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- Non ! Non ! C'est pas possible !
- Je suis navré mademoiselle Dubois.
Elle était dépitée, non seulement son père venait de mourir mais en plus elle apprenait qu'elle n'avait plus un rond, comment était ce possible ? Son fauteuil dans le salon, qui ne serait qu'un vaste souvenir dans peu de temps, lui servait de soutien pour pas qu'elle ne tombe plus bas.
- Que puis-je faire monsieur Martin ? Je vous en prie dites moi qu'il y a une solution !
Elle le suppliait pratiquement tandis que lui rangeait ses papiers, nonchalamment.
- Eleanor... Bien sûr qu'il y en a une, mariez-vous. Vous avez 21 ans, il est largement temps.
L'avocat partit sur ces mots, alors qu'Eleanor réalisait juste, qu'il allait falloir se trouver un mari pour survivre.
Malgré son désarroi, elle fit tout pour rester présente dans la société. Elle sortait le soir au cabaret, simplement, elle ne buvait pas. Elle allait aux cours de théâtres, payés d'avance par son père. Enfin, pour manger, elle faisait en sorte d'aller chez Christianne ou Simon en prétextant qu'elle ne voulais pas être seule, Ed n'étant pas le genre de personne à offrir ses services gratuitement. Malheureusement, un autre problème se présentait.
- Tu te sens comment ? - lui avait demandé Christianne à l'oreille pour qu'elle puisse entendre malgré la musique du cabaret - Bientôt l'enterrement.
- Oui. Je sais pas...
- En tout cas j'espère qu'il rendra bien hommage au grand homme qu'était ton père, un véritable justicier !
- Ouais...
Elle n'avait absolument pas les moyens pour un magnifiques enterrement mais il fallait préserver l'honneur, ou du moins l'image de son père, un travail qu'elle avait déjà commencé avec la dissimulation de la cause de sa mort : le valeureux héros Dubois. La version qui courait dans les rues était un simple accident de voiture tragique. Il était clair que pour un procureur, mourir d'une overdose aurait enlevé toute crédibilité.
- Vous venez au gala de charité de mon exemplaire père demain soir ?
Ed buvait son verre de whisky, assit, une jambe posée sur l'autre et le bras sur le dessus de la banquette rouge. Il avait les cheveux bruns avec des sourcils très droit qui suivaient la lignes de ses yeux, de la même couleur. Il leurs parlait avec une indifférence affligeante, regardant les femmes danser sur la scène avec plaisir. Simon intervint, curieux et cynique à la fois.
- Ton père ? Un gala de charité ? On aura tout vue.
- Tu l'as dis cher ami.
Ils étaient restés perplexe quant à la nouvelle générosité du père d'Edouard, mais se fut vite remplacé par la surprise de voir le jeune homme se lever.
- Bon j'y vais. Eleanor je peux te voir une minute ?
Pendant que Christianne et Simon ne firent pas un seul instant attention à l'appel d'Edouard pour la voir, la blonde s'était levée pour se rapprocher de son interlocuteur, qui l'enjoint de le suivre dans sa route pour la sortie.
- Christie fréquente un nouvel homme et ça ne me plait pas.
- Et c'est à moi que tu demande des renforts ?
- J'ai l'impression qu'il en veut à son argent.
- Christianne est mariée Ed.
- Et c'est aussi une femme très frivole, tu devrais le savoir.
- Très bien ! Qu'es ce que tu propose ?
- Ton père conservait ses dossiers dans son bureau non ? - Il continua après un court silence - Charles Lambert.
Il affichait un sourire en coin, qui en disait bien long sur sa perversion, elle lui rendis avec beaucoup plus d'innocence.
- Bien cher ami.
Sur cela, ils s'étaient quittés. Ed et elle étaient impitoyables, Ils faisaient toujours des complots et arrivaient toujours à leurs fins. Si Eleanor devenait pauvre, pour lui, elle n'aurait plus aucune influence. Alors, leur " amitié " s'arrêterait là.
- Me revoilà !
- Alors ? Il voulait quoi ? - lui demanda Simon, sincèrement intrigué.
- Oh ! Comme d'habitude, un plan avec une fille.
Elle fit mine de regarder la scène, ce qui ne convainc pas spécialement son ami aux cheveux blond.
Elle quitta ses amis en fin de soirée, chacun prenant la direction de sa propre demeure. Elle marchait dans sa rue, très lentement, songeant à sa condition actuelle. Elle ne voulait décidément pas se marier. Et après mure réflexion, la seule solution qui se présentait était de trouver un travail.
- Ho ! Pardon excusez moi, je suis si maladroit !
Un homme l'avait bousculé l'épaule et s'était retourné pour s'excuser. Il était brun aux yeux bleu, un parapluie pendue au poignet.
