Chapitre 3
« Midoriya ! On a trois autres caisses remplies qui arrivent ! »
Le vert appuya sur le bouton de marche et vérifia sa feuille du jour. Ces trois caisses devaient normalement, s'il ne se trompait pas, correspondre aux commandes de nourritures destinées à la Norvège. Izuku régla la machine en fonction des différents modes pris en compte et lança le programme. Les caisse glissèrent sur un tapis roulant qui les emmena vers une première cloche où elles furent démontées soigneusement. Une fois cela fait, une série de lutin postée côté nord de la pièce - d'un bâtiment qu'on pourrait comparé à un entrepôt déguisé en chalet- s'affairait à vérifier si tous les emballages étaient correctement fait, n'hésitant pas à déballer un paquet pour le remballer si ils jugeaient qu'il y avait un problème sur celui-ci.
Cela faisait déjà une semaine qu'Izuku travaillait à son poste. Lorsqu'il est arrivé pour son premier jour, il avait été assigné à la place de sous-chef de la section tri. Ça lui avait fait tout drôle, lui qui n'était que l'inventeur second de la section innovation de La Fabrique.
Enfin, là n'était pas le sujet. Cela faisait une semaine déjà, et aujourd'hui était le fameux jour où les esprits de Noël devaient arriver ; aujourd'hui était le premier décembre. Izuku se sentait un poil nerveux, ne sachant trop comment il devait réagir face à ces êtres mystiques dont leur nature en elle-même, leur essence, était remplie de magie pure. On lui avait dit de ne pas s'inquiéter, que tout irait pour le mieux car il n'était qu'un lutin parmi plusieurs centaines ici. Mais le vert appréhendait tout de même la venue de ces êtres, ne sachant à quoi s'attendre. À quoi ressemblaient-ils ? Une lutine lui avait raconté qu'ils pouvaient avoir différentes formes selon leur tempérament, leur provenance, et d'autres facteurs influents sur leur apparence. Izuku trouvait cela fascinant et avait du mal à cacher son excitation interne malgré cette appréhension qui l'envahissait au fil des heures.
Finalement, l'heure du déjeuné sonna et tous les lutins furent conviés au milieu de la place, où avaient été installés des bancs ainsi que des chaises devant une estrade en bois, éclairée comme d'habitude, des lanternes chaleureuses. Après avoir éteint la machine, Izuku rejoignit sa section et s'avança juste à côté du chef, étant lui-même sous-chef. La section tri s'installa alors à sa place dédiée, qui se trouvait juste en face de l'estrade. Le chef murmura à Izuku.
« On va pouvoir bien les voir. Tu vas voir ils sont tous différents. Il y a des vieux comme des jeunes. Tiens, le plus vieil esprit a plus d'un millénaire, si ce n'est deux, puisqu'il a arrêté de compter. Et le plus jeune... laisse moi réfléchir... ah, il doit avoir environ ton âge en fait. Au départ, la première année où il a été révélé à tout le monde, il n'était pas plus haut que trois pommes. Mais il avait un de ces caractère ! Personne ne veut avoir de noise avec lui, sinon attention la tête et les oreilles ! Je te préviens avant que tu ne fasse la gaffe. »
Le chef d'Izuku lui fit un clin d'œil avant de reporter son attention sur l'estrade devant eux. Il fallut au final bien une demie-heure pour que tous les lutins soient entièrement rassemblés sur la place. Izuku observa sa montre.
« On va avoir le temps de manger ? »
Le chef rit, ses épaules se secouant en rythme avec ses éclats de rire.
« On a la journée libre après ! Leur discours et tout le reste va bien prendre une heure. Tu pourras rentrer et aller dormir tôt aujourd'hui Midoriya ! »
Izuku sourit à ce qu'il venait d'entendre. Cela faisait une semaine que le vert ne dormait que très peu, et les cernes en dessous de ses yeux commençaient réellement à se voir, pas qu'une nuit puisse tout arranger, mais c'était déjà ça.
Finalement, une figure massive fit son apparition sur l'estrade, sous les applaudissements en folie des lutins assis. Izuku murmura.
