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⭐ Nouvelle de Fanga ⭐

Résumé :

Romain, jeune collégien, à son jeune âge, n'a qu'une seule préoccupation : attirer l'intérêt et plaire à Éline, la plus belle fille de son collège.

Amélie, un jeune bambin de un an et demi sur les bras, doit survenir seule à leurs besoins. Mais elle ne voulait pas recommencer son erreur passée.

L'adolescent aime aider, et ce qui que se soit. Un ami proche ou bien la première inconnue dans la rue qui semble avoir un tant soit peu de mal à effectuer quelque chose dont il peut ajouter son aide. C'est une action qui lui fait autant de bien qu'à la personne aidée, alors il ne va pas s'arrêter de si tôt.

     ~ Et si cette merveilleuse habitude lui faisait faire une merveilleuse rencontre ? ~

Histoire :

1 || Le garçon au pull orange

Ce soir-là, j'avais juste envie de rentrer chez moi, m'affaler sur mon matelas et perdre mon temps sur les réseaux sociaux. Passer les stories de mes amis et des influenceurs que je suivais. Liker les photos de la belle Eline et voire commencer une discussion avec elle.
Rien que de penser de recevoir des messages gentils de la part de la plus belle fille de la classe, un sourire s'étira sur mes lèvres.

— Eh oh, Rom', reste parmi nous, mec, fit mon meilleur ami en claquant des doigts devant mes yeux.

— Pardon, mec, tu disais quoi ?

— C'est qui la meuf la plus fraiiiiche de la classe, Romain, fit Antoine un filet de bave pendant du coin de ses lèvres.

Antoine et les deux autres baveux qui l'accompagnaient toujours, Mathis et Nassim, me dégoutaient. Alex avait beaucoup d'amis, et je n'osais lui avouer que la plupart d'entre eux me répugnaient. La plupart était de véritable, pervers, comme les trois avec qui il avait eu la bonne idée de leur proposer de se joindre à nous à la sortie des cours.

Devant mon silence – et je n'en doutais pas, mon regard traduisant ce que je pensais d'eux – Nassim me donna un coup de poing dans l'épaule.

— Eh mec, on t'a posé une question ! Réponds, merde !

Ses phrases avaient été coupées par l'inspiration d'une bouffée de la cigarette qu'il tenait allumée entre ses dents.

Il empestait tant que je devais me retenir de ne pas plisser le nez ou m'éventer. Je glissai les mains dans mes poches, m'empêchant de faire ces gestes qui pourraient sans problème déclencher une bagarre que je perdrais à coup sur.

— Bah j'sais pas, répondis-je en regardant le ciel.

Il y eu un blanc, puis Alex esquissa un sourire malicieux.

— Il n'y a vraiment personne ?

Je me senti virer pivoine mais ne dis rien. Je réussi à peine à articuler un faible non, sans aucune assurance.

Heureusement, les trois baveux, n'étant pas assez futés pour comprendre mon intonation, ne dirent rien et continuèrent de parler des femmes sur les magazines avec des formes bien visibles tout en inspirant des bouffées de leurs clopes.

Je jetai un coup d'œil à l'heure par l'écran de verrouillage de mon téléphone. Il n'était pas trop tard, mais s'il l'on pensait que mes parents étaient stricts, il serait bientôt une heure auxquelles ils voudraient que je rentre. Alex comprendrai la supercherie mais peu m'importait.

Après cette semaine chargée, entre me reposer chez moi et me balader en ville avec mon meilleur ami et trois autres garçons que je peinais à supporter, le choix était vite fait. Je m'excusai intérieurement auprès d'Alex, excuses inutile car il ne les entendait pas mais ma conscience en avait besoin.

— Oh non, désolé les gars ! Mes parents m'ont demandé de rentrer avant dix-huit heures et j'habite loin. Je dois vous laisser...

— Mais- On se fait pas une sortir tacos ?

Je fis une petite grimace. Qui lui avait donc promis un tacos, bon sang ?

— Une prochaine fois, peut-être ?

Et personne ne me répondit.

— Bon bah à demain Rom' ! fit Alex, qui comprenait bien mon affection – inexistante – pour les trois baveux.

— Yep, à demain, mec.

Et je courus vers l'arrêt de bus le plus proche.

Une fois sous le couvent, je m'autorisai à soupirer. Je jetai un œil à la carte des bus et remarquai que le prochain qui pouvait m'emmener chez moi arrivait dans vingt minutes. Je savais que je pouvais m'estimer chanceux, l'attente du bus était quelques fois de une heure entière, voire plus.

Mais je ne pouvais m'empêcher de soupirer. J'avais simplement et seulement envie de m'allonger dans mes draps et de dormir jusqu'au repas du soir.

Je rejetai ma tête en arrière, contre la vitre et attendit que le temps passe. Mon cerveau n'était pas assez réveillé pour que je puisse me balader sur les réseaux sociaux de mon téléphone ou encore sur les jeux vidéo. Je perdrai à coup sur, ou encore pouvait écrire des choses que je regretterai dans des commentaires. Je devais juste espérer ne pas m'endormir là, en pleine rue.

Le long véhicule arriva avec quelques minutes d'avance et je m'y précipitai dès l'ouverture des portes. Je montrai brièvement ma carte au chauffeur, celui-ci avait à peine jeté un coup d'œil. Lui aussi semblait aussi fatigué que moi.
Il n'y avait absolument personne dans le bus et je m'installai alors sur un siège vide près de la sortie. La furieuse envie de poser ma tête contre la vitre me prit, mais je me connaissais et risquai de m'endormir, puis de finir par rater mon arrêt.

Je laissai alors mon regard défilé sur le paysage rural, dormant à moitié. Mon esprit se réveilla quand le bus s'arrêta mais ce n'était pas encore mon arrêt. Deux personnes, probablement frère et sœur entrèrent, dérangeant mon silence quand ils commencèrent à parler ensemble.
Finalement, je fus bien heureux de descendre à mon arrêt et filai à grands pas vers ma maison, qui n'était heureusement pas si loin. Je ne pris pas la peine de toquer et ouvrais la porte en grand.

— J'suis rentré ! criai-je à l'intention de mes parents.

Je me déchaussai rapidement et ne pris pas la peine de les ranger dans le placard. Je me promis de la faire plus tard. Pour le moment, j'étais trop fatigué. Je m'apprêtai à monter à l'étage, fuir dormir dans ma chambre quand mes parents m'interpellèrent, me demandant d'aller dans le salon.

Je soupirai mais m'exécutai.

— Salut Romain ! fit mon petit frère, lui aussi dans le salon.

Je lui adressai un léger et bref sourire, ma fatigue ne me permettant pas plus.

— Ouais salut.

— Romain, on a à te parler avec ta mère, dit mon père d'une voix grave avant de se tourner vers le benjamin. François, monte dans ta chambre, s'il te plait.

De quoi mes parents devaient bien t-il me parler pour congédier François ? Ma mère évitait mon regard.

— Romain. Nous devons t'avouer quelque chose...


2 || Le garçon au pull orange

— Oui, vous voulez me dire quoi ?

Je gardai un air détaché et nonchalant mais je gardai au fond de moi une appréhension, voire panique, à leur attitude plus qu'étrange. Leur regard fuyant m'inquiétait plus que je ne voulais bien l'admettre.

Ma mère ne semblait pas prête à dire un mot, alors je me tournais vers mon père, dans l'espoir que, lui, me parlerait. Mais c'était peine perdue. Aucun des deux n'allait à la fin de leurs pensées.

— Mais qu'est-ce qui se passe ?

Cette fois, ma voix trahit ma peur.

— Quelqu'un est mort ou quoi ?

Devant leur silence, que je pris pour confirmation, je continuais :

— Qui ça ? Grand-mère Jeannette ? Tante Ophelia ? Mais qui à la fin ?!

Il ne m'arrivait pas souvent de m'énerver, mais ma fatigue additionnée à leur silence et la panique qu'ils me provoquaient me submergea.

Ils restèrent encore mués face à ma crise de colère. Ma mère avait agrippé le bras de mon père et se cachait presque derrière lui. Je lui avais fait peur.

Je me pinçai l'arrête du nez et soupirai.

— Pardon de vous avoir crié dessus... mais vous comptez me dire ce qui se passe quand ?

Mon père osa relever les yeux vers moi.

— Personne n'est mort.

— Alors quoi ?

D'habitude, mes parents n'aimaient pas tourner autour au pot ainsi, et cela m'irritai grandement. Ne pouvaient-ils pas en venir aux faits tout de suite ?

— Marc... Je ne sais pas s'il est près... intervint ma mère.

— Céline... Il faut le lui dire maintenant, tant qu'on en a la force...

Mon père tourna son regard vers moi et soupira de fatalité.

— Assis-toi.

Je m'exécutai, impatient de savoir ce qu'ils avaient à me dire de si important. Et s'ils étaient des espions ? Des agents secrets et je devrais suivre leur voie ?

Une petite excitation commença à flamber en moi.

— Romain... Nous t'avons adopté.

... Pardon ? Je devais avoir mal entendu.

— Quand tu avais presque deux ans, nous sommes allés dans un orphelinat de la ville, et nous t'avons vu. Tu étais tout mignon, ta mère t'avait laissé à l'orphelinat. Nous voulions un enfant et quand nous t'avons vu, ça a été le coup de foudre parental. On ne nous a rien dit sur ta mère biologique, le secret est resté tenu.

Mon père fit une pause, me laissant un temps pour avaler l'information. Alors... mes parents... n'étaient en fait pas mes parents ? Ma vraie mère m'avait abandonné. Elle ne voulait pas de moi. Je n'étais pas voulu, pas attendu. Et elle a préféré laisser mon enfant à un orphelinat, à des inconnus.

"Coup de foudre parental" ? Qu'avaient-ils encore inventé pour expliquer une soudaine pitié envers l'enfant que j'étais ? Je roulai des yeux. S'il y avait bien une chose qui m'horripilait, c'était les fausses excuses.

Une vague de dégout me parcourut, agrémentée de colère. Ma mère biologique m'avait abandonné sans un mot, je la haïssais. Je n'étais pas voulu, je me dégoutais. Mes parents adoptifs m'avaient menti pendant dix ans, je les haïssais.

— Pourquoi... Pourquoi ?!

— Romain... calme-toi... Nous ne t'avons rien dit avant car nous avions peur de ta réaction... Même s'ils ont ne t'as pas créé nous-mêmes, même si tu n'as pas nos gènes ni notre sang, tu restes notre fils et nous tes parents... Nous t'aimons, Romain. Nos sentiments ne diffèrent pas. Alors, je t'en supplie, ne nous en veut pas...

— Vous m'avait menti pendant dix ans ! Dix ans ! Et je ne dois pas vous en vouloir ?! Mais vous pouvez toujours rêver !

Ma mère adoptive éclata en sanglot face à mes cris. Mon père adoptif la prit dans ses bras et me jeta un regard en coin. Alors dorénavant j'étais le méchant pour eux ? Et celle qui se prenait pour ma mère la victime ? Les rôles étaient échangés. Je me retins de rire jaune.

Ma fatigue avait complètement disparue. Je ne ressentais plus que haine et dégoût. Je n'étais plus que haine et dégoût.

Je jetai un dernier regard dédaigneux à ceux que j'avais pris pour toujours comme mes parents, puis sorti de la maison en claquant la porte d'entrée. J'entendis ma soi-disant mère crier mon nom et ses pleurs s'intensifier mais je n'en avais que faire. Elle n'était pas ma mère après tout.

Alors que je marchais, d'un pas rapide et énervé, dans les rues, je me ressassai mon enfance, y cherchant des moments où la vérité se trouvait sous mes yeux et que je ne l'avais pas compris.

Et en effet, il y avait certains, grandioses. Je me trouvais tous simplement aveugle, maintenant que la vérité était juste devant mes yeux.
Il y avait déjà le fait que mon apparence ne concordait pas vraiment. Mon père était blond et ma mère, brune, et je me trouvais avec une tignasse chatain clair. De plus, mes yeux verons. C'était si rare que je n'avais pas réfléchi que cela devait probablement être héréditaire. Mon nez aquilin qu'aucun de mes parents adoptifs n'avaient.

Et puis, également les photos de ma tendre enfance qui ne commençait qu'à partir de mes deux ans. Je n'avais pas réfléchi au fait que cela était plus qu'étrange. J'étais tout simplement idiot.

Et puis aussi, la jupe orange. Je n'avais plus aucun souvenir d'avant mes cinq ans, mais certains flashs me revenaient en mémoire et je faisais tout pour les garder en mémoire, tels des trésors. Et il y avait cette jupe orange que je serais dans ma main, ne voulant pas perdre de vu sa propriétaire. Une fois, j'avais questionné ma mère adoptive à propos de cette jupe, et elle m'avait affirmé n'avoir jamais eu ce vêtement.

J'arrivai à un passage piéton quand je vis devant moi le bas d'une jupe du même orange que celle de mon souvenir La femme devant avoir dans la vingtaine et portait un bébé d'un bras, et des sacs remplis de l'autre.

Je souris tristement. Elle n'abandonnait pas son enfant, elle, même malgré les problèmes.




3 || Le garçon au pull orange

Je m'approchais de cette femme que tous semblaient éviter. Ils ne leur venaient jamais à l'esprit d'aider autrui ? Ils me répugnaient. Comme ma mère biologique qui ne me m'avait pas aidé, alors que je n'étais qu'un bambin de deux ans. Elle devait probablement faire parti de ces gens qui ignorent cette pauvre femme, et devait à coup sur m'avoir déjà oublié. Voire refais des enfants et ne culpabilisait pas pour un sous de mon abandon dans un orphelinat.
Je me précipitai à son aide, prenant en charge l'un des sacs. La belle femme se tourna vers moi, le visage furieux. Elle devait probablement penser que j'étais un voleur, étant donné que je ne l'avais pas avertie de ma présence et de mon aide.

— Madame, je vais vous aider.

Elle me fixa, abasourdie. Elle semblait s'être perdue dans mes yeux. Et ses pupilles ne voulaient pas quitter les miens. Je devais avouer que cela me perturbait et me gênait. Je savais bien que mes iris en fascinaient beaucoup, parfois même les effrayaient, mais personne n'avait osé les fixer ainsi, sans se cacher un tant soit peu comme elle.

Sa mâchoire se décrochait petit à petit et sa tête prit un air ridicule. Elle ne semblait pas s'apercevoir que sa bouche grand ouverte et ses yeux également écarquillés fixé dans les yeux.

Je ne savais que dire face à son regard qui ne bougeait pas d'un poil.

— Madame ? tentai-je prudemment. Vous allez bien ?

Son regard revint se détacha du mien et elle sembla revenir à la réalité, comme si quelqu'un lui avait donné un coup.

— Je- Oui... Merci petit, articula-t-elle doucement.

Elle se remit en mouvement, portant un des sacs de l'autre côté de la route, tandis que m'occupait du reste. Une fois sur le trottoir, je posai les deux sacs dont je m'étais occupé et lui sourit doucement. Elle détourna le regard, ne semblant pas vouloir affronter mon regard – regard dans lequel elle s'était perdue quelques secondes plus tôt.

Elle serra son poing sur sa cuisse, attrapant et froissant sa jupe. Je fixai sa main sur le vêtement, sans pouvoir rien faire contre sa soudaine anxiété. La couleur de tissu me rappelait réellement la jupe de mon souvenir, de ma mère biologique, mais ce ne pouvait pas être elle. Le monde était peut-être petit, mais pas à ce point. Et la rencontrer le jour précis où j'avais appris mon adoption ? Je n'étais pas dans film non plus.

Je ne détachai pourtant pas mes yeux du long vêtement couleur crépuscule. Je savais que ce ne pouvait pas être ma mère biologique, mais je m'imaginais, adulte, face à celle qui m'avait donné naissance. Qu'est-ce que je lui dirais ? Qu'est-ce que je ressentirais ? Y avait-il un instinct qui me forcerait à ne pas la considérer comme une énième inconnue ? M'expliquerait-elle sa raison de mon abandon ? Lui pardonnerai-je un jour ?

— Dis-moi, mon garçon, quel est ton nom ? fit la femme, me sortant de mes réflexions.

— Euh... hésitai-je.

Sa question me prit de court. Devais-je dévoiler mon prénom à une inconnue ? Je ne la connaissais pas certes, mais je l'avais aidé. Elle devait probablement vouloir connaitre le nom du jeune homme lui ayant facilité le transport de ses courses le temps du passage piéton.
Elle ne me semblait pas méchante et je ne sentais pas de mauvaise intention derrière sa demande. Et si me trompais, mon prénom n'était pas si rare, ce n'allait pas lui donner d'information trop grande sur moi.

— Romain. Je m'appelle Romain.

Elle me sourit tendrement, ses yeux levés vers moi transmettant cette même émotion. Gêné, je regardai le sol, levant ma main à ma nuque.

— Merci pour ton aide, Romain, fis-elle, visiblement la gorge nouée.

Suite à ses mots, sans attendre ma réponse, elle reprit tous ses achats et continua sa route sans un mot de plus. Bien qu'elle ne puisse probablement déjà plus m'entendre, je chuchotai un faible « De rien, madame. ».

Je restai quelques minutes, droit comme un I, fixant le coin de rue où la jeune femme avait disparue, ses longs cheveux châtains étant le dernière élément que j'avais vu d'elle.

Cette rencontre – cette femme à la jupe orange – m'avait bien perturbée. Et la voilà partie comme une fleur, envolée comme fuit une plume tombante dans le vent.

Reprenant peu à peu conscience du présent, je me remis à marcher, au hasard. Les passants me regardaient étrangement quand je me tenais sans bouger, tel un poteau en plein milieu du trottoir.

Je regardai l'écran de mon téléphone, en marchant. Les passants m'évitaient, me permettant de ne tomber sur personne. J'hésitais fort à appeler Alex, mon meilleur ami. Il était très intelligent et avait toujours les mots pour me remettre d'aplomb. Mais cette situation ne le concernait pas. Cela tournait autour de mon enfance, des mes parents – adoptifs, j'avais encore du mal à m'y faire... – et de celle dont j'héritais mes gênes et qui pourtant avait choisi d'abandonner la chair de sa chair après presque deux ans à s'être occupée de moi.

Une pensée revint me tarauder l'esprit. Et si Alex avait déjà compris ? Ce n'était pourtant pas si difficile à comprendre. Un coup d'œil et on devinait sans mal que ceux m'ayant élevés n'étaient pas ceux m'ayant mis au monde. Si de mon côté je n'avais rien vu venir, c'était j'étais aveugle, dans le déni et que je ne pouvais – voulais – pas imaginer cela. Alors sachant qu'Alex était très intelligent et perspicace... le savait-il déjà ? Et si oui, pourquoi ne pas me l'avoir dit ? Lui aussi avait choisi de me mentir pour préserver mon innocence, quitte à en subir les conséquences le jour où je découvrirais son mensonge ?

Je devais avoir des réponses. Alors qans attendre plus longtemps, d'un geste sûr, j'appuyais sur l'écran de mon téléphone et le porta à mon oreille.

Un son caractéristique me fit comprendre qu'il avait décroché immédiatement.

— Alex. Tu as cinq minutes ? Je dois te parler.


4 || Le garçon au pull orange

— Allo ? Qu'est-ce qui se passe ? Tu vas bien ?
Je soupirai et levai les yeux au ciel.

— Ça va, t'inquiètes.

— Alors m'agresse pas comme ça, rit-il au bout du fils. Bref, sinon de quoi tu voulais me parler ?

Je pris une grande inspiration. J'avais déjà du mal à me l'avouer, alors devoir l'annoncer à quelqu'un, c'était difficile. Plus que ce que je m'étais imaginé.

— Bah en fait... euh...

— Allez crache le morceau, je ne vais pas pouvoir rester longtemps là. Si ma mère m'appelle pour manger je dois raccrocher tout de suite.

Je m'arrêtai et fermai les yeux, me donnant la force d'articuler mes prochains mots.

— Mec, j'ai... J'ai appris que j'étais adopté.

Il y eu un blanc, de chaque côté de l'appel. Mais je savais qu'il était toujours là, par sa respiration que le micro de son téléphone me transmettait. Mais son silence ne m'indiquait pas s'il était choqué de la nouvelle, et donc ne l'avait pas deviné, s'il savait mais cherchais ses mots, ou encore s'il voulait me faire croire qu'il ne l'avait pas prédit, et donc pas menti.

— Alex ?

— Je- Ouais mec. Et du coup... tu le prends comment ? T'as répondu quoi à tes parents ?

— Je me suis énervé... Ils m'ont menti pendant plus de dix ans, mec.

— Dix ans ? releva-t-il.

— Ouais ils m'ont adopté à mes deux ans, peu après que ma mère biologique m'ait abandonné.

— Ah ok.

Un blanc se redessina, aucun de nous ne sachant que dire de plus.

— Et tu es toujours en colère contre eux ? demanda soudaine Alex.

Sa question me prit de court. Je n'y avais pas réfléchis après tout, ce devait être naturel après m'avoir caché une vérité pareille pendant dix ans. Malgré tout, je sentais une réticence, une autre émotion qui modérait mon énervement.

— Ouais... Je crois. 'Fin je sais pas.

— Normal. Bien qu'ils t'aient caché ça pendant plusieurs années, bien que leurs sangs ne coulent pas dans tes veines, toutes les années que vous avez passées comme ça ne vont pas s'effacer en un claquement de doigt.

Je ne répondis rien qu'un petit grognement, confirmant ses propos. Il continua :

— Tu les aimes. Et ils restent tes parents, car après tout, un père et une mère est une personne qui t'élève, pas forcément la personne qui te procréer. Les liens du cœur sont toujours plus forts que ceux du sang.

— Oui tu as raison, mec. Merci beaucoup, je pense que je devrais rentrer chez moi, il commence à se faire tard.

Je raccrochais après des derniers remerciements. Au final, je n'avais pas su si Alex savait déjà la nouvelle. Mais quoi qu'il en soit, il avait une fois de plus su trouver les mots justes avec moi.

Jetant des coups d'œil aux bâtiments qui m'entouraient, je reconnus immédiatement la rue. Je n'étais pas si loin de chez moi, finalement.

En dix minutes, le pas rapide, je me retrouvais devant la porte d'entrée. Étonnement, l'appréhension me serra le cœur. Comment avaient réagit mes parents face à ma fuite soudain ? Que diront-ils désormais que je reviens ?

Doucement, avec tout mon courage, j'entrouvris la porte légèrement, sans un bruit. Je tendis l'oreille et entendis les voix de mes parents adoptifs dans le salon. J'interceptais mon nom et ma curiosité fut piquée. J'entrais et collais mon dos au mur à côté du passage de l'entrée vers le séjour, de sorte à pouvoir les entendre sans qu'ils ne le voient.

— ... te dis qu'il faudrait le dire à Romain, dit ma mère fermement.

— Mais chérie, tu as bien vu sa réaction face à l'adoption ? Comment pourra-t-il encaisser ça ? Ça va être trop dur pour lui. Il faut mieux attendre de lui donner la lettre quand il aura ses dix-huit ans, comme prévu.

— Marc... Ce dont j'ai peur, moi, c'est qu'il vous en veuille encore plus de lui avoir caché ça. Il n'est pas bête, il comprendra bien que si une adolescente de quinze ans tombe enceinte, c'est mieux pour elle et le bébé qu'elle le confie à quelqu'un d'autre.

J'étouffai un hoquet de ma main. Alors... ma mère biologique m'a fait à quinze ans ? À cet âge-là, le père avait bien évidemment fuit sa responsabilité. Ou alors, elle avait été victime d'un viol. Un frisson me parcourut à cette pensée.

J'avais été si égoïste, bouleversé de savoir que je n'étais pas voulu pour imaginer la souffrance de la femme – la fille – qui m'avait mis au monde. C'était vrai que la fille à la jupe orange de mon souvenir ne semblait pas bien vieille. Elle avait donc dix-sept ans, à ce moment-là.

Évidemment qu'à cet âge, elle n'avait pas les épaules pour prendre soin de moi. Elle allait probablement entrer en études supérieures et la présence d'un enfant de deux ans n'allait pas l'aider, au contraire même.

Un sourire se dessina sur mes lèvres alors que je rejetai ma tête en arrière. En me laissant à l'orphelinat, geste sans doute déchirant, elle nous avait sauvé tous les deux. Elle avait été forte, et je ne doutais pas qu'elle m'aimait. Derrière chaque "abandon" de parents, se cachait une situation irrévocable et une déchirure de quitter la chair de sa chair, je n'en doutais pas.

J'entrai dans le salon et fondis dans les bras de mes parents. Oui, je les aimais, comme l'avait dit Alex. Merci le monde de m'avoir donné un ami comme lui, je ne le méritai pas.

— Rom'... chuchota ma mère le nez dans mon cou.

— Je vous aime...

— Nous aussi Rom', répondit mon père.

Soudain une interrogation me vint.

— Pourquoi adopter ?

Mes parents se regardèrent, mon père détourna le regard et ma mère soupira en souriant.

— Ton père est stérile.

— Alors... François aussi ?

Ma mère hocha la tête, une lueur inquiète sur son visage.

— Tu penses que l'on devrait le lui dire plus tôt qu'à toi ?...

Je secouai la tête, souriant doucement.

— Non, dîtes le lui quand vous seriez prêt. On ne le sera jamais nous.



5 || La fille à la jupe orange

Océane pleurait dans mes bras. J'avais beau la bercer, rien n'y faisait. Les passants nous jetaient des regards haineux. Ma fille criait dans la rue silencieuse en cette fin de journée.
Je continuais d'avancer, faisant fi des coups d'œil et des murmures nous concernant. Je gardai la tête haute, mon bébé sur mon avant-bras droit, mes sacs de courses plein à craquer pendant de mon bras gauche.
De temps à autre, il m'arrivait de jeter des regards noirs et emplis de menaces à des hommes qui m'interpellaient, leurs paroles débordantes de sous-entendues.

Je me montrai forte et les ignorai. Du haut de mes vingt-huit ans, j'avais vécu bien pire que leurs provocations. De plus, je ne pouvais pas flancher, je devais m'occuper de ma fille. Cela faisait déjà 18 mois que je le nourrissais, la berçait, la soignait. Je venais il y a peu de commencer à lui apprendre à marcher. Enfin, j'avais essayé bien plus tôt, mais elle n'y arrivait et j'avais donc compris que cela était trop difficile pour elle si tôt. Ce n'était pas le premier bambin à qui je faisais face, mais je ne pouvais pas faire comme la première fois...

Elle me posait souvent des problèmes, m'empêchait de dormir, mais qu'importe. Elle était mon soleil dans la journée pluvieuse, ma lumière dans la nuit noire, ma raison de vivre dans ce cauchemar. Elle était tout. Ma fille...
Je la regardai d'un regard attendri alors qu'elle avait arrêté de crier. Elle ne dormait pas comme je m'y étais attendue. Au lieu de cela, elle de fixait de ces magnifiques yeux bleu océans. Ces deux perles venant tout droit des abysses lui valaient son prénom.

J'adorai y perdre mon regard, dans ses iris qu'elle tenait de son père. Père que j'aimais de tout mon cœur. Cet homme avait été tout pour moi, et je lui avais fait la promesse que j'aimerais notre fille comme je l'avais aimé lui. 
Ils ont tous les deux la manie de tenir leurs yeux de leurs pères, tiens... pensai-je soudain.

Non je ne devais pas penser à ça. Je ne devais pas penser à lui. Trop tard, les regrets me submergeaient de nouveau. Toujours plus forts. Tandis que ma conscience savait que j'avais pris la bonne solution, mon cœur refusait cette idée.

Je me souvenais encore avoir laissé ce petit mot avec lui. Je l'avais confié temporairement à cette femme, déjà entourée de nombreux bambins. Je ne sais plus à quoi elle ressemblait, ma vue, à ce moment-là, était bien trop floutée par mes larmes. Une seule image d'elle me revint ; c'était son sourire triste et pincé.

