Règlement
Les deux gardes, qui étaient restés à l'entrée, s'approchèrent de nouveau de la jeune fille. Cette dernière leur tendit les bras en levant les yeux au ciel, exaspérée. Ils l'empoignèrent, un peu moins violemment que précédemment, et la reconduisirent dans sa cellule.
Environ une demi-heure plus-tard, la porte de la cellule s'ouvrit et Leeroy entra. Ses yeux bleus brillaient et sa mâchoire affirmait son caractère masculin tandis que de ses bras musclés, il portait une pile de vêtements. Il s'excusa auprès de la prisonnière :
— C'est ta tenue de combat. On n'a jamais reçu de femme donc...
— Parfait, coupa Aïkida.
La jeune fille se leva, prit la tunique ainsi que le pantalon que le jeune blond lui tendait, et les posa sur le banc. Elle se redressa ensuite, se planta devant Leeroy et lui fit face :
— C'est quoi cette histoire de combat et de stadium ?
Leeroy s'assit au sol pour lui répondre en soupirant :
— Quand deux personnes ont un différent, elles règlent leurs comptes sur le terrain. Nàmo a considéré que toi et Tarek aviez des choses à régler. Mais chez nous, tout se dit dans le stadium.
Aïkida s'assit en face du jeune homme, sur le banc et répliqua :
— Mais je ne le connais même pas ! Je ne vais tout de même pas me battre contre lui juste pour un dialogue qui a dérapé !?
Leeroy haussa les épaules.
— Le combat commence dans une demi-heure. La nouvelle se répand déjà dans tout le château, ajouta-t-il.
— Il y a souvent des combats ?
— Assez. Mais celui-là va attirer énormément de monde.
— Pourquoi ça ?
Leeroy leva les yeux vers la jeune fille avec compassion.
— Tarek est le meilleur combattant de toute la Vallée. De plus, aucune femme n'est admise ici, sauf les infirmières ou les domestiques. Tu es un cas exceptionnel. Mais, on en parlera plus tard, change-toi vite. Ensuite il faudra aller à l'armurerie du château.
— En gros je vais me battre contre un champion alors que je viens d'arriver et que je ne sais même pas ce que je fais ici ? Super.
Leeroy sourit face à cette remarque et se répéta :
— Dépêches toi de te changer.
Aïkida acquiesça sans trop comprendre ce qui lui arrivait et se releva.
Elle allait commencer à enlever ses vêtements quand elle se rendit compte que le jeune homme était toujours là.
— Ça te dérangerais de me laisser deux minutes ? demanda-t-elle d'une voix glaciale.
Leeroy rit, se releva en s'excusant, puis sortit de la cellule.
Le jeune blond la conduisit jusqu'à l'armurerie, où l'attendaient Nàmo et Tarek. Le vieil homme paraissait tout excité, contrairement au jeune brun. Ce dernier annonça :
— Je ne vais pas me battre. Pas contre une fille.
Le sourire du Haut-Dragonnier disparut tandis qu'Aïkida répliqua brusquement :
— Aurais-tu peur de perdre ton honneur face à moi ?
— Le jour où je perdrais un combat face à une femme ? Je serais déjà à moitié mort, et encore...
Alors que la jeune fille contenait sa rage, le vieil homme s'interposa en leur demandant :
— Avec quelle arme souhaitez-vous vous battre ?
Les murs étaient recouverts d'armes de toutes sortes et il balaya la pièce d'un rapide geste de main avant de se retourna vers Tarek pour entendre sa réponse. Celui-ci s'adressa à la jeune fille :
— Choisis. Quelle que soit l'arme que tu prendras, je t'écraserai.
Aïkida ne fit pas attention à sa remarque et annonça la tête haute :
— Je veux me battre avec mon propre bâton de combat.
La Fille Gelée remarqua que Tarek avait haussé un sourcil, tout comme le Haut-Dragonnier. Seraient-ils surpris que je sache manier le bâton ?
Nàmo hocha la tête et demanda silencieusement à l'un de ses gardes d'aller chercher le bâton de la jeune fille. Tarek s'approcha d'une armoire et ouvrit le premier tiroir pour en sortir un bâton de combat rétracté, sculpté dans un bois plus foncé que celui d'Aïkida.
Le garde revint quelques minutes plus tard et la jeune fille récupéra son arme. Tous les regards étaient fixés sur elle lorsqu'elle demanda d'un ton assuré :
— Quelles sont les règles ?
Leeroy prit la parole pour la première fois depuis qu'ils étaient arrivés dans la salle et répondit :
— Il n'y a qu'une seule règle : ne pas tuer son adversaire. Il est également interdit de crever les yeux et de sectionner un membre. Hormis cela, tous les coups sont permis
À ces mots, Tarek afficha un sourire sadique tandis que celui de la jeune Ar-Feiniel s'effaça. Quand elle s'était entraînée avec Suron, l'objectif n'avait pas réellement été celui de blesser l'autre.
Là, si.
Nàmo sourit et annonça qu'il était temps de se rendre sur le terrain. Tous hochèrent la tête et partirent, entourés de quelques gardes. Sur le chemin, les hommes se précipitaient vers le stadium. Leeroy n'avait pas mentit, beaucoup de monde venait voir ce combat. Elle remarqua également qu'il avait dit vrai à propos des femmes. Elle n'en vit aucune.
Dans le long couloir principal, ils virèrent à gauche pour descendre un escalier étroit avant de se retrouver dans les tunnels du château. L'endroit était humide et désert tandis que leurs bruits de pas résonnaient sur la pierre froide. Le pouls de la jeune fille s'accélérait.
Ils arrivèrent finalement devant une lourde porte en bois et Nàmo s'arrêta, imité par les autres.
— Leeroy, reste avec Aïkida. Tarek et moi, nous allons de l'autre côté. Au signal, tu lui ouvres la porte, et toi Aïkida, dit-il en se tournant vers elle, tu t'avanceras jusqu'au milieu du terrain. Tu y retrouveras Tarek.
Les deux jeunes gens hochèrent la tête et le vieil homme repartit, suivi du jeune brun.
Leeroy s'appuya alors contre le mur et soupira. La jeune fille, quant à elle, écarta les jambes et commença à s'échauffer. Elle toucha le sol avec ses mains, jambes tendues, puis passa d'un pied à l'autre tout en contrôlant sa respiration. Le jeune blond la regardait faire en souriant, et lorsqu'Aïkida se releva et qu'elle s'en rendit compte, elle demanda :
— Qu'est-ce qui te fait sourire ?
Le jeune homme la regarda droit dans les yeux et finit par répondre :
— Tu n'es pas une fille comme les autres.
— Si tu parles de mes cheveux, je suis au courant, dit-elle en levant les yeux au ciel et en reprenant ses échauffements.
— Je ne parlais pas uniquement de tes cheveux.
La jeune fille s'allongea sur le sol, et commença à enchaîner quelques pompes.
Au bout de treize, elle s'écrasa au sol en soupirant. Elle demanda alors :
— Alors en quoi je ne suis pas comme les autres si tu ne parlais pas de mes cheveux blancs ?
— Ça par exemple, dit-il en s'accroupissant près de la Fille Gelée. La majorité des filles n'en font même pas cinq.
Aïkida s'assit et haussa les épaules en expliquant :
— Ce n'est qu'une question d'entrainement, j'ai promis d'arriver à en faire vingt.
À cette pensée, son estomac se noua. Reverrait-elle sa famille ? Suron ?
Leeroy allait répliquer, mais un coup de gong retentit soudainement. Il annonça alors :
— Le signal. C'est à toi.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro