Réveil brutal
Aïkida se réveilla dans une pièce qui lui était inconnue. Il faisait sombre et la jeune fille n'avait aucun repère. Elle était allongée sur un lit de fer, et avait les mains derrière la tête. Lorsque la Fille Gelée voulu se redresser, ses poignets ne répondirent pas. Elle tira sur ses bras avec force, mais, menottée, elle n'entendit que le bruit métallique des chaines contre la tête de lit. Fronçant les sourcils, la jeune fille essaya de bouger ses jambes, mais constata que ses chevilles étaient elles aussi attachées. La Fille Gelée jura et fut prise d'un violent mal de tête tandis que ses blessures se mirent à la faire souffrir atrocement. Elle serra les dents et échappa un gémissement de douleur.
Essayant de réfléchir, Aïkida fronça les sourcils. Où était-elle ? Que s'était-il passé ? Elle se souvenait seulement s'être battue contre trois types pour défendre son amie Ambre.
Un léger filet de lumière s'échappait d'une porte. Grâce à Athkor et sa vision améliorée durant l'obscurité, la jeune fille remarqua qu'elle ne portait pas ses propres habits mais un léger tissu blanc qui la couvrait jusqu'au-dessus des genoux.
Tout à coup, son sang se glaça. La lourde porte en fer s'ouvrit violemment, laissant une lumière vive pénétrer dans la pièce humide. Aïkida plissa les yeux alors que ses pupilles se rétractèrent, éblouie, ne pouvant pas porter sa main en visière. Après quelques secondes d'adaptation, la jeune fille distingua deux silhouettes postées sur le seuil.
L'une d'elles s'approcha du lit, et la Fille Gelée put reconnaitre Nàmo. Elle allait crier de joie, espérant qu'il la libèrerait, mais elle s'abstint en remarquant son expression. Mélange de tristesse, de culpabilité, mais également d'une étrange détermination.
— Bonjour Aïkida, salua-t-il en caressant sa barbe.
La jeune fille haussa un sourcil et allait lui demander des explications quand il l'arrêta d'un geste de la main.
— Nous attendions ton réveil pour commencer les tests. Hier soir, tu as utilisé ta magie spontanément. Ce qui était impressionnant, n'était pas tant le produit de ton acte, mais plutôt, la quantité de magie présente dans l'air à cet instant-là. Pendant l'utilisation, ton corps a changé et nous aimerions mesurer le taux de pouvoir que tu détiens. Excuse-nous de t'avoir attachée et mise à l'écart, mais cela pourrait devenir dangereux.
Aïkida écarquilla les yeux et finit par froncer les sourcils et serrer les mâchoires lorsqu'elle reconnut la deuxième silhouette qui venait de s'avancer.
Scar. Son apparence hideuse fit frissonner la jeune fille.
— Ça risque de faire un peu mal, annonça ce dernier un rictus aux lèvres.
À ces mots, il posa une main sur le buste de la femme dragonnier, à l'emplacement du cœur, et l'autre sur son front. À ce contact, une lumière vive s'échappa des paumes du roi de Vicini.
La Fille Gelée s'arqua brutalement en hurlant de douleur. Ses cris perçants n'étaient que torture. Les iris de ses yeux exorbités virèrent au violet profond tandis que la jeune fille tirait sur ses chaînes avec violence. Tous ses muscles étaient bandés et les blessures de la veille se remirent à saigner abondamment, tachant le vêtement blanc.
Soudain, une chaleur insupportable la rongea de l'intérieur. La même sensation que la veille, mais en beaucoup plus puissante. La jeune fille hurla de douleur, le front en sueur. Ses poignets et chevilles était lacérés tant elle tirait sur ses chaînes. Brûler de l'intérieur était une faible expression pour décrire l'atroce souffrance qu'elle ressentait à cet instant-là. Le roi de Vicini fût contraint de retirer ses mains.
