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Dans l'appartement exiguë de Romane, où s'entassait linges pliés, défaits et salles, mélangés aux pleurs du bébé de la bonne femme, je me réveillai sur le canapé, exténuée par le brouhaha empêchant mon repos.
Je me redressai, me couvris d'une robe de chambre pour aller me chercher un verre d'eau qui me ferait le plus grand bien.
- Mademoiselle ?
Romane me rejoint dans la cuisine, un bout de papier à la main qu'elle me tendit avec gêne. Je lui pris des mains sans délicatesse et le regardai.
- Qu'es ce que c'est ?
- Monsieur Paul m'a donné ça pour...
- Ne prononce pas ce nom ici ! tonnai-je.
- Bien mademoiselle.
Elle restait immobile regardant le sol, attendant sûrement de nouvelles instructions :
- Romane ! m'exclamai-je en la regardant avec insistance pour qu'elle s'en aille d'elle même, ce qu'elle fut.
- Pardon.
Enfin seule, je décidai d'ouvrir la petite enveloppe beige. A l'intérieur, se trouvait le faire-part de l'enterrement de Monsieur Dubois, un évènement qui aurait lieu le jour même. Ce morveux de frère avait fait exprès de ne pas me prévenir du jour pour pas que je ne m'y présente pas. Qu'il était vicieux ! Et quelles horreurs voulait-il dire à mon sujet durant cette cérémonie ? Je n'avais plus qu'une chose à faire.
- Romane !!! comme à l'accoutumé, elle s'était précipitée vers moi, dans la cuisine. Etais-tu au courant ? lui demandai-je les dents serrées et brandissant le mot sous son nez.
Elle lut le bout de papier qui, au fur et à mesure lui fit écarquiller les yeux.
- Heu... He bien oui mais je pensais que vous aussi à vrai dire...
- Bien ! Merci Romane.
Je partis avec toujours cette fierté au visage qui ne me quittait jamais. La cérémonie aurait lieu à 14h30, j'avais une heure complète pour organiser ma spectaculaire intrusion. Je m'habillai de gris clair, ne voulant pas être en noir mais le blanc aurait été d'un mauvais provoquant. La robe fut donc d'un magnifique gris perle et présentait ma peau sans retenue : mes épaules, mes chevilles, mes bras, mon décolleté, en bref j'étais peu présentable pour un enterrement. Mon frère ne voulait pas que je sois là ? Eh bien j'y serais, et il allait regretter au plus profond de lui de ne pas m'avoir invité au même titre que les autres. J'ajoutai mon long collier de perles et attachai mes cheveux comme la veille au soir, histoire de découvrir mon buste le plus possible. Enfin, je ne recouvris pas mon visage le moins du monde, contrairement à la tradition des " grands évènements ".
- Mademoiselle soyez raisonnable voyons ! C'est pour vôtre cher père ! Il n'aur...
- Mêle toi de se qui te regarde Romane, maintenant, allons y !
Nous sommes partit lorsqu'une femme fut arrivé pour garder l'enfant de Romane le temps de son absence.
Quand nous fumes arrivé au cimetière dans lequel le corps de mon père attendait qu'on l'enterre, je manquai cruellement d'assurance. Romane me quitta pour retrouver un ami travaillant pour la famille de Simon. Moi, je restai à l'entrée de la grande grille noir. De mon point de vue, je pus constater la foule de personnes présente pour l'homme qui fut autrefois mon parent. Ils étaient tous de noir, faisant honneur à la réglementation. Des fleurs partout dans le cimetière étaient installées, il y en eut tant qu'on en mit sur les autres cercueils et moi, la fille, je n'avait rien. Je perçus, au loin la beauté du sarcophage de mon père et les hommes autour qui le regardaient avec une tristesse feinte. Je me sentais comme une intrus. Pourquoi étais-je venus ? Pour énerver mon foutu frère. J'agissais comme une enfant capricieuse, comme toujours. Les évènements de ces derniers temps n'avaient-ils eut aucun effet positif ?
Résignée, je tournai les talons, m'éloignant du dernier instant de " gloire " de mon père, si l'on pouvait appeler ça ainsi. Je marchais dans Paris, ça devenait une habitude apparemment. J'entrai dans un café et m'assis au bar. Je demandai un verre de quelque chose de fort, peu m'importait, et sortis une cigarette que j'enfonçai dans mon porte cigarette.
