La forêt de Mina

Chapitre 11 | Le cauchemar

Un long chemin de terre, une ribambelle de fleurs, une forêt qui me guette, un oiseau qui me survole. C'est tellement beau ! J'aimerais rester ici toute ma vie.
  Je m'arrêtes, m'assois, contemple ce paysage, respire cet air frais. C'est si bon ! Mes rêves m'avaient manqué, cette ambiance calme et posée m'avait manqué.
  Je sors un petit carnet de la poche de ma veste en jean et souris. J'attrape un stylo puis écris.

Chère maman,

J'espère que tout se passe bien en Italie.
Moi ça va. Je passe mes journées à marcher et écrire des textes, ça me plais.
J'ai hâte de te revoir ! Si tu savais comme tu me manques.

Je t'aime, Mina.

  - Pourquoi tu t'obstines à écrire à ta mère ? Me demande soudainement une petite voix. Elle est morte il y a un mois Mina.

Je me retourne, surprise et offensée qu'on puisse venir me déranger.

  - Qu'est-ce que tu racontes ? Ma mère va très bien. Et puis qui es-tu toi ?

  - Je suis une partie de toi.

Ma tête tourne et me fait mal. Qu'est-ce que me raconte cette folle ? Une partie de moi ? Qu'est-ce que ça signifie ?
  Soudain, le paysage change et tout devient sombre. Je panique, me lève et fais tomber mon carnet. Une forêt aux arbres secs et à la nuit noire se dresse devant mes yeux, les oiseaux s'envolent, les fleurs fanent, le sentier devient boueux, les ombres quant à elles, deviennent effrayantes.
  J'aperçois au loin, une jeune fille qui s'avance vers moi. Je reconnais tout de suite Lucy. Et malgré sa robe devenue noire et abîmée, ses cheveux emmêlés et ses yeux gonflés, elle reste toujours aussi belle.
  Elle s'avance vers moi d'un pas mal assuré puis s'arrête. Ses jambes tremblent et ses yeux s'humidifient.

  - Mina... Plaide t-elle. On a besoin de toi... Tout dépéri ici... Tu dois faire vite... Tu dois faire vite... Et souviens toi, l'entrée est à ta portée... Trouves la Mina...

Lucy tombe à genoux devant moi, à bout de force. Je la trouve maigrit. Ses joues sont creusées et ses jambes sont plus fines. Ma pauvre Lucy... Et dire que tout ça est de ma faute ! Je dois les aider.
  J'observe mon amie disparaître devant mes yeux, je revois son visage triste et son nez sanglant une dernière fois, puis me réveille en sursaut. Des gouttes de sueurs perlent sur mon front et ma respiration se fait haletante.
Je me lève, enfile mes pantoufles, attache la moitié de mes cheveux en un petit chignon et descends doucement en bas.

- Coucou chérie, tu as bien dormi ?

Mon père est en train de regarder ses mails, il semble très concentré mais parvient tout de même à m'adresser un sourire. Une tasse de café est posée à sa droite et son portable vibre sur sa cuisse. Je peux réussir à lire le prénom " Josh " de là où je suis. Il me jète un coup d'œil puis ignore l'appel.
Je remarque aussi qu'une femme s'active en cuisine. Elle porte une tenue basique, un jean noir et une chemise blanche. Pas très pratique pour cuisiner.
Elle ne semble pas relever ma présence et continu son boulot.

- Bof, j'ai fais un cauchemar. Et toi ? Tu es levé depuis longtemps ?

- Je n'ai dormi que deux heures, j'ai été appelé pour le travail cette nuit.

Je hoche la tête et décide de m'installer à côté de lui. Je tente de ne pas trop espionner l'écran de son macbook et fixe plutôt la télé. C'est une émission sur les volcans, ils passent des images de lave et d'éruptions volcaniques en nous apprenant diverses anecdotes dont je ne fais que vaguement attention.

- Tu n'as pas soif Mina ? Me demande soudainement mon père.

- Si je vais aller me servir un verre de jus de fruit, tu veux quelque chose ?

Je commence à me lever lorsque David me demande gentiment de me rassoir.

- Sabine peut le faire. N'est-ce pas Sabine ?

- Bien sur.

Ce n'est pas le genre de réponse aimable et gentille. On sent qu'elle se force, qu'elle n'aime pas ce qu'elle fait ou qu'elle n'est pas heureuse de répondre aux demandes de mon père.
La jeune femme se dépêche d'attraper un verre qu'elle remplit de jus d'orange, puis vient aussitôt me l'apporter sur un petit plateau d'argent accompagné de deux petits cookies.

- Merci beaucoup.

Même pas un sourire, pas même un regard. Sabine retourne vite cuisiner et ne fait déjà plus attention à nous.
Je m'appui contre mon père et lui chuchote :

- Pourquoi est t-elle si froide ?

- Elle ne m'aime pas trop. Se contente t-il de me répondre.

- Mais on dirait presque que tu l'effraie !

David ne dit rien et se contente d'hausser les épaules.

- Peut-être que c'est le cas. Finit-il par dire.