Entrée en Guerre
Bonjour tout le monde ! J'espère que vous allez bien ? J'espère que vous arrivez à suivre l'histoire malgré les 2 semaines entre chaque chapitre. Je sais que ce n'est pas l'idéal pour rester accrocher à une histoire, mais croyez moi, je n'ai pas le choix...
En espérant que ce chapitre vous plaira quand même !
Bonne lecture ;)
***
Lorsqu'il avait pris cette décision, il connaissait les risques encourus, et n'avait pas agis sans l'accord de ses troupes. Mais ces dernières ne l'avaient pas déçue.
La veille encore, elles lui avaient prouvé leur loyauté.
Perdu dans ses pensées, Othar observait le paysage calme et reposant qui s'offrait à ses yeux. Un calme illusoire, il le savait. Clignant des paupières pour se réveiller, il se mit alors à chercher une sorte de gîte en bois, dans lequel devait se trouver le chef du village. Il avait besoin de lui parler.
Plissant les yeux, il ne mit pas longtemps avant de trouver ce qu'il cherchait, et se mit en route, traçant dans son esprit le chemin aérien qu'il devrait parcourir pour atteindre sa destination, évitant prudemment d'emprunter les échelles. Son dos n'était pas assez rétabli pour qu'il se permette une telle épreuve.
Quelques minutes plus tard, alors qu'il était essoufflé, le jeune elfe se trouva face au gîte. Il n'avait pourtant pas parcouru une grande distance, et ne s'était pas non plus dépêché, mais malgré les miracles de la médecine elfe, Othar avait tout de même été fouetté à sang la veille. Il en avait perdu connaissance plus d'une fois et s'était vidé de ses forces. Se retrouver essoufflé n'était alors on ne peut plus normal. Cependant, son visage rouge et tiré par la douleur finit par se détendre lorsqu'il scruta les lieux.
Il n'y avait aucun garde. Cependant, un loup était allongé près de la porte, les oreilles dressées, attentif à ce qui l'entourait. Le regard d'Othar s'attendrit face au canidé, et il se retint de s'accroupir pour le caresser. Il n'avait dressé que certains loups de la capitale, pas tous, et heureusement vu leur nombre, mais il ne savait donc pas comment pourrait réagir celui-ci. Bien qu'il ne le craignît pas. Il s'abstint alors d'enfuir ses larges mains dans la fourrure grise du gardien des lieux.
Surveillant l'animal du coin de l'œil, il fit un pas en avant, mais sursauta aussitôt face au loup qui s'était relevé, babines retroussées, grognant de façon menaçante. Othar leva lentement ses mains en montrant ses paumes, en signe d'innocence, et tenta d'apaiser le canidé, faisant chanter sa langue elfique :
— Tout doux mon beau. Je ne veux pas de mal à ton maître.
Mais cela ne calma pas l'animal.
Othar fronça les sourcils, et tenta alors quelque chose. Contrôlant ses gestes pour qu'ils soient lents, et sans quitter les yeux menaçants de l'animal, il défit la boucle de sa ceinture en cuir, et s'accroupit en grimaçant pour la déposer sur le sol, et avec elle, son épée dans son fourreau et ses nombreux poignards aux lames affûtées.
Le jeune elfe esquissa un sourire lorsqu'il aperçut le loup se recoucher pour se lécher la patte antérieure droite. Il se redressa alors sans faire de mouvement brusque et put entrer dans le gîte sans souci.
Il se fia aux voix qu'il entendit pour se diriger dans les couloirs neutres, et mit moins de deux minutes pour trouver une assez grande salle, modeste en décoration, ne comprenant que quelques tableaux peints à la main et une table entourée de six grands sièges aux dossiers hauts.
Othar n'eut pas besoin de frapper pour annoncer sa venue car les quatre présents se retournèrent vers luis dès qu'ils entendirent le parquet grincer sous ses pieds. Les quatre paires d'yeux tournées vers lui étaient écarquillées, surprises par la nouvelle coupe du jeune elfe. Si les conviés à cette réunion furent étonnés par cette décision, ils ne firent aucun commentaire, ce qu'apprécia Othar. Parmi les quatre visages, un particulièrement déplut au jeune elfe qui se tendit aussitôt.