« C'est... »
Le lutin assis à coté de lui compléta la phrase laissée à l'abandon.
« ...le Père Noël »
Le vert acquiesça tout en applaudissant, impressionné de se retrouver juste en face de son grand patron, celui qui tire toutes les ficelles. Sa barbe correspondait à toutes les descriptions qu'on lui faisait, longue, d'une blancheur immaculée, et dont la texture ressemblait à de la barbe à papa.
« Incroyable... »
Le Père Noël salua tous ses lutins en les remerciant pour leurs efforts en cette période stressante de l'année, promettant un repas festif bien mérité après le dernier jour de ce travail fastidieux. Des acclamations s'élevèrent sur la place, acclamations qui ne cessèrent jamais puisque que plusieurs individus différents grimpèrent sur l'estrade. Une lutine derrière Izuku se pencha vers lui pour lui susurrer à l'oreille l'information.
« Ce sont les esprits de Noël ! »
Izuku se mit en alerte afin de correctement observer les êtres apparus devant lui. Le vert les compta : au total, ils étaient neuf.
Le premier ressemblait à un fantôme, de couleur bleu. On ne pouvait distinguer que très peu ses traits, comme s'il était une ombre flottante. Le fantôme discutait avec l'une de ses paires, une femme élancée, avec des traits anguleux rappelant ceux d'un loup. Ses cheveux argentés et sauvages encadraient un visage marqué par des yeux jaunes perçants. Ses oreilles, longues et triangulaires, traversaient toute masse de cheveux qui voudraient les cacher ; elle semblait à l'affût. À ses côtés se tenait fièrement un homme imposant, au torse nu recouvert d'écailles rougeoyantes qui scintillaient comme des braises. Ses pupilles fendues et ses cornes recourbées évoquaient clairement son héritage draconique. De petites ailes se déployaient de son dos, très certainement inutilisables pour voler, mais parfaites pour dégager une aura intimidante. Il riait à grand éclats, tapant vigoureusement le dos d'un homme gracile dont la peau avait une teinte verte douce, comme celle des feuilles au printemps. Ses cheveux, longs et ondulés, étaient faits de vignes entrelacées, parsemées de petites fleurs colorées. Ses doigts étaient légèrement allongés et se terminaient par des pointes ressemblant à de petites branches. Au milieu de cette escouade se trouvait, voûté, un homme mince et sombre, avec une peau grisâtre et des cheveux noirs lustrés ressemblant à des plumes. Ses bras, lorsqu'ils s'étendaient, révèlaient une membrane noire semblable à des ailes. Ses yeux noirs, sans pupilles, transperçaient la foule devant lui.
Izuku se demanda à ce moment là où était l'énergie de Noël au sein de tous ces individus si différents.
Une figure humanoïde massive, faite de pierre noire incrustée de cristaux lumineux se dressait à côté de l'homme à l'aura sombre. Ses "yeux" étaient deux pierres brillantes, et des fissures lumineuses parcouraient son corps. Sa peau ressemblait à une roche brute, et pourtant, ses mouvements étaient étonnamment fluides lorsqu'il bougeait pour aider la femme juste à côté de lui, dont la peau nacrée et irisée reflétait la lumière des lanternes environnantes, et dont les cheveux flottants rappelaient des filaments de lumière. Izuku put également remarquer un homme à la silhouette constamment changeante, comme si son corps était fait d'encre liquide. Sa forme humaine restait floue, ses contours se tordant et se dissolvant dans les ombres autour de lui. Cependant, deux points rouges brillaient intensément au centre de son visage indéfini. Izuku s'interrogea sur ces derniers.
« Ce sont ses yeux ? »
« À qui ? »
« Au huitième esprit, les deux points rouges. »
« Oh ! Oui, je crois que ses yeux sont les seuls éléments de son corps à ne pas se mouvoir »
Izuku acquiesça, laissant son chef profiter du discours que le vert n'écoutait clairement pas. Il n'aurait qu'à demander à l'un des lutins de sa section de lui résumer ce qui a été dit.
