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II - Barrer les jours


Le lendemain de sa soirée avec les amis d'Adrien, Kylian tenta de retrouver le Ladyblog. Il constata avec surprise qu'il n'était plus en ligne. La plupart des articles étaient heureusement reproduits çà et là sur d'autres sites. Il relut avec plaisir la dernière interview parue, appréciant notamment les plaisanteries de Chat Noir.

La plupart des personnes éprouvaient une nette préférence pour Ladybug. Il reconnaissait son courage, son intelligence et sa détermination, mais c'était Chat Noir, sa nonchalance et son humour, qui le faisait rêver. Sa manière d'asticoter les vilains avec ses jeux de mots était méga classes. Kylian avait toujours trouvé injuste que les exploits du héros soient souvent éclipsés par ceux de sa partenaire. C'était bien souvent lui qui faisait diversion et qui protégeait la Coccinelle le temps qu'elle lance son Lucky Charm et trouve comment l'utiliser.

En relisant une dernière fois le dernier entretien que les héros avaient donné, il songea que les blagues de Chat noir lui faisaient penser à celles d'Adrien et la réaction de Marinette semblait calquée sur celle de Ladybug. Il se demanda si le couple était conscient d'avoir été influencé par les deux célèbres héros de Paris.

Ses recherches sur Queen Bee le laissèrent rêveur. C'était une héroïne controversée. Pour commencer, c'est la seule qui avait révélé son identité. Elle avait même une fois déclenché un accident pour se mettre en valeur. Elle avait également été akumatisée à plusieurs reprises.

Mais elle avait aussi vaillamment combattu aux côtés des autres héros au cours de plusieurs affrontements. Elle avait donc été considérée comme une alliée fiable par Ladybug et Chat Noir. Sur les réseaux, admirateurs et détracteurs avaient longuement débattu de ses qualités et de ses défauts.

Cela donnait un peu de profondeur à l'amie d'Adrien.

Par la même occasion, il découvrit son nom de famille. Chloé était la fille de l'actuel maire de Paris. Sa mère était la rédactrice en chef d'un célèbre magazine de mode new-yorkais. Cela éclairait la remarque que la jeune fille avait faite à Marinette à propos de son séjour à Londres. Mais pourquoi celle qu'on appelait « l'impératrice de la mode » avait-elle pris la peine d'aider la fille d'un couple de boulangers ? Chloé et Marinette n'étaient manifestement pas amies. Elles ne semblaient se supporter que pour ne pas décevoir Adrien. Était-ce sur la demande de celui-ci que l'aide avait été offerte ?

Il commença à se demander d'où sortait Adrien pour être ami d'enfance avec Chloé Bourgeois. Venait-il d'une famille plus aisée que celle de sa petite amie ? Il ne semblait pas avoir tant d'argent que ça. Certes, il avait des vêtements de bonne qualité, mais sa garde-robe était limitée. Il n'agissait pas comme un gosse de riche. Il aidait régulièrement à la boulangerie – les clients le connaissaient bien – et refusait les sorties trop chères quand certains de leurs camarades de classe en proposaient.

oOo

— Alors, comment tu as trouvé Kylian ? demanda Adrien à Marinette alors qu'ils se préparaient pour se coucher après être rentrés de leur soirée.

— Il semble sympa.

— Content qu'il te plaise.

— Il ne se livre pas beaucoup.

— On est deux. C'est pour ça que je lui ai proposé de travailler avec moi. Il est reposant. Et il ne pose pas trop de questions. Même si le fait que j'habite chez ma copine qui n'est pas là semble l'avoir interpellé au début.

— J'ai remarqué qu'il avait l'air très étonné quand tu sortais tes blagues. T'es si sage que ça quand tu bosses avec lui ?

— Oui, Milady. On est des gars sérieux. Mais je suis content d'avoir constaté qu'on était humoristiquement compatible.

— Évite quand même les blagues avec les chats. D'accord, Chaton ?

— Eh, c'est pas moi qui ai gaffé ! C'est toi qui m'as donné mon petit nom devant lui, l'autre jour au téléphone !

— Raison de plus. À ce propos, il m'a prise de court quand il a reconnu Alya.