Hyamendacil.
Le nommé Chef Soldat Royal offrit pourtant un sourire au nouveau venu. Mais Othar, plutôt que de sortir de ses gonds, préféra se taire et attendre les explications. Autour de la table rectangulaire, étaient assis deux elfes et deux hommes. Le visage inconnu était certainement le chef d'Antístasì, les autres étant Hyamendacil, Suron et Edwin, l'espion qu'il avait rencontré sur le terrain juste avant de perdre connaissance.
Le visage inconnu se leva en souriant, et contourna la table pour aller serrer la main d'Othar en se présentant :
— Bienvenu à Antístasì, je suis Maedhros, chef du village. C'est un honneur de te rencontrer Othar. Ta réputation est connue dans toute la forêt et nous sommes très heureux de te compter parmi nous aujourd'hui !
Celui-ci hocha la tête poliment en lui rendant prudemment sa poignée de main, mais son regard se tourna une nouvelle fois vers Hyamendacil.
— Assis-toi avec nous, nous allons tout t'expliquer, indiqua Maedhros en l'invitant d'un geste du bras.
Le jeune elfe obtempéra et s'assit à côté de Suron. Mais il remarqua alors qu'il ne portait pas de tunique, et qu'il se trouvait torse nu, bien que les bandages recouvrissent quasiment tout son tronc, à une salle de réunion où tout le monde semblait bien vêtu.
Il prit alors le temps de détailler chacun des attablés. Maedhros, en bout de table, était coiffé d'un bandeau kaki en tissu, couvrant une partie de son front et faisant légèrement gonfler ses longs cheveux blonds qui descendaient jusque dans le bas de son dos. Parmi ses mèches claires, de très fines tresses se dissimulaient dans la masse. Ses yeux bleus étaient légèrement arrondis, ce qui donnait plus de profondeur à son regard cyan. Son visage était assez rond lui aussi, ses joues charnues étaient teintées d'une douce couleur rosée alors que sa fine bouche dévoilait une dentition presque parfaite. Il avait en effet sa canine gauche inférieure en acier. Son cou épais reliait sa tête lourde de responsabilités à ses épaules carrées mais légèrement affaissées par les années, alors qu'un léger ventre se devinait sous son épaisse tunique marron. Il devait approcher la cinquantaine d'années humaines. Sa tunique comprenait une broche au niveau du pectoral gauche, représentant son grade de responsable du village.
En remarquant que son vêtement avait des manches longues, Othar ressentit un frisson en se souvenant que l'hiver commençait. Même si la Forêt des Elfes se trouvait au sud des terres et possédait une sorte de micro climat les protégeant des neiges et des vents glacials, ce n'était pas un temps à se balader torse nu comme il le faisait actuellement.
À la droite de Maedhros, Hyamendacil était tendu. Les sourcils froncés et le visage crispé, il avait ressenti l'aversion qu'Othar lui portait depuis le refus d'Aldaron d'entrer dans le Grand Combat. Ses longs cheveux blonds n'étaient tenus que par une fine tresse végétale sur sa tête, ornées de quelques pierres qui le distinguaient des simples meneurs de troupes. Son visage fin mais sévère était représentatif de la trentaine d'année humaine qu'il comptait à ce jour, tandis que sa stature, fine mais solide, indiquait son ancien rôle de soldat. Sa tunique, elle aussi à manche longue, était simple et unie, de couleur grise. Othar remarqua quelques fils décousus au niveau du pectoral gauche, et comprit alors que l'elfe avait retiré la broche qui le reliait à la Garde Royale.
Suron, lui, avait de longs cheveux blancs attachés en une queue de cheval basse. Ses iris étaient surprenants, à la fois verts et gris, reflétant sa vivacité malgré les années passées, mais également la sagesse qu'il avait acquise au court de ses différents périples. Son front ajouré était marqué par de fines rides qui se faisaient plus visibles lorsqu'il fronçait ses sourcils broussailleux. Son âge avancé et sa corpulence fine et presque frêle pourrait tromper n'importe qui. Cette morphologie dissimulait parfaitement sa force et ses techniques de combats perfectionnées.
