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La noirceur d'un cœur

La bohémienne sourit à son tour.

— Je repars demain sur les routes. Mais si tu veux de la compagnie pour la nuit, tu sais où me trouver, lui murmura-t-elle d'une voix suave au creux de l'oreille.

Sans se retourner, elle s'en alla, frôlant au passage la cuisse de Tarek. Ce dernier la suivit du regard et détailla sa démarche avant qu'elle ne disparaisse derrière les portes à double-battants.

Le dragonnier voulut prendre une autre gorgée mais constata que sa chope était vide. Il fit alors un dernier geste au tavernier et lui demanda ce qu'il avait de plus fort. Une fois servi, il but cul-sec et sortit à la suite de Joahana, ignorant les cris qui exigeaient d'être payés.

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         Le fin croissant de lune n'éclairait que trop peu les ruines de la bâtisse. Tarek resserra sa cape autour de son cou en remontant ses épaules tandis que le vent froid griffait son visage. Ses yeux émeraudes n'avaient pas besoin de lumière pour voir dans le noir, ce fut alors en toute confiance qu'il s'engagea parmi les grosses pierres qui furent autrefois sa maison.

        Le visage fermé, il parcourait le passé tout en prenant garde de ne pas glisser parmi les débris que le village avait laissés tels quels. Ses yeux fouillaient la poussière et la boue, à la recherche d'objets dont il aurait pu avoir le souvenir, mais ne trouvèrent rien.

        Finalement, Tarek s'assit sur les décombres, ignorant le froid qui traversa son pantalon au contact de la pierre humide, et soupira. L'image de sa mère ensanglantée et allongée sur le sol n'avait jamais cessé de le hanter. Mais ce qui le rendait plus triste encore, c'était qu'il n'avait plus aucun autre souvenir d'elle. Il ne se souvenait pas de son enfance à ses côtés, seulement du dernier jour. C'était un sentiment étrange, comme si une part de lui avait été retirée, mais qu'au fond, il gardait toujours cette chaleur dans son cœur. Cette chaleur qui témoignait en quelques sorte que oui, il avait eu une mère et une enfance heureuse, avant que le Masque Noir ne les lui arrache.

        Faisant tourner la bague autour de son majeur droit, le regard dans le vide, Tarek sortit d'un geste machinal la gourde qu'il gardait attachée à sa ceinture. Joahanna la lui avait remplie quelques minutes plus tôt alors qu'elle tentait de le retenir une fois encore. Il retira le bouchon et porta le goulot sous son nez, reniflant les effluves d'alcool qui lui irritèrent les narines.

        Il resta ainsi de longues secondes, immobile dans la nuit.

        Tout à coup, il hurla et jeta la gourde le plus loin possible par-dessus les ruines. Ses yeux brûlèrent de haine et il ouvrit brusquement ses paumes de mains. L'alcool répandu au sol se mit à flamber dans un craquement tandis que la vive lumière rouge fit disparaître les étoiles dans une dense noirceur.

        Une violente chaleur s'empara de son corps et de son esprit. Il ressentit toute la puissance de Brusanth. Il ressentit toute la magie qui ne demandait qu'à exploser. Cela faisait des mois qu'il se retenait, qu'il cachait ses pouvoirs. Des mois que le feu le rongeait de l'intérieur. Des mois que son compagnon lui manquait affreusement.

        Tarek sentait son tatouage brûler dans son dos. Il sentait ses muscles trembler au fur et à mesure que la douleur devenait trop intense. Les flammes léchaient sa peau, avides de chair, mordant les tissus alors que le dragonnier ressentait pour la première fois la brûlure de sa propre magie. Les dents serrées, il pensa à Aïkida. Un râle s'échappa de sa gorge alors qu'il se tenait le ventre, refoulant un haut-le-cœur, et tomba à genoux sur les pierres qui lui entaillèrent la peau. La couleur de ses iris était instable, tantôt noire, tantôt rouge, tandis qu'il luttait à tout prix pour que ses yeux ne deviennent pas argentés. Son souffle se coupait sans cesse, torturant sa cage thoracique qui ne demandait qu'à s'ouvrir pour de bon. Son cœur battait à tout rompre, lui donnant le tournis tandis que la sueur coulait sur son front plissé.