— Pas de panique, elle a bien géré. Et finalement, c'est pas mal d'avoir Chloé dans le coin, elle accapare toute l'attention.

— Oh, j'ai regretté d'avoir le dos tourné quand il l'a qualifiée de Reine des Guêpes ! J'aurais aimé voir sa tête !

— T'es pas gentille, ma Lady !

— Non, mais t'as vu comment elle me traite quand je suis dans ma propre chambre ! protesta Marinette en montant vers la mezzanine.

— Oui, Milady. Tu as été d'une patience angélique. Et d'une abnégation sans nom quand tu l'as entraînée dehors pour qu'on puisse bosser. Sainte Thérèse d'Avila n'a qu'à bien se tenir !

— Non, mais tu ne te payerais pas ma tête, toi ? vérifia-t-elle en se retournant.

— Je n'oserais pas, ma princesse, assura-t-il en montant à sa suite, les yeux pétillants.

— Et comment ça se passe entre Kylian et Chloé ? demanda Marinette après avoir levé les yeux au ciel pour montrer qu'elle n'était pas dupe.

— Elle fait comme s'il n'était pas là, expliqua Adrien en se glissant sous la couette. Je suppose que cela l'agace qu'il passe autant de temps avec moi.

— Elle n'a qu'à se mettre aux maths si elle veut bosser avec toi ! lança Marinette en se blottissant contre lui

— J'aimerais surtout qu'elle se mette au commerce, commenta Adrien. Elle ne semble pas travailler beaucoup.

— C'est pas ton problème, mon chaton, jugea Marinette en éteignant la lumière. C'est son père qui paye son école. Et à ce prix, qu'elle bosse ou pas, elle l'aura son diplôme !

oOo

En janvier, Marinette repartit et les garçons reprirent les cours. Adrien et Kylian firent sensation en classe avec leurs vêtements « mathématiques ». Kylian avait fini par découvrir que son cadeau représentait une formule statistique de Maxwell-Boltzmann.

Un peu envieux et admiratif, leur camarade de colle dit ironiquement à Adrien :

— Vu que tu prends le temps de bosser même quand ta copine débarque, faut pas s'étonner qu'elle ait le temps de tricoter.

— Mais pourquoi Kylian a eu une écharpe ? demanda un autre. C'est parce qu'ils se sont vus dans sa chambre ?

Les yeux d'Adrien pétillèrent en entendant ces remarques et il se contenta de sourire sans répondre.

oOo

— Comment s'est passée ta présentation ? s'enquit Adrien.

— Aaaah ! M'en parle pas ! gémit Marinette.

— Mince, qu'est-ce qui ne va pas ?

— J'étais tellement stressée que lorsque ça a été mon tour, je me suis mise à bafouiller. Ça m'arrive encore de temps en temps, mais là, c'était à la puissance dix. Comme au collège quand je n'arrivais pas à te parler.

— Je suis désolé, ma princesse. Tu as pu montrer ton travail, finalement ?

— J'ai cru que je n'y arriverai jamais. Et il y avait Audrey Bourgeois qui était là, et qui me regardait derrière ses lunettes... Je n'avais jamais réalisé combien c'est déstabilisant de ne pas voir les yeux des gens et ne pas savoir ce qu'ils pensent.

— Ma pauvre ! compatit Adrien.

— Et puis tout à coup, je me suis dit que si elle racontait ça à Chloé, ce serait vraiment la honte. Du coup, ça m'a mise en colère, et j'ai repris le contrôle sur moi-même. J'ai tout repris au début, comme j'avais préparé.

— C'est bon, alors.

— Oui, finalement, j'ai eu une bonne évaluation. lls ont juste un peu plaisanté sur le fait que je parlais beaucoup avec les mains. Oh, Adrien, j'avais tellement honte ! Je me hais quand je perds mes moyens.

— Cela t'arrive moins qu'avant.

— Ah bah, c'est sûr. Arrêter de flasher sur le blondinet de service m'a bien aidé !

— T'avais flashé sur un blondinet dans le jury ?

— T'es bête !

— Miaou.

— Voilà, c'est ce que je voulais dire.

— Ouais, t'es vraiment énervée.

— Désolée, mon minou, mais oui. Et, c'est pas contre toi.

— La prochaine fois, pense directement à Chloé, d'accord ?

— Avoue que c'est super bizarre, comme conseil.

— Avoue qu'elle te rend des services de temps en temps.

— T'as rien trouvé d'autre pour me remonter le moral ?

— Ma Lady, tu ne dois pas douter de toi. Pense à tout ce que tu as accompli. Ce n'est pas parce que tu perds tes moyens de temps en temps que tu n'es pas quelqu'un d'extraordinaire.

— Merci, mon chaton, je me sens mieux. Je t'aime.

— Moi aussi, Milady. Et je suis désolé d'être aussi loin et de ne pas pouvoir te faire de câlin.

— Tu as déjà fait beaucoup. À demain Chaton.

— Dors bien, ma Lady.

oOo

Fin janvier, alors qu'ils planchaient sur un devoir qui leur avait donné du fil à retordre, Adrien et Kylian terminèrent très tard. Adrien finit par dire :

— Il n'y a plus de métro à cette heure-ci. Tu ne veux pas dormir ici ? Tu pourras aller dans mon lit.

L'esprit de Kylian bugua, l'empêchant de répondre. Adrien, réalisant l'ambiguïté de ses paroles, sourit et montra ce que Kylian avait toujours identifié comme une banquette en précisant :

— Mon ancien lit.

— Ton ancien lit ? répéta-t-il.

— Quand je suis arrivé ici, je dormais en bas, expliqua Adrien. Maintenant, je vais sur la mezzanine.

Le lit de sa copine, logique.

— T'es arrivé, il y a longtemps ? s'intéressa Kylian qui avait jusque là supposé qu'il était arrivé au début de l'année scolaire quand Marinette était partie à Londres.

Il eut l'impression qu'Adrien hésitait à répondre, mais ce fut trop court pour qu'il en ait la certitude :

— Vers seize ans, répondit-il en se levant. Attends, je regarde si les draps sont propres.

C'était le cas. Adrien n'eut qu'à déplier un paravent qui était contre le mur pour isoler l'endroit où Kylian allait dormir. Il lui prêta aussi du linge pour la nuit.

En se mettant en pyjama derrière le paravent, Kylian calcula qu'Adrien devait être en première quand il était arrivé là. Au début, Kylian avait imaginé qu'Adrien squattait la chambre de sa petite amie pour des raisons pratiques : son foyer devait être trop loin de l'endroit où ils faisaient leurs études. Il s'était posé des questions quand Adrien lui avait révélé avoir été dans le même collège que Marinette. Logiquement, cela signifiait qu'il n'habitait pas si loin que ça. Mais il arrivait qu'un déménagement éloigne d'un lieu de scolarité initial.

Petit à petit, il avait réalisé qu'Adrien ne parlait jamais de sa propre famille. C'était d'ailleurs dans celle de Marinette qu'il avait passé les fêtes. Avec la dernière information transmise, il était enclin à penser qu'Adrien n'avait plus de famille ou était sérieusement en froid avec ses parents.

Les deux garçons se couchèrent rapidement, voulant profiter de quelques heures de sommeil avant leur premier cours du matin. Alors qu'il posait sa tête sur l'oreiller, Kylian vit une photo, collée au mur, juste devant ses yeux à hauteur d'oreiller. Elle représentait une jolie femme blonde avec celui qui était manifestement son fils, un garçonnet d'une dizaine d'années. Tous deux avaient de remarquables yeux verts.

— C'est ta mère sur la photo ? demanda-t-il.

Cette fois, il n'eut aucun doute sur le silence qui suivit. Il pensait qu'Adrien n'allait pas répondre, mais il finit par lâcher :

— Oui. Elle est morte quand j'avais treize ans.

— Je suis désolé.

— Tu ne pouvais pas savoir.

Kylian n'osa pas demander si son père était mort lui aussi. Adrien éteignit la lumière. Son camarade se demanda ce qu'Adrien avait vécu entre treize et seize ans. Et quelle était sa réelle situation familiale à ce jour ?

oOo

— Comment va ma princesse ?

