
Un effrayant soleil
C'était demain alors. Demain que tout se jouerait. Demain qu'elle devrait tout mettre en œuvre pour contourner sa destinée et sauver ceux qu'elle était supposée tuer.
Les dragonniers, accompagnés d'Othar, d'Alex et de Conrad, s'étaient précipités dans la Salle du Trône pour aller trouver Nàmo. Ce dernier n'avait eu d'autre choix que de mettre un terme à sa réunion devant le ton urgent de Leeroy et l'air livide de tous les autres.
Dès que les grandes portes claquèrent et qu'ils se retrouvèrent seuls, le Haut-Dragonnier se tourna vers ses recrues, les poings sur les hanches, et demanda sévèrement :
— J'espère que vous avez une bonne raison de m'avoir fait renvoyer Messieurs les Comptes alors que j'attends cette entrevue depuis de longues semaines ! Et qu'est-ce que ce chien fait ici ?!
Il pointa du doigt le beagle qui attendait sagement aux pieds de Tarek en battant la queue, langue pendue.
— Layvin demande à voir Aïkida demain à l'aube, coupa Leeroy d'un ton grave.
Nàmo écarquilla les yeux de stupeur. Il ouvrit la bouche mais la referma presque aussitôt, déconcerté.
— Il a envoyé un message à Conrad en utilisant leur lien avec la magie noire, continua le blond. Tarek l'a aussi ressenti mais n'a eu aucune vision, lui.
Le Haut-Dragonnier se tourna vers le rouquin qui s'était réfugié entre Othar et Tarek. Son air effrayé serra le cœur de Leeroy et Aïkida. La peur qu'ils lisaient sur son visage semblait avoir effacé les derniers mois durant lesquels il s'était ouvert à eux. C'était comme si toute trace de bonheur avait à nouveau disparu, éteignant l'étincelle innocente de ses yeux émeraude.
Comme s'il était redevenu le petit garçon effrayé que Leeroy avait recueilli dans les bois.
— Tu as eu une vision ? chercha à confirmer Nàmo d'une voix qui se voulait rassurante mais ferme.
Conrad hocha la tête.
— Tu veux bien m'expliquer ce qu'était cette vision ?
Le garçon se tourna vers Aïkida, puis ses prunelles inquiètes se posèrent sur le blond, hésitantes. Ce dernier lui fit un sourire d'encouragement.
Le rouquin baissa alors la tête et répéta d'une petite voix tremblante :
— Il a dit que Kida devait être prête à accomplir son destin et qu'il l'attend demain à l'aube. Il sera au pied de la Falaise des Aigles. Il a aussi dit que c'était pas la peine de venir avec une armée, mais qu'il acceptait les amis de Kida pour la soutenir quand...
Sa voix s'étrangla et Othar posa une main sur son épaule avant de prendre la parole :
— Je ne connais pas bien le coin, mais si la falaise dont il est question est celle que je pense, ce n'est pas un terrain avantageux pour nous.
Nàmo hocha la tête et acquiesça :
— C'est celle que vous dépassez à gauche en arrivant de la Forêt des elfes. Et en effet, ce n'est pas bon pour nous. Layvin pourrait y avoir placé ses hommes au sommet et nous coincer à distance.
— Vous pensez vraiment qu'il aura des hommes avec lui ? demanda Alex. D'après ce que j'ai compris, Layvin ne semble pas intéressé par une guerre quelconque, il veut simplement qu'Aïkida fasse ce qu'il veut. Je ne pense pas qu'il viendra accompagné.
Tarek inspira profondément et répliqua sèchement :
— Si Layvin nous a appris une chose, c'est à ne surtout pas le sous-estimer. Ce que l'on pense n'a pas d'importance. Trois vies sont en jeu, et on ne doit pas agir à la légère. On ne peut pas y aller seuls.
— Je suis d'accord avec toi dans un sens, intervint Leeroy, mais je ne suis pas non plus sûr que Layvin apprécie qu'on arrive avec tous les combattants de la Vallée. Il a fait passer un message : pas d'armée. À mon avis il faut en tenir compte si on ne veut pas l'énerver dès notre arrivée. Alors on coupe la poire en deux : on y va tous ensemble, avec quelques bras en plus, juste au cas où.
— Cinquante ? renchérit le Khyazgaar.
— Vingt, répliqua le blond.
— C'est trop peu. Quarante ?
Nàmo croisa les bras en fronçant les sourcils et se racla la gorge :
— Hm hm... Excusez-moi messieurs, mais si vous n'avez pas besoin de mon avis, pouvez-vous m'expliquer ce que vous faites devant mon Trône et pas dehors ?
Les deux se turent, et le Haut-Dragonnier reprit :
— Vous avez tous les deux raison. D'un côté il semble judicieux de se méfier et d'amener du renfort, et d'un autre, il semble dangereux de contrarier Layvin. C'est pourquoi nous allons opter pour les deux options à la fois.
Leeroy et Alex froncèrent les sourcils.
— Les dragons... murmura Aïkida qui sortit enfin de son silence.
— Exactement ! confirma Nàmo. Fëanáro sera à vos côtés, tout comme Athkor, Luaj, et deux autres dragons qui voudront bien nous prêter main forte. Aïkida, Leeroy, Tarek, Alex et Conrad, vous irez...
— Et moi, coupa poliment Othar. Je sais bien que je n'ai pas de pouvoirs magiques, mais je peux tout de même me rendre utile.
Le Haut-Dragonnier hocha la tête et poursuivit :
— Vous irez tous à la Falaise des Aigles demain matin, avant le lever du soleil. Je viendrai également avec vous, ainsi que Himanshu et Mihoko qui sont là pour ça. Nous serons neuf, dont huit possédant des facultés magiques, avec cinq dragons. Ce n'est ni une armée, ni une sous-estimation du danger.
Tous hochèrent la tête en silence.
— Bon, maintenant qu'on est d'accord sur les heureux participants... commença gravement Tarek. C'est quoi le plan ?
— Il n'y a pas de plan, répliqua Aïkida.
Tous les regards se tournèrent vers elle, surpris.
—Nous ne savons pas comment Layvin veut me forcer à faire ce qu'il veut. Il détient ma sœur mais son but est que je la tue elle aussi, alors son moyen de pression ne peut pas être celui-là. Il doit avoir autre chose, et tant qu'on ne sait pas ce que c'est, on ne peut rien prévoir.
— Donc tu veux débarquer là-bas et avoir la surprise ?! riposta brusquement Tarek. On prévoit rien ? On y va comme ça, les mains dans les poches ? Ce type est dangereux, sa magie est puissante, et tu ne veux même pas réfléchir à un potentiel plan ?
Aïkida serra les mâchoires.
— Tu as quelque chose à proposer peut-être ?
— Déjà, on peut se mettre d'accord sur certaines choses, reprit-il d'une voix plus calme. La priorité est de sauver ta sœur et Conrad. Ensuite...
— Et toi, coupa fermement Leeroy.
Le brun se tourna vers son frère d'armes et répondit :
— Non, les enfants d'abords. Moi c'est secondaire.
Le blond serra les poings. Son cœur plaçait Tarek au premier plan, mais sa raison était d'accord avec lui. C'était une règle qu'on lui avait toujours répété lors de sa formation de combattant : en cas de sauvetage, les femmes et les enfants étaient les premiers sauvés.
Le dragonnier soupira et s'adressa de nouveau à Aïkida :
— Il faut qu'on s'arrange pour mettre Layvin hors de combat. Mihoko et Himanshu ont déjà su affaiblir sa magie lorsque tu étais en captivité, ils devront se concentrer là-dessus. Nous on s'occupe d'Emelï pendant que toi tu distrais Layvin. D'après ce que tu disais, il est bavard, et tu pourras nous faire gagner du temps pendant qu'on analysera la situation. Les dragons pourront se diviser, certains nous survoleront et nous observeront depuis le ciel tandis que d'autres seront à terre avec nous.
Un bref silence accueillit le plan de Tarek, que celui-ci brisa aussitôt d'une voix hargneuse :
— Je pense que ça devrait calmer un peu ce cher Layvin.
— S'il a survécu aux flammes de Luaj, ajouta Leeroy, il doit certainement avoir des séquelles et une haine décuplée envers les dragons. Il faudra rester vigilent.
Tout le monde hocha la tête.