Othar tourna son regard vers le quatrième présent, et découvrit le visage entier de l'homme qui lui avait très certainement sauvé la vie. Edwin, espion et combattant de la vallée, se tenait droit, mais était discret malgré la place qu'il prenait. L'homme était grand, épais et carré, ne permettant aucun doute sur sa musculature dissimulée sous la même cape noire qu'il avait porté la veille. Ses cheveux noirs et crépus étaient ras, ainsi que la fine barbe qui recouvrait sa forte mâchoire. Ses yeux étaient attentifs au moindre détail alors que ses prunelles d'un vert presque jaune contrastaient avec la sombre couleur de sa peau.
Le jeune elfe aurait pu être impressionné de se retrouver au milieu de ses hommes dont la prestance ferait trembler n'importe qui, mais, sans être orgueilleux, il savait que son statut de combattant et sa réputation le suivait à chacun de ses pas. Il savait qu'il en imposait tout autant, même s'il avait compris que rester humble était la clé pour rester respecté.
Assis sur son siège, il voulut s'adosser, mais la vive douleur qu'il ressentit l'en dissuada. Il opta plutôt pour poser ses coudes sur la table, attendant les explications qui ne tardèrent pas à venir.
— Il me semble que tu connais Hyamendacil, avança Maedhros.
Il ne fit pas attention au regard noir qu'Othar lança au concerné et continua :
— Ayant été nommé Chef Soldat de l'armée royale par Aldaron, il était au courant qu'une rébellion se préparait, et il savait où se trouvaient les principaux cerveaux de l'action. Tout comme toi, Hyamendacil n'a pas apprécié le refus d'Aldaron pour venir en aide à la Vallée. Alors, lorsque l'occasion s'est présentée, il a rejoint le rang des rebelles. Il leur a fourni des informations capitales, en leur indiquant par où partir lorsque la bataille éclaterait, quels étaient les points faibles des soldats royaux, mais surtout, il a aidé ceux qui étaient chargés de faire brûler le gîte royal. C'est grâce à lui qu'ils ont pu entrer discrètement à l'intérieur, par derrière, et mettre le feu au sein même de la bâtisse. Il avait également commencé à rassembler quelques soldats qu'il savait fidèles et qui partageaient nos convictions, et lorsque le signal a sonné, ces derniers ont aidé vos troupes pendant la bataille, et ont également servi à assurer la sécurité des civils qui partaient pour nous rejoindre ici. Hyamendacil vous a été d'une grande aide, et il a fournis des soldats en plus. Il était proche du Roi et pourra nous aider lors de nos prochaines batailles.
Othar n'avait plus besoin de demander, et fut heureux de constater qu'Antístasì se battrait à leurs côtés. Il avait eu raison d'emmener ses troupes ici. Quant à Hyamendacil, il fut impressionné par les actions qu'il avait menées, mais cela n'effaça pas la rancœur qu'il avait envers lui. Il s'adressa d'ailleurs directement au Chef Soldat :
— Alors pourquoi ne pas avoir rejoint mes troupes lorsque nous sommes partis aider la Vallée ? Si vous étiez si attristé que ça par la décision de votre Roi, vous nous auriez rejoint, ou vous auriez plaidé la cause d'Aïkida lorsqu'elle est venue réclamer notre aide.
Hyamendacil avait anticipé toutes ces attaques, et répondit assez sereinement :
— Je reconnait mes fautes et je ne les nierais pas. Mais lorsque vous êtes partis, toi et tes soldats, Aldaron est sorti de ses gonds. C'est là que je me suis rendu compte, réellement, qu'il ne pouvait plus gouverner. Pas plus que son père, ni son fils. Il fallait que j'agisse. Alors, certes, j'ai réagi un peu tard, mais ensuite j'ai fait tout ce que j'ai pu pour vous apporter mon aide durant la rébellion. Je vous aiderai à faire tomber la couronne.
Othar sembla sceptique face à ces explications, mais ne trouva rien à répondre.
— La bataille a été sanglante, continua le chef d'Antístasì. Les loups vous ont beaucoup aidés, et vos elfes ont été brillants au combat. Mais cela n'a pas suffi.