— Super bien. J'ai trouvé un nouveau boulot.

— Ah oui ?

— Quelqu'un m'a dit que la chaîne de boulangerie Chez Jacques aimait bien engager des étudiants français comme vendeurs. L'accent doit faire l'authentique, je suppose.

— Possible. Tu dois porter un béret aussi ?

— Non, ils ne vont pas jusque là. Bref, je me suis présentée ce matin au magasin le plus proche de mon université et j'ai demandé à parler au responsable. J'avais un CV sur moi et je lui ai dit que mes parents tenaient une boulangerie et j'ai décrit tout ce que je savais faire. J'ai été prise sur-le-champ.

— Génial !

— Yes. Enfin, ils ne m'ont pas encore vu trébucher et faire tomber les plaques garnies. Mais avant qu'ils ne me virent, comme on peut prendre les invendus de temps en temps, je vais pouvoir arrêter de rêver de croissants et me consacrer à toi chaque nuit.

— Tu n'y perdras pas au change, Princesse, parce que moi aussi je peux être chaud et croustillant !

— Oui, c'est ça, mon minou. Allez, va bosser ! Moi, je vais me coucher et rêver de toi.

oOo

Adrien et Kylian travaillaient quand Sabine Cheng vint frapper à la trappe et passa la tête. Il devait être l'heure de passer à table.

— Pardon de vous déranger, mais André est là et voudrait te voir, dit-elle à Adrien.

Celui-ci lui lança un regard interrogatif.

— Il a des papiers à te faire signer, expliqua Sabine.

— J'arrive, dit Adrien en se levant.

Il sortit en fermant la trappe derrière lui. Kylian se demanda si le « André » en question était le père de Chloé. Il aurait compris que le maire de Paris soit en relation avec les personnes chez qui sa fille passait souvent, mais il ne voyait pas le rapport avec des documents à faire signer par Adrien.

Il se posa de nouveau des questions sur la famille de son camarade de classe. Il était orphelin de mère et n'avait pas de photo de son père visible ni ne l'avait évoqué. Était-il vivant ? Qui était le responsable légal d'Adrien quand il était arrivé dans cette maison à seize ans ? Pour quelle sorte de papiers à signer André Bourgeois se déplaçait-il ? Si c'était bien cet André-là...

Kylian se dit qu'Adrien était quand même assez doué pour cacher son jeu. À part lui, personne dans leur classe pouvait soupçonner qu'il soit autre chose qu'un garçon avec qui il était agréable de travailler, dingue de sa petite amie. Il fallait du temps pour se rendre compte qu'il se dévoilait très peu, et qu'il arrivait à esquiver les questions de telle manière qu'on peinait à réaliser qu'il n'y avait pas répondu.

oOo

— Bonjour, Adrien, je ne te dérange pas ?

— Jamais, ma Lady.

— Je viens de discuter avec Alya.

Adrien se figea en voyant l'air chiffonné de Marinette sur l'écran.

— Elle va bien ? s'inquiéta-t-il.

— Oui, oui. Tu as eu Nino, dernièrement ?

— Il y a trois jours. Pourquoi ?

— Ils ont rompu.

— Hein ?

— Alya et Nino ont rompu, répéta-t-elle les dents serrées.

— QUOI ? Mais qu'est-ce qui s'est passé ? s'affola Adrien.

— Rien de spécial, d'après elle. Ils se voient de moins en moins pour cause d'emploi du temps, et ils se sont rendu compte que cela ne leur manquait pas tant que ça. Ils en ont « tiré les conclusions » pour reprendre ses termes.

— Je...

Adrien était atterré. Il n'arrivait pas à trouver les mots. Sur l'écran du téléphone, Marinette aussi semblait secouée.

— Chaton..., dit-elle doucement. Tu me manques. Tous les jours. De plus en plus. Je barre les jours qui me restent avant les vacances de Pâques sur mon calendrier tellement il me tarde de te serrer dans mes bras.

— Moi aussi, je barre les jours, avoua Adrien. Il en reste quarante-six. J'en suis à faire des pages d'exercice de physique en plus, juste pour m'abrutir le soir. Et Chloé me fait la gueule parce que je ne mets que ton pull et pas ceux qu'elle m'a offerts.

Marinette émit un rire mouillé.

— Mon chaton.

— Ma Lady.

— On n'est pas eux, Adrien. On a notre propre histoire.

— Je sais. Mais... Ça fait peur, non ?

— Oui, mais on doit se faire confiance, Chaton.

— J'ai confiance en toi, Milady. J'ai toujours eu confiance en toi.

— Je parle de se faire confiance à nous-mêmes sur notre capacité à gérer l'éloignement. Je pense qu'on peut le faire. On a tous les deux déjà démontré qu'on n'est pas du genre à lâcher le morceau, même quand on a l'impression qu'on n'a aucune chance.

— C'est vrai, ma Lady. Tu as raison, comme toujours.

— Bien entendu, comme dirait Chloé.

Adrien eut un petit rire.

— C'est vrai, je ne suis pas complètement abandonné, Chloé est là.

— Je te laisse entre de bonnes mains, fit ironiquement Marinette. Et Kylian, tu ne travailles pas avec lui ?

— Demain.

— C'est bien. Il est sympa.

— Oui.

— Je t'aime, Chaton.

— Je t'aime, ma Lady.

oOo

Kylian avait trouvé Adrien particulièrement silencieux toute la journée et, ce soir-là, alors qu'ils travaillaient chez lui, il semblait avoir du mal à se concentrer.

— Ça va ? finit-il par demander.

— Oui, oui. Enfin, non. Tu te souviens de mes amis Nino et Alya.

— Bien sûr.

— Ils viennent de rompre.

Kylian regarda Adrien se demandant pourquoi il prenait cette information tellement à cœur.

— Ça se passe mal ? chercha-t-il à comprendre.

— Non. Enfin, je ne crois pas.

— Qu'est-ce qui t'ennuie, alors ?

Adrien resta un moment silencieux avant de répondre :

— Que Marinette puisse étudier dans cette université est une opportunité inespérée. Cette bourse est la chance de sa vie. Je suis vraiment content pour elle. Mais ça veut dire qu'on va rester quatre ou cinq ans séparés. Et ça, ça me fout la trouille. Il peut se passer tellement de choses... C'est davantage que le temps qu'on a déjà passé ensemble.

— Mais vous êtes très attachés l'un à l'autre. Y'a pas de raison que ça ne tienne pas pour vous deux, tenta de le réconforter Kylian.

— Je sais, mais... l'idée de ne pas la voir avant six semaines me rend dingue. Alors, tenir cinq ans...

Adrien semblait vraiment très angoissé. Kylian ne savait pas trop quoi dire pour l'aider.

— Tu ne veux pas l'appeler maintenant ? finit-il par proposer.

— Elle est en cours. Je suis désolé. Je suis complètement pathétique. Pardon de t'imposer ça.

— Pas de problème, les amis, ça sert à ça.

C'était sorti spontanément, et Kylian se dit qu'il avait peut-être été présomptueux. Mais son camarade répondit par un sourire spontané, sans sembler gêné par l'appellation.

— Merci, Kylian, dit-il simplement. Bon, je me concentre, sinon, on ne terminera jamais !

En revenant à ses chiffres, Kylian se demanda si Adrien avait conscience de combien il était craquant quand il souriait.

Une demi-heure plus tard, le pas de Chloé retentit à l'étage du dessous. Adrien soupira et ferma une seconde les yeux, comme s'il doutait d'avoir la force de la gérer. La jeune fille déboula à son habitude, se plaignant d'un cours sans intérêt et d'un prof « infect ». Adrien ne tenta même pas de l'interrompre, laissant passer le flot. Soudain Chloé s'interrompit et regarda Adrien.

— Qu'est-ce que tu as ? demanda-t-elle d'une voix moins criarde qu'à l'accoutumée.

— Rien de spécial, répondit Adrien en faisant l'effort de sourire.

Chloé le fixa encore, jeta un regard accusateur vers Kylian avant de reporter son attention sur Adrien. Puis elle tourna les talons et repartit comme elle était venue.

Les deux garçons se regardèrent, haussèrent les épaules et se remirent au travail.

oOo

Le lendemain, en arrivant à la boulangerie, Adrien tenta de faire bonne figure pour ne pas inquiéter Sabine et Tom qui servaient les clients. Il se donna du courage en songeant qu'on était vendredi et qu'il pourrait parler longuement à Marinette le lendemain, quand il aurait terminé ses cours du matin.

— Chloé est en haut, elle t'attend, le prévint Sabine quand il passa.

Il ne put retenir une grimace. Sabine sourit d'un air apaisant :

— Ne t'en fais pas, lui dit-elle. Tout va bien se passer.

Chloé regardait une vidéo sur son téléphone, installée au bar de la cuisine quand il arriva dans l'appartement. Une enveloppe était posée devant elle.

— Salut, Chloé, la salua-il en s'approchant d'elle. Ça va ?

Sans répondre, elle lui tendit l'enveloppe.

— Qu'est ce que c'est ?

— Si tu veux le savoir, pourquoi tu ne l'ouvres pas ? répondit-elle d'un ton excédé.

Vaguement inquiet, il ouvrit le rabat et tira le premier papier qu'il attrapa. Il dut le lire deux fois avant de comprendre ce que tenait à la main. C'était un billet aller-retour pour Londres.

Il sentit une vague d'émotion le submerger.

— Chloé... prononça-t-il d'une voix rauque.

— Si j'étais toi, je me dépêcherais de faire mes bagages, lui conseilla-t-elle. Tu pars dans une heure et demie.

Il fit le tour du comptoir et la serra dans ses bras.

— Tu es une amie formidable, lui murmura-t-il.

— Bien entendu. Mais lâche-moi, tu me décoiffes !

Sans l'écouter, il lui colla deux baisers sur les joues et dit :

— Merci, Chloé, merci !

Et il s'élança vers sa chambre pour préparer un sac à la va-vite.

Quand il redescendit à la boulangerie, Sabine lui sourit et Tom lui remit un sachet :

— Je t'ai mis un sandwich pour ce soir. La boîte avec les croissants et les macarons est pour Marinette. Bon voyage, mon garçon. Embrasse-la bien pour nous.

Adrien attendit d'être dans le train pour envoyer un message à Marinette : J'arrive dans 2 h 20 à St Pancras. Elle lui envoya tellement de petits cœurs en réponse que cela ne tenait pas sur l'écran de son portable.

Quand, à la gare de Londres, il émergea de l'espace sécurisé, Marinette se jeta dans ses bras en pleurant. Ils restèrent une demi-heure sur place, incapables de se lâcher. Après s'être longtemps rassurés mutuellement, ils quittèrent enfin les lieux pour se rendre chez elle.

oOo

Adrien revint le lundi qui suivit son coup de déprime, avec le sourire et un air lumineux. Quand il avait manqué ses cours du samedi matin, Kylian s'était inquiété et lui avait envoyé un message. Trois heures plus tard, Adrien avait répondu qu'il était parti voir Marinette et s'excusait de ne pas l'avoir prévenu plus tôt.

— Ça va mieux, je vois, remarqua Kylian.

— Oui, je sais pas pourquoi on a flippé à ce point, répondit Adrien. Notre relation est solide, on se parle tous les jours, on est sur la même longueur d'onde. On peut le faire. La distance ne change rien.

— Je préfère te voir comme ça, le félicita Kylian.

— Merci de m'avoir supporté quand je pleurnichais sur mon sort.

Kylian ne répéta pas sa phrase sur les amis, mais le sourire qu'ils échangèrent montra qu'ils l'avaient tous les deux en tête. Cela aida Kylian à se décider quelques jours plus tard à parler d'un sujet qu'il reculait depuis plusieurs semaines :

— J'ai ma mère qui me prend la tête, confia-t-il à Adrien. Elle trouve très malpoli que je passe autant de temps chez toi sans te faire venir chez nous. Je lui ai expliqué qu'on ne pouvait pas travailler dans notre appartement, et elle insiste pour que je t'invite un jour à dîner ou déjeuner.

— C'est gentil de sa part, répondit aimablement Adrien.

