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Un envol silencieux

               Lorsque Leeroy vint frapper à sa porte, Aïkida était déjà réveillée depuis de longues minutes. Immobile dans son lit, les yeux grands ouverts, elle était restée ainsi tout en discutant avec Athkor des évènements à venir.

Ça y est, c'est aujourd'hui, avait-elle dit.

Demain sera un jour meilleur, l'avait alors encouragée son dragon.

Mais tous deux savaient que rien n'était moins sûr.

        Ils avaient revu leur stratégie et s'étaient échangé quelques derniers conseils. En ce jour plus que jamais, la Fille Gelée avait besoin de soutien, et elle pouvait compter sur son dragon. Si celui-ci avait profité de cette conversation matinale pour aborder la demande qu'avait fait Tarek durant la nuit, il avait soigneusement évité d'évoquer le baiser qui avait suivi. La jeune femme sentait que son dragon avait des commentaires à faire, mais elle choisît elle aussi d'éviter le sujet. Ce qu'il s'était passé sur le toit du château était le dernier de ses soucis, et elle aurait tout le temps de décrypter ce qu'elle avait ressenti une fois que le danger que représentait Layvin serait écarté. La seule chose qu'elle s'autorisait à visualiser, c'était le corps sans vie du mage noir. L'objectif était que cette image fictive devienne réalité, et elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour y parvenir.

— Kida ? répéta Leeroy tout en frappant doucement à sa porte.

La jeune femme soupira. Allez, ce n'est plus le moment de reculer.

— J'arrive ! s'exclama-t-elle en repoussant ses couvertures et en s'asseyant sur son lit.

Elle grimaça lorsqu'elle constata qu'une migraine naissait déjà au-dessus de ses yeux.

— Super... grommela-t-elle en se massant le crâne.

Lorsqu'elle se leva pour ouvrir sa fenêtre et ses volets, elle constata qu'il faisait encore nuit noire au dehors. L'air frais vint lui caresser le visage et elle ferma les yeux pour en apprécier toute la douceur. Les températures avaient baissé depuis deux jours bien que l'été fût pratiquement là, mais elle en était satisfaite car il serait plus simple de rester concentrée et efficace avec une météo clémente que s'il avait fait une chaleur étouffante. À cette pensée, elle se remémora son séjour non consenti dans la grotte où le feu n'avait cessé de brûler jour et nuit. Ce séjour où elle avait passé chaque seconde à haïr un peu plus Layvin.

        Cet homme, le frère du Masque Noir, paierait.

        Elle était prête. Elle savait se battre, sa magie était unique et forte, et elle avait de puissants alliés à ses côtés. Tous ensemble, ils n'avaient pas le droit de perdre. Pas le droit à l'erreur.

        Layvin doit mourir, aujourd'hui.

        Tentant de se motiver et de se donner confiance, Aïkida revêtit la tunique qu'Ambre lui avait préparée. Elle était fine et légère puisqu'elle servait simplement à protéger sa peau du métal froid de la cotte de maille qu'elle s'apprêtait à enfiler par la suite. La jeune femme, qui durant de longs mois avait appris à se battre sans protection, grimaça en voyant toutes les pièces qui composaient son armure. Bien que cette dernière fût destinée à la protéger, Aïkida était persuadée qu'elle serait en réalité plus une gêne qu'une véritable aide, surtout si les combats engagés étaient magiques et non physiques.

        Ambre entra à cet instant et remarqua la moue de son amie.

— N'y pense même pas ! s'exclama-t-elle alors en s'approchant de l'armure.

Aïkida leva les yeux au ciel.

— Ne t'en fais pas, je ne comptais pas partir sans la mettre.

Ambre lui jeta un coup d'œil sévère.

— On ne sait jamais avec toi !

Mais alors qu'elle se penchait pour saisir la cotte de maille, la Fille Gelée l'arrêta :

— Ambre, je te remercie de te lever aussi tôt pour m'aider à me préparer, mais tu es enceinte jusqu'au cou, alors laisse-moi faire, veux-tu ?

— Mais je...

Ce fut au tour de la combattante de lancer un œil sévère à son amie.

— De toute façon, dans ton état, tu ne pourrais même pas soulever la cotte de maille pour me la passer sur la tête, dit-elle d'un ton plus léger. Va t'asseoir sur le lit s'il te plaît, je vais me débrouiller.

La future maman fit mine d'hésiter un instant avant d'acquiescer et de s'installer pendant qu'Aïkida enfilait son armure.

        La jeune femme n'avait pas menti sur le poids de sa protection en métal. Lorsqu'elle fut enfin prête, elle transpirait déjà à grosses gouttes dans sa coquille de métal tant les pièces de étaient lourdes. Toutefois, lorsqu'elle fut sûre d'avoir tout mis, y compris son casque, Aïkida activa sa magie, et comme le leur avait appris Nàmo, elle allégea son armure. Lorsque le poids sur ses épaules disparut brutalement, elle put respirer un peu mieux et retirer son casque – qui lui aussi avait été allégé – et le caler sous son coude.

