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Une silhouette familière

Bonjour tout le monde ! J'espère que vous allez bien et que votre confinement se passe dans les meilleures conditions possible ! J'ai une petite faveur à vous demander... J'ai adoré écrire ce chapitre (j'espère que vous l'apprécierez !) pour les raisons que vous découvrirez vous-même, mais disons que ça a été un exercice un petit peu compliqué, donc j'aimerais que vous me disiez ce que vous en pensez, ce que vous avez trouvé bien ou pas bien etc... Ça m'aiderait beaucoup ! Voilà merci, et bonne lecture !


         Quelques heures plus tard, alors qu'elle avait passé l'après-midi à la bibliothèque avec Leeoy et Suron, Aïkida rentra dans ses appartements avec un mal de crâne. Ils s'étaient creusé la tête durant des heures pour établir un semblant de protocole à suivre quant à l'extraction de la magie noire du corps reptilien d'Emelï. Dès le lendemain, deux mages spécialisés dans les exorcismes devraient arriver au château, et pourraient les éclairer un peu plus sur la marche à suivre.

        Le plus compliqué n'était pas tant de retirer la force obscure qui possédait la petite fille, mais de la canaliser une fois sortie de son hôte, et surtout, de garder cette dernière en vie. C'était une puissante magie noire, mortelle, qui ne pouvait pas être manipulée facilement. Leeroy était bien placé pour savoir que même un simple poison était dangereux, alors que les risques étaient déjà bien inférieurs à ceux que comportait la magie du Masque Noir.

        Leur but était donc d'emprisonner cette entité obscure dans un endroit sûr, afin de leur laisser le temps s'en débarrasser définitivement. Si tout se déroulait comme prévu, l'opération devrait commencer quelques jours plus tard.

        Aïkida se déshabilla en se rendant dans la salle d'eau pour se laver. En apercevant que de l'eau fumante l'attendait dans la baignoire, elle repensa à Ambre qui devait avoir fini sa journée en cuisine. La Fille Gelée soupira d'aise en rentrant dans son bain brûlant, et se laissa glisser de sorte que seuls ses genoux pliés et ses épaules soient hors de l'eau.

        Alors qu'elle fermait les yeux et se laissait peu à peu emporter par les vapeurs qui faisaient rougir sa peau, elle entendit du bruit de l'autre côté de la porte.

— Ambre ? appela-t-elle.

Quelques secondes plus tard, le panneau de bois s'ouvrit sur la femme de chambre qui rapportait du linge propre. Elle semblait avoir retrouvé son sourire.

— J'ai pensé qu'un bon bain chaud te ferais du bien, déclara-t-elle.

Aïkida lui rendit son sourire.

— Tu sais toujours exactement ce qu'il me faut, merci beaucoup.

La domestique ouvrit un placard et y rangea les draps de bains propres, tournant le dos à son amie.

        Cette dernière fronça les sourcils et se redressa dans la baignoire pour s'assoir. Elle ne se souciait pas de sa nudité, Ambre l'ayant déjà vue dévêtue de nombreuses fois. Elle s'était parfois même chargée de lui faire un brin de toilette alors qu'elle était inconsciente.

— C'est toi qui aurais bien besoin de te détendre, ajouta Aïkida. Quand comptes tu prendre un peu de repos ? C'est pour bientôt l'accouchement, non ?

— L'infirmière m'a dit que j'en avais pour deux mois environ. Mais je peux encore travailler, affirma-t-elle avec fierté en refermant le placard.

Aïkida sourit, puis lui demanda gentiment :

— Tu peux venir t'assoir s'il te plait ? J'aimerais te parler.

Ambre arqua un sourcil, surprise, mais s'exécuta. Elle débarrassa la chaise des vêtements propres de la Fille Gelée qu'elle posa sur la coiffeuse, et s'assit en face de son amie.

         Celle-ci inspira, choisissant ses mots avec soin.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé cette nuit ? demanda-t-elle. Tu as menti ce midi, et ça ne te ressemble pas.

Prise de court, Ambre écarquilla de grands yeux avant de les baisser précipitamment en sentant la chaleur gagner ses joues.

        Aïkida remarqua également qu'elle avait aussitôt posé une main protectrice sur son ventre.

— Quelqu'un t'as fait du mal ? Tu peux tout me dire tu sais, insista-t-elle. Je ne dirai rien à personne, pas même à Jayse.