— Mais je ne veux pas t'imposer ça.

— Si c'est aussi important pour elle, cela ne me dérange pas. Pourquoi pas un samedi midi ? C'est mon moment de pause.

C'est ainsi que dix jours plus tard Adrien vint à Montreuil où son camarade et sa famille habitaient. Kylian, nerveux, lui ouvrit la porte. Il présenta ses parents ainsi que ses frères et sœurs. Adrien offrit la boîte de macarons avec laquelle il était venu.

— Il ne fallait pas, assura la mère de Kylian.

— Je vis dans une boulangerie, c'est la moindre des choses, répondit Adrien.

— Vos parents sont boulangers ?

— Je vis chez ma petite amie.

— Vous auriez dû venir avec elle, regretta-t-elle.

— Elle est en Angleterre pour ses études.

— C'est bien d'avoir une amie. Kylian est toujours seul.

Les yeux d'Adrien étincelèrent d'amusement et il répondit :

— Faudra que je lui présente mon amie Chloé, alors.

Il éclata de rire en voyant l'expression de Kylian.

— Je plaisantais, Madame, révéla-t-il. Cette amie est très spéciale et cela n'irait pas du tout. Mais je vais réfléchir à la question.

Adrien fut ensuite soumis à toute une série de questions sur sa vie. Kylian était partagé entre le désir d'en apprendre davantage sur lui et la gêne de le voir soumis à un tel interrogatoire. Mais Adrien resta détendu et souriant, répondant avec aisance tout en révélant étonnamment peu d'informations personnelles. Il indiqua que sa mère était décédée, botta en touche pour son père, indiquant simplement qu'il travaillait beaucoup, et confirma qu'il était enfant unique. Il parla plus volontiers de sa petite amie et les parents de cette dernière. Au bout d'un moment, il retourna la situation et questionna à son tour à ses hôtes, s'intéressant au travail du père de Kylian et aux projets de ses frères et sœurs.

Durant le repas, Adrien arriva à ingérer tout ce qu'on mit dans son assiette, loua la cuisinière et eut encore assez de ressources pour faire honneur aux pâtisseries orientales. Quand il n'y arriva plus, il suggéra qu'il serait très heureux de les faire goûter à ses beaux-parents et arriva à faire disparaître le surplus dans une boîte à emporter.

Il était plus de seize heures quand Adrien parvint à prendre congé. Kylian le raccompagna au métro.

— Désolé, ma famille est très envahissante, s'excusa-t-il quand ils commencèrent à marcher dans la rue.

— Ils sont super gentils. Mais je comprends que ce soit un peu pesant pour toi.

— Pas mal, oui, soupira Kylian.

— T'en fais pas, je n'ai pas l'intention de te présenter de filles pour faire plaisir à ta mère, plaisanta Adrien.

— Comme si ça changerait quelque chose ! répondit Kylian avec rancœur.

Il réalisa que sa réponse avait été trop vindicative au silence qui suivit. Le visage d'Adrien se fit pensif et, alors que Kylian commençait à s'affoler, il prononça lentement :

— Les parents ne savent pas toujours ce qui est bon pour nous.

Kylian ne répondit pas, peinant à réaliser qu'Adrien avait reçu son aveu sans le rejeter et qu'il lui avait même fait une confession en échange. Son ami continua :

— Il y a un moment où on ne peut plus s'obliger à correspondre à ce qu'ils imaginent sans se nier. Il faut savoir être fidèle à soi-même. Et s'ils n'arrivent pas à l'accepter... eh bien c'est eux ou nous !

Ils étaient arrivés au métro. Adrien s'arrêta et tendit la main vers Kylian.

— À lundi.

— À lundi.

Leur poignée de main n'eut en soi rien d'extraordinaire, mais elle eut pour Kylian l'effet d'un commencement. Deux semaines auparavant, il avait affirmé que lui et Adrien étaient amis. Maintenant, il était certain qu'ils l'étaient.

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Voilà. Vous devez commencer à mieux cerner Kylian. j'espère que vous l'appréciez car on va faire un petit bout de chemin avec lui.
On se retrouve dans une semaine. On se fera "Du souci pour Chloé".

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