Qu'avait-elle bien pu penser de moi ce jour-là ? Probablement pas du bien, et je le comprenais. Je n'aurais pas éprouvé une miette de compassion ou de compréhension à sa place, en me voyant ainsi. Sans oublier que la femme avait du en voir beaucoup comme moi. Ses yeux avaient sans aucun doute exprimé toute la répugnance qu'elle ressentait envers moi. Et mon cerveau, comme le protecteur qu'il avait toujours été, avait fait en sorte d'oublier ces yeux qui m'auraient détruite de l'intérieur. J'en étais sûre.

Je secouai la tête. Je m'étais promise d'oublier et de ne plus culpabiliser. Il vivait forcément une belle enfance, dans une belle et famille qui l'aimait de tout son cœur. Je portai ce jour-là la même jupe que j'avais vêtue onze ans plus tôt. Je me devais de tourner la page. Pour moi, pour Océane.

Je m'arrêtai devant le passage piéton, le feu étant rouge. Je pris l'occasion de cette courte pause pour poser les sacs qui me cisaillaient le bras de leurs lanières. J'observai d'un œil las les trainées rouges qui recouvraient mon avant-bras et profitai du fait que j'avais le bras libre pour écarter une mèche ébène des yeux de ma fille.

Les piétons autour de moi recommencèrent à bouger, notre feu était passé au vert. Je me précipitais pour récupérer toutes mes courses, le feu ne durerait pas éternellement.
Une main claire vint prendre un sac et alors que je m'apprêtais à crier sur le voleur, une douce voix sortit de ses lèvres.

— Madame, je vais vous aider.

Je le fixais, abasourdis. Personne n'avait jamais voulu aidé la pauvre femme au bébé que j'étais. Mais ce n'était pas cela qui m'avait le plus troublé. Non... C'était ses iris, l'un chocolat, l'autre bleu ciel.

Il me regardait, la tête penchée, le regard interrogateur alors que je continuai à pointer mes yeux dans les siens. La mâchoire m'en tombait, sous le coup de la surprise.

— Madame ? tenta-t-il prudemment. Vous allez bien ?

— Je- Oui... Merci petit, articulai-je difficilement.

Je me remis en mouvement et portais un sac de l'autre côté de la route. Une fois sur le trottoir, il posa les deux sacs dont il s'était occupé et me sourit doucement. Je détournai le regard. Je ne voulais – pouvais – pas affronter son regard.
Ce ne pouvait pas être lui. « Le monde est petit. » qu'on disait. Je n'y croyais pas. Il ne pouvait pas être minuscule à ce point. Ce n'était pas possible. Je ne voulais pas y croire.

Et pourtant... peu avait ces yeux vairons. Ces pigmentations que je connaissais par cœur. Je les avais gravées au fond de ma mémoire et de ma rétine. Les larmes me montaient aux yeux, rien ne pourrait les arrêter.

— Dis-moi, mon garçon, quel est ton nom ?

— Euh... hésita-t-il.

Sa famille l'avait bien éduqué, j'étais heureuse... Non ! Ce ne pouvait pas être lui.
Ce. Ne. Pouvait. Pas. Être. Lui.

— Romain. Je m'appelle Romain.

Romain... Ils  avaient choisi ce prénom-là pour moi.

— Merci pour ton aide, Romain, fis-je malgré ma gorge nouée d'émotion.

Suite à ces mots, je repris mes achats et continuais ma route sans un mot de plus.

Mais mon cœur me semblait plus léger tandis que je levai les yeux au ciel bleu azur, comme son œil gauche.

Il avait une famille en or, et c'étais tout ce qui me suffisait.

Mon cher fils.


Mon avis :

Ta nouvelle est très belle, j'ai adoré l'inversion des personnages à la fin, voir la même scène des deux points de vue renforce la chute, c'est super ! L'histoire est bien trouvée et le sujet original ! Merci beaucoup pour ta participation ! L'absence de fautes et la bonne syntaxe rendent la lecture agréable et fluide, tu as un très beau style d'écriture ! La couverture que tu as réalisée te rapporte un bonus ! Ta note est donc de 18,5/20 ! Bravo !

Dès que ce chapitre est publié, tu peux le publier sur ton profil !

Luxy ★

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