ses bras. Klaus, d'abord sous le choc, la serra à son tour, et un mince sourire se forma sur son visage.
-Je ne pensais pas te revoir un jour, dit-il, son visage enfoui dans ses longs cheveux bruns.
-Et moi je nourrissais l'espoir de te retrouver, même s'il diminuait à vue d'oeil au fil du temps.
Il se détachèrent et le père noël recula de quelques pas pour mieux observer le reste du groupe.
-Bienvenue dans mon humble demeure.
***
En à peine quelques minutes, leur joyeuse petite bande se retrouva assise autour d'un bon feu de cheminée, tous accompagnés d'une tasse de chocolat chaud parfaitement dosé. Il ne manquait plus que le plaid et un chat ronronnant sur ses genoux et Noël était aux anges. Au moins autant que Noraï qui n'avait pas arrêté de sourire depuis qu'elle avait retrouvé son vieil ami.
-Tu te terrais donc ici depuis tout ce temps ?
Klaus s'assit en tailleur à côté d'elle, une démarche surprenante venant d'un présumé vieux monsieur.
-C'est bien ça. Alors, que faites vous donc tous ici ?
-On est venus pour...
Eylé s'arrêta dans sa phrase, ne semblant pas vraiment comment la formuler. La jeune fille lui prit la main, et l'encouragea d'une pression du pouce à continuer.
-On est venus sauver cette forêt et ses habitants.
-En es-tu sûr ? l'interrogea l'homme aux cheveux gris.
Son interlocuteur réfléchit un instant.
-On souhaite rentrer chez nous.
-Mais encore...
Eylé leva les yeux au ciel, agacé, et ce fut Noël qui prit la relève.
-Pour savoir qui nous sommes réellement.
Le père noël sourit, satisfait par sa réponse.
-Comment t'appelles-tu jeune fille ?
-Noël.
-Alors Noël, tu veux savoir qui tu es c'est bien ça ?
Elle hocha la tête, son coeur s'emballant déjà. Klaus se leva pour caresser du bout des doigts les épines de son sapin sous les regards inquisiteurs de ses invités.
-Malheureusement je n'en sais pas plus que toi, soupira-t-il. Ce n'est pas moi qui vous ai emmené ici. Je n'ai aucune idée de votre identité.
-Qui alors ? demanda Mandraa malgré la déception de tous.
Klaus marqua un silence insupportable avant de répondre :
-Cela fait bien des années que je n'ai pas décoré de sapin. Pour cause : je n'ai eu aucun invité depuis 259 ans.
Il se retourna vers eux, un sourire chaleureux jusqu'aux oreilles.
-Aidez-moi à décorer cet arbre et je serai tout à vous.
-Vous voulez qu'on décors un sapin avec vous ? répéta Eylé, perplexe.
Klaus semblait très sérieux, aussi ce fut Noraï qui les convainquit de se lever. Ils se mirent à l'oeuvre après que le vieux monsieur ait ressorti des vieux cartons de décorations, et ils accrochèrent à la suite boules et guirlandes. Il y eut quelques éclats de rires, des bousculades, même Mandraa prit plaisir à réaliser cette petite activité et lança des bouts de guirlandes sur ses camarades.
-Qui nous a envoyé ici ? demanda finalement Noël alors que Mandraa tentait de mettre l'étoile, assise sur les épaules du lutin.
-La forêt, répondit en soupirant l'homme.
-Quoi ?
-Disons que ce n'est pas qu'une simple forêt. Elle a une âme, et elle n'est que la réincarnation de quelqu'un. Une femme.
Mandraa redescendit de son pied d'estrale, scotchée tout comme les autres aux paroles du père noël. L'esprit de Noël tournait à plein régime, et elle ne cessait de se remémorer l'épisode du lac. Elle revoyait cette femme, et son visage se dessinait un peu mieux dans sa tête. Ces yeux gris, ce nez grec, cette bouche fine... Elle fixait si intensément le vieil homme face à elle, qu'elle se demanda si il ne se doutait pas qu'elle avait compris.
-C'est votre soeur, murmura-t-elle.
Les yeux de Klaus s'illuminèrent alors qu'il hochait la tête.
-Je vois que la petite est maline.
-Votre soeur ? s'enquit Eylé.
-Hans et moi avions une soeur oui. Mais elle est décédée il y a des siècles de cela. Noraï ne l'a jamais connue. C'est elle qui a lancé l'idée de distribuer des cadeaux aux enfants du monde entier une fois tous les ans. Après son décès, elle est devenue cette forêt, autrefois accueillante et sans danger. Nous avons monté une fabrique, engagé des lutins, et nous nous sommes lancés dans la création de noël. Mais ça n'a pas très bien fini. Joulu, notre soeur, était extrêmement déçue après que Hans ne soit parti et que moi également suite à la rébellion des lutins, alors son comportement a changé. Je ne connais pas exactement toutes ses motivations, ni pourquoi elle vous a envoyé vous, mais il faut dire que cela n'aura pas servi à rien. Je sais juste que si les animaux ont commencé à muter, ce n'était pas de son voulu. Je pense simplement que la disparition de noël la tue à petit feu. Mais Hans est bien trop buté pour réagir et m'aider. Enfin bref, vous savez tout désormais.
Il finit son long discours en redressant l'étoile au sommet du sapin. Personne ne pipa mot, analysant ses phrases en décalé.
-Où est Hans ? demanda tout simplement Noraï.
Klaus se recula jusqu'à une autre porte que l'entrée.
-Derrière ce bout de bois.
Le groupe s'avança en rythme, ne lâchant plus du regard la barrière en bois massif qui les séparait de l'autre frère.
-Hans ? appela Noraï.
-Il ne te répondra pas, j'ai tout essayé.
Noël posa sa main sur l'épaule de sa camarade, une idée lui ayant traversé l'esprit. La femme sembla comprendre et dit d'une voix forte :
-J'ai trouvé ta sorcière.
Il ne leur fallut attendre que quelques secondes avant que la porte ne s'ouvre d'un coup sec, manquant d'assommer Klaus qui se trouvait derrière. Au moment où un nouvel homme s'avança, une affirmation s'afficha en grand dans le cerveau de Noël : dans 9 jours c'est noël.
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