L'épée à doubles lames
Aïkida ferma les yeux et se concentra. Elle sentit la douce brise lui effleurer le visage et soulever ses cheveux. Ambre les lui avait raccourcis jusqu'à ce que ses mèches blanches ne dépassent pas sa mâchoire, reformant ainsi le carré court qu'elle avait eu quelques mois plus tôt. Le soleil inondait la Vallée de sa chaleur alors que l'été approchait à grands pas. La jeune femme inspira profondément par les narines, gonflant sa poitrine, et retint quelques secondes sa respiration avant de tout expirer par la bouche, espérant expulser ses pensées noires par la même occasion. Elle tenta de faire le vide mais n'y parvint pas vraiment.
Cela faisait un mois que sa sœur avait été enlevée sous son nez. Pour la deuxième fois.
Aïkida se mordit l'intérieur des joues, ravivant la chair à vif qu'elle maltraitait depuis cette nuit-là. La culpabilité la rongeait de l'intérieur, déformant son corps jusque dans les moindres recoins. Elle se forçait à garder les épaules droites bien que celles-ci aient tendance à se voûter, ce qui lui déclenchait des douleurs dans le dos. C'était comme si elle luttait contre le poids qui s'était abattu sur elle, le repoussant toujours plus vers le haut en faisant souffrir ses muscles endoloris. Mais plus les jours passaient, et plus elle sentait que ce poids gagnait du terrain. Elle avait arrêté de compter les nuits où elle se réveillait en hurlant et avec un torticolis. Tout son corps était tendu à l'extrême. Ses traits étaient tirés et son teint s'en trouvait terni.
Ses yeux d'un bleu presque gris, eux, brillaient toujours. Mais ils brillaient d'un éclat différent. Cernés de poches violettes, les flammes qui autrefois illuminaient le regard de la Fille Gelée s'étaient transformés en éclairs. La rage et la vengeance coulaient désormais dans ses veines, acidifiant son tempérament et provoquant des tics nerveux impossibles à contrôler.
La jeune femme se mordit plus fort, se forçant à faire le vide dans son esprit. Elle devait arrêter de penser aux dernières semaines, arrêter de penser aux dix jours qu'elle avait passés recluse dans les Montagnes.
Lorsqu'Hyjuke avait disparu avec sa sœur, Athkor, Luaj et plusieurs autres dragons avaient pris leur envol pour tenter de le repérer dans la nuit et le prendre en chasse. Malgré leur vision extrêmement précise, ils n'avaient cependant pas retrouvé le combattant qui semblait s'être volatilisé dans la nature. Aïkida n'avait pas supporté cet échec supplémentaire et s'était isolée avec Athkor dans les Montagnes, refusant de rester au château ou d'adresser la parole à qui que ce soit. La colère l'avait rendue folle. Elle en avait voulu à Ambre de n'avoir rien dit à propos d'Hyjuke, en avait voulu à Nàmo de ne pas avoir prévenu les gardes des Grandes Portes de leur stratégie de code. Elle en avait aussi voulu aux combattants du cachots qui n'avaient pas su protéger sa sœur, à Leeroy et à Tarek de l'avoir empêchée de partir à la poursuite d'Hyjuke, à Suron d'avoir tenté de la raisonner, à Othar de ne pas avoir réagi assez tôt et à son loup de ne pas non plus avoir retrouvé la trace d'Hyjuke dans la forêt.
La haine et le chagrin l'avaient complètement aveuglée, la rendant exécrable avec tout le monde, incapable d'empathie et de compassion. Même Athkor avait eu du mal à la reconnaître et avait dû faire preuve de sang-froid pour supporter ses excès de colère. Cependant, les jours étaient passés, et avec l'aide de son dragon noir, Aïkida avait réussi à se calmer et à retrouver ses esprits, reprenant le contrôle d'elle-même. Ce n'était pas en restant isolée du monde que les choses allaient s'améliorer. Elle était alors retournée au château, non seulement pour s'excuser auprès de tout le monde, mais également pour reprendre possession de ses appartements. Dormir sur la roche était acceptable lorsque la haine empêchait de penser à autre chose, mais lorsque les choses se calmaient, le manque de confort se faisait sentir.
