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XVII - Le cœur en fête


Comme ils l'avaient craint, la cinquième année d'études fut difficile à vivre pour Marinette et Adrien. Leur séparation leur pesait et les conditions dans lesquelles ils étudiaient se dégradèrent.

Du côté de Marinette, beaucoup de ses amis avaient terminé leurs cursus ou les continuaient ailleurs. Sa nouvelle colocation était une bonne affaire si l'on prenait en compte le prix demandé, l'emplacement et la taille de la chambre. Par contre, elle appréciait peu ceux qui partageaient l'appartement avec elle cette année-là.

Par bonheur, les cours et ses stages en entreprise lui plaisaient toujours autant. Malheureusement, son travail lui laissait moins de jours de liberté, et c'est Adrien qui la rejoignit le plus souvent à Londres. Elle se trouvait ainsi coupée de ses parents et de ses meilleurs amis.

De son côté, Adrien s'était toujours pas réellement intégré dans son école. Son retrait des clubs étudiants et Gregory, qui lui vouait une rancune tenace pour avoir sauvé Lucie de ses griffes, l'avaient isolé dans sa promotion. Lucie avait fait son possible pour le présenter de manière positive auprès de ses amis, mais la plupart d'entre eux – elle compris – fréquentaient surtout des cercles extérieurs à l'école. Adrien avait donc des relations suffisamment bonnes avec ses camarades quand il fallait travailler avec eux, mais cela s'arrêtait là.

Adrien se serait bien tourné vers ses amis de longue date, mais la plupart étaient en couple maintenant et préféraient passer la soirée à deux. Nino, qui s'était fixé sentimentalement, ne convoqua que deux réunions « Collège Françoise Dupont » cette année-là.

Adrien se réfugia donc dans le travail, tant scolaire que pour gagner de l'argent. Il en dépensa une bonne partie en aller-retour pour Londres. C'étaient des séjours assez courts compte tenu des obligations nombreuses de Marinette – parfois seulement une soirée et une demi-journée –, mais il s'y rendit en moyenne toutes les trois semaines. Ces moments leur étaient indispensables. À la fin de ces escapades, ils devaient se raccrocher à l'idée que c'était la dernière année de séparation pour arriver à se séparer. À partir du mois d'avril, ils se mirent tous deux en recherche d'emploi à Paris pour la rentrée suivante.

Un soir, durant leur appel vidéo quotidien, Adrien indiqua :

— Je suis en train de faire mon CV.

— C'est bien, mon chaton. Tu t'en sors ?

— Oui, c'est pas trop compliqué, j'ai eu une vie simple jusqu'à maintenant.

— Oui, enfin, façon de parler !

— J'ai un peu élagué, mais tu y tiens, je peux ajouter : « Intitulé du poste : Chat Noir (22 mois) – Description : Défenseur de Paris (en équipe) – Compétences acquises : maniement de bâton, affinage de camembert, destruction de monuments (niveau cataclysme), chasse au Papillon ».

— Non, Chaton, non... protesta Marinette en riant.

— Et dans ma lettre de motivation, je peux arguer de mes capacités de transformation capillaire ou de négociateur avec les vilains, continua Adrien sur sa lancée.

— Je ne crois pas, pouffa Marinette.

— Mais comment tu veux que je sorte du lot, alors ?

— Escrime, chinois, piano ? suggéra Marinette.

— Pourquoi pas Pâte à choux ? proposa Adrien. Je la réussis super bien, maintenant. On a vendu mes chouquettes comme des petits pains, dimanche dernier.

— Oui, oui, Chaton. Mon père m'en a parlé. Il est très fier de toi.

— C'est dingue, quand même, le nombre de compétences qu'on ne peut pas mettre dans un CV ! réalisa Adrien. Tiens, je ne peux même pas prouver que je sais très bien travailler en équipe, tu y crois, toi ?

— Tu ne veux quand même pas que je te fasse une lettre de recommandation ! sourit Marinette.

— Qu'est-ce que tu y mettrais ? s'intéressa Adrien.

— Tendance à se jeter tête baissée dans les ennuis sans analyse préalable de la situation, humour douteux, miaulements intempestifs, commença Marinette.

— Quoi ? s'indigna Adrien.

— Partenaire extraordinaire, ami loyal, excellent amant....

— Ah, quand même !

— Je savais que cela te plairait ! Surtout le dernier élément.

— Disons que c'est toujours bon à savoir.

— Fais pas semblant d'être modeste, mon minou. Tu n'es pas crédible.

— Mais si, je suis modeste ! Je ne l'ai pas mis sur mon CV dans mes points forts, fit valoir Adrien.

— Encore heureux ! Ça ne regarde que moi !

— Va savoir ! Vu le nombre de personnes qui viennent dormir dans cette chambre...

— C'est ça, insiste encore là-dessus ! fit semblant de bouder Marinette.

— Je me console comme je peux.

— Oui, eh bien console-toi tout seul et arrête de transformer ma chambre en auberge de jeunesse.

— Hé ! C'est une super idée, ça. Tout le monde adore les YMCA ! se mit à chanter Adrien en commençant à mimer la chorégraphie à grand renfort de moulinets de bras.

— Une chose est sûre, tu ne peux pas ajouter « Danseur alphabétique », le tacla Marinette.

— Tu n'es pas très constructive ce soir, protesta Adrien. Pff, je retourne à mes lettres de motivation.

