Duel
Bonjour bonjour ! Je voulais vous remercier, vous êtes plus de 600 à m'avoir suivie vers ce deuxième tome, et vos commentaires encourageants m'ont fait super plaisir ! Et pour vous remercier, voici le chapitre suivant, légèrement plus court, en espérant qu'il vous plaira !
Bonne lecture ;)
Lorsqu'Aïkida se réveilla, elle était allongée sur son lit. La jeune fille cligna des yeux, tentant de s'habituer à l'obscurité présente dans sa chambre, mais une sensation désagréable lui fit comprendre que ses yeux étaient rouges et gonflés. Après être sortie de son inconscience, elle s'était endormie, exténuée, et n'avait cesser de pleurer.
Mais Aïkida ne pleurait plus, elle ne pouvait plus, ne s'en sentait plus capable. Sa cage thoracique, blessée par les combats et éreintée des sanglots de la jeune Ilewite, était douloureuse. Sa respiration était sifflante alors qu'une boule s'était logée dans sa gorge depuis la veille.
La Fille Gelée était fatiguée. Fatiguée des combats, fatiguée de ses puissantes attaques magiques, fatiguée des mensonges. Elle était fatiguée de voir les gens qu'elle aimait s'évaporer autour d'elle, soit happées par la faucheuse, soit inondées par les trahisons.
Et généralement, quand Aïkida était fatiguée, elle était d'une humeur exécrable.
La jeune fille en avait marre de réfléchir. Car si elle réfléchissait, elle se rappelait. Elle se rappelait que son seul pilier était Athkor et qu'elle ne pouvait compter sur personne d'autre. Seule. Elle était seule.
Elle avait beau avoir ouvert les yeux dans l'obscurité de sa chambre, c'était sans cesse la même scène qui tapissait sa vision. Ce moment terrible où elle avait senti son cœur se déchirer. Le sourire machiavélique du Masque Noir, la fixant avec une lueur de vengeance dans ses yeux encore miroitant. Ses mains gantées se dépliant telles des araignées et projetant leur toile mortelle vers Elea et Emelï. Leur cri de douleur, leur chute. Leur fin.
Un vide s'était emparé son cœur, et dans ce désert intérieur, résonnait une promesse.
« Papa, il n'arrivera rien à maman et Emelï, je t'en fais la promesse ».
Ce serment qu'elle n'avait pas su tenir, ces paroles prononcées sur le lit de mort de Lomiòn, riches d'émotions et d'engagement, avaient perdu leur sens et frappaient le cœur anéanti de la jeune Ar-Feiniel. Cet écho qui l'avait hanté durant son sommeil et qui continuerait à la poursuivre jusqu'à sa mort, lui rappelait sans cesse qu'elle avait échoué.
Aïkida n'avait plus de famille, plus d'amis. Seul son dragon pourrait lui redonner le sourire, mais pas avant de longs jours sans doute. Elle ne s'imaginait pas se remettre de ces pertes sans son aide, elle ne s'imaginait plus vivre sans Athkor. Ils étaient liés.
Le fait qu'un dragonnier puisse vivre sans son dragon lui était inimaginable, plus insupportable que la pire des tortures. Mais elle, Aïkida Ar-Feiniel, avait tué Brusanth, le dragon de Tarek. Elle n'avait plus la force de s'en vouloir, elle ne ressentait plus rien, imperméable aux pires émotions qui déferlaient sur sa tête comme la plus violente des tempêtes. Elle avait trop pleuré. Elle devait faire son deuil, enterrer sa famille, son amitié et sa confiance donnée aveuglément.
Soupirant, Aïkida s'assit sur son lit et posa ses pieds nus sur le doux tapis qui recouvrait le sol. Ses muscles étaient ankylosés tandis que les courbatures rongeaient tous ses membres, apprenant même à la jeune fille l'existence de muscles dont elle n'avait jamais soupçonné la présence. Ambre s'était occupée de lui faire des bandages et la jeune fille remarqua qu'elle en avait partout. Sur l'abdomen, aux bras et avant-bras, aux cuisses et mollets, à son cou, et elle sentit également une bande de tissu sur la partie gauche de son visage. La Fille Gelée supposa également que son amie avait dû la laver puisque ses cheveux n'étaient plus poisseux et qu'elle se sentait propre.