- Vous ne pourriez pas faire attention !
- Vraiment navré, Charles Lambert, enchanté,
Il lui tendait sa main qu'elle j'empoigna, toute émoustillée de ce à quoi elle avait affaire. Edouard lui avait confié une mission qui se trouverait peut-être plus divertissante que ce qu'elle aurait cru.
- Eleanor Dubois, et moi de même - dit-elle avec un grand sourire - Voulez-vous entrer ? - avait-elle ajouté, en montrant ma maison devant laquelle l'incident s'était produit - Pour me faire pardonner de ma réponse si sèche.
- Je suis désolé mais il est déjà très tard, une autre fois peut-être mademoiselle Dubois !
Il l'avait salué en prenant son chapeau de sa tête pour le poser contre son torse, elle lui sourit hypocritement, puis il s'en alla en reposant son accessoire au dessus de ses cheveux.
- C'est ça oui...
A l'intérieur, tout était calme, elle enleva ses affaires puis se dirigea à l'étage, sans plus attendre, pour entrer dans le bureau de son père. Elle eut, comme à chaque fois une sensation d'excitation mais, aujourd'hui, accompagnée d'une certaine nostalgie. Elle fit le tour de la grande pièce, sereine, sachant que maintenant personne ne pourrait la voir. Le bureau en bois était tout à fait à gauche, tandis que le reste était meublé d'une bibliothèque d'œuvres qui ne l'intéressaient guère. Enfin, à droite, un coffre. Elle savais que celui-ci était remplit des dossiers des clients de son père. Pensant avoir affaire à une énième petite fille bourge, il ne s'était jamais caché pour effectuer le code. Elle l'ouvrit, et pris tous les dossiers pour les poser sur le bureau. A cet instant, elle aperçut le seul et unique dossier déjà présent sur le meuble.
" Charles Lambert "
Lorsque qu'elle tourna la première page, une chose lui sauta aux yeux.
" mort le 3 mars 1931 "
Cet homme était mort il y a 1 an. Sous le choc, elle partit me blottir dans les draps de soies de son lit, pour se réveiller le lendemain, comme-ci rien ne s'était passé.
- Je suis désolé très chère mais, nous n'avons besoin de personne. Nous vous rappelleront si un poste de téléphoniste se libère.
Elle avait passé toute la matinée à faire tout les établissement publique de la ville, aucun n'embauchaient, ou du moins, aucun n'embauchaient de femmes, elle était lessivée et désemparée. Elle trainait les pieds, lentement, dans les rues de Paris, espérant un miracle.
- T'as pas l'air dans ton assiette toi.
En levant la tête, elle pu voir la prostitué qui lui avait adressée la parole. Vêtue si vulgairement, que rien qu'en la voyant, elle la répugna. Ce qui apparemment s'était lue sur son visage.
- Pfff ! Sale bourge, retourne dans tes diamants et tes robes hors de prix - ajouta t-elle rancunière.
- Pardon ? Ho excuse moi, je n'avais jamais vue une chienne parler. Bonne fin de journée !
Le sourire lui revint, la prostitué, elle, sembla énervée, mais pas assez pour refuser son prochain client, qui arrivait tout juste.
Comme tous les jeudi et vendredi, Eleanor se rendit à son cours de théâtre, dans lequel la professeur, Gysèle, ne cessait de lui faire des éloges. Eleanor avait toujours rêvé de devenir comédienne, une véritable passion. Un rêve qu'elle gardait plus ou moins secret, étant donné sa condition de femme. On le lui aurait reproché.
"pourquoi ne pas te marier ? "
" C'est hors de ta portée "
Or Eleanor, ne voulais pas être comme toutes ces autres femmes qui ne font rien de leurs vies hormis s'entretenir exclusivement pour leurs hommes. Elle avait toujours voulut la bourgeoisie et le mérite : une utopie.
- Comme d'habitude Eleanor, ton investissement est remarquable ! Je te félicite.
- Je vous remercie.
La jeune femme était fière à chaque compliment, pouvant se pavaner devant les autres femmes du cours. Mais cette fois-ci, elle pris Gysèle et ses cheveux grisonnant à part, ce qui eut comme effet de plus l'inquiéter qu'autre chose.
- Voilà...heu je voudrais être comédienne. J'aimerais quelques conseils.
Elle la regarda d'abord avec juste de l'affection puis avec condescendance pour enfin lui répondre pleine d'amertume.
- Tu as de l'argent et tu n'es pas heureuse ? Décidément vous les bourgeois... N'essaies pas de devenir comédienne, tu y perdras beaucoup plus que tu ne le crois.
Ainsi était le sort des femmes en 1930.
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