Aïkida rouvrit les yeux, et la détermination que Suron perçut dans ses prunelles le rendit fier.
— Allez, on fait comme à l'entraînement, dit-il à son élève.
Cette dernière ne lui adressa pas un regard, déjà reconcentrée.
Elle leva son bras droit devant elle, serrant fermement le cylindre de métal dans son poing dont les jointures se mirent à blanchir. Sous sa peau, elle sentait le relief des dorures qui ornaient ce manche peu ordinaire qui avait été conçu spécialement pour elle. D'un geste du pouce, elle effleura à peine l'une des décorations en forme de croix, et deux lames surgirent brusquement du cylindre dans un crissement métallique qui ne lui était pas encore familier.
Son bras s'abaissa immédiatement sous l'augmentation du poids de son arme. Celle-ci mêlait l'art de la forge et de la mécanique à celui de la magie. Ses yeux bleus parcoururent les lames avec émerveillement. Kiuro, le forgeron, avait fait des miracles. La jeune femme avait appris qu'il avait reçu l'aide de Leeroy pour l'aspect magique de son nouveau bijou. Cette épée particulière nommée Ducandò Majïsa avait été parfaitement adaptée à son gabarit.
Le cylindre qui servait de manche était creusé en différents endroits, permettant une agrippe habilement optimisée pour ses doigts fins. Il était long de manière à pouvoir accueillir un peu plus de trois poings fermés, laissant ainsi une certaine marge de manœuvre importante à l'enchaînement de différents mouvements. Les dorures qui le recouvraient étaient fines comme de la dentelle, reflétant sans aucun doute l'immense savoir-faire du forgeron qui y avait mis tout son cœur. Aux extrémités de ce manche hors du commun, se trouvaient les deux gardes qui faisaient l'intermédiaire avec les lames tranchantes. Habituellement, une garde était constituée de deux branche symétriques et perpendiculaires au reste de l'arme, mais dans ce cas-là, il s'agissait plutôt d'une sorte de disque arrondi vers les extrémités, permettant en même temps de protéger les mains du manipulateur lors de l'utilisation de Ducandò Majïsa afin qu'il ne se coupe pas les poignets.
Kiuro l'avait prévenue dès son retour au château, après qu'elle se fut isolée dans les Montagnes, que son arme serait prête dans les semaines qui suivraient. Elle avait alors pu commencer à s'exercer au bâton de combat. Observée et conseillée par son maître d'armes, Aïkida avait repris ses marques et s'était améliorée en prenant plus de vitesse et en augmentant sa précision d'attaque. Cependant, Suron avait insisté pour qu'elle modifie ses entraînements afin que ceux-ci soient applicables avec l'épée à doubles lames. La jeune femme avait donc imaginé tant bien que mal que son simple bâton possédait des extrémités tranchantes sur plus de la moitié de sa longueur totale. Il fallait qu'elle s'habitue à contrôler les mouvements de son épée à doubles lames, car si celle-ci était mortellement efficace sur les ennemis, elle était tout aussi dangereuse pour l'utilisateur. Un seul faux mouvement et elle pouvait se blesser grièvement.
Suron avait donc supervisé les séances de son élève, s'assurant qu'elle pourrait prendre en main son arme si particulière sans prendre trop de risques.
Aïkida observa avec émerveillement les deux lames qu'elle découvrait pour la deuxième fois, la première ayant été quelques minutes plus tôt, chez Kiuro. Le forgeron avait été très anxieux de la réaction que pourrait avoir sa cliente en découvrant le fruit de son travail, mais l'éclat qu'il avait perçu dans ses yeux avait remplis les siens d'une fierté non dissimulée et avait gonflé sa poitrine de bonheur. C'était de loin la pièce qui lui avait demandé le plus de temps et qui lui avait posé le plus de difficultés à concevoir.
Les deux lames étaient forgées dans un mélange de fer, de carbone et de différents minerais qui étaient fondus ensemble dans un creuset, un récipient en terre. C'était ce dernier qui permettait au métal de n'être ni trop cassant afin de parer les coups adverses sans risque, ni d'être trop élastique, permettant ainsi de percer la majorité des armures et cottes de mailles. Kiuro avait expliqué à la combattante que Leeroy l'avait aidé, non seulement à rendre les lames plus légères qu'elles n'auraient dû l'être pour en faciliter la manipulation, mais également pour leur permettre de se rétracter sans s'abimer à l'intérieur du manche. Pour cela, le dragonnier avait utilisé de nombreux grimoires avant d'avoir une idée claire de la démarche à suivre. Le tout était de réduire la taille des lames à une échelle microscopique afin qu'elles disparaissent à l'intérieur du cylindre, et que de ce fait, leur poids vienne à disparaître presque totalement.
Le forgeron avait alors profité de cette magie afin d'ajouter sa touche personnelle en demandant à Leeroy de permettre à ce mécanisme d'être non seulement valable pour les deux lames, mais également pour une seule à la fois. Ainsi, si Aïkida ne souhaitait déplier qu'une seule d'entre elles, c'était tout à fait possible. Leeroy y avait consacré de nombreuses heures lui aussi, et les deux hommes s'étaient cassé la tête afin de trouver un moyen de relier la mécanique matérielle à celle de la magie. La Fille Gelée ne devait pas avoir besoin de recourir à ses propres pouvoirs afin d'utiliser son arme. Finalement, le dragonnier avait trouvé la solution en focalisant son attention sur trois éléments de la dorure qui recouvrait le cylindre. Ces derniers étaient facilement reconnaissables, autant au touché qu'à la vue, et permettrait donc à Aïkida de choisir si elle voulait déployer les deux lames ou qu'une seule, et également de pouvoir choisir laquelle.
La jeune femme laissa courir ses yeux sur le bijou qu'elle tenait entre ses mains, et fut admirative de la délicatesse dont avait fait preuve Kiuro en inscrivant ses initiales sur le métal clair, juste à côté des deux gardes circulaires.
Finalement, ses pupilles rétractées par le soleil éclatant de l'après-midi se relevèrent vers Suron qui s'était positionné en face d'elle, quelques mètres derrière le mannequin qui se dressait entre eux. Ce dernier était essentiellement fait de bois et de sacs de paille, mais Aïkida soupçonna Nàmo de l'avoir renforcé par sa puissante magie. En effet, si l'on prenait en compte le nombre incalculable d'entailles qui striaient le pauvre mannequin, il aurait dû être désarticulé depuis un long moment déjà.
Le maître d'arme hocha lentement la tête, et Aïkida saisit Ducandò Majïsa à deux mains. Malgré sa concentration, elle ne put s'empêcher de frissonner au contact de ses doigts sur les dorures bosselées du manche.
D'un geste habile des poignets, elle fit de lents mouvements de rotation, appréhendant la force nécessaire pour manipuler un poids comme celui-ci. Elle se rendit rapidement compte que Suron avait raison. Entre un bâton de combat et une épée doubles lames, la longueur était similaire, mais c'était leur seule ressemblance.
Aïkida avança un pied et commença doucement à se déplacer tout en continuant de faire tournoyer son arme devant elle. À chaque rotation, elle devait lâcher le manche d'une main pour le ressaisir en suivant, le poignet tourné dans le sens opposé. Cet enchaînement rapide était nécessaire afin que le mouvement soit fluide et continu. La satisfaction qu'elle ressentit alors, ne fut pas entachée par le fait qu'elle était en réalité déjà habituée à ce genre de manipulation avec son bâton.
Au fur et à mesure qu'elle se sentait plus à l'aise, la jeune femme s'autorisa à accélérer. Elle sentit alors l'air souffler entre les lames et venir rafraichir son visage qui commençait à perler de sueur sous le soleil. Concentrée, elle se déplaçait lentement, ne quittant pas des yeux le cylindre tournoyant sur lequel ses mains enchaînaient un ballet presque gracieux. Pour le moment, elle avait gardé Ducandò Majïsa perpendiculaire à ses bras tendus. Elle savait qu'elle pouvait faire pivoter le haut de son corps afin que les lames viennent tournoyer sur le côté, et savait également qu'un jour viendrait où elle pourrait tourner sur elle-même en faisant bouger ses bras de sorte à guider son épée dans une valse mortelle et entraînante. Cependant, c'était la première fois qu'elle manipulait une telle arme, et bien qu'impatiente, Aïkida n'avait pas prétention de vouloir s'y essayer tout de suite.
Suron observait son élève avec un mélange de fierté et de jalousie. Lorsque Kiuro leur avait montré sa nouvelle arme, il n'avait pas pu retenir un sifflement d'admiration face au travail méticuleux du forgeron. Il regrettait amèrement de ne plus être en état de se battre, s'aidant encore – et certainement pour toujours – d'une canne pour se déplacer. Mais si l'envie l'avait rendu nostalgique quelques secondes, elle avait rapidement fait place à une joie sincère. Il était fier que la jeune femme qu'il connaissait depuis de longues années soit l'heureuse propriétaire d'une épée à doubles lames comme celle-ci.
Ses yeux plissés scrutaient la moindre parcelle du corps de son élève à la recherche de défauts dont il s'était donné pour mission de rectifier. Les pieds d'Aïkida alternaient agilement entre un ancrage profond dans le sol et un déplacement léger et assuré. Ses jambes, demi-fléchies, bougeaient avec la grâce d'un félin et accompagnaient le haut de son corps, gainé et droit, qui était entièrement consacré aux mouvements de ses bras, entraînant la rapide rotation des lames aiguisées.
Suron comprit que le mannequin ne serait d'aucune utilité pour l'instant. Aïkida devait d'abord apprendre à connaître sa nouvelle compagne de combat, et devait se familiariser avec ses caprices et inconvénients avant de l'utiliser à des fins d'attaque.
Ils restèrent ainsi de longues minutes, la Fille Gelée à faire tournoyer son arme blanche, et Suron à la rectifier sur ses postures et mauvaises habitudes. Au bout d'une demi-heure, alors que le soleil tapait sur leurs fronts perlants, l'homme-elfe fut contraint de ranger sa fierté de côté, n'y tenant plus, et s'assit à même le sol en grimaçant. Sa blessure était bel et bien cicatrisée, mais les séquelles étaient importantes et il mettrait du temps avant de ne plus ressentir de douleur à l'abdomen. Rester autant de temps debout et immobile lui coûtait plus qu'il n'aurait aimé l'admettre.
Malgré sa grande concentration, cette vision déconcerta Aïkida qui n'avait pas l'habitude de voir son maître d'arme faire preuve de faiblesse. Cette seconde d'inattention faillit lui coûter cher. Les lames tournaient devant elle à une vitesse folle, et seul un enchaînement rapide et parfaitement maîtrisé de ses mains pouvait permettre une telle chorégraphie.
À l'instant où la Fille Gelée observa Suron s'assoir avec difficulté, elle perdit le contrôle. Ses doigts se perdirent dans les dorures dont elle ne distinguait plus les détails avec la vitesse, et elle sentit bientôt le cylindre métallique lui échapper des mains. Par reflexe, elle remonta ses avants bras devant son visage pour le protéger, mais ne fut heureusement pas toucher par les lames qui, avec leur inertie, allèrent se planter dans l'herbe à quelques mètres de là dans un sifflement inquiétant.
Alors que son cœur avait cessé de battre à l'instant même où elle avait senti les choses lui échapper, il se remit à battre de manière beaucoup plus affolée tandis qu'une dose d'adrénaline se déversait dans ses veines. Les yeux de la jeune femme yeux se dirigèrent vers son maître d'armes qui l'observait avec les sourcils froncés, mais un léger sourire en coin.
Il n'était pas fâché. Elle aurait pu le tuer, son épée s'étant arrêtée dans sa course à moins d'un mètre de lui.
Mais il n'était pas fâché.
Aïkida sentit brusquement qu'elle manquait d'air. Elle porta une main tremblante à sa poitrine et fut obligée de s'accroupir alors qu'elle sentait un violent vertige l'assaillir. La jeune femme sentit également son dragon lui envoyer des ondes positives ainsi qu'une douce chaleur qui se voulait réconfortante. Il n'avait pas mis longtemps avant de reconnaître les symptômes d'une crise de panique dont elle était sujette depuis la seconde disparition de sa sœur. Habitué, mais non moins affecté, Athkor lui répéta des mots apaisants, la forçant à calmer sa respiration et à se concentrer uniquement sur son corps, et rien d'autre.
Malgré toute la bonne volonté de son compagnon et l'air inquiet qu'avait pris le visage de Suron, la combattante n'arrivait pas à tarir le flot d'émotions qui la submergea brusquement. Elle savait pourquoi elle réagissait comme ça, pourquoi elle faisait une crise à cet instant précis.
Elle aurait pu tuer son maître d'arme, mais ça n'était pas arrivé car elle n'y était pas destinée. Elle était seulement destinée à tuer sa sœur, Tarek et Conrad. Pas Suron.
Sans qu'elle ne puisse se contrôler, Aïkida sentit les larmes couvrir sa vision alors que sa poitrine lui faisait de plus en plus mal. Elle n'arrivait plus à respirer. Elle voyait flou. Les mots « prophétie » et « destin » dansèrent devant ses yeux embués et semblèrent la narguer. Un mal de tête l'assaillit au même moment où la voix de Layvin résonna dans ses oreilles, lui susurrant qu'elle allait devoir tuer.
Encore.
— Kida ? l'appela Suron qui commençait à se relever, s'aidant maladroitement de sa canne en grimaçant.
— Bah alors p'tite guerrière ? C'était pas très glorieux tout ça !
À ces mots, Aïkida se figea, revenant brusquement à la réalité.
C'était comme si ces simples paroles avaient réussi à effacer tout son mal-être en une fraction de seconde. Elle retrouva la vue, la voix disparut dans sa tête, le monde cessa de tourner et l'air retrouva son chemin jusqu'à ses poumons. Cependant, elle resta accroupie, et posa même un genou à terre, les yeux écarquillés et rivés vers le sol. Son cœur, lui, ne s'était pas calmé. Bien au contraire.
Cette voix... Ce surnom...
— T'as encore des progrès à faire, ma vieille !
La voix semblait se rapprocher.
Non... Ce n'est pas possible.
La jeune femme resta immobile, le cœur palpitant. Elle n'osait pas se retourner de peur de se tromper. Pourtant, son corps se mit à bouger sans son consentement. Elle sentit qu'elle se relevait, et alors que tout son être lui hurlait de ne pas se retourner, ses pieds bougèrent malgré elle et elle fit face au propriétaire de la voix.
La première chose qu'elle vit fut son sourire éclatant, illuminé par la lueur qui brillaient dans ses yeux verrons. Ses cheveux courts étaient plus ou moins en batailles, délimités par une sorte de raie naturelle qui séparaient ses mèches blondes des brunes depuis toujours. Sa peau bronzée contrastait avec la couleur très claire de la partie gauche de sa barbe naissante, tandis que la partie droite, foncée, se confondait bien avec sa carnation.
Le jeune homme marchait vers elle, les mains dans les poches avec un air nonchalant qui n'était que trop familier à la Fille Gelée.
— A... Alex... ? murmura-t-elle, de peur que le mirage ne s'envole si elle parlait trop fort.
Le Khyazgaar ouvrit les bras sans se départir de son grand sourire, et demanda d'une voix espiègle :
— Alors, je t'ai manqué, p'tite guerrière ?
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