— Je... Je ne vois pas de quoi tu parles. J'étais avec Solange, bafouilla Ambre sans la regarder dans les yeux.

La jeune femme soupira, mais prit un ton plus ferme :

— Je suis ton amie, Ambre, et je sais que tu mens. À midi tu n'osais ni regarder le père de ton enfant dans les yeux, ni moi. Ton discours était incohérent. D'un côté tu m'as dit avoir échangé ta journée avec Solange afin de ne pas être en cuisine, c'est même pour ça que tu étais avec moi ce matin. Et d'un autre côté, tu n'avais même pas averti Jayse à ce propos, tout ça pour finalement te retrouver quand même en cuisine, avec Solange de surcroît. Solange, qui pour je ne sais quelle raison, a décidé de te couvrir. Car nous savons très bien toutes les deux que tu n'étais pas avec elle cette nuit. Mais tu n'étais pas avec Jayse non plus. Alors où étais-tu ?

Alors qu'Aïkida continuait d'énumérer les faits, ses sourcils se fronçaient de plus en plus. Elle entendit également Athkor lui dire intérieurement que quelque chose n'allait pas dans cette histoire. Elle se tût brusquement tandis que son esprit, lui, travaillait à une allure folle.

        La Fille Gelée ne s'aperçut pas que les yeux d'Ambre étaient recouverts d'une fine pellicule d'eau. Elle sentait qu'elle touchait quelque chose du bout des doigts, qu'elle effleurait une information cruciale, presque vitale. Mais elle n'arrivait pas à comprendre quoi.


Au même moment, au réfectoire...

        Alors qu'il discutait avec ses amis autour d'un rôti de veau succulent, Jayse remarqua soudain Leeroy et Tarek qui entraient dans la grande salle. Sans dire un mot à Luuis et Soan, il se leva brusquement et quitta la table, ignorant leurs regards et leurs appels incompréhensifs. Le blond se dirigea vers les deux dragonniers et les rejoignit juste avant qu'ils n'aient le temps de trouver une place pour s'assoir.

— J'ai besoin de vous parler, déclara-t-il d'une voix sombre. Et j'ai cassé mon épée ce matin.

Les frères d'armes arquèrent un sourcil et échangèrent un regard surpris avant de se souvenir que la dernière phrase était le code de Jayse pour assurer son identité.

        Ils lui répondirent alors par leurs propres phrases afin de le rassurer à son tour sur le fait que le métamorphe n'était pas l'un d'eux.

        Une fois les banalités – certes peu banales – échangées, Jayse réitéra sa demande et insista pour leur parler. Les deux amis d'enfance ne cachèrent pas leur surprise. Ils ne s'entendaient pas spécialement bien avec les amis d'Aïkida, et furent alors étonnés d'une telle requête, qui, à en juger par le visage fermé de Jayse, semblait importante.

— Pas ici, ajouta le combattant.

Leeroy comprit et hocha la tête.

— Suivez-moi, je sais où on sera tranquille.

— On peut pas se poser cinq minutes pour manger ? râla Tarek en levant les yeux au ciel.

Mais les deux autres l'ignorèrent et quittèrent la salle bruyante, contraignant le brun à faire de même.

        Ils s'isolèrent alors dans le couloir, à l'abris des regards. Cependant, suspectant le ton sérieux de la conversation qui allait suivre, Leeroy prit une mesure supplémentaire en utilisant sa magie afin de créer une bulle autour d'eux qui les protégerait des oreilles indiscrètes.

        Jayse n'attendit pas d'être interrogé pour aller droit au but :

— Vous savez le mec bizarre qui tourne autour d'Ambre ? Je le sens pas ce type.

Tarek croisa les bras en s'appuyant contre le mur, déjà ennuyé.

— Ambre n'était pas avec moi cette nuit. Elle m'a assuré qu'elle était avec une amie à elle, mais je sais très bien qu'elle me ment. J'ai peur qu'Hyjuke ne lui ait fait du mal, et quand vous nous avez parlé de cette histoire de métamorphe tout à l'heure... ça m'a interpellé.

Le brun soupira bruyamment avant de répondre :

— Ecoute mon vieux, si ta nana va voir ailleurs alors qu'elle est enceinte jusqu'au cou, c'est pas notre problème.

Jayse le foudroya du regard, rapidement imité par Leeroy.

        Ce dernier, plus diplomate, chercha à en savoir plus :

— Tu penses que ce Hyjuke pourrait être le métamorphe ?