— C'est bien, mon chaton. Moi, je me couche, j'ai une grosse journée demain.

— Bonne nuit, ma Lady. À très bientôt.

— Bonne nuit, Chaton.

oOo

Quand Marinette fut enfin libérée de toutes ses obligations en Grande-Bretagne, Adrien partit la chercher avec la camionnette de Tom pour la ramener avec toutes ses affaires, qui s'étaient bien étoffées en cinq ans. Quand il parvint à destination, il sonna à la porte de l'appartement où elle avait logé cette année-là. Elle lui ouvrit et se jeta dans ses bras. Ils restèrent enlacés sur le palier de longues minutes, le cœur en fête, ayant à l'esprit qu'enfin ils ne se sépareraient plus, que le temps ne leur était plus compté et qu'ils étaient venus à bout de leur long purgatoire.

oOo

Ils n'avaient rien prévu pour les deux mois qui suivirent. Ils prirent du temps pour eux, pour parler, se câliner, marcher dans ce Paris dont ils avaient eu la charge durant deux ans et dont les maisons et les rues leur rappelaient des souvenirs qu'ils ne pouvaient partager qu'entre eux. Marinette passa aussi de longs moments avec ses parents qu'Adrien pouvait remplacer en boutique ou au fournil pour les libérer. Les amoureux contactèrent aussi tous leurs amis qu'ils virent en fonction des vacances des uns et des autres. Au mois d'août, quand Tom et Sabine fermèrent la boulangerie, ils partirent tous les quatre à Royan où les Dupain-Cheng avaient leurs habitudes et ils profitèrent du soleil et de la plage.

De retour à Paris, Adrien commença à exercer son premier emploi. C'était un poste dans un bureau d'études où il devrait faire des calculs de résistance de matériaux. Le salaire était un peu bas par rapport à son niveau d'étude, mais on lui avait fait miroiter une évolution de carrière rapide s'il en montrait les compétences. Il faisait donc de son mieux pour acquérir des connaissances sur les besoins spécifiques des clients de son entreprise et comprendre ce que faisaient ses collègues.

Marinette entra dans une maison de couture assez importante, pour intégrer une équipe de styliste. Cette expérience fut moins plaisante pour elle que pour son amoureux. Elle trouvait sa structure très dogmatique, très loin de ce qu'elle avait expérimenté en Angleterre. Elle se sentait totalement bridée dans ses créations – alors qu'elle restait cependant très raisonnable dans ses propositions. Trois mois plus tard, elle était encore plus dégoûtée. Un de ses modèles, qui avait été refusé car ne cadrant pas avec le style de la maison, fut proposé pratiquement à l'identique par celui qui l'avait repoussé avec dédain auparavant. Il fut adopté par les instances supérieures avec moult compliments pour l'indélicat. Marinette décida de changer d'employeur.

Elle envoya de nouveaux CV et fut assez vite convoquée pour un entretien dans une grande maison de couture. Les deux entretiens qu'elle eût se passèrent à merveille. En sortant du second, on lui assura qu'elle pouvait considérer qu'elle était embauchée. Malheureusement, après une semaine de silence, quand elle relança son contact, il lui fait comprendre, par des formules détournées, que sa candidature n'avait pas été retenue.

Quand elle annonça la nouvelle au dîner familial qui suivit, Adrien s'écria une voix rageuse :

— C'est un coup de mon père, j'en suis certain.

— On ne peut pas savoir, objecta Marinette. Si cela se trouve, cela n'a aucun lien avec lui. Ça peut être mon entreprise actuelle qui a su que j'avais l'intention de partir.

— Marinette, à ce niveau ce n'est plus de l'aveuglement, c'est de la naïveté. Bien sûr que c'est lui.

— Tant pis, décida-t-elle de ne pas argumenter. J'aurais d'autres occasions. C'est pas un drame non plus.

— C'est de ma faute, commenta sombrement Adrien. J'aurais dû accepter de le revoir. J'aurais pu te protéger. Marinette, je suis désolé, j'ai été nul.

Marinette se crispa et donna un coup de poing sur la table tellement fort que toute la vaisselle tinta.

— Ça commence à bien faire ! gronda-t-elle. Arrête de tout ramener à toi ! Ton père m'en veut parce que je l'ai empêché de récupérer les Miraculous et que je lui ai pris son fils. C'est de moi dont il s'agit ! revendiqua-t-elle ne se frappant la poitrine du poing. J'ai gagné contre lui, je me suis battue pour ça. Et je ne regrette rien. Je recommencerais s'il le fallait. Je refuse que tu te mettes devant moi pour me protéger. On se bat ensemble, en équipe, en se couvrant l'un et l'autre. Je ne suis pas la princesse dans la tour qui attend pendant que son preux chevalier se prend les coups pour elle. Ton père a d'excellentes raisons de me détester et j'assume totalement qu'il s'attaque à moi. Je suis capable de le surmonter. J'ai besoin de ton soutien, mais pas que tu prennes personnellement ce qui m'est destiné. C'est clair ?

Le visage d'Adrien s'était figé pendant la diatribe de Marinette. Il déglutit avant de lâcher :

— Compris, Milady.

