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Sous la surface

         Aïkida avait perdu la notion du temps. Chaque minute était une minute de trop. Chaque seconde était une torture, tant psychologique que physique. Elle avait essayé de se lever, ne serait-ce que pour se dégourdir les jambes, mais à sa moindre tentative, les liens de magie noire qui lacéraient ses chevilles et poignets s'étaient mis à la brûler violemment. Elle avait mal à sa paume de main droite à force d'avoir serré la petite pièce de métal en son creux, craignant à tout instant que Layvin ne la découvre. Même si elle ne se souvenait plus comment il fallait l'utiliser pour contacter son ami Othar, elle craignait la réaction du père de Conrad si celui-ci apprenait son existence.

        Il s'était endormi, tout comme Emelï, quelques heures plus tôt. Aïkida ne voyait pas la lumière du jour, mais elle se doutait qu'il faisait nuit dehors. La chaleur de la grotte était étouffante, mais le feu brûlait toujours, et sa petite sœur semblait s'être blottie devant les flammes, si près qu'elle aurait pu se brûler à tout instant. Mais cela ne paraissait pas la déranger. La jeune femme avait alors tenté à plusieurs reprises de ramper, de rouler au sol, dans l'espoir de s'enfuir durant la nuit, mais à chaque fois, les filaments noirs avaient rongé sa peau. La douleur avait été telle que même avec toute la volonté du monde, elle n'avait pas pu supporter les brûlures et avait abandonné tout idée de fuite de cette manière.

        La fatigue engourdissait tous ses muscles, et ces derniers étaient tétanisés tant ils étaient restés dans la même position. La jeune femme dragonnier n'avait pas fermé l'œil depuis la nuit dernière, où elle avait encore été auprès de ses amis et de son dragon. L'absence d'Athkor dans son esprit lui devenait de plus en plus insupportable. Le manque de son compagnon et le vide qu'il avait laissé dans son cœur lui coupaient le souffle à chaque fois qu'elle osait trop y penser. Était-il mort ? Elle n'en savait rien. Et elle craignait tellement la réponse qu'elle préférait ne pas savoir. Aïkida évitait de penser à son dragon, de peur de sombrer dans la folie. Sa cage thoracique était oppressée, elle respirait mal et sa gorge la brûlait. Il ne fallait surtout pas céder à la panique. Mais cette dernière avait déjà grandement remplacé Athkor dans son cœur.

        Ses yeux bouffis étaient vitreux, et la jeune Ilewite sentait ses paupières coller, tout comme ses joues rouges, tant elle avait pleuré. Ses cheveux blancs, plaqués sur son front par la transpiration, étaient désordonnés, tandis que les cernes violettes qui creusaient le dessus de ses pommettes assombrissaient son regard vide. Sa peau pâle luisait à la lueur des flammes alors que des gouttes de sueur roulaient sur ses tempes et dans sa nuque. Ses poignets ensanglantés reposaient mollement sur ses cuisses qu'elle fixait sans les voir, tête baissée.

        En l'état, Aïkida paraissait folle à lier alors que ses lèvres remuaient en silence et qu'elle se parlait à elle-même.

        Elle repensait aux paroles de Layvin. Athkor ne serait devenu son dragon qu'uniquement parce que lui l'avait souhaité. Elle ne serait allée à la Vallée qu'uniquement parce que lui l'avait planifié. Tarek ne l'aurait pas tuée qu'uniquement parce que lui en avait décidé ainsi. Ou plus précisément parce qu'il aurait eu Brusanth sous son contrôle.

        Cela n'avait aucun sens. C'était trop gros, trop invraisemblable. Comment aurait-il pu manipuler deux dragons ? Comment aurait-il pu le faire sans qu'eux-mêmes ne soient au courant ? Aïkida avait exclu la possibilité que Brusanth soit conscient d'avoir été endoctriné pour la protéger, sinon Tarek l'aurait su, et cela aurait impliqué le fait qu'il comprenne que la prophétie qu'il croyait vraie n'en était pas une.

        Les larmes se remirent à couler sur les joues d'Aïkida alors que cette dernière secouait la tête avec force, serrant les poings et enfonçant un peu plus la pièce de métal dans sa paume. Si tout ceci était vrai, cela impliquait que Layvin ait des complices au sein des Combattants Secrets, à l'intérieur même de la Vallée. Cela impliquait que tout le monde courrait un grand danger.

        La jeune femme renifla de manière peu élégante et essuya ses yeux d'un revers de poignet douloureux, relâchant par la même occasion la pression qu'elle avait exercée sur ses doigts. Elle cligna plusieurs fois des yeux et tenta de reprendre le contrôle de sa respiration avant de murmurer :

— Emelï ?

