Le réveil
La bête de légende gronda d'exaspération et lui répondit, toujours par la pensée :
— Près du ruisseau.
— Merci.
Tarek s'approcha de son dragon et lui caressa doucement les naseaux. Ce dernier recula brusquement et gronda de colère :
— Ce n'est pas la peine de revenir si ce n'est pas pour me dire la vérité.
Le jeune brun soupira et sortit de la grotte.
Il arriva près du lieu indiqué environ une heure plus tard. Les arbres projetaient un peu d'ombre sur l'herbe verte de la Vallée tandis que l'eau de la montagne apportait de la fraîcheur. Les clapotis du ruisseau rendaient le lieu apaisant, accompagnés de quelques oiseaux courageux qui volaient dans les parages et qui chantaient gaiement.
Tarek avait sorti son épée du fourreau et s'approchait lentement du bois. Sans faire de bruit il avançait doucement, posant ses pieds discrets parmi les fleurs qui parsemaient l'herbe fraîche de tâches colorées. Il finit par apercevoir le jeune dragon qu'Aïkida avait maitrisé deux jours plus tôt. Il était allongé sur le sol, les yeux clos, mais son ventre flamboyait, montrant que les flammes n'attendaient que le feu vert pour jaillir de sa puissante mâchoire. La dernière fois que Tarek l'avait vu, Aïkida s'été apprêtée à le blesser sérieusement, et il était beaucoup plus petit. Le dragon avait grandi et grossi d'au moins trois mètres de long et d'un mètre haut.
Le jeune homme avait beau s'approcher, le monstre de feu n'avait aucune réaction. C'est tout ce que je voulais savoir. Sur-ce, Tarek repartit au château.
Lorsque le jeune brun entra dans la chambre de la jeune fille, il y retrouva son frère de combat, assis sur une chaise.
— C'est le jeune dragon de la dernière fois, annonça Tarek.
— Evidemment, avec quel autre dragon voulais-tu qu'elle se transforme ! C'est le seul qu'elle a côtoyé.
— Je suis allé vérifier pour avoir confirmation. Il se transforme lui aussi. Mais quelque chose ne va pas.
— C'est-à-dire ? demanda Leeroy.
— Sa transformation est beaucoup trop précoce, il a grandi.
— Certes c'est un peu tôt, mais je ne vois pas en quoi on devrait s'inquiéter d'un jeune dragon qui grandit.
Tarek s'approcha du jeune blond et se pencha pour lui dire d'un air glacial :
— Je te dis que c'est beaucoup trop tôt. Le dragon n'a pas seulement grandi, il a pris au moins trois ou quatre mètres de long son abdomen était rouge vif. Il ne crache pas de petites flammèches comme le feraient les dragons de son âge. Il est beaucoup plus puissant.
Leeroy regarda son frère de combat avec de grands yeux, bouche bée, sonné par l'information. Après avoir froncé les sourcils, il se ressaisit et lui proposa :
— Tu veux la surveiller ou je reste encore un peu ?
— Tu peux rester autant de temps que tu veux. Je n'ai pas envie de passer le plus clair de mon temps à surveiller une morte-vivante. La transformation dure en moyenne trois ou quatre jours et je ne compte pas rester là à rien faire et à fixer les murs.
Sur ces mots secs, Tarek repartit, laissant son ami seul avec une Aïkida inanimée.
Leeroy commençait à s'endormir quand un gémissement le tira de sa rêverie. Il alluma le chandelier qui se trouvait sur la table de chevet et se retourna vers le lit pour y voir Aïkida, réveillée. Le jeune homme sauta de sa chaise et se précipita vers la Fille Gelée qui reprenait peu à peu ses esprits.
— Ça va ? Comment tu te sens ?
— Wow... Doucement, pas besoin de crier, dit-elle en fronçant les sourcils et en se massant le crâne.
— Excuse-moi. Ça va ? demanda Leeroy, inquiet.
En effet, ce n'était pas normal qu'elle soit déjà réveillée. Comme l'avait précisé son frère de combat, une transformation durait plusieurs jours, mais elle se tenait bel et bien là, consciente au bout de seulement trois heures.
— Je me sens... bizarre. Différente.
Aïkida essaya de se relever mais grimaça de douleur.
— Doucement, conseilla le jeune homme en l'aidant à s'assoir.
Le jeune blond remarqua qu'elle était toujours en petite tenue et que son tatouage ne saignait plus. Ce dernier s'était étendu et recouvrait désormais son dos jusque sur la nuque de la Fille Gelée. Leeroy se détourna, respectueux.
— Qu'est-ce qu'il m'est arrivé ? demanda Aïkida et se recouvrant des draps, énervée. Je peux avoir mes vêtements ?
— Oui, je reviens, annonça Leeroy en partant à la recherche d'Ambre.
La jeune fille, épuisée, ne comprenait pas ce qu'il s'était passé. Elle profita alors de l'absence du jeune homme pour se lever rapidement, tout en essayant de ne pas tituber, et s'observa dans une glace.
Son corps était légèrement plus musclé, plus ferme. Ses cheveux étaient plus longs et plus blancs, tout comme sa peau qui était beaucoup plus pâle. En revanche, ses iris bleues n'étaient plus contournées d'un bleu foncé, mais d'un profond violet.
La jeune fille se retourna lentement et fronça les sourcils quand elle remarqua que son tatouage avait changé. Les ailes étaient beaucoup plus fines et détaillées alors que le dragon était apparu en entier. La tête montait jusque sur sa nuque, et les membres postérieurs ainsi que la queue, descendaient sur ses hanches et s'enroulaient même autour de sa cuisse droite.
Aïkida entendit des bruits de pas arriver et plongea sur le lit en s'enroulant sous les draps. Elle remarqua en fronçant les sourcils qu'elle avait été plus rapide et plus précise qu'elle ne l'avait été auparavant.
Leeroy entra, accompagné d'Ambre, de Nàmo et de Tarek. Ce dernier resta en retrait et s'appuya contre la porte en bois, bras croisés et le front tiré par une expression sévère. La servante avait apporté une pile de vêtements confectionnés sur mesure pour la jeune fille, et s'approcha du lit. Elle posa le linge sur la chaise avant de se retourner vers les hommes, les poings sur les hanches :
— Mais enfin ! Allez ! Du balai ! Vous n'allez quand même pas attendre qu'elle se change devant vous ?
Tarek leva les yeux au ciel et ils sortirent tous les trois, le temps pour Aïkida de se changer.
La fille aux cheveux blancs se tenait debout et remerciait Ambre pour la tenue.
Elle portait dorénavant un pantalon et une tunique marron sur laquelle venait s'ajouter une ceinture en cuir noire qui cintrait sa taille de guêpe. Il n'y avait pas à dire, elle avait l'allure d'une magnifique guerrière.
— Tu ne préfères pas mettre de robe ? demanda néanmoins le jeune blond, étonné.
Aïkida allait lui répondre mais Tarek la prit de cours :
— Tu as déjà vu une fille se battre en robe ? Ah non, c'est vrai... Ce n'est pas censé exister une fille qui se bat.
La Fille Gelée allait répliquer mais fut coupée une nouvelle fois :
— Bon, puisque tu as l'air en forme Aïkida, vous allez tous me suivre dans mes appartements, ordonna Nàmo.
Tandis que tous sortaient de sa chambre, la jeune fille en profita pour glisser sa dague dans sa ceinture. On ne sait jamais.
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