— Bien ! ponctua-t-elle en inspirant profondément pour reprendre son calme. Ça va aller, Chaton, ajouta-t-elle d'un ton radouci en se levant pour se rapprocher d'Adrien et lui caresser la joue. Quoi qu'il fasse, un jour, j'aurais ma boutique. C'est une promesse que je me suis faite à moi-même et j'ai bien l'intention de la tenir.

— Oui, ma Lady. Pardon.

Sans répondre elle le serra contre elle. Tom et Sabine échangèrent un regard rempli de fierté. Leur fille était une personne exceptionnelle.

oOo

Au cours des semaines suivantes, Marinette dut se rendre à l'évidence. Certaines maisons, qui avaient paru intéressées par son profil auparavant ne se donnaient même plus la peine de lui répondre. Gabriel l'avait fait blacklister. Finalement, elle prit une décision : créer son entreprise de stylisme et proposer ses services à des maisons qui se fournissaient auprès d'indépendants. Ces marques n'évoluaient pas toutes dans le cercle de la grande couture et pourraient être moins sensibles à l'influence de Gabriel Agreste. Elle en informa ses proches et se mit à rassembler tous les papiers et attestations nécessaires pour se lancer. L'été approchait. Elle espérait avoir finalisé son projet pour la rentrée suivante.

Chloé rentra des États-Unis, auréolée par son MBA en conduite d'entreprise. À peine remise de son décalage horaire, elle vint rendre visite à sa famille d'adoption. Ils furent tous heureux de se retrouver, même s'ils n'avaient jamais perdu le contact, échangeant régulièrement conversation écrite, audio et vidéo. Chloé était très intéressée par le projet de Marinette, et lui demanda les raisons de ce choix.

Quelques jours plus tard, Chloé pria Marinette de passer la voir au Grand Paris, après son travail. Quand elle s'y présenta, la styliste eut la surprise de trouver son amie qui l'attendait dans le hall d'accueil, habillée comme si elle revenait d'un rendez-vous d'affaires.

— Allons au salon de thé, proposa Chloé en se dirigeant vers la pièce de l'établissement qui proposait ce service.

En la suivant, Marinette repensa à son séjour dans l'établissement, huit ans auparavant. Que le temps avait passé vite, finalement ! Les adolescents perdus qu'ils avaient été étaient devenus de jeunes adultes indépendants, ayant mené les études de leur choix et débutant leur carrière. Ils avaient travaillé dur pour y parvenir, mais avaient aussi bénéficié de beaucoup de chance et de soutiens. Si ses parents ou ceux de Chloé ne s'étaient pas mobilisés pour eux, que seraient-ils devenus ?

Chloé semblait avoir réservé une table dans la salle lambrissée où elles étaient entrées. À peine furent-elles assises, que l'indispensable Jean leur apportait du thé parfumé et des petits gâteaux. Il prit poliment des nouvelles de Marinette puis il s'éclipsa. Marinette regarda Chloé d'un air interrogateur. À quoi rimait toute cette mise en scène ?

— J'aimerais te faire une proposition professionnelle, révéla enfin la fille du maire.

— Je t'écoute, dit Marinette ne sachant pas du tout à quoi s'attendre.

— Je voudrais entrer dans ta société en tant qu'apporteuse de capital et commerciale.

— Oh, balbutia Marinette soufflée. C'est gentil, mais tu sais, Adrien m'a déjà proposé de m'avancer de l'argent.

— Ce n'est pas la même chose. Moi, j'investis mes biens et j'ai bien l'intention que cela me rapporte. Je veux 45 % des parts de la société et un salaire au moins égal au tien.

Marinette ne répondit pas tout de suite. Elle voulait analyser un minimum cette proposition avant de répondre. Elle examina Chloé. Celle-ci la regardait droit dans les yeux, mais sans arrogance.

— Pourquoi ? demanda enfin la styliste.

— Parce qu'il est temps que je gagne ma vie. Parce je crois en toi. Parce que si j'ai fait mes stages dans le milieu de la mode, c'est pas seulement à cause de ma mère. C'est parce que cela m'intéresse.

Marinette ouvrit la bouche de stupéfaction.

— Chloé... commença-t-elle d'une voix tremblante.

— Ne me répond pas tout de suite ! la coupa Chloé. Tu as peut-être d'autres partenariats en vue, d'autres projets. Si tu acceptes, ce doit être parce que tu penses que c'est un avantage pour toi. C'est le projet de ta vie. Moi, je peux toujours travailler et investir ailleurs. Cela n'influera sur notre relation.

— D'accord, répondit Marinette d'une petite voix. Et, euh, ton argent, il vient d'où et combien souhaites-tu investir ?

— Mon père dépose tous les ans de l'argent sur un compte à mon nom, depuis ma naissance. L'équivalent de 20 000 euros par an. Il l'a fait jusqu'à mes 21 ans. Tu peux faire le compte. Je te propose 45 % de mon capital. Si tu veux plus, alors j'aurai une part plus importante dans la société.

— Je vais réfléchir à tout ça, s'engagea Marinette. Et quelle que soit la réponse, je te remercie pour cette formidable proposition.

— Parfait, dit Chloé. Tiens, prends une madeleine, elles sont aussi bonnes qu'à la boulangerie. Au fait, que devient Kylian ?

oOo

— Sacrée Chloé, commenta Adrien quand Marinette raconta la scène le soir au dîner. Quand elle fait les choses, c'est pas à moitié.

