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- Romane, tu diras à papa que je suis sortis.
- Oui madame Eleanor.
A peine la servante lui avait-elle répondue qu'elle avais pris mon manteau de fourrure, ses gants en cuir, son sac à main et avait claqué la grande porte de la maison parisienne dans laquelle elle habitait depuis toute petite. Elle se situait au premier arrondissement, non loin de la gare St Lazare avec quelques boutiques de luxes dans la même rue.
Comme elle l'avait toujours fait, à cette heure-ci, elle se rendait à un cabaret chic où elle retrouverait ses amis d'enfance. Ils étaient des gosses de riches, ils avaient par conséquent peu d'amis véritablement fiables. Elle se remémorait régulièrement ce que son père lui enseignait :
- Il faut être perpétuellement méfiant - il la regardait avec colère, comme ci elle avait fait une bêtise - je n'apprécie pas non plus la façon dont laquelle tu te confis à ce que tu appelle tes "amis".
C'est d'ailleurs une des seules choses qu'il put faire durant ces 20 dernière années. Son père avait toujours été très absent, pris dans son travail. Sa mère, elle, était malade depuis sa naissance, atteinte de la polyarthrite, elle passait alors ses journées au lit, souffrante et avalant des cachets qu'Eleanor qualifiait de poison. En effet il y avait 3 ans de cela, une nouvelle formule était arrivée sur le marché, non sans risque. Mais sa mère devait être prête à tout pour soulager sa douleur. Elle s'endormit une après midi spécialement douloureuse comme un bébé et ne se réveilla plus.
- Hey Eleanor ! Prête à faire la fête, chérie ?
Elle voyait Christianne lui faire des signes, entre la foule, de la table ronde à laquelle elle était, entourée d'une banquette, pour que la jeune femme vienne vers elle. Eleanor la trouva dans sa petite robe argentée, à franges, qui allait si bien avec son teint porcelaine, ses yeux bleu et ses cheveux châtains, attachés et accessoirisés de la fameuse plume au serre tête et de son long collier de perle. Sans oublier son porte cigarette dont elle allait justement faire usage.
Quand elle eut fini de se faufiler entre les gens de la classe mondaine, elle pu constater que Simon et quelques midinettes étaient avec avec sa meilleure amie. Simon et elle étaient "promis" l'un à l'autre, leurs parents avaient décidés depuis leurs plus jeune âge qu'ils se marieraient dès qu'ils en aurait la possibilité. Ce soir là, elle avait 21 ans, n'était pas mariée et lui, si. En effet, elle aimait Simon mais en tant qu'ami, ils le savaient tous les deux. Le jour de leur mariage ils s'étaient enfuit tout les deux, laissant tous le monde sur place sans aucune explication. Ce numéro leur avait valus des privations de sorties, la une des journaux des dix jours suivants et de sacrées barres de rires. Simon était blond aux yeux bleu, il portait encore son trench marron et ses gants et semblait en avoir marre des donzelles qui lui faisait la cour tout en le collant vulgairement.
- Ed n'est pas là ? - Avait-elle demandé en essayant de s'assoir sur la banquette pleine de filles.
- Mais à ton service gente dame.
Il avait attrapé sa main alors qu'elle étais en déséquilibre pour y déposer un baisé, tout en la regardant avec ses yeux perçants et vicieux. elle la lui arracha, dégoutée, ce qui se lisait sur son visage et sur celui de Christianne, qui gardait de l'amertume pour cette personne peu recommandable.
- J'aurais aimée que ton regard traduise autre chose quel dommage... Aller ! On rentre les filles.
Toutes les vagabondes suivirent Edouard qui mit chacun de ses bras autour des cous de deux d'entre elles.
- Mademoiselle Dubois ! Un appel pour vous.
- Pour moi ?
Elle fut prise au dépourvue, Simon et Christianne la regardaient avec une incompréhension qu'elle fut incapable d'éclaircir. Elle n'avait pas pu se découvrir que déjà, il fallait qu'elle reparte, elle suivit l'homme qui lui avait fait appel qui l'emmena jusqu'au téléphone de l'établissement.
- Eleanor Dubois à l'appareil j'éc...
A ce moment, elle avait lâché le combiné avant que son interlocuteur ne finisse, le laissant pendre dans le vide tel un pendule. elle avait parcouru le grand cabaret en poussant tous le monde sans m'excuser le moins du monde, ce qui lui avait valut quelques insultes. elle avait au passage cru voir Christianne qui se levait en la voyant courir, stoppée par Simon.
En sortant, elle sentit l'air qui traversait ses cheveux dorés en rafale mais ceci ne suffit pas à l'arrêter : elle couru de plus belle dans les rues pavées de Paris, laissant tomber sa fourrure sous la chaleur et s'arrêtant quelques secondes pour prendre ses chaussures dans les mains.
Arrivée à la maison, elle était totalement épuisée et débraillée. Plus de manteau, les pieds nus, les cheveux ébouriffés et soufflant comme un bœuf, elle avait monté les escaliers quatre à quatre. La chambre de son père fermée, elle appela Romane dans toute la maison, sans réponse. Pour finir, elle s'affala sur le fauteuil de la bibliothèque, la tête dans les mains, pleine de questions, sans réponse : es-ce grave ? Va t-il survivre ? Qu'allait-elle devenir ? Ainsi, elle s'endormit en pleurant.
- Mademoiselle Dubois ?
Elle essayais d'ouvrir les yeux, puis quand ils voulurent bien, un homme avec une caisse dans la main et une petite moustache la regardait avec un inquiétant sérieux.
- Vôtre père est mort cette nuit, Mademoiselle.
* La polyarthrite est une maladie qui cause une déformation des os, en particulier des mains et des pieds, qui causes de terribles souffrances. En 1929, Jacques Forestier utilise l'un des composants de cette maladie : le sel d'or, pour en créer un remède. Le corps médicale adhérant à cette nouvelle proposition, il est utilisé environ 1 an après sa découverte, même si sa toxicité demeurait élevée.
Aujourd'hui, aucun traitement d'une grande efficacité n'a été découvert, seulement des alternatives à la douleur.
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