        Soudain, une grande quantité d'eau se déversa sur le dragonnier et sur les flammes qu'il avait créées. Le froid lui arracha un cri de douleur. Tarek sortit de sa torpeur et leva les yeux vers celui qui lui faisait face.

— Je me doutais bien que tu serais là.

Le combattant échappa un râle tandis que la sensation de brûlure se dissipait peu à peu et qu'il retrouvait ses esprits.

— Qu'est-ce que tu fais là Leeroy ? demanda-t-il sèchement après avoir calmé sa respiration.

Ce dernier soupira avant de répondre tout aussi durement :

— Je t'empêche de faire une bêtise.

Un rire jaune s'échappa de la bouche du jeune brun tandis qu'il essorait sa queue de cheval trempée et que les tremblements de son corps avaient cessé.

— Et qu'est-ce que je pourrais faire comme grosse bêtise à ton avis ?

Leeroy soupira.

— Écoute, on a trouvé de nombreuses grottes potentielles où pourrait être Aïkida. On va la retrouver, mais seulement si on garde notre calme.

Tarek se leva brusquement et réduisit la distance qui le séparait de son frère d'arme en un rien de temps.

— « Si on garde notre calme » ?! Comment peux-tu rester aussi calme alors qu'on a aucune idée d'où elle est ?! À cette heure-ci elle est peut-être déjà découpée en morceaux dans les quatre coins du Royaume, et nous on est là à attendre gentiment qu'un vieux sénile nous renseigne sur des éventuels lieux où il n'a jamais mis les pieds ! Ça fait plus de deux jours qu'elle a disparu, et qui sait ce que ce psychopathe dont on ne sait absolument rien a bien pu lui faire ?! Ça me tue de rester là sans rien faire, à nous pavaner alors qu'elle est peut-être en train de mourir à l'heure qu'il est !

Le regard de Leeroy se durcit brusquement et sa mâchoire se serra.

—On ne peut pas chercher à l'aveugle, tu le sais très bien. Il nous faut une carte où toutes les grottes potentielles sont répertoriées. On ne...

— Mais il met une nuit entière pour la faire sa stupide carte ! coupa Tarek en hurlant et en jetant ses bras en l'air.

Leeroy sentit le poison s'échauffer à l'intérieur de ses veines et il serra les poings.

— Pourquoi tu fais comme si tu t'inquiétais pour elle hein ? demanda-t-il soudainement.

Le jeune brun se tut une seconde de trop, ce qui permit à son frère d'arme d'enchaîner :

— Ce n'est pas toi qui voulais la tuer il y a quelques mois ? Ce n'est pas toi qui passais le plus clair de ton temps à la ridiculiser au combat ? Ce n'est pas toi qui ne manquais jamais une occasion de la frapper ou de la menacer ?

Le sang de Tarek se remit à bouillir alors qu'une veine apparaissait sur son front. Mais Leeroy continua froidement :

— Pourquoi tu prétends t'inquiéter alors que tu ne fais que la détester ?

Contre toute attente, Tarek explosa de rire. Un rire jaune et mauvais qui faisait froid dans le dos.

— C'est quoi ton problème ? demanda-t-il. Je ne la déteste pas car elle fait partie des dragonniers, et que j'ai prêté serment de protéger chacun des membres. Et je pense même qu'elle est devenue une sorte d'amie au cours de ces cinq mois dans le Dôme. Qui l'aurait cru hein ? Donc non, je ne la déteste plus, et je ne supporte pas de rester assis sans rien faire en la sachant quelque part entre les mains d'un cinglé. En quoi ça te dérange ? T'es amoureux ou quoi ? Pourquoi tu t'inquiètes pas plus que ça d'ailleurs hein ? Tu restes passif, sans rien dire, comme si ça t'était égal qu'Aïkida ait été kidnappée !

Ce fut au tour de Leeroy de rire jaune.

— Mon pauvre, tu es tellement égocentrique que tu ne te rends même pas compte que tu n'es pas le seul à être mort d'inquiétude. En revanche, tu es le seul à réagir de manière stupide. Et puis, excuses-moi ? Tu ne « supportes pas de rester assis sans rien faire » ? Pourtant il me semble que cet après-midi tu t'es bien occupé, non ?

Le jeune brun se crispa alors que son confrère s'avançait pour ne laisser que quelques centimètres entre leurs deux visages. Ils se foudroyèrent du regard.

— Je me demande si tu t'es beaucoup inquiété pendant que tu tripotais Joahanna tout à l'heure.

Tarek retint un accès de violence et serra les poings alors qu'il sentait la chaleur refaire brusquement surface dans sa poitrine.

— Ce ne sont pas tes affaires, cracha-t-il entre ses dents.

Leeroy sentait le poison circuler dans tout son corps ainsi que sa présence croissante dans son esprit.

        D'un ton dédaigneux, il rétorqua :

— Ce ne sont pas mes affaires, tu as raison. Mais moi je ne prétends pas m'inquiéter pour une soi-disant « amie » alors que je ne manque pas une occasion de me jeter dans le premier lit venu, même dans les temps les plus graves. Tu as une drôle de façon de te soucier de son sort.

Les yeux du jeune brun se mirent à briller d'une lueur dangereuse. Il releva le menton et fixa celui qui le poussait à bout.

— Réglons-ça tout de suite, déclara-t-il alors d'une voix devenue étrangement calme.

Leeroy n'eut pas besoin de le lui demander, il avait très bien compris de quoi il parlait. Il hocha la tête.

        Les deux combattants quittèrent les ruines pour trouver un sol plat recouvert d'herbe et se mirent face à face, à une dizaine de mètres d'écart. Une colère se lisait dans leurs yeux, bien plus profonde qu'elle ne le paraissait.

        Lentement, sans se quitter du regard, ils retirèrent leur cape et ajustèrent leur ceinture avant de dégainer leur épée respective dans un crissement métallique. La tension était palpable dans la nuit alors que tout était silencieux. Le noir était quasi-complet, et n'importe quel passant qui se serait trouvé près des ruines aurait été incapable de distinguer les deux dragonniers. Mais eux, n'avaient pas besoin de lumière.

        Dans un murmure télépathique, Leeroy rassura sa dragonne qui soupira face au comportement infantile des deux jeunes hommes. Après tout, ils voulaient tous les deux retrouver Aïkida et étaient dans le même camp. Malgré un mauvais pressentiment, Luaj comprenait que les deux amis d'enfance avaient des choses sur le cœur, et que le combat était le seul moyen pour eux d'extérioriser leurs démons.

        Car ils étaient bels et bien possédés. Tarek par la puissante magie de son défunt dragon, dont il ne contrôlait ni la nature, ni l'ampleur, et Leeroy par le poison qui coulait dans ses veines et qui avait assombri le parfait et gentil dragonnier qu'il avait été.

        Si c'étaient les enveloppes charnelles des deux dragonniers qui étaient sur le point de se jeter dessus, les entités qui les manipulaient s'avéraient destructrices.


        Immobiles, face à face, aucun des deux ne bougeait. Le temps s'était figé, et il n'existait plus rien d'autre que leur haine, et la paire d'yeux adverse. Leurs sens s'étaient tus, ils n'entendaient plus rien du monde extérieur. Seul leur cœur tambourinait dans leurs tympans. Si leur corps était fatigué par les derniers jours de voyages et d'émotions, ils n'en montraient rien. La rage battait dans leurs veines, alimentant un feu dans leur cage thoracique qui ne demandait qu'à sortir.

        Le premier à faire un pas dans la terre froide fut Tarek, aussitôt imité par son adversaire. Ils se rapprochèrent, non pas lentement comme ils avaient l'habitude de faire durant leurs entraînements, mais rapidement. À vrai dire, ils se mirent même à courir, réduisant la distance qui les séparait en brandissant leur épée, fermement tenue à deux mains.

        Le premier tintement fut étouffé par le cri de haine que poussèrent les duellistes. La force qu'ils avaient tous deux mis dans ce coup fit vibrer leurs bras jusque dans leurs épaules. Jamais ils ne s'étaient battus en employant une telle puissance au sein d'un combat. Ils s'étaient tous les deux beaucoup améliorés, et leurs forces avaient décuplé. Mais ce soir-là, seule la colère était responsable de leur vigueur.