— Heureusement que j'étais assise quand elle a fait sa proposition, remarqua Marinette. J'aurais jamais imaginé ça.

— C'est bien qu'elle prenne sa vie professionnelle en main, approuva Sabine.

— Quand elle le veut, elle peut travailler dur, témoigna Tom rappelant qu'elle les avait aidés à la boulangerie quand Sabine avait été malade.

— Son choix est très logique, quand on y pense, estima Adrien. Elle a besoin de se sentir entourée par des amis proches qui l'aiment et la soutiennent, même en connaissant ses faiblesses et ses mauvais côtés. Elle aime se sentir spéciale et elle choisit un milieu où elle peut de prévaloir d'être la fille d'une grande pointure. Elle se donne aussi des chances de continuer à intéresser sa mère, ne serait-ce que d'un point de vue professionnel.

— Ah oui, reconnut Marinette. Avec ton analyse, ça a du sens.

— Ce qui ne veut pas dire qu'elle n'est pas sincère quand elle dit qu'elle croit en toi, précisa Adrien.

— Je sais qu'elle aime réellement ce que je fais. Mais je préfère savoir qu'elle va réellement en tirer un avantage. Parce qu'elle prend un vrai risque financier, et je ne veux pas qu'elle le fasse par reconnaissance ou amitié. Ça me donnait des scrupules. Cependant, il y a un d'autres aspects à prendre en compte.

— Lesquels ? demanda Sabine.

— Pour commencer, elle débute, commença Marinette. Je ne sais pas si elle est bonne ou pas dans ce qu'elle propose de faire. Et elle n'a pas réellement d'expérience.

— Toi non plus, nota son père.

— Justement. Est-ce que je ferais pas mieux de prendre quelqu'un qui pourra me conseiller ?

— Sans vouloir être méchant, Milady, tu n'es pas vraiment du genre à écouter les conseils, fit remarquer Adrien. Tu commences toujours par tester ta solution, et ce n'est qu'une fois que tu t'es plantée que tu te dis que tu aurais peut-être dû écouter les autres.

— Moui, c'est possible, reconnut Marinette alors que ses parents souriaient avec bienveillance.

— Et je te rappelle qu'elle a obtenu un diplôme qui est loin d'être de la gnognotte, insista son petit ami. Elle en sait plus que toi sur la manière de gérer une entreprise.

— Oui, c'est vrai. Mais ce n'est pas le seul obstacle. L'autre élément qui me fait hésiter, c'est le fait qu'on soit proches. C'est pas toujours une bonne idée de travailler avec ses amis ou sa famille.

— Ce n'est pas forcément gênant, sourit Sabine.

— Maman, il est impossible de se disputer avec toi. Et puis Papa et toi, vous êtes toujours d'accord, ou presque. Chloé et moi, c'est pas là même configuration. Et puis il y a son caractère. Va-t-elle accepter que je lui pointe ses erreurs, sachant qu'elle en fera nécessairement ? Ai-je intérêt à embaucher quelqu'un qui peut blesser à mort un de mes partenaires par son manque d'empathie ?

— Le monde de la mode est très concurrentiel et loin d'être tendre, rappela Adrien. Ton énergie et ton astuce ne suffiront pas toujours. Avoir à tes côtés une personne agressive et sans scrupules pourra t'être d'une grande aide.

— Il est certain que sur ce point, elle fera l'affaire, convint Marinette.

— Autre chose, ajouta Adrien. Je reconnais que Chloé n'est pas naturellement portée sur la coopération et le travail de groupe. Mais à chaque fois qu'elle nous a proposé son aide et que nous l'avons acceptée, nous n'avons pas été déçus. Elle s'est surpassée et nous a étonnés. Si tu lui passes assez la pommade et elle se défoncera pour ta boîte.

— Toi au moins, tu sais la vendre ! nota Marinette alors que ses parents approuvaient de la tête.

— Et c'est pas tout, continua Adrien. On sait déjà que tu auras à combattre mauvaise publicité que mon père te fait. Engager Chloé te rappellera au bon souvenir de sa mère. Il ne s'agit pas de l'embaucher que pour ça, mais de le considérer comme la cerise sur le gâteau.

Marinette soupesa les arguments que son amoureux avait avancés. Finalement elle demanda :

— Tu crois que si je la supplie à genoux elle acceptera de travailler pour moi ?

oOo

— Tu as parlé à Chloé ? demanda Adrien à Marinette, deux jours plus tard, alors qu'ils finissaient de faire le ménage hebdomadaire dans leur chambre.

— Pas encore, j'ai voulu me donner un peu de temps avant de prendre une décision aussi importante, répondit-elle en remettant en place le tapis qu'elle venait de secouer sur la terrasse. Mais je pense que je suis décidée à accepter sa proposition.

— Si je comprends bien, tu la préfères à la mienne, fit remarquer Adrien d'un air faussement vexé.

— Oui, répondit Marinette sans la moindre gêne. Je n'ai jamais aimé l'idée d'utiliser ton argent. C'est par pure reconnaissance, tu n'y as aucun intérêt.

— Ton bonheur est mon intérêt, la contredit son petit ami en rangeant l'éponge avec laquelle il venait de nettoyer le lavabo. Mais je comprends ton ressenti. Et si tu acceptes la proposition de Chloé, je ne m'avoue pas vaincu. J'en ai deux autres en réserve.