Il n'était que 15h30 et je me retrouvais bourrée dans un bar non loin d'un cimetière, quelle belle prestation ! Je voulais humilier mon frangin et me voilà, dans un bar à me morfondre sur mon sort. Si mon père n'était pas mort ! Rien de tout cela ne serait arrivé. Peut-être me serais-je finalement mariée ! Qui sait ?
- Mais que fais-tu ici Dubois ?
Je n'eut pas le besoin de tourner la tête pour savoir qui s'était assis à mes côtés.
- Vasseur ! Je te retourne la question.
- L'enterrement m'ennuyait au plus haut point. Tu sais bien que c'est pas mon truc ce genre de rassemblement, m'avait-il susurré à l'oreille, ce qui me donnai des frissons. Mais pourquoi la fille Dubois n'est-elle pas à l'enterrement ? Ca, c'est intéressant je trouve !
- Ed ?
- Hum hum je t'écoute ma chère.
- Tu me trouve horrible ?
- Pardon ? s'étonna t-il face à cette question.
- Oui ! Je ne suis pas allé à l'enterrement de mon père... parce que j'avais prévus d'y faire un scandale, il ria de bon cœur pendant que ma tête se posa contre le bar. Te moque pas.
- He bien tu fais fort Dubois ! Mais tu n'y es pas allé que je sache, malheureusement pour moi. J'aurais adoré te voir débarquer !
- Pfff... Ca faisait longtemps...
- De ? M'interrogea t-il du regard.
- Qu'on ne s'était pas vu.
Il ne répondit pas, commanda un verre à son tour et ajouta :
- remettez-lui en un, elle en a besoin.
Alors nous sommes resté tous les deux à discuter : moi m'écroulant plus le temps passait et lui, juste là à m'écouter, comme au bon vieux temps.
- J'ai rencontré un homme qui est comme toi ! C'est incroyable ! J'ai vraiment crue que c'était toi. Jusqu'à ce qu'il me dise son nom, du coup c'était pas toi. Mais j'ai vraiment crue que c'était toi. Mais je suis pas folle hein. C'est juste que vous aviez des choses en communs, je commençais sérieusement à aller de plus en plus mal. Un autre verre !
- Non elle n'en veut pas, ajouta t-il au serveur. Et comment s'appelle t-il cet homme ?
- Dire que j'allais balancer que mon père était mort d'une overdose ! Jui vraiment nulle. Nulle ! Tu entends ? Nulle !
- Chut ! chuchota t-il. Tous le monde t'entends ici.
- Mais qu'es ce que j'en ai à faire ?!
- Bon je te ramène, t'as assez profité de ton ivresse. Merci, dit-il en posant l'argent de nos consommations sur le bar.
Il m'aida à me relever en faisant en sorte que je me tienne à son épaule. et l'on marcha jusqu'à sa voiture, garée devant le café. Il me posa sans délicatesse sur la banquette arrière et fit le tour de la voiture pour s'installer à côté de moi. Il indiqua la direction de mon ancienne maison à son chauffeur, qui démarra.
Je n'avais pas prononcé un mot dans le véhicule, comprenant qu'Ed fatiguait à m'entendre blablater des bêtises. Enfin, devant la demeure je sortis, sans l'aide de mon ami, qui me regardait attentivement. J'avançais dans le petit chemin entre le portail et le porte toujours sous l'œil vigilant d'Edouard. Par miracle, mon frère ouvrit la porte au moment où j'allais entrer. Je lui fis de gros yeux, qui sous-entendait énormément. Quand il vit la voiture d'Ed, il me laissa entrer en ronchonnant.
Avec plaisir, je constatai que rien n'avait changé. Seulement, trop fatigué pour faire l'état des lieux, je montai les escaliers pour retrouver mon ancienne chambre. Je m'écroulai sur le lit rose perle et m'endormis sans efforts.
Je fus réveillé par un mouvement qui ne venait pas de mon corps sur le lit, j'ouvris les yeux, et vis Paul assis à mes côtés cherchant une explication. Je me redressai malgré une forte migraine qui allai jusqu'aux yeux.
- Personne ne sait que j'ai déménagé, il est quelle heure ?
- J'ai un accord à te proposer.
Après un long soufflement pour essayer d'atténuer mes vertiges je hochai la tête en signe d'attention :
- Tu ne dis rien sur l'overdose de papa et je garde ton secret de déménagement.
- Ok...
Je me remit sur le dos cherchant à retrouver mes rêves quittés juste avant. Je sentis le poids de mon frère se relever, alors je me rendormis réellement.
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