Ma mère trouva finalement ce qu'elle cherchait au chapitre « Les ailes magiques ».

Elle parcourut ce passage et je vis défiler toute sorte d'ailes pourvues de pouvoirs différents. Lorsqu'elle trouva enfin le modèle de mes ailes, aucune légende n'accompagnait l'illustration. Seule un dessin figurait.

— Je ne comprends pas, déclarai-je.

Ma mère tourna la page et m'indiqua un passage qui décrivait sur plusieurs lignes la légende dont je ne connaissais encore rien et qui détaillait les pouvoirs que mes ailes renfermaient.

— Alors, comment te dire ça ? hésita la reine.

— Avec tout ce que j'ai entendu aujourd'hui je ne suis plus à une révélation près, dis-je sur un ton ironique.

— Ma chérie, tes ailes sont exceptionnelles. Tu es unique !

— Pourquoi unique ?

— Les elfes, Amélie, tous les autres papillons et créatures volantes de cette forêt et moi avons des ailes mais elles n'ont pas de pouvoirs, m'assura-t-elle. Les tiennes par contre renferment des pouvoirs magiques. Tu es l'une des rares à en avoir et d'après ce que je lis, ces pouvoirs sont grands et puissants.

Je comprenais maintenant pourquoi la souche d'arbre avait poussé dès que je l'avais effleurée. J'avais des pouvoirs !

Cela n'était pas possible, je rêvais. J'étais dans un rêve et j'allais me réveiller dans mon lit dans quelques minutes.

Dans les films, il fallait se pincer pour savoir si c'était un rêve. Pourquoi ne pas essayer ? Je me pinçai, mais ne me réveillai pas. Ce geste contribua seulement à m'arracher un cri de douleur.

Amélie, qui avait deviné pourquoi j'avais fait cela, me confirma que ce n'était pas un rêve, mais bien la réalité et qu'il fallait que je me fasse à l'idée qu'un monde magique existait, et qu'en plus j'étais l'héritière du trône.

— Quels sont ces pouvoirs ?

— Tu peux faire tout ce que tu veux ou désires, un peu comme un magicien !, m'apprit-elle.

J'étais stupéfaite, je pouvais dorénavant faire ce que bon me semblait. Mais comment ?

— Comment les utiliser ? demandai-je à la femme qui m'avait mise au monde.

— On trouvera quelqu'un qui t'aidera à maîtriser tes pouvoirs, ne t'inquiète pas pour ça !

— D'accord. Tout à l'heure vous m'avez dit que des ogres me recherchaient pour avoir mes pouvoirs. Pourquoi ?

— Ils veulent la magie que renferment tes ailes, qui comme je te l'ai dit, est très puissante. Tu te souviens de l'incendie à la cantine du collège ?

— Oui ?

— Et bien, c'était pour te tuer et avoir les graines de tes ailes qui étaient dans ton corps. Les ailes ne poussent pas du jour au lendemain, ce sont comme des plantes. Tu es née avec des sortes de graines dans ton dos et en grandissant, elles poussent et se développent. En ce temps, tu n'avais pas tes ailes, mais tout le monde savait que tu étais l'élue dans notre monde !

J'étais abasourdie par tout ça ! Comme ça, tout le monde savait alors que moi, la principale intéressée, je n'en savais rien ? Et pourquoi voulaient-ils cette magie ? À cet instant, un flot de questions vint encore s'abattre sur moi.

— Pouvez-vous m'expliquer cette légende dont vous parliez tout à l'heure ?

— La légende dit « Celle ou celui qui aura ces ailes devra sauver l'arbre enchanté », dit Amélie.

— L'arbre enchanté ? repris-je.

— L'arbre enchanté est l'arbre qui donne de la force à la nature. Grâce à ses racines magiques, il alimente toute la forêt en magie et prend soin de la végétation. Il donne l'énergie nécessaire au développement des arbres, des fleurs et des buissons. Mais il donne aussi la magie aux elfes et aux autres créatures possédant des pouvoirs. Bientôt, quand tu sauras maîtriser les tiens, c'est lui qui te fournira la magie dont tu auras besoin. Cependant, cette source est menacée par les ogres. Ils l'ont saboté et l'arbre est en train de mourir à petit feu. Ce qui implique que la nature et la magie meurent aussi à petit feu, m'expliqua ma mère.

Je voyais dans son regard beaucoup de tristesse. Cette histoire la touchait après tout, elle était la reine et c'était bien normal qu'elle se sente aussi impliquée ! Les créatures comptaient sur elle pour que l'arbre enchanté aille mieux.

— Et si cet arbre meurt complètement, que se passera-t-il ?

— Toute cette forêt ainsi que la magie disparaîtront ! Le portail qui nous sert de protection face au monde des humains n'existera plus et nous serons condamnés à rester cachés toute notre vie au lieu de vivre en harmonie, m'informa ma mère.

À cette éventualité, Amélie ne put s'empêcher de pleurer. Aussitôt, je la consolai en lui promettant de faire mon possible pour préserver cet équilibre.

Mais alors que je prononçai ces mots, je me rendis compte que cette mission était beaucoup trop lourde pour moi. Je ne pouvais pas avoir une tâche aussi importante à effectuer.

Portée par la peur, j'attrapai mes affaires et sans rien dire me dirigeai vers la sortie. Ma mère tenta de me rattraper, sans succès. Il fallait que je trouve un endroit pour réfléchir, à l'abri de tout être vivant, magique ou non.

Je m'enfonçai dans la forêt pendant quelques minutes avant de m'installer sur un arbre sur lequel je passai toute l'après-midi. Je finis même par m'assoupir épuisée par les évènements de cette journée.