Nàmo frappa dans ses mains et s'exclama, animé d'une soudaine énergie :
— Bien ! Maintenant que tout est clair, allez prévenir Mihoko et Himanshu et rejoignez-moi à l'armurerie. Je doute que nous ayons besoin de nous battre avec de vraies armes, mais il faut être préparé à toute éventualité. Vous pourrez ainsi vous équiper correctement et essayer vos armures pour que les retouches soient faites avant demain matin.
Tout le monde acquiesça de nouveau.
Une fois la réunion terminée, ils quittèrent la Salle du Trône d'un air concentré. Mais alors que la Fille Gelée allait passer le seuil des grandes portes, Nàmo l'apostropha :
— Aïkida ! Viens voir une minute je te prie.
Intriguée, la jeune femme revint sur ses pas et s'approcha du Haut-Dragonnier.
Il posa ses deux grandes mains sur ses épaules et les serra avec affection en lui adressant un sourire chaleureux.
— Sache que je suis fier de toi et de ce que tu es devenue, confia-t-il. Tu as beaucoup évolué depuis la première fois que tu es entrée dans cette pièce, et je sais que demain tu feras tout ce qui est en ton pouvoir pour en finir avec ce Layvin.
Son visage se teinta alors d'une tristesse qui noua l'estomac de la combattante.
— Tu sais à quel point j'ai confiance en toi et en tes capacités, ajouta-t-il d'une voix grave, mais si je peux te donner un conseil...
Il serra un peu plus fort les épaules de la jeune femme et ses sourcils se froncèrent d'une manière préoccupée.
— Tu devrais te reposer pour être en forme demain matin. Mais surtout... tu devrais passer un peu de temps avec tes amis. On ne sait pas ce que le destin nous réserve.
Le cœur d'Aïkida se mit à battre plus fort dans ses tempes, et sa gorge se serra face à ce sous-entendu. Nàmo lui conseillait de profiter de ses amis tant qu'il était encore temps.
Cette perspective lui donna la nausée.
Elle hocha lourdement la tête et tourna les talons, le cœur gros.
Le soleil se couchait sur les plaines de l'Est, tapissant les champs de sa douce lumière orangée. Aïkida était sur le dos d'Athkor, qui lui-même était perché sur un étroit sommet. Elle regarda autour d'elle et constata que la roche nue et abrupte semblait s'agrandir au fur et à mesure que l'astre diurne descendait dans le ciel. Les ombres des pics rocheux fracturaient ce paysage désert qui en surplombait un autre, plus fertile.
À quelques centaines de mètre au-dessous, se dessinaient la Vallée et ses nombreuses collines. Des tâches sombres se mouvaient sur le sol, distordues par la position basse du soleil fuyant, alors que les reptiles ailés montraient une fois de plus que le ciel était leur territoire. À l'ombre des Montagnes, d'autres dragons se reposaient tranquillement, allongés dans l'herbe verte, alors qu'un chassé-croisé dynamique se formaient entre ceux qui partaient chasser et ceux qui revenaient le ventre plein.
Athkor reprit son envol en poussant sur ses pattes arrière, détachant de petits morceaux de roche qui roulèrent et chutèrent dans le vide. La jeune femme s'accrocha aux poignées de sa selle et reporta son regard sur le soleil rougeoyant qui effleurait désormais l'horizon. Cette forme ronde si parfaite ne l'avait jamais autant effrayée. Elle aurait voulu voler jusqu'à elle et la retenir de toutes ses forces pour qu'elle ne disparaisse jamais, pour que la nuit ne tombe pas et que l'aube ne se lève plus.
Elle fixa cette immense boule de feu en ignorant la brûlure dans ses rétines. Peut-être que si elle la regardait assez longtemps, elle finirait par disparaître. Mais à la place, ce fut le paysage alentour qui sembla s'éteindre alors qu'elle persistait à ne pas détourner les yeux. Le soleil, inconscient que sa course inarrêtable provoquait un sentiment de détresse quelque part sur cette terre, finit par embrasser complètement l'horizon. En une fraction de seconde, il avait disparu.
Aïkida cligna plusieurs fois des yeux pour tenter d'effacer le rond blanc qui tâchait désormais son champ de vision, et déglutit difficilement. La prochaine fois qu'elle verrait cet astre jaune, Layvin serait en face d'elle.
Athkor vola encore pendant cinq bonnes minutes avant d'effectuer de grands cercles dans les airs. Lorsque la jeune femme se pencha, elle la vit, juste là, à quelques centaines de mètres sous ses pieds, la Falaise des Aigles. Raide et abrupte, c'était comme si on avait coupé un morceau de montage au couteau. Elle formait un immense mur rocheux au pied duquel ne poussaient que des hautes herbes parmi les nombreux cailloux qui avaient autrefois connu les hauteurs de cet édifice naturel.
— Il y a beaucoup d'arbres, déclara Athkor. On ne pourra être que deux dragons au sol avec vous, il n'y a pas assez de place pour un troisième.
La Fille Gelée hocha la tête, sachant que même si son compagnon ne pouvait pas la voir, il ressentait son approbation.
En effet, le sommet de la falaise était densément boisé, et à son pied, se découpait une étroite clairière au milieu de la forêt qui longeait les Montagnes. Si Layvin avait rassemblé des hommes, ils auraient de nombreuses cachettes où leur tendre une embuscade.
Athkor se posa en haut de la falaise, sur les quelques mètres dépourvus d'arbres, et Aïkida sauta de sa selle. Elle eut à peine le temps de lever la tête qu'une ombre la survola et que ses cheveux volèrent sous les battements d'ailes de Luaj qui atterrissait elle aussi, presque en équilibre au bord du précipice.
— Tu me suis ? demanda la Fille Gelée à son ami en souriant.
Leeroy lui rendit son sourire en descendant souplement du dos de sa dragonne.
— Je me doutais que je te trouverais là, répliqua-t-il en lui lançant un clin d'œil. Et on vous a aperçu revenir des Montagnes.
Aïkida hocha la tête et s'avança vers le vide au bord duquel elle s'assit et y laissa pendre ses jambes. Le blond la rejoignit.
L'air était frais et le calme de la nature qui les entourait eut le don d'apaiser leurs esprits agités. Ils restèrent ainsi durant de longues minutes, contemplant l'horizon qui perdait peu à peu de sa couleur flamboyante, profitant des derniers instants de tranquillité avant la confrontation avec Layvin.
— Fais-toi confiance, déclara soudain Leeroy.
Aïkida arqua un sourcil et tourna la tête vers son ami qui la regardait déjà.
— Regarde le chemin que tu as fait pour en arriver là aujourd'hui. Tu es la personne la plus forte que je connaisse. Tu sauras affronter Layvin, comme toutes les autres épreuves que tu as déjà surmontées.
La jeune femme soupira.
— Comment je peux encore me faire confiance ? geignit-elle en levant les mains au ciel. La dernière fois que j'ai affronté un mage noir, j'ai tué Brusanth, et je n'ai pas pu sauver ma mère...
Leeroy posa une main sur son épaule et répliqua :
— Non, la dernière fois que tu as affronté un mage noir, c'était Layvin lui-même, et tu as réussi à t'échapper et à amener ta sœur avec toi. Et concernant Brusanth et ta mère, je pense que tu t'es suffisamment punie pour continuer à te torturer.
Elle secoua sa tête de droite à gauche en fermant les yeux.
— C'est uniquement grâce à Himanshu et Mihoko que j'ai pu m'enfuir. Toute seule, je ne suis pas de taille face à lui. Et ce n'est pas parce que Tarek m'a pardonné d'avoir tué son dragon, que moi je l'ai fait. Tout comme je ne me pardonnerai jamais de ne pas avoir su sauver ma mère.
— On ne te demande pas de l'affronter seule, Kida, répliqua sévèrement Leeroy. On sera avec toi, et on va se battre ensemble.
Il marqua une courte pause avant de continuer :
— Pour le reste, tu as raison, c'est ton combat contre toi-même. Mais tu auras tout le temps d'y penser plus tard, alors laisse ces pensées de côtés et reste concentrée sur le présent.
La jeune femme se pinça les lèvres mais acquiesça.
Le jeune homme l'attira contre lui et elle posa sa tête contre son épaule.
— Merci d'avoir toujours été là, murmura-t-elle en fermant les yeux.