Pas de réponse.

— Psst, Emelï.

La grande sœur soupira de frustration alors qu'elle fixait le dos immobile de la petite fille blonde qui ressemblait dorénavant beaucoup plus à un affreux lézard.

        Aïkida replia alors ses jambes pour amener ses genoux à sa poitrine, retenant un cri de douleur alors que ses liens de magie noire se remettaient à la brûler. Mordant sa lèvre qui ne tarda pas à saigner pour la énième fois, elle tendit brusquement ses jambes en faisant racler ses bottes sur le sol rocailleux, projetant quelques cailloux devant elle. Deux d'entre eux atteignirent leur cible.

— Emelï ! chuchota-t-elle en surveillant Layvin du coin de l'œil.

Cette dernière sembla enfin réagir et remua dans son sommeil.

— Emelï, c'est moi, Aïkida.

Un grognement de mécontentement se fit entendre, et la jeune femme poussa un soupir de soulagement lorsqu'elle vit la petite fille mi-humaine, mi-lézard se redresser.

        Mais elle ne put retenir un frisson lorsqu'elle lui fit face, dévoilant son visage écailleux. La jeune Ilewite sentit alors une profonde colère dans les iris jaunes/orangés de sa sœur, et alors que celle-ci s'apprêtait à parler, Aïkida ne lui en laissa pas le temps :

— Maman est morte.

Emelï se figea. Pendant une fraction de seconde, la colère disparut de ses pupilles verticales pour laisser place à de l'incompréhension. Mais ce fut tellement rapide que la combattante douta de l'avoir réellement vue.

— Je sais que je t'ai menti quand on était chez les Khyazgaars, et je suis désolée. Je ne voulais pas que tu... enfin... que tu bascules du côté de la Magie Noire. Mais maintenant... je suppose que ça n'a plus vraiment d'importance, alors je préfère te dire la vérité.

Un éclair de haine illumina les yeux globuleux du lézard humain qui s'apprêtait à déverser sa haine avant d'être une nouvelle fois coupé dans son élan :

— Maman est avec papa. Ils sont tous les deux à la Vallée des Dragonniers, là où je vis maintenant, et là où tu vivras toi aussi. Je t'ai déjà expliqué comment je suis arrivée jusque-là, mais je ne t'ai jamais dit que papa était enterré ici, c'était son souhait. Et maman a été enterrée avec lui. Avec ma magie, je leur ai fait une belle arche de glace, avec une rose rouge au milieu d'eux deux. Ils sont réunis maintenant.

Aïkida se tut un instant pour sonder le regard animal de sa sœur. Cette dernière ne sembla pas réagir et ne comprenait pas pourquoi elle avait été réveillée.

— Peu importe ce que tu es devenu, papa et maman t'aimeront toujours. Et moi aussi, je t'aimerai toujours.

Le voile visqueux couvrit les iris d'Emelï durant un court instant avant de disparaître sous ses paupières.

        Le regard qu'Aïkida intercepta alors lui serra l'estomac. Elle eut l'impression d'y voir... quelque chose d'humain. Elle crut même y distinguer une certaine nostalgie. Mais encore une fois, ce fut si rapide qu'elle se demanda si elle ne prenait pas ses espoirs pour la réalité.

        Cela ne l'empêcha pas pour autant de continuer ses efforts. Elle voulait faire ressortir sa sœur de la bête qu'elle était devenue. La jeune femme soupira, et se plongea dans ses souvenirs, parlant à voix basse :

— Tu te souviens quand papa rentrait ? Il était toujours fatigué, mais il voulait profiter un maximum de nous trois. Maman économisait toujours pour lui préparer les meilleurs plats, de vrais festins. On était tous les quatre à table, et on passait la soirée à rire. On lui racontait ce qu'on avait appris au village, maman lui racontait les ragots, et toi tu lui montrais tes progrès à la lecture. Il nous ramenait toujours plein de livres avec des histoires de dragons, de batailles. Tu te souviens, le soir quand il venait nous border, il faisait semblant d'être un preux chevalier qui sauvait ses princesses de terribles méchants. Il nous faisait des bisous dans le cou avec sa barbe piquante parce qu'il savait que ça nous faisait des chatouilles, et il adorait entendre ton rire de petite fille.

Les yeux d'Aïkida étaient perdus dans le vide alors que sa gorge se serrait.

