Novembre | Minimum
Il est temps de définir ce qui est nécessaire. Ne nous perdons pas en contingences, en détails, puisqu'ils sont tous interchangeables : mon personnage peut être né ici ou là, ça ne changera rien à ce qu'il faut vraiment.
Des personnages, parlons-en. Il en faut, de sûr, c'est nécessaire. Au moins deux, parce que sinon personne n'est content. Il en faut un qui soit principal. Il suffit qu'il le soit, et aussitôt il y a une forte propension pour qu'il soit prince aussi : tout s'organise en fonction de lui, se définit par rapport à la relation qu'il entretient avec notre principal. On peut s'égayer en prénom, mais c'est déjà de l'ordre du détail. Appelons-le donc Personnage Principal, ou Prince, pour faire cour. Court, au taon pour moi.
Prince doit vouloir quelque chose, sinon il ne va nulle part, et s'il ne va nulle part, nous non plus, alors on s'ennuie, alors on s'arrête de lire, et même d'écrire avant que ce soit lu. Ce qu'il veut est forcément le bien, parce que nous adoptons son point de vue, et ce qu'il veut devient donc nécessairement son bien, donc le bien. Son bien, même s'il peut s'affilier plus largement parfois, est intrinsèquement intime et personnel. Disons donc qu'il a un but, une quête.
Ici, choisissons la quête de l'amour, car c'est un autre personnage et nous ferons d'une pierre deux coups. La personne aimée s'appellera Aimée, parce que c'est son rôle ici. Nous voilà avec Prince qui veut aimer Aimée, reste la question des obstacles, sans quoi rien ne durera.
Pourtant il me semble qu'on ne puisse pas aller plus loin sans détailler un peu. L'obstacle est la chair du texte, et je veux un squelette tout lisse et propre. De longs obstacles sont donc passé, et Prince rencontre Aimée. Je crois qu'il s'aiment, puisque les obstacles des tracas amoureux ou de la séduction préalable sont déjà passés (avec toutes les broutilles incroyables qu'on met en scène dans ce genre de cas).
Voilà, essentiellement, où en est mon couple. Alors tout va bien ; c'est insupportable. Ils commencent à se poser des questions. L'un à l'autre d'abord : et toi où, quand, qui, pourquoi, comment ci et ça et patati et patata. Rien de nécessaire, que du vent dans l'air. Je leur dis de taire ce bruit vide. Rien à faire, ils continuent, ou enfin se vexent contre moi, ce qui occasionne plus encore de désagréments : ils se posent des questions à eux-mêmes.
D'abord, Aimée, puisque son nom n'inclut aucune autre clause que la passivité, se demande pourquoi elle devrait prendre part en quoi que ce soit à l'action. Prince, lui, se demande ce qu'il fait embarqué dans cette histoire où il n'est plus premier des deux. C'est la lettre de démission, commune : les deux déménagent ensemble de mon histoire.
Ils vont s'installer autre part, où ils pourront se trouver des noms, des histoires et devenir des vrais gens qui s'attardent sur les détails, pour ne rien dire. De fait, rien ne supporte la plus stricte exigence de nécessité, et l'histoire réduite à ses éléments de construction, c'est que dalle.
Quitte à se contenter du minimum, j'aurais mieux fait de ne rien dire.
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