Chapitre 1 : Réveil
J'ouvris les yeux péniblement, une lumière vive m'éblouit. Tout en me frottant furieusement les yeux, je me demandai où je me trouvais. J'avais visiblement passé la nuit sur un matelas aussi fin qu'un pancake, mon dos en gardait d'ailleurs des séquelles. Je me redressai lentement en position assise et lorsque ma vue devint à peu près stable, je me rendis compte de quelque chose. Oh non rien de grave. Je n'ai...
Je n'ai plus aucun souvenir !!?
Je me creusais la tête du mieux que j'ai pu : rien. Je tentai d'étouffer ma panique, qui ne faisait qu'accroître à cause de la chambre glacée dans laquelle je me trouvais.
Quatre murs de pierre m'entouraient. J'avais la sensation de me trouver dans un nuage de pluie à cause de leur couleur gris cendre et leur texture légèrement rugueuse. Le plafond me surplombait à peine, alors que je devais faire tout juste un mètre soixante-dix. Quelques fissures profondes partaient du sol et laissaient échapper un courant d'air frais. La chambre était vide hormis le vieux matelas couleur crème dans un coin en face de la porte, sur lequel je me trouvais.
Je me levai du matelas en repoussant la couverture tout aussi miteuse qui traînait a moitié sur le parquet en bois et me dirigeai vers la porte. Elle semblait assez ancienne, des motifs en relief parcouraient toute la surface du bois auburn, représentant tantôt des dragons à trois têtes entourés d'hommes, tantôt un conteur entouré d'enfants, ou encore un seigneur discourant devant une assemblée. Je passai mon doigt sur les traits effacés par le temps, avant d'être prise d'un frisson. en baissant les yeux, je me découvrit en chemise longue, les jambes et les pieds nus. Pas très pratique en cas d'attaque martienne...
Pressée de quitter cette "chambre" lugubre, je tirai sur la poignée brune en métal. J'ouvris prudemment la porte et débouchai sur un couloir vide qui semblait tout droit sorti d'un décor de château fort ; du papier peint beige à motifs de lys très peu gracieux recouvrait les murs, sur lesquels étaient accrochés quelques portraits qui aurait pu représenter les membres de la familles de Louis XIV tellement les modèles étaient ridicules avec leurs costumes et les perruques du moyen-âge. Il n'y avait qu'une commode au bout du couloir, et je ne me gênai pas pour la fouiller, mais me rendit vite compte qu'elle était complètement vide. Je continuai donc ma visite, qui consistait surtout à me perdre dans les couloirs interminables et à revenir sur mes pas en espérant qu'une pièce se serait matérialisée comme par magie entre temps. Après plusieurs heures de déambulation, je débouchai enfin dans un réfectoire vide. Le plafond était aussi haut qu'une maison à trois étages et le décor était cette fois ci très contemporain. Des murs blancs, un carrelage froid sous mes pieds, des longues tables traversant la pièce dans sa largeur, des lumières artificielles... Digne d'un self de lycée. Sans le bruit évidemment, puisqu'il n'y a personne. Logique.
Je passai le reste de la journée à explorer l'étrange maison. Je remarquai tout un tas de choses assez intrigantes. Il n'y avait par exemple aucun meuble, hormis la commode dans le couloir de ma chambre du début. Ensuite, pas un grain de poussière ne couvrait les lieux, de même pour les toiles d'araignée, je n'avais pourtant croisé personne malgré la grandeur de la demeure. Je revins enfin au réfectoire, le centre des plans que je m'étais faits mentalement.
D'après la troisième édition de gargouillis de mon ventre depuis mon réveil, j'en conclus que c'était le soir. Ne tenant pas plus que ça à rester dans cette pièce morne et silencieuse, je rebroussai chemin. J'étais épuisée et affamée. D'ailleurs, ma faim me paraissait en ce moment si présente que je me demandais si mourir de faim n'était pas la meilleure des solutions après tout. Je réprimai un bâillement en rejetant la faute de mes divagations sur le sommeil et la faim. Je cherchai pendant une vingtaine de minutes le chemin que j'ai parcouru ce matin là en sens inverse pour regagner la chambre dans laquelle je me suis réveillée mais ma vue se brouillai de plus en plus et j'en avait assez de tourner en rond. J'admis enfin que je m'étais perdue et regagnai le réfectoire avec un certain soulagement ; j'étais beaucoup trop fatiguée, je ne pouvais plus mettre un pied devant l'autre, mon corps étais lourd. Je m'allongeai sur une banquette dans un coin de la pièce et fermai les yeux. Juste quelques minutes, le temps d'une pause... seulement... quelques minutes.
Je ne me souvenais pas du moment où je me suis endormie, mais celui de mon réveil si. Il a été brutal. Les réveils sont toujours brutaux pour moi j'ai l'impression, mais ce matin là c'était un brouhaha qui venait troubler mon séjour chez le charmant et doux Morphée.
Je me redressai de ma banquette encore dans les vapes. Je remarquai alors quelque chose d'inhabituel. Quelque chose qui n'était pas présent la veille. Enfin... je n'étais pas la mieux placée pour le dire... puisque c'était moi le spécimen victime d'un voyage spatio-temporel dans cet étrange chateau.
La pièce, contrairement au jour d'avant, grouillait de vie ; un brouhaha mélodieux s'élevait de la salle et venait se répercuter sur les mur blancs. Étrange... Peut être que ces personnes viennent juste d'arriver, ou alors ils étaient dans un autre endroit lors de ma visite des lieux la veille.
Les nouveaux arrivants avaient rempli les tables et tous petit-déjeunaient en bavardant, aucun ne semblait remarquer ma présence, visiblement.
Je me levai donc pour leur parler et m'avançai vers la première personne debout se trouvant dans mon champs de vision, qui s'avérait être un adolescent un peu plus jeune que moi, dans les quinze-seize ans peut-être.
-Euh excuse moi ? Je voudrais savoir où je suis et ce que je fais ici ? Hé, jeune homme?
Je tendis la main devant moi pour lui toucher l'épaule quand, à son contact, ma main continua son chemin et s'enfonça dans sa chair. Au même moment le garçon se retourna et avança vers moi. J'étais frigorifiée et fut incapable de bouger quand il s'approcha à quelques centimètres de moi. Il ne s'arrêta cependant pas et traversa mon corps, qui ne montra aucune résistance, et je vis brièvement sa main dépasser de mon ventre avant de disparaitre complètement, me laissant plantée là, les neurones disjonctés. Je mis quelques secondes pour réaliser la situation et écarquillai les yeux en me retournant vers le garçon. Il s'était installé avec un groupe de personnes et discutait gaiement avec eux. Il ne semblait pas être conscient de ce qui s'était produit. Ni personne d'autre dans cette salle d'ailleurs. Tous continuaient de manger en bavardant, personne ne me regardait. Aucun regard n'était tourné vers moi, pas même le plus infime des coups d'œil.
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