Chasse mouvementée
Bonjour bonjour, je voulais juste utiliser ces quelques lignes pour remercier mille fois ceux qui me soutiennent, qui me laissent de superbes commentaires et qui m'achètent la version papier ! Merci encore ! Voici la suite, en espérant qu'elle vous plaise ! :)
Bonne lecture !
Athkor fendait l'air avec une vitesse à couper le souffle. Aïkida, sur son dos, se tenait en équilibre, assise sur l'immense selle de cuir, arc tendu. Ses bras contractés tiraient la corde jusqu'à sa joue tandis que la jeune fille utilisait la vision de son dragon pour viser la biche qui bondissait avec rapidité parmi les hautes herbes.
Le dragon noir planait avec une légèreté mêlée d'une puissance enchanteresse derrière le gibier qui tentait de s'enfuir. Athkor et Luaj ayant chassé plus tôt dans la matinée, avaient pour consigne de ne pas attraper les proies et de les laisser aux soins des combattants. En effet, les crocs puissants et les griffes acérées des deux bêtes légendaires réduiraient la bête en morceaux en quelques seconde, ne laissant ainsi plus grand-chose à manger pour les quatre jeunes gens. Ces derniers devaient donc se débrouiller pour attraper une proie.
Un œil fermé, Aïkida ne quittait pas la biche du regard tandis qu'Athkor s'occupait de la suivre de près. Les mains crispées de la jeune fille lâchèrent la corde avec force, mais la flèche n'atteignit pas sa cible. Ne se laissant pas abattre, la Fille Gelée en attrapa une autre dans son carquois et se remit en position.
Luaj coupa soudainement la route du dragon noir et fonça sur la biche par la gauche en pivotant gracieusement sur le côté. Leeroy s'était lui aussi muni d'un arc et attendait le moment opportun pour tirer. L'animal bondissait avec panique dans cette immense étendue qu'était la plaine. Cependant, la biche se dirigeait à toute vitesse vers les grands arbres, là où elle pourrait être se sentir en sécurité.
— Il ne faut pas qu'elle atteigne la forêt !! cria Aïkida à l'adresse de son ami.
Ce dernier hocha la tête et décocha une puissante flèche, puis jura en voyant cette dernière disparaître dans la verdure.
Les cheveux au vent, les deux dragonniers fendaient l'air tandis que les dragons accéléraient pour se placer au-dessus de leur proie, espérant ainsi offrir une meilleure opportunité aux deux chasseurs. Mais encore une fois, la biche s'en sortaient indemne, ses bonds empêchant les flèches des deux amis de la toucher.
— Je peux la faire flamber si vous voulez, rit Athkor.
La Fille Gelée, bien que concentrée, ne put s'empêcher de sourire en entendant sa remarque.
Luaj accéléra encore pour dépasser le gibier et descendit en flèche vers le sol pour lui couper la route. Effectuant un gracieux demi-tour, la dragonne rugit avec férocité en se posant souplement au sol. Encore une fois, Aïkida se retrouva sans voix devant ce spectacle majestueux. Je ne me lasserai jamais des dragons maintenant.
Mais la biche, elle, n'avait pas le temps d'apprécier la magnificence de la dragonner bleue, et avait changé de direction. Plus qu'une vingtaine de mètres la séparait de la forêt.
Comprenant alors qu'elle leur échappait, Athkor descendit à son tour pour frôler le sol, à côté de l'animal, et lança un immense jet de flamme devant ce dernier. Les hautes herbes s'embrasèrent immédiatement, dressant un mur brûlant, bloquant l'accès à la forêt. Leur proie était prise au piège. À sa droite se trouvait Luaj, devant elle se dressaient d'immenses flammes tandis qu'Athkor s'occupait de bloquer l'arrière gauche en atterrissant.
Cependant, un détail frappa Aïkida. La biche était en gestation !
Alors que Leeroy allait décocher la flèche qui allait coûter la vie de l'animal, la Fille Gelée s'écria vivement :
— Non ! Ne tire pas ! Elle attend un petit !
Le jeune blond fronça les sourcils et suspendit son geste, observant leur proie de plus près. En effet, la biche était plus ronde qu'elle ne devrait l'être.
Soudain, une flèche traversa les flammes et vint se planter dans le sol, non loin de l'animal apeuré. Ce dernier s'agitait et tournait sur lui-même en quête d'une échappatoire. D'un geste vif, Aïkida rangea sa flèche et fit disparaître les flammes d'un mouvement souple du poignet.
— Alex ! Tarek ! Ne la tuez pas ! s'époumona-t-elle pour se faire entendre.
La biche n'avait pas attendu plus longtemps pour se carapater dans la forêt alors que les deux combattants sortaient de leurs cachettes derrière quelques arbres, à cheval.
— C'est quoi le problème ? ragea Tarek. Vous la teniez ! On va être obligés de tout recommencer !
Aïkida soupira tandis qu'elle sentait une pointe de frustration chez son dragon :
— Désolée Athkor, mais on ne pouvait pas la tuer.
— Je comprends ne t'en fais pas, rit-il. Après tout, moi j'ai mangé ce matin.
Leeroy soupira et expliqua la situation aux deux autres combattants en caressant le cou de sa dragonne. Tarek leva les yeux au ciel et rangea son arc tandis qu'Alex se contenta d'observer la prairie.
Soudain, il s'écria :
— Ici !
Il pointa du doigt un cerf qui bondissait follement en direction de la forêt, espérant passer inaperçu alors qu'il fuyait lui aussi le secteur des dragons.
Ni une ni deux, Athkor et Luaj décolèrent avec puissance tandis que les deux autres combattants partirent au galop. Malheureusement, le temps que les dragons prennent suffisamment de hauteur pour gagner en vitesse, le cerf avait déjà regagné la sécurité des arbres.
— Alex, Tarek, à vous ! s'écria Leeroy tandis que les deux dragons se mirent à survoler les arbres, tentant de suivre la scène des yeux.
Le cerf était plus massif que la biche, mais n'était pas pour autant moins rapide. Bondissant par-dessus les branches, il connaissait le territoire et en tirait profit. Les chevaux lancés au galop avaient du mal à avancer, gênés par les nombreuses ronces et branches présentes entre les épais buissons. Cependant, les deux jeunes hommes ne se laissaient pas abattre et maintenaient l'allure.
Tenant leur bride d'une main, ils préparèrent leurs couteaux de l'autre. Ne pouvant pas lâcher complètement prise à cause du terrain peu sûr sur lequel ils s'étaient engagés, les deux combattants ne pouvaient pas tirer à l'arc. Ils n'avaient pas le droit à l'erreur. Une flèche était facile à fabriquer, mais une arme blanche ne se créait pas au coin d'un feu. S'ils rataient leur cible, ils perdraient leurs couteaux parmi les ronces.
Soudain, un terrain plus dégagé apparut sur la gauche de Tarek. Ce dernier s'y engagea sans hésiter et gagna ainsi en vitesse tandis qu'Alex s'était déplacé sur la droite du cerf. Ils se trouvaient désormais tous deux au même niveau que leur proie.
Les arbres avaient un feuillage dense, ce qui cachait une bonne partie de la lumière du soleil. Dans l'obscurité, les cavaliers allaient à une allure folle, évitant toute sorte d'obstacle, ne pouvant cependant empêcher les petites branches de leur fouetter le visage. Les chevaux avaient retrouvé une vitesse digne de leurs capacités tandis que les deux jeunes hommes s'allongeaient presque sur leurs destriers pour fendre l'air avec aisance.
Tarek fit encore accélérer son cheval, et alors qu'il devançait le cerf de seulement une cinquantaine de centimètres, les deux combattants se rapprochèrent d'un mouvement commun, resserrant l'espace de fuite du cerf. Ce dernier se retrouvait désormais encadré, et seul un petit mètre le séparait de ses chasseurs.
D'un geste précis et vif, Alex lança son couteau qui vint se planter jusqu'à la garde dans l'échine de l'animal. Un fort brame de douleur se fit entendre tandis que le cerf perdait de la vitesse, manquant de peu de tomber. Tarek jeta alors un œil devant lui pour vérifier qu'aucun arbre ne le prendrait en traître, puis sauta de sa selle, laissant son cheval galoper seul.
Se jetant sur leur proie, le jeune brun saisit fermement les bois du cerf dans sa chute. Atterrissant durement au sol, Tarek dut faire preuve de force pour ne pas lâcher les bois de l'animal qui se débattait bruyamment alors qu'ils roulaient tous les deux au sol. Manquant de peu d'écraser le dragonnier, le cerf était violent alors que la panique l'avait submergé et qu'il ne cessait de se tordre dans tous les sens en donnant de furieux coups de sabots. Il tentait en vain de se relever et de prendre la fuite, mais Tarek, désormais allongé sur le côté, tenait fermement les bois de l'animal alors que ce dernier perdait peu à peu de ses forces. Le jeune brun tentait d'immobiliser l'animal, mais celui-ci pesant plus du double du poids du dragonnier, la tâche s'avérait périlleuse. Alex sauta alors de son cheval après avoir arrêté ce dernier, et dégaina un second couteau qu'il vint planter fermement dans le cœur de l'animal.
Ce dernier s'éteignit dans un cri de souffrance.
Haletants, les jeunes hommes attendirent quelques secondes, s'assurant de la mort de leur proie, avant de s'autoriser à bouger. Alex retira ses deux couteaux ensanglantés de la chair du cerf avant de les essuyer sur la mousse d'un arbre et de les ranger.
Tarek quant à lui, se redressa en grimaçant et en se tenant le bras gauche. Sa chute avait été violente et les bois de l'animal ne l'avaient pas épargné.
— Belle prise, siffla Alex en observant leur proie ensanglantée.
— Hmm.
Les yeux vairons se posèrent sur le jeune brun qui se dirigeait désormais vers son cheval qui s'était arrêté un peu plus loin.
— Tu boites, lui dit-il.
— Je sais.
Tarek ne se retourna que pour amener son étalon vers le cadavre du cerf, puis ajouta :
— Il faut qu'on le ramène rapidement si on ne veut pas que les mouches nous en bouffent la moitié.
Alex soupira :
— Et tu comptes faire comment ? Tu n'as pas l'air en état de porter un animal de 200kg.
Son ton fut cynique, et Tarek y répliqua habilement :
— Moi peut-être pas, mais toi oui.
Nonchalant, il enfourcha son cheval et lui fit faire un tour complet pour observer les lieux et tenter de repérer dans quelle direction se trouvait la prairie.
Lorsqu'il sut où aller, Tarek fit avancer son cheval, et avant de partir, lança au combattant :
— Tu n'as qu'à faire preuve d'imagination, je suppose que puisque tu es si fort que ça, tu dois connaître la lévitation ?
Et sur ces mots cassants, le jeune brun repartit au galop.
Leeroy, Aïkida, Athkor et Luaj s'étaient posés à l'endroit où le dragon noir avait enflammé les hautes herbes quelques minutes plus tôt. Cela faisait trois jours qu'ils voyageaient, et ils avaient choisi de suivre la lisière de la forêt pour que les dragons puissent se poser, et pour bénéficier de la cachette que leur offraient les bois en cas de danger.
La jambe d'Aïkida allait un peu mieux. Elle pouvait de nouveau marcher même si elle boitait sérieusement, mais ne pouvait pas encore courir, ni se tenir sur sa seule jambe blessée. Ses cicatrices avaient perdu de leur noirceur et la douleur était moins présente. Durant ces trois jours, les combattants avaient décider de chasser pour se nourrir tant qu'ils le pouvaient, et de garder les vivres pour les moments où le gibier se ferait plus rare. Les tensions s'étaient quelques peu apaisées au sein du groupe, même si une méfiance mutuelle était partagée par chacun d'entre eux.
Ils avaient trouvé un rythme régulier : ils voyageaient cinq heures le matin, et six l'après-midi en se laissant une heure de repos vers midi. Sur le dos de leurs dragons, Aïkida et Leeroy voyaient la mer depuis la veille, et selon les dires d'Alex, ils atteindraient la plage le lendemain dans la soirée.
Luaj et Athkor s'étaient allongés alors qu'Aïkida et Leeroy amassaient des bouts de bois pour allumer un feu. La nuit tombait. Puisqu'ils s'éloignaient des Montagnes et s'approchaient de la mer, le froid se faisait moins mordant, bien que tout de même sévère. Ils n'avaient pas encore rencontré de neige, hormis dans les Montagnes.
— Tu crois qu'ils ont réussi à l'avoir ? demanda Aïkida. Il avait l'air rapide et solide.
— Je ne sais pas, répondit Leeroy en faisant jaillir les flammes dans ses mains. Mais en tout cas, s'ils l'ont eu, ce n'est pas ce soir qu'on aura faim !
Les deux amis se sourirent et s'assirent autour du feu que venait de créer le jeune blond.
Des bruits de sabots se firent alors entendre dans la forêt. Les deux dragonniers tournèrent immédiatement la tête, impatients de savoir si leurs compagnons avaient réussi à tuer le cerf. Mais leurs sourires disparurent aussitôt lorsqu'ils aperçurent Tarek qui revenait seul.
Ils se levèrent d'un bon et allèrent à la rencontre de leur ami qui descendait de cheval.
— Que s'est-il passé ?! Où est Alex ?
Si Leeroy et Aïkida étaient aussi inquiets, c'était parce que du sang recouvrait les épaisses fourrures de Tarek au niveau de son bras gauche, et que son visage était lui aussi balafré. Un long filet de sang s'écoulait de sa tempe gauche alors que les griffures des branches rayaient la peau du dragonnier.
— Alex arrive avec le cerf.
Poussant un demi-soupir de soulagement, Aïkida se détendit.
Mais lorsque Tarek descendit de son cheval et voulut s'avancer vers le feu, sa jambe gauche sembla lui faire sévèrement défaut. Leeroy se précipita alors pour l'aider à marcher, et contrairement à ce qu'il pensait, le jeune brun ne refusa pas son aide. Ils s'avancèrent pour s'assoir devant les flammes.
Aïkida avait froncé les sourcils et s'accroupit près du jeune brun en lui demandant :
— Le sang sur ton bras, c'est le tien ou celui du cerf ?
— C'est le mien, répliqua gravement le dragonnier.
— Fais voir, ordonna-t-elle en lui prenant le bras.
— C'est rien. Le plus embêtant c'est ma jambe.
D'un geste brusque, le dragonnier remonta son pantalon jusqu'au genou, révélant à l'air libre la plaie profonde qui traversait son tibia. Le sang coulait abondamment le long de la peau du jeune brun tandis que cette dernière était déjà violacée voire noire autour du trou béant.
Les yeux écarquillés, Aïkida et Leeroy fixait la blessure avec horreur tandis que Tarek serrait de plus en plus la mâchoire. La douleur montait à la même vitesse que le sang s'écoulait.
— Comment tu as fait ça ?! demanda la jeune fille horrifiée, ne pouvant détacher ses yeux de la plaie.
— J'ai sauté sur le cerf pour l'immobiliser mais j'ai reçu un coup de sabot et un coup de bois à la tête.
Pendant ce temps, Leeroy se préparait à utiliser la magie pour soigner son frère d'arme, quand soudain, ses yeux s'écarquillèrent.
— Qu'est-ce que... !
Le jeune blond fixait avec horreur la peau de son ami qui s'embrasait brusquement, faisant sursauter la Fille Gelée.
— Mais tu... Tarek tu brûles !
Prise de panique, Aïkida leva prestement ses mains pour éteindre les flammes qui consumaient la jambe du jeune brun, mais ce dernier lui attrapa fermement les poignets en plongeant un regard sévère dans les yeux de la jeune fille.
— N'interviens pas.
— Quoi ?! Mais t'es complètement malade tu es en train de brûler !
Alors que la panique montait crescendo chez la jeune Ilewite, Leeroy parut soudainement se détendre. Poussant un soupir de soulagement en comprenant ce qu'il se passait, le dragonnier se mit même à sourire devant son amie qui fixait les flammes avec horreur.
Finalement, au bout de quelques secondes, ces dernières disparurent soudainement, révélant une peau flambant neuve. Alors que Tarek tenait toujours les poignets d'Aïkida, cette dernière ne se débattait plus, bouche bée. L'immonde plaie qu'avait causée le sabot du cerf avait disparu dans les flammes.
— Mais qu'est-ce que...
Soudain, elle grimaça alors que Tarek lui resserrait violemment les poignets. S'apprêtant à lui demandait pourquoi il venait de lui faire ça, elle remarqua qu'il lui jetait un regard noir et que ses sourcils étaient sévèrement froncés. D'un geste aussi rapide que discret, il posa un doigt sur sa bouche, lui intimant le silence. Ses yeux lui firent comprendre que si elle désobéissait, les conséquences seraient violentes.
Fronçant les sourcils à son tour, Aïkida tourna la tête vers Leeroy, cherchant un soutien, mais il lui intima également le silence, de façon néanmoins plus diplomatique. Ne comprenant absolument pas ce qu'il se passait, la jeune fille ouvrit la bouche, s'apprêtant une nouvelle fois à demander des explications, quand Tarek resserra encore plus fort ses poignets et qu'une voix retentit dans leur dos :
— Eh beh ! Avec une prise comme ça on ne risque pas de mourir de faim, c'est moi qui vous le dis !
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