Flagellation
Bonjour tout le monde ! Voilà quelques dessins :)
Réalisé par @tac-cat-02
Réalisé par @Hiiive
Sur l'Esplanade Rouge, la tension montait...
Othar était au centre de la place sanglante, son regard ne pouvait quitter le regard apeuré de sa mère qui pleurait parmi la foule, entourée de gardes royaux. Une rage sourde coulait dans ses veines alors qu'il serrait les mâchoires avec force. Le sang pulsait dans ses oreilles et le rendait sourd aux chuchotements mauvais des spectateurs.
Le Prince Elendë se leva à son tour et s'appuya sur la balustrade aux côtés de son père. D'une voix forte et arrogante, il s'adressa au prisonnier :
— La sentence va être exécutée, as-tu une dernière requête ?
Le regard d'Othar s'assombrit alors que ses yeux se fixait sur le prince elfe avec haine. En temps normal, il l'aurait insulté, l'aurait humilié ou rabaissé. Il aurait tout tenté pour déversé sa fureur sur le jeune brun qui se tenait à la tête du Royaume.
Mais sa priorité était de mettre sa famille en sureté. D'une voix assurée, il demanda alors, en regardant le Prince droit dans les yeux :
— Je souhaite échanger quelques mots avec Suron.
Il savait qu'il ne pouvait pas demander directement à ce que les gardes libèrent sa mère, alors il usait de tactique.
Elendë arqua un sourcil, surpris, puis finit par esquisser un sourire narquois. Le silence sur l'Esplanade Rouge attendait sa réponse qu'il s'amusait à retarder. Finalement, levant le menton et plongeant des yeux fiers dans ceux, froids, du prisonnier, il répondit :
— Requête rejetée.
Un murmure s'éleva de la foule alors que le visage d'Othar se crispait. Mais avant qu'il n'ait le temps d'hausser le ton, il fut surpris d'entendre le Roi plaider sa cause :
— Requête accordée.
Des cris de mécontentement se firent entendre parmi les spectateurs, et Elendë tourna un regard noir à son paternel. D'un murmure sec, il cracha :
— Tu veux me ridiculiser devant tout le monde ? Ce traite ne mérite pas de traitement de faveur.
Aldaron ne tourna même pas un regard vers son fils et se contenta de répondre d'une voix détachée :
— C'est la procédure. Je connais Suron depuis des décennies. Si Othar est son ami, ce que je déplore, je leur accorde néanmoins quelques minutes.
Les yeux en amande du Prince jetèrent des éclairs alors que sa langue de vipère s'exclamait :
— Ce n'est pas une mise à mort, ils auront le temps de palabrer plus tard !
Aldaron ne daigna pas répondre à son fils et fit un léger signe de tête à deux gardes plus bas sur l'Esplanade.
Durant cet échange couvert par l'irritation de la foule, les deux elfes Royaux avaient ravivé une tension qu'ils croyaient éteinte depuis des années. L'ambiance se fit plus lourde dans la loge Royale, et Elendë serrait la rambarde avec colère alors que ses yeux foudroyaient le prisonnier.
Sur l'Esplanade Rouge, les gardes royaux obéirent à leur Roi et autorisèrent Suron à pénétrer sur la place sanglante. Le vieil homme s'avança vers Othar qui avait toujours les bras liés au-dessus de sa tête. Son expression faciale était impénétrable, jusqu'à qu'il soit suffisamment près de l'elfe pour afficher un sourire amical mais désolé.
À voix basse, le maître d'arme annonça :
— Tes soldats sont presque prêts et les elfes qui te suivent sont éparpillés partout dans la capitale.
Othar ressentit un bref soulagement l'envahir, puis il demanda en fronçant les sourcils :
— Comment ça va se passer maintenant ? Quel est le signal ? Quand est-ce que vous attaquerez ?
Suron tourna un regard bref vers la loge royale. Ils étaient scrutés avec attention. Il afficha alors un sourire sincère pour masquer la gravité des évènements aux yeux du Roi et du Prince.