Se levant finalement, Aïkida enfila sa tunique habituelle, un pantalon et des bottes, mit sa ceinture et y accrocha son poignard ainsi que sa dague. La tête vide et le corps fatigué, elle sortit de ses appartements en traînant des pieds.
La jeune fille fut abasourdie par l'ampleur des dégâts. Les tapisseries des couloirs étaient complètement déchirées, les fils pendaient alors que des bouts de tissus étendus sur le sol, créant une violente mosaïque rappelant les combats acharnés de la veille. Les statues de marbre, qui autrefois avait représenté les plus grands dragonniers de l'histoire sur leur bête légendaire, gisaient désormais au sol, éparpillées en dizaine de morceaux, détruisant la mémoire matérielle du château.
Lorsqu'Aïkida s'aventura dans le couloir principal, les yeux exorbités par la violence que révélaient les lieux, et y décela une forte odeur de roussie. Certaines tapisseries avaient brûlé par endroits alors que la suie recouvrait le haut plafond ainsi que les murs de pierre. Malgré les nombreux dégâts, Aïkida fut rassurée de constater que rien ne mettait en péril les fondations du château, et que ce dernier n'allait pas s'effondrer sur leur tête.
La jeune fille arriva finalement devant la Salle du Trône, où elle supposait que le Haut-Dragonnier s'y trouvait. Les grandes portes de bois avaient été dégondées et arrachées en plusieurs morceaux, réduisant à néant la richesse du bois et des bas-reliefs. N'ayant plus de porte à garder fermée, il n'y avait aucun garde à l'entrée ce qui eut le don de rendre les lieux encore plus chaotiques.
La Fille Gelée s'avança alors et constata les mêmes dégâts que dans les couloirs. Tapisseries et statues détruites, les meubles de bois retournés et arrachés alors que les armes, autrefois accrochées aux murs, étaient désormais brisées au sol. Réunis autour de la seule table qui tenait encore debout, se trouvaient Nàmo, Suron ainsi que les deux dragonniers. Ils affichaient un air grave et le Haut-Dragonnier avait une mine sombre.
Les quatre hommes, ayant entendu son arrivée, s'étaient retournés pour observer la jeune guerrière s'avançait parmi le chaos. Nàmo semblait mal en point avec une canne de bois pour se maintenir debout et un bandage imposant recouvrant son épaule. Mais malgré son état déplorable, son regard restait doux et chaleureux, bien qu'assombri par les durs événements de la veille. Suron, quant à lui, n'avait pas l'air blessé et se tenait droit, avec sa prestance habituelle du vieux sage qui sait se défendre dans n'importe quelle situation, alors qu'un sourire fier fendait son visage quand il regardait son élève. Aïkida, elle, se contentait d'éviter le regard du jeune brun, ne se sentant pas capable d'affronter ses yeux remplis de chagrin et de haine alors qu'ils la fixaient avec intensité.
Soudain, les yeux bleus de la Fille Gelée croisèrent ceux de Leeroy par inadvertance.
Ce regard emplis de tristesse, de regret et de culpabilité fixait Aïkida d'un air coupable. Une violente envie de vomir surgit chez la jeune fille alors qu'elle serrait les poings. Comment ose-t-il me regarder dans les yeux ? Sans qu'elle ne puisse l'arrêter, une puissante haine se déferla sur la jeune Ilewite alors que les jointures de ses doigts devenaient blanches et que ses dents grinçaient sous la force de ses mâchoires serrées. Elle se rendit alors compte qu'elle ne pourrait plus jamais le regarder dans les yeux sans y apercevoir son père, mourant. La simple idée de devoir vivre aux côtés de se meurtrier révulsait la jeune fille et ne faisait qu'accentuer sa haine. Aïkida avait de plus en plus de mal à se contrôler, mais dût se faire violence pour calmer sa respiration et ne pas sauter à la gorge du jeune blond.
La seule chose que la Fille Gelée réussit à prononcer, d'une voix tremblante de rage, fut :
— Je ne commencerais pas cette réunion sans avoir réglé mes comptes. Vous m'avez appris qu'ici, les problèmes se réglaient sur le terrain, alors soit.
Elle se tourna alors vers le dragonnier qui l'avait trahi au plus profond de son âme, et déclara d'une voix plus glaciale que jamais alors que ses yeux s'enflammaient d'une fureur à peine contenue :
— Leeroy, je te provoque en duel.
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