-Je ne sais plus quoi faire, Carole. Vraiment. Je ne sais plus...

Le téléphone contre son oreille, James fait les cent pas dans le salon. La voix de sa copine lui vient alors:

-Explique-moi ce qui ne va pas, James.

Le jeune homme se rend compte de jour en jour à quel point Carole peut se montrer très patiente lorsqu'on se confie à elle. Il se dit qu'il a vraiment beaucoup de chance de l'avoir.

-C'est à propos de ton frère et de ta sœur?

A croire qu'elle lisait dans ses pensées. Et puis, il faut dire qu'il lui parle très souvent d'eux. Il soupire.

-Ouais. Je sais pas pourquoi mais j'ai de plus en plus l'impression de ne pas être à la hauteur. Ils sont super proches l'un avec l'autre mais c'est comme si je faisais plus vraiment partie de leur monde.

En faisant ce constat, une boule monte dans sa gorge. Se sentant soudainement fatigué, il s'assoit sur le canapé.

-James, tu resteras toujours leur grand frère. Et ils t'aimeront toujours, quoi qu'il arrive. Si tu as l'impression qu'ils s'éloignent de toi, c'est sans doute normal. Ils grandissent, mais c'est peut-être toi qui ne veux pas qu'ils grandissent.

Encore une fois, elle a su voir juste.

-Il n'y a pas que ça, dit-il en déglutissant. J'ai aussi l'impression que mes parents ne sont pas satisfaits de ce que je fais. Je ne travaille pas, je ne fais même plus d'études. A part faire du babysitting, je ne fais rien. Tu sais, je ne suis pas du genre à me soucier de ce que les autres disent ou pensent de moi, mais il s'agit de ma famille. Leur avis pour moi compte énormément. Et penser que je les déçois tous, ça me tue.

-Je sais, et c'est tout à fait normal. Tu suis un chemin différent de celui de tes parents et à mon avis, c'est ce qui les inquiète. Mon conseil, ce serait que tu laisses le temps faire son travail. Un jour, tu sauras ce pour quoi tu es fait.

Le jeune homme laisse échapper un petit rire.

-Dis-moi, tu as déjà envisagé de faire des études de psychologie?

-Oh non, ma foi. Je suis juste une très bonne conseillère.

-Je vois ça.

Il fait une petite pause avant de dire avec sincérité:

-Merci beaucoup, Carole.

-Oh, je t'en prie. C'est normal.

-Non mais vraiment. Tu n'avais pas forcément de temps à m'accorder mais tu as quand même pris le temps de m'écouter.

Pendant quelques secondes, la jeune femme ne répond rien. Et James en comprend la raison. Elle et sa famille sont partis en Chine parce que l'oncle de sa mère vient de mourir et qu'il faut, par conséquent, assister aux funérailles ainsi que répartir l'héritage du défunt.

-Je sais, répond Carole avant de soupirer. Écoute, je suis vraiment désolée mais je vais devoir raccrocher. Mes parents ont besoin de moi.

-D'accord, pas de problème. On se rappelle plus tard?

-Ça marche.

-Okay. Je t'aime.

-Ouais, bonne journée à toi aussi.

Elle raccroche tandis que James se met à rire. Sa copine ne changera décidément jamais. Même après qu'elle se soit mise en couple avec lui, elle agit comme si cela lui était égal. Mais le jeune homme comprend alors que c'est sa façon à elle de lui dire qu'elle l'aime aussi.

C'est alors qu'il entend Kathryn descendre les escaliers pour ensuite s'installer à côté de lui.

-Tout va bien, mon chéri?

-Euh ouais, ça va mieux maintenant.

Il prend le temps d'observer sa mère. Ses longs cheveux sont coiffés en une vague queue de cheval, des cernes entourent ses yeux et elle est vêtue d'un jogging délavé.

-Et toi maman? J'ai pas l'impression que ça a l'air d'aller.

Elle soupire.

-Je travaille beaucoup en ce moment, mais ça va passer.

-Ça fait pourtant de bonnes semaines que tu ne vas pas bien. Au début, tu avais de la fièvre, ensuite un rhume, puis de nouveau de la fièvre.

Il se souvient d'une chose et commence à paniquer.

-Attends, tu ne nous as pas dit que t'avais jamais eu la varicelle? Peut-être que c'est ça, tu crois pas? Apparemment c'est plus grave quand on l'attrape une fois adulte!

Kathryn commence à rire.

-Calme-toi, James. C'est seulement un petit virus. Ça va passer, ne t'inquiète pas.

Il n'empêche que James est toujours particulièrement inquiet lorsque sa mère ne se sent pas bien. A chaque fois, elle n'arrive jamais à lâcher prise. Elle veut que cela ne l'empêche pas de travailler. Kathryn est le genre de personne à vouloir aller travailler même lorsqu'elle se sent malade. Et lorsqu'elle décide d'une chose, personne ne peut lui faire changer d'avis.

-Si ça peut te rassurer, ton père aimerait m'accompagner chez le médecin pour voir ce que j'ai, lui dit-elle.

-Quand ça?

-On a pris rendez-vous pour demain.

James se souvient alors que leur voiture doit être réparée. Étant le dernier à l'avoir utilisée, il s'est dit qu'il allait l'arranger lui-même. Il a eu l'occasion de faire un stage d'une courte durée dans un garage et il a dû, de ce fait, réparer plusieurs voitures. Et puis, ne serait-ce pas une excellente opportunité pour montrer à ses parents de quoi il est capable? Eux qui pensent qu'un stage auprès d'un garagiste ne le mènera nulle part?

Au moins, il saura comment occuper le reste de sa journée.

Petit chapitre pour aujourd'hui!

Juste pour vous prévenir, il ne reste à présent que trois chapitres avant la fin de la troisième partie. Après quoi, on attaquera la quatrième partie, qui sera la dernière de l'histoire (eh oui, déjà).

Quel(s) chapitre(s) préférez-vous jusqu'à présent? ^^