La Fille Gelée se tut brusquement. Son corps était tendu comme un arc sur le lit, plus personne ne bougeait. Ses yeux étaient presque redevenus normaux. Presque. Son œil gauche avait retrouvé la teinte azurée, mais l'œil droit avait complètement viré au violet. Un long bruit sourd se fit entendre et devint de plus en plus fort. Les ongles d'Aïkida déchiraient ses paumes en sang tant elle serrait les poings, et elle était devenue encore plus pâle qu'à son habitude. Le bruit s'accentua jusqu'à devenir insupportable. Les deux hommes étaient crispés, se couvrant les oreilles.
Puis, plus rien. Un silence de mort pesa un dixième de seconde dans la pièce. Plus personne ne bougeait.
Alors Aïkida ouvrit brusquement ses poings. La magie fut propulsée avec une violence inouïe autour de la jeune fille, propageant une vive lumière. Il y eu une énorme explosion. Nàmo et Scar furent projetés contre le mur et tombèrent au sol avec fracas. Ils grimacèrent de douleur tandis que les murs se mirent à trembler. Des fissures apparurent dans la pierre froide un nuage de poussière tomba du ciel, recouvrant les trois personnes présentes dans la pièce.
La Fille Gelée gisait sur le lit, ensanglantée, à moitié consciente. Avec la puissance de sa magie, ses menottes avaient littéralement explosé. Elle entendit des cris inconnus, et des ordres fusèrent alors que les battements de son cœur assourdissaient les autres sons. La dernière chose qu'elle aperçut dans son champ de vision devenu flou, fut quelques hommes qui les aidèrent à sortir du bâtiment avant qu'il ne s'effondre.
La jeune fille reperdit conscience.
Aïkida se réveilla pour la deuxième fois. Mais cette fois-ci, elle se trouvait bel et bien dans sa chambre. La jeune fille resta de longues minutes ainsi, allongée, écoutant les bruits alentours. Elle était seule. La Fille Gelée se redressa finalement, un peu trop vite, et ce fut son abdomen qui la punit violemment tandis que la tête lui tournait. Elle grimaça et s'assit prudemment en tailleurs sur le lit. La jeune fille se massa le crâne en soupirant.
Après quelques instants, Aïkida constata qu'elle n'était qu'en petite tenue et que ses blessures avaient étaient soignées. Le bandage de son abdomen était légèrement imbibé de sang et elle remarqua qu'une pile de linge propre avait également été déposée sur la chaise en bois.
Soudain, elle entendit une voix qu'elle commençait à bien connaître :
— Bonjour Aïkida, fit Athkor.
— Bonjour.
— Ça va mieux ?
— Que s'est-il passé ?
— Tu as une magie très puissante, ça t'a épuisé, tu dors depuis un moment.
Aïkida soupira et essaya de se lever. Elle y arriva tant bien que mal et décida de s'habiller.
Sur la chaise, il y avait un pantalon marron, et une tunique de la même couleur. Il y avait également ses brassards de cuir ainsi que sa ceinture. La jeune fille s'avança d'abord vers le miroir et constata qu'elle avait des bleus partout et qu'elle était propre. Propre ? Supposant que ce devait être Ambre qui s'était occupée de tout cela, La Fille Gelée se retourna et sursauta de stupeur, la faisant grimacer de douleur. Son tatouage s'était encore affiné. Les détails étaient réalistes et magnifiques tandis que les ailes du dragon recouvraient les épaules de la jeune fille.
Soudain, quelqu'un frappa à la porte.
— Une minute ! J'arrive ! indiqua Aïkida.
— Tu es réveillée ! s'exclama Ambre de l'autre côté de la porte.
— Ah c'est toi ! Tu peux entrer alors.
La porte s'ouvrit. La jeune femme prit soin de la refermer derrière elle, puis s'élança dans les bras de son amie qui l'enlaça avec amitié. Au bout d'un certain temps, Aïkida grimaça et informa :
— S'il te plait Ambre, tu me fais mal.
— Oh pardon ! s'excusa-t-elle en se dégageant.
— Ce n'est rien.
Les deux amies se sourirent puis la jeune femme se rappela de quelque chose :
— Oh mon dieu Aïkida je suis tellement désolée ! Tout cela est de ma faute ! Si j'avais su me défendre tu ne serais pas dans cet état !
— Ne t'en fait pas, ce n'est pas de ta faute, expliqua la jeune fille aux cheveux blanc en fronçant les sourcils. Au fait, ça va toi ? Et ton père ?
— Oui, grâce à toi ! Il est encore blessé mais sa vie n'est plus en danger. Merci infiniment Kida, je te dois la vie.
— Je suis rassurée, et ce n'est rien.
— Tu as tué Thorus et Holkuis. Ensuite, quelqu'un a achevé le brun juste avant qu'il ne s'en prenne à toi. Ils sont tous les trois morts.
— Qui est ce « quelqu'un » ?
— Je ne sais pas.
Aïkida hocha la tête, pensive.
— Les jeux ont été reportés à demain, continua Ambre. Ils devaient avoir lieu le lendemain de la fête, mais avec toute ces histoires, Nàmo a préféré attendre un peu.
— Les jeux ? questionna la jeune fille.
— Oui, tous les combattants peuvent s'y inscrire. Il s'agit de se battre à l'épée, et le grand vainqueur s'inscrit dans le livre des Vainqueurs. Tout le monde attend cet évènement avec impatience !
La jeune femme se reprit avant de s'exclamer :
— Mais trêve de bavardage ! Comment tu te sens ?
— Engourdie, même si c'était pour la bonne cause. J'ai tué deux hommes Ambre...
La jeune Ar-Feiniel s'assis sur le lit en échappant une grimace, imitée par la jeune femme.
— Tu as fait ce qu'il fallait Aïkida. Ne regrette jamais tes actes, tu entends ? Si tu les as faits, c'est parce que à cet instant-là, c'est ce qu'il te semblait le plus juste. Tu as agi avec courage, et je te remercie encore d'avoir sauvé Jake.
La Fille Gelée sourit faiblement :
— Merci.
Ambre se releva brusquement en tapant dans ses mains et s'exclama :
— Bon ! Dépêchons-nous le dîner va bientôt commencer !
— Le dîner ?
Aïkida regarda par la fenêtre et constata en effet que le soleil se couchait. Elle avait dû dormir depuis la veille. Ambre aida alors son amie à s'habiller et elles partirent en direction du réfectoire.
Lorsqu'elles arrivèrent, tous les Combattants se turent. La Fille Gelée remarqua qu'au bout de la table de droite, se trouvaient Nàmo, Leeroy et Tarek. Comme les autres, ils avaient les yeux rivés sur elle.
Les deux amies allaient s'installer à une table voisine quand Leeroy fit signe à Aïkida. Cette dernière regarda son amie, il n'y avait qu'une place de libre. Mais Ambre lui sourit et lui dit :
— Ne t'inquiète pas, j'ai dit à Jake que je mangeais avec lui, va retrouver tes gardes du corps.
La jeune fille leva les yeux au ciel, et allait répliquer, mais la jeune femme était déjà partie.
Aïkida, dans son entêtement, la suivit. Elle n'avait aucune envie de manger à la table du Haut-Dragonnier. Quand elle s'assit à côté de son amie qui lui lançait un regard interrogateur, Nàmo se leva et s'exclama :
— Je voudrais porter un toast à nos deux héros, Aïkida et Jake, qui se sont battus avec bravoure. Que la Vallée soit toujours dans leur cœur.
À ces mots, les combattants levèrent leur verre et crièrent de joie, sauf quelques-uns. Surement les proches de Thorus. Génial, je me suis faite des ennemis. pensa la jeune fille.
Mais le Haut-Dragonnier ajouta d'un ton sévère :
— Vous devriez prendre exemple, aucun de vous n'est intervenu dans ce duel !
Tout le monde se tût, refroidi, tandis que la jeune fille leva les yeux au ciel en serrant les mâchoires. Il est intervenu lui peut-être ?
Elle regarda ensuite dans la direction de Leeroy, et vit que ce dernier la regardait avec incompréhension. Lui non plus n'est pas intervenu. Aïkida détourna le regard et demanda au père d'Ambre comment il allait.
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