Le combattant se renfrogna :

— Je sais pas... C'est une intuition.

Tarek éclata alors de rire en levant les bras au ciel.

— Ah ! Si Monsieur a une intuition, alors !

Il n'aimait pas Jayse, et se moquait de lui délibérément. Cependant, son esprit était déjà ailleurs. Lui non plus n'arrivait pas à cerner Hyjuke depuis qu'il avait surpris sa conversation avec Aïkida, et commençait à s'en méfier sérieusement.

        Jayse fit de son mieux pour contenir la colère qu'il sentait monter en lui, et se concentra plutôt sur Leeroy.

— Ce type est bizarre, il a prédit à Ambre que nous allions avoir une petite fille, et il était même au courant de la fin de la guerre chez les elfes avant que la première missive n'arrive au château.

         Leeroy acquiesça silencieusement en se grattant le menton.

— On va le surveiller de près, affirma-t-il alors.

Mais Jayse ne semblait pas satisfait, et le dragonnier le remarqua.

— Il y a autre chose ?

Le combattant prit une grande inspiration. Ce n'était qu'une supposition. Mais une grave supposition.

— En fait... hésita-t-il. Si Hyjuke est le métamorphe... Il se peut qu'il ait prit l'apparence d'Ambre.

Les deux dragonniers écarquillèrent les yeux, giflés par l'horreur de cette éventualité.

— Attend mais... commença Tarek.

— Où est-elle ? coupa brusquement Leeroy.

Jayse prit quelques secondes pour réfléchir à voix haute :

— Elle était en cuisine aujourd'hui, mais vu l'heure qu'il est, elle doit avoir fini maintenant. Je pense que...

Ce fut à son tour d'écarquiller les yeux.

— Quoi ?! Elle est où là ?! s'écria Tarek, déjà prêt à courir.

Mais Leeroy comprit aussitôt.

— Elle est avec Kida.


Au même moment, dans les sous-sols...

        Une silhouette vêtue d'une cape se glissa dans l'escalier qui menait aux cachots. En bas des marches, elle suivit le corridor qui tournait à droite jusqu'à une grille fermée à clé. Deux combattants en gardaient l'entrée.

— Bonsoir, dit la silhouette.

Les soldats, presque heureux de croiser quelqu'un à cette heure-ci, lui rendirent un sourire.

— Salut ! s'exclamèrent-t-ils en cœur.

L'un d'eux, chauve, tourna la clé dans le verrou. Un cliquetis métallique retentit et résonna contre les murs faits de pierre.

         La silhouette jeta un œil derrière son épaule, et constata avec satisfaction que la grille n'était pas visible depuis le haut de l'escalier, cachée par l'angle du mur.

        Le chauve ouvrit une porte intégrée dans la grille dans un grincement strident, tandis que l'autre, plus corpulent, reculait pour laisser passer le combattant vêtu d'une cape. Celui-ci analysait rapidement les deux gabarits qui lui faisaient face. Sa seule chance était l'effet de surprise. Il se prépara.

        Alors qu'il franchissait le portique, il dégaina brusquement une dague et donna un violent coup de pommeau dans la tempe du chauve qui se tenait à sa droite. Celui-ci s'effondra, KO. Hyjuke se retourna, et avant qu'aucun son n'ait le temps de s'échapper de la bouche de l'autre garde, il balança un puissant coup de pied dans sa gorge, coupant tout accès à l'air nécessaire. Le soldat se mit à suffoquer, portant ses mains à sa gorge tandis qu'une violente nausée lui secoua l'estomac. Il tomba à genoux, le regard rouge alors que seul un sifflement aigu s'échappait de sa bouche grande ouverte.

        Hyjuke s'approcha et l'assomma à son tour avec la même technique que pour le premier.

        Vu la puissance de sa frappe, les garde resteraient inconscients au moins cinq bonnes minutes, si ce n'était plus. Il ne s'inquiéta cependant pas de ce court laps de temps car, même s'ils se réveillaient trop tôt, ils ne seraient certainement pas en état de le gêner.

        Tout s'était déroulé dans un silence déroutant, en quelques secondes seulement.

        Le combattant referma la porte grillagée derrière lui sans la verrouiller, et fouilla les poches des corps inanimés. Il trouva rapidement le trousseau qu'il cherchait. Celui des clés de cellules.


— Je suis désolée Kida... murmura Ambre.