        Certes la magie leur permettrait à tous d'être plus à l'aise avec leur armure, mais la combattante restait persuadée qu'elle serait gênée dans ses mouvements.

        La Fille Gelée se tourna finalement vers son amie qui la regardait avec des yeux qu'elle détestait. Des yeux imbibés de peur, de tristesse et d'angoisse. Pâle d'inquiétude, Ambre ouvrit la bouche, mais Aïkida leva une main et parla la première :

— Oui, je te promets que je serai prudente.

Un court silence s'installa alors entre les deux amies, puis la brune finit par se lever, non sans difficulté. Elle se prirent alors dans les bras – bien que le ventre de l'une et l'armure de l'autre ne rendaient pas la tâche facile – et s'étreignirent avec force.

— Je t'interdis de penser à moi aujourd'hui, ordonna alors fermement Aïkida avec les sourcils froncés.

Elle posa ses deux mains gantées sur les épaules frêles d'Ambre tout en se reculant, et ajouta :

— Promets moi de ne pas t'inquiéter, c'est mauvais pour le bébé.

La brune soupira :

— Je ne peux pas te promettre ça, Kida.

— Alors promets moi au moins d'essayer. Tu vas voir, on sera tous de retour avant même que tu aies le temps de comprendre qu'on était partis.

Les deux jeunes femmes rirent un peu, mais aucune des deux n'y croyait vraiment. Cependant, Ambre promit malgré-tout.

— Allez... finit par dire Aïkida plus pour elle-même que pour son amie.

Elle se recula et saisit son épaisse ceinture d'armure à laquelle pendaient toutes les armes qu'elle avait préparées. Elle l'attacha à sa taille, fit un bref signe de main à Ambre en lui souriant, et sortit de sa chambre puis de ses appartements.

        Leeroy l'attendait à la porte, vêtu de manière identique à elle-même. Nàmo avait ordonné à tous de porter la même armure, d'être casqués, et de mettre une cape à capuche par-dessus. Le but de la manœuvre était de créer une confusion chez Layvin qui verrait arriver des soldats pratiquement non reconnaissables. Bien entendu, ce stratagème impliquait que tout le monde garde le silence puisque le son de leur voix les trahirait immédiatement. Il faudrait alors gagner le plus de temps possible, un temps qu'ils utiliseraient pour analyser la situation, avant qu'Aïkida ne soit finalement forcée de révéler son identité. C'était elle que Layvin voulait, ce serait donc elle qui serait à découvert la première. Les autres resteraient dans l'anonymat le plus longtemps possible. Il ne fallait rien céder, ni terrain, ni information. Ils allaient en terre inconnue, alors c'était à eux de prendre toutes les précautions nécessaires.

        Leeroy lui tendit une cape noire bien trop grande, mais qui la couvrirait entièrement. Elle la prit en le remerciant d'un hochement de tête, et l'attacha alors qu'ils prenaient le chemin vers l'extérieur du château, en direction de la cour des armes.

        Les cinq dragons attendaient patiemment, Luaj, Fëanáro et Athkor étant déjà sellés. Aïkida remercia Leeroy d'un regard, se doutant que c'était lui qui s'était occupé de son compagnon ailé. Depuis qu'elle était sortie de ses appartements, ils n'avaient pas échangé un seul mot, tous deux concentrés sur la suite des évènements.

        Nàmo était là lui aussi, accompagné par Mihoko, Himanshu, Alex, Othar, Tarek et Conrad. À la lumière d'un flambeau qui avait été allumé, la jeune femme remarqua également une autre silhouette près d'Athkor, et lorsqu'elle s'approcha, elle reconnut son maître d'arme. Celui-ci lui offrit un grand sourire et ouvrit le bras avec lequel il ne s'appuyait pas sur sa canne. Aïkida s'avança en souriant et l'étreignit doucement de peur de lui faire mal. Le fait qu'il soit là à une heure aussi matinale malgré sa fatigue apparente la touchait beaucoup.

— Je ne pouvais pas laisser partir ma meilleure élève sans l'encourager une dernière fois, murmura le vieil homme à son oreille.

        Aïkida sourit mais ne trouva rien à répondre et se détourna vers le Haut-Dragonnier, sentant le stress prendre possession de son estomac et de sa gorge.

        Reste concentrée. Ce n'est pas un adieu, c'est juste un encouragement. Tu seras de retour dans quelques heures tout au plus.

        Mais c'était dur de s'imaginer cela. C'était dur de se dire qu'elle partait pour tuer un homme et pour revenir ensuite. Elle n'avait pas du tout cette sensation-là. C'était plutôt comme si elle partait en guerre et qu'elle ne savait pas du tout au bout de combien de temps elle serait de retour, ni même si elle en reviendrait vraiment. Comme si elle partait en voyage pour une durée indéterminée avec une destination inconnue et des dangers tout le long du trajet. Mais ce n'étaient pas des petits dangers tels que des cambrioleurs, une bête sauvage ou une embuscade. Non, c'était plutôt le genre de danger que l'on redoute depuis la naissance, le genre qui fait dresser les poils, tordre le ventre et pâlir la peau. Le genre de danger que l'on représente souvent avec une faux.