        Sans se quitter des yeux, les dents serrées, les deux dragonniers enchaînaient les coups, plus violents les uns que les autres. Et leurs langues se délièrent enfin.

— Comment tu peux être son amie alors qu'elle a tué Brusanth ?! s'exclama Leeroy.

Tarek fronça les sourcils alors que la chaleur s'intensifiait dans sa poitrine à l'évocation de son défunt dragon.

— Tu crois que ça a été facile ?!

Le jeune blond fit valser son épée vers le flanc gauche de son adversaire, qui contra aussitôt. Leurs pieds mouvants sur la terre et l'herbe humide ne glissaient pas. Leurs appuis étaient puissants et réfléchis, tout comme le moindre de leurs gestes.

— Oui j'ai eu envie de la tuer, reprit Tarek entre deux esquives. Oui je l'ai haïe, je l'ai même détestée avant même de la rencontrer.

Ses poignets pivotèrent sur la gauche, repoussant la lame de son adversaire, et le combattant tenta de l'atteindre à la jambe droite, sans succès.

— Mais elle était destinée à tuer Brusanth. Tu sais aussi bien que moi que nul ne peut déjouer une prophétie !

Le bleu des yeux de Leeroy disparut alors presque entièrement tandis que ses pupilles se dilataient de façon inquiétante.

— Quels choix j'ai eu moi ?! gronda-t-il alors que le poison teintait de noir ses vaisseaux sanguins.

Tarek n'avait pas besoin de lumière pour apercevoir le changement chez son frère d'armes. Il voyait nettement sa peau s'assombrir, et avait parfaitement remarqué le dangereux regard qu'il lui lançait.

        Luaj sentit que quelque chose n'allait pas. Une douleur s'éveillait au sein de son corps massif, et elle sentait de moins en moins la présence de son dragonnier. Le poison était trop présent et envahissait l'esprit de Leeroy. Tous ses sens en alerte, elle décolla sur le champ.

— Tu sais très bien qu'elle t'a pardonné ! s'écria le jeune brun. Toi non plus tu n'avais pas le choix !

— Bien sûr que si je l'avais !

La rage prit possession du combattant, et le poison termina son trajet. Son cœur battant était devenu noir sous sa tunique, et la brûlure qui s'empara de son corps le fit hurler. Mais la douleur, au lieu de le tétaniser, lui fournit une force qu'il n'avait jamais connue. Il leva son épée, contractant ses muscles striés de noirceur, et l'abaissa lourdement vers son adversaire.

        Tarek eut juste le temps de relever son arme avant que le choc ne résonne dans tout son corps. Le coup fut d'une telle violence qu'il en tomba à genoux et que son épée se fissura. Il écarquilla les yeux, assourdi par le bruit qui aurait pu lui percer les tympans. Mais il n'eut pas le temps de réfléchir plus, Leeroy relevait déjà son épée, prêt à abattre son frère de combat.

        Le rugissement de Luaj retentit au loin.

        Tarek roula sur le sol au dernier moment, abandonnant son arme tandis qu'il se redressait d'un bon. Une nouvelle distance les séparait dorénavant, et il profita de cet instant de répit pour comprendre. La vérité le fouetta en plein visage alors que le vent ne s'était toujours pas calmé.

        Il ne se l'est jamais pardonné. Il avait la mort de Lomiòn sur la conscience, et le pardon d'Aïkida ne suffirait jamais à lui enlever ce poids des épaules.

— Tu ne peux pas retourner dans le passé, ce qui est fait est fait ! s'écria Tarek en levant les bras. Tu as sauvé des vies entières, pourquoi tu ne te contente pas de ça ?!

D'un pas lent, Leeroy s'avança alors que ses pupilles dilatées fixaient le jeune brun. Sa voix fut si grave que ce dernier ne fut pas sûr de l'entendre :

— J'ai sauvé des vies, mais j'ai détruit la sienne.

Tout à coup, l'épée du blond se couvrit d'un voile de fumée noire. Sortant par ses paumes de mains tatouées d'un soleil sombre, le poison se répandit sur la lame, rampant dangereusement sur l'acier jusqu'à la pointe aiguisée.

        L'arme de Tarek, elle, gisait toujours sur le sol. 

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