Aïkida sortit brusquement de ses pensées et se tourna vers son amie. Elle remarqua alors qu'elle pleurait.

— Ambre, dis-moi la vérité, la pressa-t-elle d'une voix tendue.

Un mauvais pressentiment lui serra les entrailles, et ses sourcils froncés montraient l'inquiétude qui habitait désormais son visage pâle. Elle sentait qu'Athkor s'agitait, lui aussi.

— Je ne peux pas... Il tuera mon enfant... sanglota la femme de chambre en se levant.

Aïkida se leva aussi dans la baignoire et attrapa le bras de son amie, peu soucieuse de tremper sa manche alors que l'eau dégoulinait sur son corps.

— Ambre, dis-moi qui est venu te voir cette nuit, et où tu étais. Où tu étais vraiment.

Elle chercha à se dégager de son emprise, mais sans grande conviction, alors que ses épaules se voûtaient, secouées de soubresauts.

— Pardonne moi Kida... Il me fait trop peur...

Cette fois-ci, la Fille Gelée se fit beaucoup plus ferme. Elle attrapa les épaules de son amie et la tourna face à elle avec force. Sa voix fut plus cinglante qu'elle ne l'aurait voulue.

— Ambre, il y a un métamorphe au château. Il peut prendre l'apparence de n'importe qui, et j'ai besoin de savoir s'il a pris la tienne. Est-ce que c'est toi qui es venue me voir ce matin ? Est-ce que c'est toi qui m'as servi le thé ?

Sa voix tremblait à présent. Elle tremblait de peur.

        La jeune femme leva des yeux humides vers la Fille Gelée, et alors que les larmes traçaient des rivières sur ses joues rouges, elle secoua la tête de gauche à droite.

        Le sang d'Aïkida quitta son visage. Non, ce n'était pas Ambre qui était venue la voir dans la matinée.

        C'était le métamorphe.


        Leeroy, Tarek et Jayse courraient dans les couloirs du château, s'attirant des regards interrogatifs sur leur chemin. Ils enjambèrent les marches de l'escalier en colimaçon quatre à quatre, et déboulèrent finalement dans le couloir où se trouvait la porte menant aux appartements d'Aïkida. Leeroy fut le premier arrivé et frappa bruyamment contre le panneau de bois en criant son nom :

— Kida ! Kida ouvre !

Mais Tarek, qui arriva juste derrière lui, ne prit pas la peine d'attendre une réponse et appuya sur la poignée, découvrant qu'elle n'était pas verrouillée.

        Il ouvrit la porte à la volée et les trois combattants pénétrèrent dans les appartements de la jeune femme. Ils s'arrêtèrent net lorsqu'ils l'aperçurent, complètement nue, en face d'eux, dans l'encadrement de la porte qui menait à la salle d'eau.

        Il y eut un instant de flottement durant lequel personne ne réagit, toutes les bouches grandes ouvertes. Puis, brusquement, Aïkida se mit à crier et les trois jeunes-hommes se retournèrent vivement, le rouge aux joues. Ils entendirent alors la porte claquer.

        Leeroy se tourna vers Tarek en le foudroyant du regard.

— Voilà ce qui arrive quand on entre sans frapper chez une dame !

Cependant, sa petite voix presque tremblante trahissait sa gêne plus que sa culpabilité.

        Tarek quant à lui, se pinça les lèvres pour ne pas éclater de rire, et Jayse couvrait ses yeux de ses mains en marmonnant des paroles inaudibles.

        Ils attendirent quelques minutes, oubliant l'urgence dont ils avaient fait preuve jusqu'à leur arrivée dans les appartements. Lorsqu'ils entendirent la porte se rouvrir, ils se retournèrent prudemment et furent soulagés de trouver la Fille Gelée entièrement vêtue.

        Cependant, pour certains, l'image de son corps dénudé était encore tatouée sur les rétines.

— Excuses-nous... balbutia Leeroy en baissant les yeux et en inclinant légèrement la tête, imité par Jayse.

Mais ce dernier releva vite les yeux pour apercevoir Ambre derrière Aïkida.

        Une colère s'enflamma brusquement dans sa poitrine, croyant être en présence d'Hyjuke. Il fit un pas en avant mais fut stoppé par Leeroy qui lui attrapa le bras.

— C'est rien, marmonna Aïkida dont la peau blanche s'était étrangement teinte d'une couleur rouge vif.