Le blond sourit.
— C'est normal.
Aïkida se redressa et fronça les sourcils.
— Non, je suis sérieuse. Tu as toujours été là pour moi, même dans les pires moments, alors que tu ne me connaissais même pas au début.
— Je crois que j'ai le complexe du héros, dit alors Leeroy en lui lançant un clin d'œil.
La jeune femme se mit à rire et secoua sa tête en levant les yeux au ciel.
— Eh bien... ajouta-t-elle doucement. Merci d'avoir été mon héros alors, et de continuer à l'être.
— Tout le plaisir est pour moi.
Les deux amis se sourirent.
Leeroy dut se concentrer pour ne pas se noyer dans les yeux d'Aïkida dont la couleur était celle d'un océan profond et tranquille. Sa peau était d'une douce pâleur qui la caractérisait si bien alors que ses pommettes étaient teintées d'un léger rose que l'on ne pouvait observer que de près. Ses traits paraissaient détendus, mais le dragonnier – qui les connaissait presque par cœur – savait que la petite ride entre ses sourcils était synonyme d'une tension intérieure qu'il aimerait pouvoir soulager. Le contour rosé de ses lèvres pulpeuses dessinait une petite bouche souriante qui lui réchauffait le cœur. Il sentit d'ailleurs ses battements accélérer.
Aïkida observait les iris bleutés de son ami en se demandant ce qu'ils voulaient dire. À quoi pensait Leeroy à cet instant précis ? À quoi son esprit était-il occupé ? Pensait-il à Tarek qui, si la prophétie s'avérait exacte, vivait ses dernières heures ? Ou pensait-il à Conrad, le garçon qu'il avait prit sous son aile et qui était devenu son petit frère ? Le calme que la jeune femme pouvait lire dans les prunelles du dragonnier l'effrayait. Comment pouvait-il rester aussi serein dans une telle situation ? Elle aurait voulu pouvoir rentrer dans sa tête et savoir comment il vivait réellement tout ce qu'il se passait. Savoir ce qu'il pensait de tout ça. Ce qu'il pensait d'elle aussi.
En le regardant de plus près, elle remarqua que ses cheveux avaient bien poussé et qu'ils bouclaient légèrement à leurs extrémités. Leur couleur blé semblait avoir capturé les derniers rayons du soleil pour les garder à jamais. Aïkida remarqua aussi qu'il avait prit le temps de se raser, dévoilant sa mâchoire et la naissance de son cou au grand jour. Elle vit que sa pomme d'Adam bougea légèrement lorsqu'il déglutit, ce qui la fit sourire. Ils étaient si proches l'un de l'autre désormais, que la Fille Gelée pouvait sentir son souffle chaud contre sa peau.
Sans qu'elle n'y prêtât attention, son cœur se mit à battre plus fort.
Athkor et Luaj échangèrent un regard qu'aucun des dragonniers ne put voir.
Leeroy sentit une douce chaleur monter à son visage. Ses yeux étaient aimantés par la bouche de la jeune femme, et il ne détournait le regard que pour plonger à nouveau dans ses prunelles brillantes.
— Kida, je... commença-t-il dans un murmure.
Le son grave de sa voix sembla sortir la Fille Gelée de sa torpeur, la faisant presque sursauter.
Brusquement consciente du peu de distance entre leurs deux visages, Aïkida se recula vivement et détourna la tête en marmonnant :
— On devrait rentrer. Il faut être en forme pour demain.
Elle se leva sans regarder son ami, cherchant à cacher ses joues rouges pivoines, et monta en selle sans un mot de plus.
Leeroy la regarda s'envoler précipitamment dans le ciel, la gorge serrée et le regard triste.
— Ce n'est pas le bon moment, le consola Luaj d'une voix douce. Elle doit rester concentrée, et elle le sait.
Le blond poussa un long soupir et s'allongea sur le sol, gardant ses jambes pendues dans le vide.
— Tu as raison, souffla-t-il. Je ne sais pas où j'avais la tête.
Luaj gronda d'une manière que le dragonnier reconnut comme espiègle.
— Moi je sais.
Il la foudroya du regard avant de finalement se lever à son tour.
— Allez, on rentre. Kida a raison, on doit être prêts pour demain.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro