Message gravé de noirceur
Bonjour tout le monde ! J'espère que vous passez un bon mois de décembre ! Voici des dessins que j'ai reçu, je vous les partages car ils sont vraiment sympa ! Merci à tous ceux qui prennent le temps de dessiner les personnages de mon histoire, ça me touche beaucoup, et n'hésitez pas à continuer de m'en envoyer, ça me fait très plaisir, je les garde tous précieusement !
Voilà, je vous souhaite à tous une bonne lecture, et de bonnes fêtes !
Voici une représentation personnelle d'Othar de @Hiiive
Et en voici un de @LaFollle
Aïkida, elle, n'avait pas bougée, les mâchoires serrées. Tenant toujours le morceau de tissu kaki contre sa clavicule, elle pesta. Encore une fois, elle échouait. Elle ne connaîtrait pas l'endroit où Sooney emmenait sa sœur. Elle avait essayé de nombreuses fois de suivre le Khyazgaar, mais soit il la surprenait, soit Tarek la suivait à son tour et l'arrêtait. Elle n'avait jamais réussi à savoir.
Mais elle ne s'avouait toujours pas vaincue.
Quelques heures plus tard, en plein après-midi, les trois dragonniers, suivis de Conrad, se rendirent à l'étang qu'ils avaient repérés non loin du clan. Ils y avaient déjà passé quelques après-midis, à l'abris des regards des Khyazgaars. L'endroit était assez dégagé pour permettre à Athkor et Luaj de les suivre et de se poser sur la berge recouverte d'herbe verte qui s'étirait en une plage de galets.
Le soleil était étincelant, apportant sa douce chaleur au paysage tranquille qui entourait les quatre amis. L'étang n'était pas très grand et un petit ruisseau se jetait dedans, créant ainsi de légers mouvements à la surface de l'eau. Cette dernière était d'une clarté scintillante. Reflétant la couleur bleue du ciel, l'eau se teintait presque d'un turquoise irréel à travers lequel se laissait entrevoir une riche flore aquatique, accompagnée de sa faune diversifiée. La transparence de l'eau laissait apercevoir les galets gris clair qui formaient le fond d'une profondeur inférieure à six mètres, alors que de nombreux poissons frôlaient parfois la surface, créant ainsi de petites encyclies.
Alors que les deux majestueux dragons se posaient sur la berge, les quatre amis, eux, se dirigèrent vers la petite plage de galets, sur laquelle ils s'empressèrent de se déshabiller. Du moins les garçons, qui ne gardèrent que leur pantalon, puisque la jeune femme ne retira que ses chaussures.
— Le dernier dans l'eau a perdu ! s'écria Conrad en courant vers l'étang.
Des sourires remplis de défis s'étirèrent sur les visages des dragonniers tandis qu'ils s'élançaient à leur tour.
Mais ils furent tous plus ou moins stoppés dans leur course par la température de l'eau qui devait avoisiner les 15°C. Ils poussèrent des cris de surprise tandis que leur respiration se coupait à cause de la différence de température entre celle de leur corps et celle de l'étang. Ils étaient tous les quatre alignés, face à l'étendue d'eau, dos aux dragons qui riaient de la situation. Alors que les trois combattants s'étaient avancés jusqu'à avoir de l'eau à mi-cuisses, le petit Conrad lui, en avait jusqu'au nombril, et grimaçait en riant.
Ils n'y étaient allés que trois fois, mais ces moments de détente à l'étang leur faisaient du bien à tous. Cela leur permettait d'essayer de penser à autre chose qu'Emelï et sa situation instable. Mais Aïkida, bien qu'elle eût toujours profité de ces après-midis-là, s'était toujours recouverte de culpabilité par la suite. Elle n'osait plus s'autoriser des moments de détente alors que sa petite sœur était dans un grave état. Et lorsqu'elle relâchait un peu la pression, cela ne durait jamais, et elle finissait toujours par s'en vouloir.
Encore une fois, elle partait le cœur léger, espérant passer un bon moment, mais ils savaient tous que le soir même, la jeune femme serait renfermée sur elle-même. Alors ils se taisaient eux-aussi, souhaitant profiter de la bonne humeur éphémère de leur amie.
Conrad retint sa respiration et disparut soudainement sous la surface, laissant de légères vagues à l'emplacement où il s'était tenu. Mais la transparence de l'eau permit aux trois dragonniers de suivre le petit rouquin des yeux qui nageait la brasse en profondeur, s'éloignant de la plage. Lorsqu'il émergea quelques secondes plus tard, un sourire éclatant de bonheur sur le visage, il s'écria gaiement :
— Bah alors ?! Vous venez ?
Ce fut le signal qui fit sourire les deux jeunes hommes. D'un même mouvement, ils plongèrent à leur tour dans l'eau, éclaboussant légèrement Aïkida qui recula pour ne pas finir trempée immédiatement. Elle les suivit tous deux du regard, et les vit émerger au même niveau que Conrad. Lui n'avait pas pied et nageait sans cesse pour se maintenir à la surface, tandis que Tarek et Leeroy riaient, l'eau ne leur arrivant qu'aux épaules. Le jeune brun s'était d'ailleurs tu quant aux brûlures qu'il avait ressenties lorsque l'eau était rentrée en contact avec la profonde morsure que lui avait faite la jeune femme le matin même.
— Tu as dix secondes pour nous rejoindre Aïkida ! annonça Leeroy en riant. Sinon tu sais comment ça va se passer !
Celle-ci grimaça et avança d'un pas.
Quel comble pour la Fille Gelée, elle qui maîtrisait l'eau et la glace, d'être frileuse et de craindre l'eau froide lorsqu'il s'agissait de se baigner. Ses yeux cristallins fixaient avec amusement le jeune blond qui avait levé ses deux mains en l'air pour faire un compte à rebours avec ses doigts alors que Tarek appuyait sur la tête de Conrad pour le faire disparaître sous la surface parmi les nombreuses bulles que ce dernier soufflait.
Voyant les doigts de son ami se baisser rapidement, Aïkida se vit obligée d'avancer un peu plus, jusqu'à avoir de l'eau au nombril. Mais cela avait donc réduit la distance entre elle et les trois garçons, et le jeune blond ne manqua pas l'occasion de l'éclabousser avec force, lui envoyant une grande quantité d'eau en plein visage.
La respiration de la jeune fille se coupa sous le choc tandis qu'elle sentait ses cheveux goutter sur ses joues elles aussi mouillées. Son regard s'obscurcit alors de malice et elle murmura :
— Toi, tu ne perds rien pour attendre !
Elle retint alors sa respiration et, déjà trempée, plongea à son tour.
Elle ressentit une légère brûlure au niveau de sa clavicule qu'avait entaillée Tarek le matin même, mais n'y prêta pas attention, préférant se concentrer sur l'environnement aquatique qui l'entourait. Elle n'était pas assez éloignée du bord pour rencontrer la flore, mais de nombreux petits poissons s'approchèrent d'elle, curieux. La plupart étaient gris et rayés sur la longueur, se déplaçant en bancs épais, mais il y en avait également quelques-uns qui sortaient du lot, comme celui qui venait de lui passer sous le nez. Rouges et pas plus grands qu'un petit doigt, ceux-là étaient tachetés de bleu foncé, presque violet. Le soleil qui traversait l'eau éclairait les minuscules écailles colorées des poissons qui entouraient la jeune femme, plongeant cet univers aquatique bleuté dans un arc-en-ciel explosant de mille couleurs.
Mais Aïkida ne perdait pas de vue son objectif. La clarté de l'eau lui permit de repérer les jambes des garçons à quelques mètres d'elles. Elle savait bien qu'ils la voyaient depuis la surface, mais elle avait pris de la vitesse, et avec un peu de chance, elle pourrait en faire couler un.
Nageant la brasse avec une grâce digne d'une raie-Manta, la Fille Gelée s'approcha rapidement de sa proie, et la saisit brusquement par les jambes. Leeroy se trouva déstabilisé lorsqu'elle remonta à la surface, toujours en tenant fermement ses jambes. N'ayant plus aucun appui, le dragonnier tomba à la renverse et coula au fond de l'eau lorsqu'Aïkida émergea entièrement en prenant une grande bouffée d'air. Elle éclata de rire en lâchant son ami pour le voir réapparaître sous ses yeux, ses cheveux blonds collés au visage.
La guerre était déclarée. Ils se jetèrent tous les uns sur les autres, s'éclaboussant, se poussant et tentant de se couler mutuellement. Leurs mouvements rapides leur firent rapidement oublier la fraîcheur de l'eau qui avait tout d'abord engourdit leurs membres avant de les délier. Les quatre enfants, plus ou moins grands, riaient aux éclats sous le regard protecteur et amusé des deux dragons qui eux, appréciaient la douce chaleur du soleil.
Leurs cris résonnaient sur l'étang calme, entouré par les arbres feuillus, brisant le silence apaisant par une profonde joie de vivre.
Malgré sa vivacité, Conrad ne resta pas plus de vingt minutes dans l'eau, trop sensible à sa basse température, et sortit pour se sécher au soleil, sur les galets chauds, près d'Athkor et Luaj. Les trois dragonniers se retrouvèrent alors seuls dans l'eau, et en profitèrent pour utiliser leur magie. D'un accord commun, ils se créèrent tous une bulle d'air autour du visage, de la même façon que lorsqu'ils étaient arrivés au portail les menant à ce Dôme. Le souvenir de l'eau glacé fit frissonner la jeune femme, mais elle balaya cette pensée d'un revers de main et plongea avec les deux jeunes hommes.
Instinctivement, ils s'étaient placés dans un ordre précis qu'ils avaient pour habitude de garder lors de leurs déplacements. Aïkida se trouvait au milieu avec Leeroy à sa gauche et Tarek à sa droite. La faible profondeur de l'étang ne leur permettait pas de trop plonger, mais ils se rapprochèrent du fond, et s'éloignèrent un peu plus de la plage. Au fur et à mesure, ils rencontrèrent d'autres poissons, différentes algues et mêmes quelques coraux particulièrement sombres. Mais ils appréciaient tout autant le spectacle que le calme qui régnait au fond de l'eau. Le silence dense qui les entourait était seulement brisé par leurs propres respirations qu'ils pouvaient entendre dans leur bulle d'air créée au-autour de leur tête. Le crépitement de l'eau, si différent de celui du feu, les apaisait et leur donnait l'impression d'être seuls, loin de tout. Leurs mouvements ralentis et les différentes nages des poissons qu'ils voyaient autour d'eux les plongeaient dans une certaine sérénité qu'ils appréciaient. C'était un des rares moments où ils pouvaient ne penser à rien. L'esprit complètement vide, subjugués par le spectacle aquatique, purifiés de toutes pensées parasites.
Leur magie leur permit de rester une bonne demi-heure de plus dans l'eau, à nager librement, côtes à côtes, dans le calme de la nature. Mais le froid finit tout de même par les gagner, alors ils firent demi-tour et se rapprochèrent de la plage, mais cette fois-ci en nageant à la surface, faisant disparaître leurs bulles d'air magiques.
Mais toute légèreté disparut de leurs visages lorsqu'ils aperçurent Sooney au bord de l'eau, qui les attendait. Aïkida fut prise d'un mauvais pressentiment et accéléra sa nage jusqu'à trouver pied. Les deux jeunes hommes la suivirent de près, sourcils froncés alors qu'ils sentaient les rayons du soleil réchauffer leurs torses.
La jeune fille sortit de l'eau et sentit immédiatement le poids de sa tunique trempée sur son corps, même chose pour Tarek et Leeroy qui tentèrent d'essorer médiocrement le bas de leur pantalon. Cependant, la priorité n'était pas à l'état de leurs vêtements, mais plutôt à la venue du Khyazgaar. Celui-ci ne leur rendait jamais visite, c'était à eux de venir le voir s'ils voulaient des nouvelles d'Emelï.
La petite troupe avait immédiatement remarqué le visage grave de l'homme. Aïkida ne s'autorisa pas à paniquer. Pas encore. Pas tant qu'elle n'en saurait pas plus. Conrad aussi avait ressenti l'ambiance pesante de la situation, et s'était rapproché de Leeroy qui posa une main sur ses cheveux roux déjà secs.
— Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda prudemment la Fille Gelée, la gorge nouée.
Le visage de Sooney se peignit alors d'une noirceur plus dense et d'une compassion qui n'apportaient rien de bon.
— Emelï a disparu.
Ces mots transpercèrent la poitrine d'Aïkida avec une telle force qu'elle en tomba à la renverse. Tarek la rattrapa de justesse par les bras alors qu'Athkor rugissait bruyamment en se redressant. Mais la jeune femme ne l'avait même pas entendue. Elle n'entendait plus rien d'autre que les lourds battements de son cœur contre sa poitrine et la phrase fatidique qui se répétait indéfiniment dans son esprit, marquant son cœur au fer rouge. Emelï a disparu. Ses yeux se voilèrent d'un vide profond alors que ses jambes ne lui répondaient plus.
Tarek serra les mâchoires et redressa son amie en la tenant par la taille, l'empêchant de s'écrouler sur les galets. Il serra les dents sans rien dire, mais elle s'appuyait sur la morsure qu'elle lui avait faite, ce qui lui provoqua une violente brûlure.
Leeroy s'était lui aussi crispé et s'avança vers Sooney d'une démarche rapide. Il ne laissa même pas le temps à ce dernier d'expliquer quoi que ce soit et le saisit fermement au col de sa tunique.
— Comment a-t-elle pu disparaitre alors qu'elle était sous ta protection !?
L'homme déglutit alors qu'il sentait ses talons se soulever du sol. Le regard menaçant du dragonnier ne se tenait qu'à quelques centimètres de son visage, et il put y percevoir une colère sans borne. Si Aïkida avait été en état de remarquer ce genre de détails, elle aurait aperçu un autre Leeroy. Son visage s'était fermé, sa mâchoire serrée alors que ses yeux avait pris une profondeur qui en faisait presque un autre homme, plus noir, plus sévère. Plus dangereux.
Sooney bafouilla difficilement :
— Les images expliquent mieux que les mots, suivez-moi vite. Il n'est peut-être pas trop tard.
Tarek soutenait toujours Aïkida qui était complètement sonnée. D'une voix ferme, il ordonna :
— Non, c'est toi qui va nous suivre.
Athkor et Luaj s'étaient avancés, et sans lui laisser le temps de réagir, Leeroy emmena Sooney vers sa dragonne et le fit grimper sur la selle, le tenant toujours par le col de sa tunique. Le Khyazgaar avait blêmit. Il n'avait jamais approché les créatures légendaires d'aussi près, et le sang avait quitté son visage.
Tout se passa très rapidement, Conrad grimpa en un rien de temps sur Luaj également, tandis que Tarek aidait Aïkida à grimper sur Athkor qui grondait lourdement. Le jeune dragonnier passa derrière son amie, pouvant ainsi la maintenir si jamais elle tombait en vol. Mais malgré son état de choc, elle n'avait pas complètement perdu la tête, et la présence de son dragon l'apaisa légèrement. D'un accord commun, les deux dragons décollèrent avec puissance, faisait échapper un cri à Sooney alors qu'ils s'élevaient dans les airs, laissant leurs ombres sur la surface de l'eau.
Il ne leur fallut pas plus de cinq minutes pour arriver au clan Khyazgaar. Toutes les têtes se levèrent pour observer avec méfiance les reptiles ailés qui eux, finirent par se poser sur l'espace dégagé qui entourait l'immense cage de métal dans laquelle était censée se trouver Emelï.
La Fille Gelée avait retrouvé ses esprits malgré les battements de son cœur qui l'assourdissaient en la coupant du monde. D'un bond, elle descendit de la selle d'Athkor et atterrit souplement dans l'herbe. Mais elle ne perdit pas de temps et se précipita vers la cage.
Vide.
Ses yeux s'embuèrent alors qu'elle s'appuyait contre les barreaux tordus. Elle ignora la brûlure que lui provoqua le métal chaud, constatant qu'ils avaient étaient écartés d'une trentaine de centimètres. Juste assez pour laisser passer une petite fille maigre.
Elle n'entendit pas Conrad arriver en courant, ni Leeroy et Tarek saisir violemment Sooney pour le faire descendre lourdement de la selle de la dragonne. Elle n'entendait plus rien. Ses yeux vitreux fixaient le sol de la cage, encore fumant d'une magie plus noire que la nuit. La plaque, initialement lisse, comportaient les traces de griffures qu'avaient remarqué la jeune femme en allant rendre visite à sa sœur. Mais ce qui donna le tournis à l'Ilewite, ce n'était autre qu'une inscription. Une inscription gravée dans le métal-même censé être imperméable à toute magie.
Je t'avais prévenue
Dommage pour toi
Tu n'as rien pu faire
Conrad blêmit lui aussi aux côtés de la Fille Gelée. Cette dernière avait perdu toute couleur et tremblait de tout son corps. D'une soudaine pulsion incontrôlée, elle se retourna et se pencha au sol pour vomir tout ce qu'elle avait avalé depuis son réveil. Secouée de spasmes, elle tenait ses cheveux et se maintenait fragilement sur ses jambes.
Tarek et Leeroy avait fini par lâcher Sooney et s'étaient approchés à leur tour pour constater l'inscription gravée dans le fond de la cage. Ils s'étaient tous les deux crispés, mâchoires et poings serrés. Après de longues secondes durant lesquels son estomac l'avait torturée, Aïkida essuya sa bouche d'un revers de main alors que des larmes roulaient sur ses joues, se mêlant à l'eau qui coulait de ses cheveux trempés.
Elle se redressa lentement alors que son regard devenait de plus en plus sombre. Ses pupilles avaient viré au violet alors que le goût acide de la bile asséchait sa gorge. Ils savaient ce que cela signifiait, mais aucun des deux dragonniers n'eut la force de s'interposer ou de tenter de la calmer.
Poings serrés, elle se retourna vers Sooney alors que ses larmes avaient pris un amer gout de rage. D'une voix sortant des profondeurs de sa gorge nouée, elle lui demanda :
— Où est Safia ?
Le Khyazgaar aux cheveux sombres blêmit face au regard meurtrier que lui adressait la jeune femme.
— Quel est le rapport ? Je... je ne peux pas vous le révéler... C'est contre la vie privée... bégaya-t-il.
— Où. Est. Safia ? répéta-telle en tranchant chacun de ses mots, d'une voix aussi grondante qu'un volcan prêt à rentrer en éruption.
Leeroy s'approcha de Sooney et le menaça d'une voix sombre :
— Tu ferais mieux de répondre, sinon la vie privée des autres sera le cadet de tes soucis.
Une hésitation vint teinter les prunelles inquiètes de l'homme, mais il finit par soupirer :
— Elle n'y est pour rien, ce n'est pas elle qui a pu faire ça. Elle n'est pas assez...
Aïkida explosa de rage en poussant un cri, coupant le Khyazgaar. D'un geste brusque, elle ouvrit ses paumes et projeta de tranchantes lames de glaces qui vinrent se planter dans le sol, aux pieds de Sooney qui avait sursauté. Des gouttes de sueurs suintaient dorénavant sur son front.
La cage thoracique de la jeune Ar-Feiniel se soulevait rapidement. Ses cheveux tombaient le long de son visage blanc alors que ses pupilles violettes lui donnaient un air effrayant. Ses vêtements trempés suivaient les courbures de son corps tandis que de fins flocons restaient collaient sur ses doigts entrouverts.
Sooney commençait à trembler de peur, ses yeux fixant les pointes de glaces qui avaient frôlé ses jambes. D'une voix mal assurée, il déclara :
— Tout à l'heure elle était avec Alex, dans la troisième maison à gauche en partant de celle de Wanda, sur la petite place. Mais elle n'a pas pu...
Aïkida n'en écouta pas plus et tourna les talons pour s'engouffrer dans les ruelles du petit village. Elle se mit alors à courir, courir comme elle n'avait jamais couru, plus vite encore que lors d'un de ses premiers entraînements avec Tarek. De l'une de ces courses qui lui rappelaient à quel point elle n'était plus tout à fait humaine, possédant des capacités hors norme. Le genre de course qui floutait les alentours, tout comme l'était son esprit, réduisant considérablement le champ de vision de la jeune femme. La distance n'était pas longue, il ne s'agirait que de quelques secondes à cette allure, mais elle avait besoin de prendre de la vitesse. Cinq mois qu'elle faisait du sur-place, et voilà que la rage et la panique lui octroyait une puissance rarement connue. Le jeune blond lui emboita aussitôt le pas, mais bien qu'il fût rapide, ne réussit pas à rattraper entièrement la Fille Gelée, et se contenta de la suivre à la trace, quelques mètres en retrait. Leeroy faillit à son tour être suivi par Conrad, mais Tarek rattrapa le petit rouquin en lui saisissant fermement le bras.
— Non, toi tu rentres.
— Mais je veux aider Kida à retrouver sa sœur !
Ses grands yeux émeraudes brillaient de larmes naissantes, ainsi que d'une forte détermination. Mais le regard de Tarek se fit plus dur.
— Ce n'était pas une question.
Et le ton ferme du dragonnier eut finalement raison du petit garçon qui capitula en baissant la tête.
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