— Tu ne veux pas me laisser souffler ?

— Nope, je veux que tu signes sans réfléchir, répondit-il en se plantant devant elle.

— Ok, dévoile-moi tes intentions démoniaques, sourit-elle en lui accordant son attention pleine et entière.

— Déjà, puisque tu n'as plus besoin de mon argent pour ton entreprise, je vais l'utiliser pour nous acheter une maison, avec un atelier où tu pourras travailler.

— Oh, Adrien ! fit-elle visiblement touchée.

— Avec assez de chambres pour avoir trois enfants et une niche pour le chien, précisa-t-il. Toi, je te laisse acheter la cage du hamster.

Marinette ouvrit la bouche pour répondre, mais n'y réussit pas. Ses yeux s'humectèrent.

— Oh, Adrien ! répéta-t-elle. Ce n'était qu'un délire d'adolescente.

— Non, Milady, c'était un plan. Et moi, je suis toujours bien trouvé de suivre les tiens. Celui-ci me plaît beaucoup. De plus en plus, même.

— Oh, Adrien ! dit Marinette en se jetant dans ses bras.

— Non, c'est pas là qu'il faut pleurer, signala-t-il. Je n'ai pas fini.

— Je ne sais pas si je peux en supporter davantage.

— T'es une héroïne, ma Lady. Alors, t'es prête ?

— Euh, d'accord.

Adrien se recula, prit une inspiration et demanda :

— Marinette, est-ce que tu veux bien m'épouser ?

Elle ouvrit de grands yeux et porta ses deux mains à sa bouche.

— Hey, Milady, depuis le temps qu'on est ensemble, tu ne vas pas me dire que tu ne t'y attendais pas un peu, protesta Adrien en la prenant par les épaules.

— Pas... là... comme ça.

— Moi, ça me paraît le bon moment. Tu prends ton envol professionnel, j'ai pris le mien, il est temps qu'on ait notre maison et qu'on officialise notre situation.

— Oui, oui, bien sûr. Mais tout en même temps, ça me fait drôle.

— Et encore, je ne t'ai pas proposé de mettre notre premier enfant en route, plaisanta-t-il. On va lancer ton entreprise d'abord.

— Adrien, si tu en as vraiment envie...

— J'ai vraiment envie de te voir réussir. On est jeunes, on a tout le temps pour fonder une famille. Et puis, je veux encore un peu profiter de mes nuits. Des tiennes aussi.

Ils s'embrassèrent tendrement.

— Dis, tu n'as toujours pas répondu « oui », fit remarquer Adrien.

À son tour, Marinette prit un peu de recul pour prononcer :

— Adrien, je serai très heureuse de devenir ta femme. J'ai envie de vivre avec toi, d'avoir des enfants de toi et qu'on les élève ensemble.

Adrien ressentit un immense bonheur en entendant ces mots. Un immense sourire naquit sur ses lèvres. Il tendit les mains vers Marinette qui les saisit.

— C'est vrai que, même si on s'y attend, ça fait quelque chose, reconnut-il.

— Tu es un héros, Chaton, lui renvoya-t-elle.

— C'est vrai. On a surmonté le plus dur. Savourons maintenant le meilleur, conclut-il en l'attirant de nouveau contre lui.

oOo

Trois jours plus tard, Marinette arriva le soir alors qu'Adrien était en train de mettre la table du dîner.

— Ça va ? demanda-t-il en voyant la tête qu'elle faisait.

— Oui, oui. J'ai juste discuté avec Chloé, répondit-elle.

— Vous vous êtes disputées ? s'inquiéta son fiancé.

— Même pas. Elle a juste été extraordinairement elle-même. Rien de grave. Laisse-moi juste le temps de décompresser, je vous raconterai ça quand on mangera.

— Euh, d'acccord.

— Inutile d'appeler Chloé, précisa-t-elle en montant les marches menant à sa chambre. J'ai seulement besoin de réfléchir encore un peu.

Un peu contrarié, Adrien termina de préparer le repas. Il avait trouvé que c'était une bonne idée que Chloé et Marinette travaillent ensemble, mais il se demandait maintenant s'il ne s'était pas montré trop optimiste.

Quand Tom et Sabine arrivèrent, Marinette les rejoignit. Elle semblait avoir retrouvé sa sérénité. Ils s'installèrent autour de la table et Tom servit le premier plat.

— Comment s'est passée votre journée ? demanda Sabine au jeune couple.

Adrien se tourna vers Marinette, attendant qu'elle livre enfin le récit de sa rencontre avec leur amie. Elle lui sourit pour le rassurer.

— J'avais rendez-vous avec Chloé, expliqua-t-elle à ses parents. Pour lui dire que j'acceptais sa proposition d'association et de financement.

— Oh, c'est bien, ma chérie, fit Sabine, heureuse de voir les deux jeunes femmes s'entendre si bien.

— J'avais à peine terminé ma phrase qu'elle a pris la parole et m'a fait passer un véritable examen d'embauche.

Adrien éclata de rire, avant de se contrôler :

— Désolée, ma chérie, mais c'est tellement Chloé !

— Oui, je sais, mais bon, ça surprend toujours un peu.

— Et tu as eu le poste ? s'intéressa Adrien.

— Eh bien, j'ai été priée de définir mon projet. Après m'avoir entendue, elle l'a qualifié de « Ridicule, absolument ridicule ».

— Il faut lui reconnaître une indiscutable capacité à délivrer des messages percutants et concis, estima Adrien, d'une voix rêveuse.

— Elle exagère, quand même ! protesta Tom.

— Elle a sa logique, tenta de minimiser Sabine.

— Et son tact, grinça Marinette.

— A-t-elle proposé un projet alternatif ? tenta de faire avancer Adrien.

— Elle a commencé par démonter le mien, grimaça, Marinette. Elle m'a dit que c'était idiot de prévoir de me placer comme styliste indépendante dans des maisons de couture, sachant que, visiblement, je n'avais pas réussi à m'adapter à leur manière de travailler. Qu'en plus, c'était rester à la merci de Gabriel Agreste, et que je n'avais pas la carrure pour gagner contre lui sur ce terrain. Adrien, c'est toi qui as raconté à Chloé que je n'arrivais pas à trouver un autre poste à cause de ton père ?

— Euh, oui, désolé si tu penses que j'aurais pas dû, admit son fiancé d'une voix contrite.

— Je suppose que tu espérais qu'elle demande à sa mère de m'aider, commenta Marinette, mais elle a visiblement estimé qu'elle pouvait le faire elle-même. C'est dans cette optique qu'elle m'a proposé une association.

— Elle pense mieux réussir que sa mère ? voulut comprendre Tom.

— Eh bien, elle a déclaré que c'était stupide de la prendre pour associée sans chercher à bénéficier de ce qu'elle peut m'apporter. Elle m'a rappelé qu'elle avait un immense carnet d'adresses auprès de personne qui ont les moyens de mettre de l'argent dans leurs vêtements ou qui ont besoin de se faire faire des costumes de scène.

— Oh ! fit Adrien.

— Voilà, confirma Marinette.

— Euh, vous pourriez nous expliquer, les enfants ? demanda Sabine.

— Elle pense que je devrais proposer mes services à des particuliers. Je pourrais leur fournir des conseils vestimentaires s'ils veulent changer d'image, leur proposer des modèles uniques et les coudre pour eux. Avec toutes les personnes qui passent à l'hôtel de son père ou fréquentent André dans le cadre professionnel, elle peut me recommander à énormément de monde.

— Mais... cela me paraît une excellente idée ! approuva Sabine. Mais toi, Marinette, ça te plairait de faire ça ?

— Ça dépend des aspects, répondit sa fille. J'aime créer des collections complètes. Là, au mieux, j'aiderais quelqu'un à revoir son style vestimentaire et je proposerais quelques pièces. À la limite, je pourrais concevoir les costumes d'un spectacle. Mais je ne lancerais pas de collections.

— Rien ne t'empêche de le faire plus tard dans ta vie professionnelle, une fois que tu te seras fait connaître plus modestement dans certains milieux, fit remarquer sa mère.

— Oui, je suis consciente que cela peut être une manière détournée de réaliser mon rêve Ce qui m'ennuie le plus, c'est que j'ai peur d'avoir des difficultés à réaliser moi-même ce que je pourrais dessiner. Mon école nous a davantage appris à innover qu'à reproduire techniquement ce que nous imaginons. Je sais ce qui est possible ou non, mais je ne sais pas reproduire tout ce qui est possible.

— Mais des techniciens, tu peux en trouver, non ? considéra Adrien.

— Oui, Chloé m'a déjà répondu que des couturières, on en trouve à la pelle. Je connais personnellement des techniciennes extraordinaires, que j'ai rencontrées à mon travail actuel et en stage. Il faut que je voie si l'une d'elles serait intéressée par du travail à la pièce. Au début, je n'aurais pas de quoi occuper une personne à plein temps. Enfin, il paraît que tout ça c'est du détail. Il va falloir que j'explique à Chloé que certains détails peuvent faire la différence entre la réussite et le foirage intégral. En tout cas, elle m'a déjà programmé un rendez-vous avec un client la semaine prochaine.

— Elle n'a même pas attendu ta réponse pour commencer à bosser pour toi ? remarqua Adrien. C'est beau d'avoir autant de confiance en soi, quand même.

— Douter, c'est pour les faibles, hein ? ironisa Marinette.

— T'a-t-elle dit le nom de la personne en question ? s'enquit Sabine.

— Jagged Stone.

— Ah, génial ! s'enthousiasma Adrien.

— Je suis certain qu'il va adorer ce que tu vas faire pour lui, renchérit Tom.

— Je l'espère. Chloé n'y est pas allée par quatre chemins. Elle a dit texto : « Il a aimé les lunettes et la pochette de disque que tu lui as créées quand tu avais 14 ans. Si avec dix ans de plus et après avoir été à l'école de ma mère, tu te rates, autant que je le sache et que je retire mes billes tout de suite !".

Un silence songeur suivit cette déclaration.

— Tu es certaine que tu veux travailler avec Chloé ? douta Tom.

— Cela ne dépend plus de moi, répondit Marinette. C'est Jagged qui en décidera !

oOo

Quand Marinette et Adrien furent seuls dans leur chambre, il lui demanda :

— Tu crois vraiment que tu pourras travailler avec Chloé ?

— Ça fait quatre ans qu'on s'entend pas trop mal, et je pense arriver à faire totalement abstraction de la forme et écouter uniquement le fond, quand elle me parle. Je me fiche qu'elle ait qualifié mon projet initial de stupide ou ridicule. Ce qui compte, c'est uniquement ses arguments et ce qu'elle a proposé à la place.