Mais elle retrouva vite son sérieux et déclara avant même que les garçons ne puissent prononcer un mot de plus :

— Le métamorphe a pris l'apparence d'Ambre ce matin.

Les craintes des combattants furent alors confirmées.

        Les traits d'Aïkida se durcirent, ne souhaitant pour rien au monde laisser exploser la panique qui étreignait son cœur. Mais alors qu'elle allait leur annoncer la terrible nouvelle, Leeroy, qui venait de comprendre, le fit à sa place :

— Le métamorphe peut aussi prendre ton apparence maintenant. C'est pour ça que tu es tombée dans les pommes ce matin.

Tarek ne prit même pas la peine de réfléchir à la possibilité qu'une telle hypothèse soit juste ou non, et prononça d'une voix sombre :

— Emelï. Il va s'en prendre à Emelï.


Au même moment, au réfectoire...

        Mihoko et Himanshu s'étaient trouvés des places isolées des autres et mangeaient tranquillement, ne souhaitant pas se mêler à toute cette communauté d'hommes bruyants. Ils rognaient en silence les os du poulet qui leur avait été servi, appréciant les herbes aromatiques qui rendaient la viande excellente en bouche. Eux qui étaient toujours sur les routes, il leur était rare de manger des plats cuisinés, se contentant la plupart du temps de gibiers trouvés en chemin qui étaient ensuite grossièrement cuits sur un feu de camp.

        Ils avaient toujours été nomades, mais savaient apprécier le luxe de la sédentarité. Le magicien et sa fille avaient en effet décidé d'aider les dragonniers dans leur combat contre Layvin, et resteraient donc au château jusqu'à ce que cette affaire soit réglée.

        Si Nàmo avait insisté pour connaître leurs motivations, ils n'avaient pipé mot. Eux aussi avaient une bonne raison de voir Layvin mort, mais préféraient que cela reste entre eux deux. Après tout, même si les ennemis de leurs ennemis étaient leurs amis, cela ne prouvait en rien qu'ils pouvaient leur faire totalement confiance.

        Alors que Mihoko buvait une chope de cervoise, elle recracha brusquement son contenu dans son assiette, prise de nausées. Himanshu ressentit lui aussi une vive douleur dans ses entrailles, et se plia en deux alors que sa fille se mettait à trembler.

        Ils s'agrippèrent tous deux à la table pour ne pas tomber de leur banc, attirant l'attention des trois combattants les plus proches qui s'avancèrent alors vers eux, inquiets. Cependant, le magicien, qui semblait mieux tolérer la douleur que la sorcière, leur adressa un signe de main signifiant qu'ils n'avaient pas besoin d'aide.

        Mihoko se laissa glisser au sol, prise de convulsions. C'était trop fort. Trop près.

        Le métamorphe était en action.

        Mais ils étaient incapables de se lever, et encore moins de marcher afin de le surprendre. Alors, Himanshu saisit finalement la manche d'un des combattants qui s'étaient approchés malgré son opposition, et lui murmura d'une voix crispée :

— Préviens Nàmo qu'il est là. Il faut faire vite.

Le combattant écarquilla les yeux, se demandant certainement si le vieux n'était pas fou à lier, mais quitta malgré tout le réfectoire à la recherche du Haut-Dragonnier.


        Les trois dragonniers couraient à en perdre haleine. Jayse, lui, était resté auprès d'Ambre pour veiller sur elle. Lorsqu'ils arrivèrent aux escaliers menant aux cachots, ils les dévalèrent quatre à quatre et empruntèrent le couloir taillé dans la roche. Lorsqu'ils arrivèrent devant la grille, Leeroy poussa un juron en apercevant les deux gardes au sol.

— Je vous rejoins, dit-il avec hâte alors qu'il s'accroupissait déjà pour prendre le pouls des deux hommes.

Aïkida et Tarek ne se firent pas prier et se remirent à courir, traversant à toute vitesse la longue allée qui menait à la cellule d'Emelï. Les détenus se mirent à pousser des cris moqueurs, lançant les paris sur celui ou celle qui arriverait en premier.

        La jeune femme crut que son cœur allait sortir de sa gorge lorsqu'elle aperçut les deux autres gardes qui avaient pour mission de veiller sur la sécurité de sa sœur. Eux aussi gisaient inanimés sur le sol. Sans qu'elle ne s'en rende compte, son corps s'était couvert d'une couche de givre, refroidissant sa peau et ralentissant les battements effrénés de son cœur paniqué.

