Le ciel commençait déjà à s'assombrir, malgré le beau temps qu'il y avait ce matin.

Je volai, sans savoir où aller, à la recherche d'une maison bien chaude, remplie de choses à manger. Étant donné que cela faisait si longtemps que je n'ai pas eu ce sentiment d'être rassasiée. 

L'air semblait si froid et hostile qu'on aurait dit que l'hiver n'était pas encore fini.

 Mais c'était bel et bien le printemps, malgré l'absence de la douce tiédeur du soleil. 

Passant dans un jardin, en volant entre deux arbres,  je vis un papillon mort, dormant aux côtés d'une fleur fanée, tous les deux paraissant tristes et âcres. La vue de cette scène me mettait étrangement mal à l'aise. Ils semblaient tous les deux regretter quelque chose qu'ils n'avaient pas pu faire avant leur mort. Mais je continuais mon chemin, ignorant ce spectacle avec peine.

Néanmoins, cette image commençait lentement à s'ancrer dans ma tête. 

Vivre n'était pas une chose simple. 

La mort menaçant continuellement à venir me prendre tous les jours, 

Était ce qui  m'amenait à savourer le moment présent,

Sans se soucier de rien.

Par bonheur, une maison s'offrait à moi, saturée d'odeurs délicieuses venant de la cuisine, la porte grande ouverte.

Je rentrais, avant que la porte fut fermée. Puis, un festin s'offrait à moi, me tenta de me faire venir à elle. 

Pourtant je n'y touchai pas, coupable, je ne le faisais que le contempler.

Je fouillais sans cesse dans les déchets des humains. 

Selon eux, ceux qui n'avaient rien accompli dans leur vie et qui cherchaient constamment dans les poubelles étaient des moins que rien, redondants, et sans futur.

Est-ce que je méritais de venir ici?

Je n'en avais aucune idée.

Mais ce sentiment d'inutilité et d'abandon me hantait constamment. Jour et nuit. Tout ce qui était dans ma tête était les mêmes pensées, ces mêmes mots qui se répétaient sans cesse.

« Tu n'as aucun avenir,  tu vis seulement pour servir les autres »

Je levais les yeux vers le plafond, la vision brouillée.

 Une mouche comme moi ne sert à rien?! Hurlais-je, me demandant si c'était vrai.

La furie me détruisit à petit feu.

La tristesse me submergea. 

Et je ne pouvais pas m'en détacher.

Personne ne s'en souciait.

Et le monde me colla le synonyme d'insignifiant derrière mon dos.

Je n'étais pas digne de venir prendre ces choses qui n'étaient même pas à moi. 

Je ne travaillais pour rien, et ne faisais que dérober n'importe quoi.

Était-ce la manière que je devrais vivre?

Était-ce la vie que je ne devrais pas suivre?

Je l'ignorais et j'en peinais atrocement.

Qu'est ce que je devrais faire? 

Mon corps et esprit en souffraient. J'avais besoin qu'on me dise où aller.

J'avais besoin de me sentir rassurée du chemin que je devais prendre.

Parce que je n'en savais rien.

De chaudes larmes sortaient de mes yeux, qui d'habitude, étaient scintillants de joie.

Je ne voulais pas savoir qu'est ce qui allait m'arriver dans le futur, je ne voulais rien savoir.

Mais cette question n'arrêtait pas de revenir à chaque fois dans mes pensées.

Que vas-tu faire de ta vie?

Sans savoir la réponse, je vivais mal en point, ne sachant même pas ce qui allait m'arriver, je ne faisais que des choses lamentables et vivais dans un monde où je ne méritais pas la pitié des autres.

Je me relevai et allai ailleurs, loin de ce cadeau qui ne m'était pas adressé.

L'avenir est un mot insupportable, 

Quand on ne voit aucun chemin prendre.