— De ce que j'en ai compris au dîner, ce qu'elle propose te plaît réellement, même si ce n'est pas ton ambition initale.

— Oui, je pense qu'elle a raison sur la viabilité de son projet et ma capacité à le porter.

Songeur, Adrien la regarda se démaquiller, assise devant sa coiffeuse. Il sentait qu'il y avait autre chose. Elle arrivait à le dissimuler maintenant, mais il avait vu son regard quand elle était arrivée. À ce moment-là, elle était profondément troublée.

Dans la glace, Marinette vit que son fiancé la regardait et elle posa son coton démaquillant. Ses traits se crispèrent et elle admit :

— Oui, c'est vrai, je... tout cela me fait douter de moi.

— Ma Lady, tu seras excellente pour conseiller des clients. Tu as l'œil pour voir ce qui irait aux gens, mais aussi jusqu'où ils sont prêts à sortir des sentiers battus. Si toutes tes copines te demandent régulièrement des conseils, c'est pas pour rien.

— Ce n'est pas ça. Je ne doute pas de mes capacités en stylisme. Je réalise que Chloé a raison. Aller voir les maisons de couture et proposer mes services, c'était très présomptueux et avait peu de chance de marcher, même si Audrey Bourgeois m'avait donné un coup de pouce. Ce qui me rend malade, c'est que j'aurais pu prendre ton argent et tout perdre par bêtise et arrogance.

Adrien s'approcha d'elle et posa les mains sur ses épaules.

— Je ne pense pas que tu aurais gaspillé mon argent. Peut-être aurais-tu toi-même changé tes plans avant de te lancer. Peut-être te serais-tu lancée comme tu l'avais prévu et, au bout de six mois, si cela n'avait pas marché, tu aurais changé de cap et aurait trouvé autre chose pour gagner de l'argent avec tes compétences. Je ne pense pas une seconde que tu aurais coulé sans trouver une solution pour faire tourner les éléments en ta faveur. Votre entreprise va marcher parce que tu sais t'adapter à la situation, apprendre de tes erreurs et rebondir. N'oublie pas qui tu es, Milady.

— Adrien... dit-elle visiblement touchée et rassérénée par ses affirmations.

— Et j'ajouterais que, dans le temps, tu avais un défaut assez ennuyeux, qui consistait à ne pas écouter les conseils des autres. En tout cas pas avant d'avoir testé ta propre solution et de t'être plantée. Je suis très fier de constater que tu as réussi à écouter Chloé sans broncher, que tu as réellement évalué ce qu'elle te disait, et que tu as réussi à te remettre en question dans un temps très court. C'était loin d'être évident. Surtout avec Chloé et sa manière horripilante de présenter les choses.

Marinette se leva et serra son amoureux dans ses bras.

— Quand tu parles de moi, j'ai l'impression d'être quelqu'un de merveilleux, dit-elle d'une voix émue.

— Tu es quelqu'un de merveilleux, assura-t-il.

— Avec toi à mes côtés, c'est le moins que je puisse faire, considéra-t-elle.

oOo

Quatre jours plus tard, une Marinette stressée se rendait avec sa tablette graphique à son rendez-vous avec Jagged Stone. Elle avait passé plus d'une heure à choisir la tenue qu'elle allait porter pour la rencontre. Finalement, elle avait suivi le conseil d'Adrien :

— Mets un jean et un petit gilet, comme dans le temps. Ça lui rappellera des souvenirs.

Marinette s'était donc habillée de manière décontractée mais maquillée avec soin pour souligner qu'elle n'était plus une adolescente mais une adulte lui proposant une compétence professionnelle. Adrien avait fait de son mieux pour calmer la pression qu'il sentait monter en elle et menacer de la submerger :

— Ma Lady, Chloé aime lancer des grandes phrases. Même si Jagged ne retient pas tes propositions, je suis certain qu'elle fera affaire avec toi. Elle croit en toi. Elle sait qu'être excellent ne garantit pas de remporter un marché, parce que tes clients font des choix totalement subjectifs.

— Je sais, Adrien, mais ce sera ma première affaire... ou pas.

— En tout état de cause, ce sera ta première affaire. Celle où tu commences à apprendre et où tu expérimentes ce que tu vas devenir. Avec éventuellement une vente.

— Oui, tu as raison, il faut que je le prenne comme ça.

Marinette revint quatre heures plus tard, l'air épuisée. Seul Adrien était à l'appartement, Sabine et Tom étant en boutique.

— Alors ? lui demanda-t-il.

— Pff, je ne sais pas. Jagged était content de me voir et m'a félicité d'avoir choisi cette carrière. Au début, tout s'est bien passé, il était sympa, j'étais à l'aise. Mais quand il a fallu que je présente mes dessins, toute la pression m'est retombée dessus et j'ai commencé à bégayer.

— Oh non ! compatit Adrien.