        Tarek voulut alors l'attraper par le bras pour l'empêcher d'ouvrir la lourde porte en bois. Il n'avait plus besoin d'entrer pour deviner que soit Emelï gisait dans une marre de sang, soit elle n'était plus là.

        Aïkida se débattit avec une telle force qu'elle faillit faire tomber le jeune homme. Elle s'empressa alors d'ouvrir et d'entrer dans la pièce qui contenait la cage de sa sœur.

        Leeroy arriva en courant juste au moment où le hurlement déchirant de la Fille Gelée fit écho avec le rugissement d'Athkor qui avait déjà pris son envol.

        Sa gorge la brûla, comme si le feu de son dragon s'était transmis à elle, alors que tout son corps tremblait, désormais recouvert d'une épaisse couche de glace. C'était comme si sa magie avait agi d'elle-même, la recouvrant d'une protection censée l'isoler du monde cruel qui s'acharnait contre elle. Aïkida tomba à genoux sans jamais cesser de crier, ne se rendant même pas compte que les larmes avaient envahies ses yeux devenus violets.

        Les deux jeunes hommes entrèrent à leur tour, et leurs poings se serrèrent à l'unisson lorsque leurs yeux se perdirent entre les barreaux de la cellule où aurait dû se trouver Emelï.

        Mais ce soir-là, la grille était ouverte.

        La cage était vide.


Au même moment, sous les Montagnes...

        Une silhouette encapuchonnée se déplaçait dans le sous-terrain menant à la Grande Porte Nord des Royaumes de l'Est. Sur le dos d'un cheval, la silhouette se tenait droite, tendue, et donnait de réguliers coups de talons à sa monture pour l'inciter à avancer plus vite. Derrière elle, de lourdes couvertures étaient attachées afin qu'elles ne tombent pas. Au loin, elle entendit le rugissement d'un dragon.

        La silhouette se retourna alors qu'elle approchait d'une torche fixée au mur, et vérifia que tout était en ordre parmi sa marchandise. Elle aperçut des mèches de cheveux blonds dépasser des couvertures et s'empressa de les recouvrir.

        Quelques minutes plus tard, la silhouette arriva au niveau de la Grande Porte. Devant elle, se tenait une dizaine de garde chargés de vérifier les entrées et sorties au sein de la Vallée.

— Olah, qui va là ? demanda l'un d'eux.

La silhouette retira la capuche de sa cape, dévoilant son visage pâle et ses cheveux blancs.

— Aïkida Ar-Feiniel, se présenta-t-elle solennellement.

À la vue de la Fille Gelée, tous les combattants s'inclinèrent.

        Ils portaient un profond respect pour la première femme dragonnier, d'autant plus qu'elle était capable de mettre la moitié d'entre eux au tapis. Bien que leur égo masculin n'appréciât pas spécialement d'être surpassé par une femme, ils avaient appris à apprécier et à respecter Aïkida.

— Nàmo m'a confié une mission confidentielle, déclara-t-elle. Je compte sur votre discrétion.

Le même garde qui avait premièrement parlé acquiesça d'une voix mielleuse :

— Bien entendu. Ma Dame aurait-elle besoin de quelque chose en particulier pour son voyage ?

Bien que souvent absente, la Fille Gelée était très convoitée par les combattants célibataires. Pour ces derniers, toute occasion était donc bonne pour se faire remarquer.

        Elle lui répondit par la négative tout en souriant, et attendit sagement qu'on lui ouvre l'immense porte. Son vœu fut exaucé dans un lourd grincement, et ses épaules se détendirent lorsqu'elle aperçut l'extérieur où la Lune était reine.

        Tout serait bientôt terminé.

— Arrêtez-la ! hurla soudain une voix lointaine dont l'écho se répercuta sur la roche.

Aïkida ne prit pas la peine de se retourner et donna un nouveau coup de talon à sa monture qui la fit partir au galop. Elle s'élança dans la forêt à toute vitesse en bousculant les quelques gardes qui ne s'étaient pas encore poussés.

— Arrêtez-là ! continuait la voix alors que des lueurs de torches mouvantes, au fond du souterrain, parvenaient aux yeux des gardes, accompagnés de bruits de sabots.

Les combattants étaient perdus et ne comprenaient pas. Que se passait-il ?

        Mais lorsque les renforts arrivèrent enfin et s'engagèrent à leur tour dans la forêt, la silhouette d'Aïkida avait déjà disparu entre les arbres.

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