        Lorsqu'elle dévisagea tous ceux qui étaient présent, elle retrouva la même détermination dans leurs yeux, la même soif de vengeance, mais aussi la même appréhension qu'elle ressentait.

        Qu'allait-il se passer ? Nul ne le savait. Mais ils y allaient quand même.

— Nous sommes neuf, il y a trois dragons sellés, donc nous seront trois par trois pour rejoindre la falaise, expliqua Nàmo. Est-ce que tout le monde est prêt ?

Il eut pour seule réponse des hochements de tête.

        Aïkida prit une grande inspiration et Leeroy lui passa une main dans le dos en lui lançant un regard encourageant. Elle y répondit par un sourire avant que ses yeux ne se dirigent dans la direction de Tarek. Ce dernier avait les traits tirés et la fixait intensément. La jeune femme sentit son estomac se nouer un peu plus sous la densité de ce regard qu'elle ne savait plus interpréter. Sans qu'elle ne s'en rende compte, ses yeux s'humidifièrent lorsqu'elle repensa à la promesse qu'ils s'étaient faite durant la nuit.

        Elle lui avait promis de le tuer si cela tournait mal.

        La Fille Gelée détourna le regard, voulant à tout prix éviter de penser à cette éventualité. Leeroy traversa alors son esprit. Comment le vivrait-il si son ami d'enfance venait à mourir dans les prochaines heures, et par sa main à elle ? Leeroy était tout aussi important à ses yeux, et l'idée de lui faire du mal la révulsait.

        Elle secoua sa tête de gauche à droite et se retint de se gifler. Concentre-toi !

— Bien, acquiesça Nàmo. Mettez tous vos casques et vos capuches par-dessus. Je répète encore une fois qu'il est absolument interdit de dévoiler son visage avant que cela ne devienne réellement nécessaire. Nous devons garder quelques cartes en main.

Tout le monde hocha la tête une nouvelle fois avant que les visages ne disparaissent sous des masques de fer et de tissu.

        Seul Conrad ne portait pas de cape puisque sa taille suffirait à le trahir aux yeux de son paternel. En revanche, les couturières et forgerons s'étaient démenés pour lui fournir une armure faite sur mesure qui lui permettrait lui aussi d'être protégé un minimum.

        Himanshu et Mihoko, bien que réticents, n'avaient eu d'autre choix que de se plier à la volonté de Nàmo pour que la stratégie camouflage fonctionne. Ils ne semblaient pas du tout à l'aise, non seulement à cause de cette armure non consentie, mais aussi et surtout à cause des cinq dragons qui les entouraient et les surplombaient de toutes parts. L'idée de monter sur des créatures aussi immenses et légendaires les impressionnait autant qu'elle les effrayait.

— Eh bien allons-y, déclara Nàmo d'une voix grave.

Ils se répartirent donc tous autour des trois dragons sellés. Aïkida, Alex et Othar montèrent sur le dos d'Athkor, rapidement imités par Leeroy, Tarek et Conrad sur le dos de Luaj, et par Nàmo, Mihoko et Himanshu sur le dos de Fëanáro.

        La Fille Gelée lança un dernier signe de la main à Suron, qui lui rendit un sourire d'encouragement, puis, elle ferma les yeux, se plongeant totalement le moment présent, oubliant tout le reste.

— Allez p'tite guerrière, lui souffla Alex en posant une main sur son épaule. Tout ne sera bientôt plus qu'un mauvais souvenir.

Othar, qui était derrière lui sur la selle en cuir, arqua un sourcil en entendant ces propos, mais ne fit aucune réflexion. Il se contenta simplement d'encourager son amie à son tour :

— Si j'étais à la place de Layvin, j'aurais du souci à me faire !

Cette remarque réussit à étirer un sourire à la jeune femme.

        Elle tourna ensuite la tête vers les autres dragons et les personnes sur leur dos. Elle ne vit que des casques et des capuches, tous semblables. Aïkida savait très bien que ce petit jeu agacerait plus Layvin qu'il ne le gênerait vraiment, mais elle s'en contenterait. Ils devaient montrer qu'eux aussi étaient prêts et déterminés. Ils ne se laisseraient pas faire.

        Athkor, Luaj et Fëanáro s'envolèrent brusquement après avoir reçu la confirmation des dragonniers. Ce décollage fut rapide, intense. Deux battements d'ailes et une pulsion sur les pattes arrière suffirent à les propulser dans les airs.

C'est parti, murmura Aïkida pour elle et son dragon.

Qu'on en finisse, acquiesça Athkor.

Les deux autres dragons s'envolèrent à leur tour et suivirent les trois premiers dans la nuit. Ils auraient tous voulu rugir pour se motiver les uns les autres, pour annoncer leur départ à la Vallée toute entière, et même au-delà.

         Mais ce matin-là, la discrétion était de mise. Alors ils filèrent dans les airs en silence, n'entendant bientôt plus que les bruissements d'ailes contre le vent frais de la nuit. 

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