— Les jours où papa rentrait étaient les meilleurs du mois. On l'attendait avec tellement d'impatience. Et quand il repartait, on savait que ce n'était pas pour longtemps, et que de notre côté, il fallait qu'on s'améliore à la nage, à la lecture, à l'équitation... on voulait qu'il soit fier de nous. Et il l'était.

Elle releva les yeux et les plongea dans ceux de sa sœur. Cette dernière paraissait tourmentée. Aïkida savait qu'Emelï était là, à la surface, et que c'était à elle de trouver les bons mots pour la faire ressortir entièrement. Pour la libérer de la Magie Noire qui la consumait.

        D'une voix presque solennelle, la jeune femme évoqua alors un douloureux souvenir :

— Tu te souviens de Didou ?

Cette fois-ci, elle fut certaine de voir sa sœur vaciller.

— Le soir où papa est revenu pour la dernière fois, il avait pris une flèche dans l'épaule. Une flèche empoisonnée. Il n'avait aucune chance de survie, mais il est revenu une dernière fois pour nous dire au revoir. Et ce soir-là, il t'avait ramené un cadeau. Un beau lapin en peluche. Tu l'as tout de suite adoré, tu ne comprenais pas ce qu'il voulait dire. Tu ne comprenais pas qu'il te l'offrait par peur que tu l'oublies une fois qu'il serait parti pour de bon. Didou paraissait un prénom évident pour ce petit animal aux grandes oreilles, et tu l'as chéri toute la nuit, alors que dans la chambre d'à côté, papa racontait toute la vérité à maman. Et quand ce fût à notre tour de venir lui dire au revoir, papa t'as fait promettre de prendre soin de Didou.

Aïkida vit alors les iris d'Emelï changer de couleur. Elle reconnut les yeux bleus de la petite fille qui retrouvèrent leurs pupilles rondes. Sa voix se fit plus tremblante, et elle fit de son mieux pour ne pas pleurer de joie. Sa sœur était là, bien vivante, quelque part sous sa carapace de reptile, tout près de la surface.

— Mais le Masque Noir a tué Didou, ajouta-t-elle d'une voix grave. Tout comme il a fait en sorte de tuer papa, tout comme il a tué maman et t'as transformé en lézard. Le Masque Noir a détruit notre famille, et Layvin est son frère. L'homme qui est à seulement quelques centimètres de toi est à l'origine de tous nos malheurs Emelï, il ne faut pas lui faire confiance.

La jeune femme aperçut alors une larme rouler sur la peau verdâtre du lézard qui semblait s'éclaircir. Elle crut même voir les écailles disparaître de son visage alors que ses lèvres redevenaient rosées et douces.

— Reste avec moi Emelï, supplia Aïkida sans pouvoir empêcher une larme de couler à son tour.

Mais soudain, une main agrippa fermement le bras de la petite fille qui sursauta. À cet instant, le lézard refit surface, et toute trace d'humanité disparut à nouveau du visage fin d'Emelï. C'était comme si cette main l'avait sortie d'une sorte de transe. Le reptile reprenait le contrôle.

         Aïkida aussi avait sursauté, et son cœur se mit à battre plus rapidement lorsqu'elle croisa le regard noir de Layvin qui s'était réveillé. Une fureur sombre brûlait dans ses yeux d'acier alors que ses sourcils étaient froncés de façon menaçante.

        Sans qu'il n'esquisse un mouvement, les filaments noirs qui liaient les poignets et chevilles de sa prisonnière s'épaissirent et lui tranchèrent violemment la peau, réouvrant les plaies et faisant couler un nouveau sang sur les pierres de la grotte.

        Aïkida hurla de douleur, et son cri strident résonna contre les parois rocheuses, faisant froncer les sourcils à Emelï et étirer un sourire au père de Conrad. La jeune femme lui lança un regard suppliant alors que les larmes coulaient à flots contre sa peau poisseuse et que sa gorge brûlait sous ses hurlements qui lui raclaient le palais.

        La douleur devint trop insupportable. La combattante vit sa vision se troubler et se sentit partir en arrière. Le choc de la pierre contre son crâne fut la dernière chose dont elle se souvint.



        Leeroy serra l'avant-bras de Tarek en souriant, heureux de le retrouver. Ce dernier avait attendu les premières lueurs de l'aube pour se repérer dans les bois, et ainsi pouvoir progresser entre les arbres jusqu'à en sortir pour atteindre une plaine. Luaj avait elle aussi décollé au lever du soleil, emmenant son dragonnier et le petit rouquin sur son dos écaillé. Elle n'avait pas eu de mal à repérer le jeune brun qui marchait seul sur le sentier.