— Une troupe avance vers le gîte royal dans le but de le brûler pour qu'Elendë et Aldaron n'ait plus de refuge, murmura-t-il.
Othar grinça des dents. Les elfes étaient très attachés à leur Forêt, et le fait de savoir qu'une partie allait sûrement être incendiée lui fit mal au cœur.
— Lorsqu'ils réussiront à faire prendre les flammes, ils souffleront le Cor en Epicéa. Les combats commenceront alors. D'ici là, il faudra que tu tiennes le coup.
Un rire nerveux s'échappa de la gorge d'Othar. Puis, il baissa encore plus la voix et indiqua à Suron :
— Vous voyez l'elfe qui pleure au milieu de plusieurs gardes à ma gauche ?
Le maître d'arme tourna un furtif regard vers la direction indiquée et remarqua la femme en question. Il hocha la tête et Othar ordonna amicalement :
— Lorsque les combats commenceront, je veux que vous l'emmeniez à cents kilomètres à l'Ouest dans le village aérien d'Antístasì, elle et son père. On vous y rejoindra après la bataille. Emmenez le plus de civils avec vous, mettez-les en sûreté.
Suron hocha la tête et donna une petite tape amicale sur l'épaule d'Othar.
— Bon courage mon garçon, rappelez-vous ce pourquoi vous souffrez, et tentez de garder de vos forces pour au moins tenir sur un cheval.
Le visage de l'elfe se fit plus grave lorsqu'il répondit :
— Tant que mes jambes me porteront, je tiendrais l'épée aux côtés de mes troupes.
Les deux hommes se regardèrent solennellement dans les yeux, puis Suron recula et tourna les talons pour retourner parmi la foule.
Un soleil sanglant éclairait la forêt d'une lumière chaude et orangée. Les feuilles vertes des arbres luisaient d'une rosée fraîchement déposée pendant la nuit, alors que la nature se réveillait petit à petit. Les oiseaux chantaient, les écureuils grimpaient et sautaient de branches en branches tandis que les insectes commençaient leur labeur.
Tout paraissait normal. Rien ne laissait présager le massacre qui s'apprêtait à être commis.
Le calme était revenu sur l'Esplanade Rouge, et Aldaron déclara, le menton haut :
— Othar, puisse ce châtiment éclairer ton esprit.
Des hurlements retentirent dans la foule. Certains étaient mauvais et en colère, d'autres désespérés et effrayés.
Face à Othar, un garde, accompagné d'un bourreau, s'avança. Le premier était, comme ses confrères, vêtu d'une armure dorée et décorée de broderies mauves, tandis que le second était entièrement vêtu de noir et portait un masque, cachant son visage aux yeux des spectateurs. Dans la main du garde, une faucille aiguisée qui reflétaient la lumière du jour naissant. Dans la main du bourreau, un fouet dont les lanières traînaient au sol. Ces dernières n'étaient autre que des tiges végétales finement tressées.
Les deux elfes se postèrent face au prisonnier, le regard indifférent. Ils n'avaient aucune haine particulière contre Othar, ils ne faisaient que leur travail. Le garde royal contourna finalement le condamné et se plaça derrière lui avant de lui attraper la queue de cheval sans aucune empathie.
Othar serra les mâchoires et baissa la tête. Le plus grand déshonneur qui pouvait être infligé à un elfe était la section de sa queue de cheval, symbole de force et d'adresse au combat depuis des générations. Priver un elfe de ses cheveux longs, c'était le priver de son histoire, de sa bravoure et de son statut dans la société, quel qu'il soit.
— Othar, tu es défais de tes fonctions, et tu ne seras dorénavant pas plus combattant qu'un enfant de deux ans.
La voix d'Aldaron était sèche et autoritaire.
Le prisonnier releva la tête et plongea un regard noir de haine et de détermination dans celui, impassible du Roi Elfe. Du coin de l'œil, il pouvait également apercevoir le sourire mauvais du Prince qui se délectait de la situation.