— Chloé a compris ce qui arrivait – on va dire que c'est l'avantage de se connaître depuis la maternelle. Elle a pris la parole et a tout présenté. Heureusement que j'avais fait une répétition avec elle juste avant. Elle a été plutôt pas mal, mais je pense qu'elle a voulu en faire trop. À un moment, il faut se taire et laisser le client réfléchir et s'imaginer en train de porter ce qu'on lui présente. Mais elle n'arrêtait pas de dire combien ces costumes étaient parfaits pour lui et vouloir le convaincre à tout prix. Il n'arrivait pas à l'arrêter de parler et, finalement, il m'a lancé un regard tellement désespéré que je n'ai pas pu m'empêcher d'éclater de rire. Ça a stoppé Chloé et j'en ai profité pour reprendre ma tablette et dire à Jagged de réfléchir. Et j'ai entraîné Chloé dehors.

— La suite au prochain épisode, alors, comprit Adrien.

— Tout à fait. Mais on n'en est pas resté là. J'ai dit à Chloé qu'il fallait qu'on discute de notre collaboration à toute les deux. On s'est donc posées et, cette fois-ci, c'est moi qui aie parlé. J'ai commencé par lui dire que les ultimatums comme celui qu'elle m'avait fait avec Jagged, c'était la dernière fois qu'elle me faisait le coup, parce que c'était visiblement contre-productif. Je me mets assez de pression toute seule. Son boulot sera de m'aider à relativiser, pas le contraire. Ensuite, je lui ai exposé tous les points que je trouvais délicats dans l'optique d'une collaboration professionnelle entre nous deux et je lui ai proposé de travailler sur la manière de les régler.

— Comment ça ? s'intéressa Adrien.

— Eh bien, nous avons tenté de mettre à plat les types de conflits prévisibles et précisé la manière de les gérer.

— Tu penses pouvoir anticiper tous les conflits ?

— Non, bien entendu, mais certains seront inévitables. Quand je ne suis pas d'accord avec sa manière de parler aux autres ou quand elle pense que je ne propose pas la bonne chose au client par exemple. À partir de ça, je pense qu'on a donné un cadre pour toute une partie de désaccords.

— D'accord, je vois.

— Nous avons aussi fait le brouillon d'un accord qui indique les modalités à appliquer si l'une de nous décide de mettre fin à notre collaboration. D'un point de vue relationnel, j'entends. Cela nous évitera de régler nos comptes à chaud.

— Cela me paraît une excellente idée, la félicita Adrien.

— Nous avons aussi décidé de créer et mettre à jour une liste des points sur lesquels nous sommes en accord et en désaccord. Histoire de relativiser ou au contraire de réaliser qu'il vaut mieux arrêter de collaborer.

— Dis donc, t'avais réfléchi à fond ! la félicita-t-il.

— Certaines idées viennent d'elle. Ce qui est d'ailleurs la base d'une bonne charte. Si on veut avoir une chance qu'elle soit appliquée, elle ne doit pas être imposée à une partie, mais négociée.

— Tu as suivi des cours de management ? s'étonna Adrien.

— Un de mes colocataires de l'année dernière était activiste et on a beaucoup parlé des modes de gestion de conflits et de la manière d'organiser la prise de décision dans les groupes non hiérarchiques. Je t'en avais parlé.

— Ça me dit effectivement quelque chose. J'avoue que je suis impressionné par la manière dont tu gères ça. Surtout en sortant d'un rendez-vous avec ton premier client.

— On va dire que j'étais lancée. On a aussi décidé, si notre dialogue paraît totalement bloqué, de faire appel à un tiers de confiance pour nous aider à revenir à la table des négociations.

— Vous avez oublié de préciser que votre tiers doit être volontaire, signala Adrien.

— Bah oui. Dommage pour toi ! feignit de le plaindre Marinette.

— Vous pensez sincèrement que je pourrais vous rabibocher si vous n'arrivez pas à vous mettre d'accord ? douta Adrien.

— Tu as toujours été totalement impartial quand il s'agissait de nous renvoyer dos à dos, rappela Marinette. Même quand on se détestait.

— J'espère qu'on n'en reviendra pas là, souhaita Adrien.

— Si cela peut te rassurer, même à cette époque, on avait réussi à se mettre d'accord sur un point : ne pas t'obliger à choisir entre nous deux.

— Et je vous en suis très reconnaissant, assura Adrien. Si ça peut aider, je précise qu'en outre ça me ferait plaisir que vous restiez amies.

— T'en fait pas, Chaton, même si on ne l'a pas clairement exprimé, je pense qu'on l'avait toutes les deux en tête.

— Je suis fier de vous deux, exprima Adrien. J'avoue qu'après ce que tu m'as raconté l'autre jour, j'avais peur d'avoir fait une erreur en t'encourageant à travailler avec Chloé, mais je suis maintenant certain que mon instinct ne m'avait pas trompé. Plus qu'à espérer que Jagged Stone pense la même chose.

— On fera affaire Chloé et moi, quelle que soit la décision de Jagged. Mais c'est vrai qu'un premier contrat serait de bon augure. Surtout avec un client pareil.

Finalement, Jagged Stone ne prit aucun des modèles que lui avait proposés Marinette. Il affirma cependant qu'il avait beaucoup aimé ce qu'elle lui avait montré et qu'il la solliciterait à une autre occasion. Il la recommanda à l'artiste qui faisait la première partie de son spectacle, et Marinette et Chloé signèrent ainsi leur premier contrat.

Comme vous avez dû vous en rendre compte, on va vers la fin. La semaine prochaine, on arrive au dernier chapitre, qui est assez court, c'est surtout un épilogue. Cela s'appellera : La probité des héros de Paris

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