        La terre était boueuse, glissante, et le pantalon de Tarek en était recouvert jusqu'aux genoux alors qu'il s'était enveloppé dans sa cape pour échapper aux fraîches températures de cette matinée humide. Le soleil était pâle à travers le fin rideau de brouillard qui surplombait la plaine, n'apportant qu'une légère luminosité faisant briller les gouttes de rosée qui s'étaient déposées sur les brins d'herbes jaunâtres. Des nuages de buée s'échappaient de leur bouche tandis que le silence qui les entouraient avec quelque chose d'oppressant, et d'apaisant à la fois.

— On suit ce qu'on a dit, on se rend à Dogum ? demanda le jeune blond.

Tarek hocha la tête sans un mot.

Il était encore bouleversé des mots de la sorcière, mais il ne comptait pas en parler à son frère d'arme. Du moins pas immédiatement.

— Alors c'est parti ! s'écria Conrad d'un ton enjoué.

Les deux dragonniers le regardèrent différemment. Tarek, lui, le foudroya du regard pour oser montrer une quelconque gaieté en des temps si catastrophiques, alors que Leeroy le regardait avec une sorte de pitié. Un sourire triste étirait son visage. Il hésitait à raconter à son frère d'arme que Conrad possédait lui aussi une puissante magie.

        Ce fut dans une ambiance tendue que les trois voyageurs grimpèrent sur le dos ailé de Luaj, et que cette dernière s'envola à nouveau dans les airs en direction du sud. 



        Ambre avait appris l'arrivée d'Athkor à la Vallée, et avait également reçu une brève missive de la part de Nàmo, lui expliquant qu'Aïkida et sa sœur avaient toutes les deux été enlevées, et que Tarek et Leeroy étaient à leur recherche. Son cœur s'était serré en lisant les mots concis écris d'une main hâtive. La jeune femme avait cru comprendre qu'Athkor était vraiment mal en point, et elle se doutait que le Haut-Dragonnier prenait les mesures nécessaires au rétablissement du dragon.

        Elle soupira et s'empressa de retrouver son sourire forcé qu'elle adressa aux quelques combattants matinaux qui attendaient dans la grande salle que le petit déjeuner soit amené sur les immenses tables en bois. Pestant intérieurement contre la mèche qui venait de tomber de son chignon pour barrer son visage, ne pouvant pas la replacer puisqu'elle avait les mains chargées de plats copieux, Ambre s'avança entre les deux premières tables et déposa les mets fumants.

        Elle fut poliment saluée et remerciée par les six hommes qui regardèrent les morceaux de lard avec envie, salivant déjà. Mais alors qu'elle leur adressait un dernier sourire et se retournait pour aller chercher les pichets d'eau en cuisine, une main lui saisit le bras et la fit sursauter.

        La jeune femme fronça les sourcils et pivota vers la table dont une de ses amies s'était occupée, celle juste à côté de la sienne, et se figea lorsqu'elle reconnut le visage de l'homme qui lui avait agrippé la manche.

— Bonjour Ambre, salua-t-il en lui adressant un sourire en coin.

— Bonjour Hyjuke, répliqua-t-elle froidement après avoir repris ses esprits.

Mais ce n'était qu'une façade. En réalité, cet homme l'effrayait. Les propos qu'il avait tenus lors de leur dernière entrevue l'avait bouleversée.

        Les yeux bleu nuit de l'homme semblèrent cacher un certain amusement derrière leur éclat mystérieux. La jeune femme replaça la mèche rebelle dans son chignon tout en regardant autour d'elle. La présence d'autres personne la rassurait malgré elle.

— La guerre est finie chez les elfes. Attends-toi à une mauvaise nouvelle.

Le sang d'Ambre se glaça brusquement. Ses yeux fuyants vinrent alors se poser sur ceux, presque hypnotisants, du combattant, alors que son cœur se mettait à battre plus fort dans sa poitrine.

— Que... qu'est-ce que tu viens de dire ?

Hyjuke se leva alors en repoussant son assiette vers le centre de la table, inclina sa tête et s'éloigna sur ces quelques mots :

— Garde bien en tête qu'il ne faut jamais rester seul lorsque tout va mal.

Ambre resta interdite face aux mots de l'homme. Incapable de prononcer le moindre son, ni même d'esquisser le moindre mouvement pour tenter de le rattraper, elle s'assit lentement à la place que venait de libérer Hyjuke.

        Ce ne fut que lorsqu'elle tenta de boire une gorgée d'eau qu'elle se rendit compte à quel point elle tremblait.

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