Aldaron leva alors sa main droite avec une prestance digne de son statut, et d'un mouvement sec, il claqua des doigts. Le garde s'exécuta et la faucille fendit l'air.
Dans sa main gauche, gisait la queue de cheval d'Othar, détachée du crâne de son propriétaire.
L'elfe n'avait pas ciller et n'avait pas détourné son regard une seule seconde. Mais un sentiment de honte, de chagrin et de haine meurtrière envahit ses veines dès l'instant où il sentit ses cheveux courts se libérer sur son front.
Ses muscles, tendus sous la colère, tremblaient alors que ses bras, impuissants, se tenaient au-dessus de sa tête.
Sous les cris de satisfaction ou de colère de la foule, le bourreau s'avança à son tour vers Othar. D'un geste nonchalant, il lui enfonça brusquement un morceau de cuir dans la bouche, si bien que le prisonnier manqua de s'étouffer. Puis, il le contourna également, et prépara son fouet.
Othar avait les yeux rivés dans ceux des deux dirigeants de la Forêt Elfique. Il serra alors avec force la lanière en cuir entre ses dents, et se prépara mentalement à la douleur qui allait suivre. Il était à la merci de son bourreau, des archers, de la foule. De tous. Il n'avait jamais été aussi vulnérable, il ne s'était jamais senti autant humilié.
Mais lorsqu'il entendit les pleurs de sa mère parmi la foule, il se rappela de la raison pour laquelle il était ici. Ils ont besoin d'une diversion. Alors je leur donnerais de mon temps, comme ils m'ont donné le leur par le passé. Les elfes qui s'apprêtaient à se rebeller à ses côtés, avaient toujours combattu avec lui. Ils l'avaient porté à son rang de guerrier reconnu et lui ont prêté serment de loyauté. À mon tour de me sacrifier pour vous. Mes soldats, mes amis, mon peuple.
Cette fois-ci, ce fut Elendë qui leva la main avec précipitation, ayant hâte de voir souffrir l'un de ses principaux rivaux en termes de popularité. Sans attendre plus longtemps, il claqua les doigts d'un geste vif.
Mais le son de ses phalanges contre sa paume furent aussitôt étouffés par le claquement sanglant du fouet contre le dos nu d'Othar.
Il avait fermé les yeux sous la douleur et serré le morceau de cuir jusqu'à en avoir mal aux mâchoires. Ses muscles s'étaient crispés et ses bras tendus au-dessus de sa tête tiraient sur la corde. La douleur traversait tout son corps alors que la brûlure des lanières lui déchirait le dos.
Il respirait difficilement par le nez et releva la tête tandis que sa poitrine se gonflait par secousses sous le soleil rougeoyant qui avait franchi l'horizon. Ses yeux bleus ne trouvèrent pas ceux de sa mère, mais rencontrèrent le regard douloureux de Suron qui observait la scène avec difficulté.
Si le maître d'arme avait horreur des flagellations, il resterait néanmoins jusqu'au bout, pour soutenir l'elfe qui souffrait au milieu de cette immense Esplanade Rouge. Les deux hommes se regardaient droit dans les yeux. Les mots n'étaient ni possibles, ni nécessaires entre eux. Seuls la détermination et l'encouragement avivaient leurs iris brillants.
Le fouet claqua une deuxième fois avec violence sur la peau nue d'Othar. Il grimaça en échappant un grognement de douleur alors que son corps était déjà recouvert de sueur, mêlée au sang qui coulait dorénavant dans son dos. Ses jambes tremblaient déjà alors que la douleur montait en flèche jusqu'à son crâne. Ses yeux bleus étaient de nouveau fixés vers la loge royale, foudroyant le Roi et le Prince qui observait la scène le menton haut.
Un troisième claquement retentit dans le silence qui était tombé sur l'Esplanade Rouge.
Plus que quarante-sept.
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