Le jeune elfe sentit son estomac se nouer. Vingt-huit de mes soldats sont morts. Mais combien d'autres alors ? Combien de civiles ? Combien de soldats royaux reconvertis en rebelles ?
— Vous preniez le dessus, jusqu'à ce que les soldats royaux se multiplient, encore et encore, raconta Maedhros en relatant les faits qu'il avait lui-même entendu de la bouche de beaucoup de soldats. Au moins cent gardes de plus sont arrivés, vous ne pouviez plus faire face, alors vous avez battus en retraite, les loups vous ont suivis, mais deux ont été tués parmi les six montés sur l'Esplanade.
Othar serra les poings.
— La bataille ne se déroulait pas uniquement là, mais partout dans la capitale. Beaucoup d'elfes ont voulu se battre et éliminer le plus de gardes royaux possibles, mais nombre d'entre eux étaient des civiles. Beaucoup ont perdu la vie.
Le jeune blond ferma les yeux, encaissant les nouvelles.
— Dans leur retraite, vos soldats ont néanmoins eu le temps de faire le tour de beaucoup de maisons, et ont pu ramener les elfes qui se cachaient des gardes royaux, ceux-là sont ici, sains et saufs.
Il marqua une pause avant de poursuivre d'une voix grave :
— Lorsque les combats ont éclaté, comme prévus, Aldaron et Elendë ont voulu se réfugier dans leur gîte royal, mais il avait déjà succombé aux flammes qui commençaient à s'attaquer aux arbres alentours.
À ces mots, les trois elfes présents grimacèrent. La forêt était sacrée pour eux.
— Que sont devenus Aldaron et Elendë alors ? demanda Othar.
Mais ce fut Edwin qui lui répondit :
— Ils ont fuis vers le Nord. Je ne suis pas venu seul, mais avec six autres de mes compagnons. Nous étions deux à l'Esplanade, avec vous, trois se sont occupés du reste de la capitale pour sauver le plus de monde possible et les conduire vers Suron qui partait pour Antístasì, et les deux autres ont suivis les deux souverains. Nous restons en contact avec eux, ils nous préviendront de leurs mouvements et des actions du Roi.
Suron fronça les sourcils. Un point le titillait :
— Comment allez-vous communiquer ? Les lettres sont trop risquées, et s'ils sont en mouvement nous ne pourrons pas leur répondre.
Edwin tourna vers le vieil homme un regard brillant de malice et de mystère.
— Cela fait partie des secrets des espions de la vallée. Ne vous inquiétez pas, je vous retransmettrai chaque message.
Tous hochèrent la tête et un silence s'installa. Perdus dans leurs pensées, chacun digérait les nouvelles. La bataille de l'Esplanade n'avait pas été d'une grande échelle comme la plupart des batailles déjà menées. Elle n'avait pas concerné beaucoup plus d'une centaine de soldats environ de chaque côté, mais la situation était tout de même critique. Car même si cette bataille n'entrerait pas dans l'Histoire comme ayant été la plus sanglante, elle resterait dans les livres pour avoir marqué le début d'une guerre civile qui elle, s'annonçait longue et violente.
Finalement, Edwin demanda :
— Et maintenant ?
Le regard d'Othar s'assombrit.
— On détruit Aldaron.
— C'est un combat qui va s'avérer dangereux et long, fit remarquer Maedhros le regard sévère.
— On prendra le temps qu'il faudra pour mettre les civiles à l'abris et pour préparer un plan d'attaque et de défense. Edwin et ses hommes nous aideront à rester en contact avec le Roi, ses actions et ses déplacements. Nous aurons un temps d'avance.
Othar était déterminé. Plus rien, ni personne ne l'empêcherait d'éliminer Aldaron et Elendë, les créateurs des plus sombres cauchemars elfes. Il était temps d'entrer en guerre.
L'homme s'interposa en leur annonçant gravement, mais fièrement :
— Nàmo est au courant de la situation, je lui ai écrit. Nous aurons peut-être du renfort.
Cette nouvelle tira un sourire mesquin au chef du village qui déclara alors fermement :
— Alors Aldaron n'a plus aucune chance.
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