Les yeux émeraudes balayèrent les huit esprits qu'il venait de détailler, avant de se poser sur le dernier. Izuku plissa les yeux pour correctement l'apercevoir avant d'avoir un sursaut qui alerta quelques uns des lutins installés autour de lui. Le vert s'excusa, embarrassé, avant de reposer son regard sur le neuvième esprit.
Sous les yeux émerveillés d'Izuku, un jeune homme blond cendré, vêtu d'un lourd manteau de fourrure blanche, légèrement poudré de neige scintillante, dégageait une chaleur ardente, contrastant violemment avec l'atmosphère glacée autour de lui.
Les pans de son manteau s'agitaient comme des flammes dans le vent, révélant un éclat rouge intense à l'intérieur, rappelant les braises d'un feu vigoureux. Ses cheveux hérissés étaient ornés de cristaux de glace, presque comme s'ils avaient eux aussi été capturés par l'hiver, mais ses yeux brillaient d'une lumière ardente, presque sauvage, évoquant un brasier prêt à tout consumer.
Il portait des bottes lourdes, en cuir noir, qui devaient laisser des empreintes profondes dans la neige, et ses mains, enveloppées de gants épais, semblaient pourtant contenir un pouvoir brûlant. Autour de lui, chaque souffle de vent frais ne semblait jamais l'atteindre, malgré les flocons qui virevoltaient frénétiquement.
Izuku n'avait pas les mots, il était presque sûr que c'était lui. Il se frotta les yeux plusieurs fois, afin d'être sûr qu'il n'imaginait pas des choses. En vain, le blond cendré demeurait toujours sur l'estrade, la mine renfrognée. Izuku secoua le manteau de son chef qui huma une brève réponse, signe de son attention.
« Quel est son prénom ? »
Le lutin leva un sourcil avant de les froncer. Il passa sa main sur son menton, étant visiblement en pleine réflexion.
« Pour les huit premier tu as Aëryn, Akari, Kael, Elyr, Theros, Lyssia et Zerro. Pour le petit dernier il faut que je réfléchisse encore. Ça fait pas longtemps qu'il est là et contrairement à la majorité des autres, il n'est pas très approchable. J'ai du mal à retenir le nom de ceux que je ne côtoie que rarement. »
« Il n'est pas très approchable ? Pourtant c'est un esprit de Noël ? »
Le chef acquiesça, presque solennelle. Il posa sa main gauche sur l'épaule d'Izuku qui se tendit un peu.
« Ne t'approche pas trop de lui, et surtout ne va pas lui chercher des noises. Il n'aime pas être déranger et souvent, il fait pleurer ceux autour de lui. C'est ce qu'il se passe chaque année en fait. Il vaut mieux que tu essaies de plaire aux autres. Tant que le nouvel esprit ne se décide pas à changer de caractère, il demeurera la plupart du temps seul, je le crois. Ça doit sûrement lui plaire. »
Izuku tritura ses doigts nerveusement. Peut-être même qu'il se mordait la lèvre inférieure, une habitude qu'il avait prise de Shinso quand ce dernier commençait à angoisser.
Il remarqua le Père Noël clamer son « HO ! HO ! HO ! » avant que le plus vieil esprit, Aëryn, le fantôme bleu, ne prenne sa place, au milieu de l'estrade.
« Nous voici à nouveau dans cette période où le monde dépend de nous, de nos mains habiles, de nos cœurs passionnés, et de notre magie ancienne. Noël n'est pas simplement une fête, ce n'est pas seulement une date sur un calendrier. C'est un souffle de joie, un éclat d'espoir, et une promesse faite à chaque enfant et à chaque âme qui regarde les étoiles avec émerveillement.
Mais vous le savez déjà, n'est-ce pas ? Car c'est ici, entre ces murs scintillants de lumière, que la magie de Noël prend vie. Vous êtes les créateurs d'un miracle qui traverse les âges. Chaque jouet que vous façonnez, chaque ruban que vous attachez, chaque éclat de rire que vous imaginez donne à cette fête son véritable sens.
Je sais que les nuits sont longues et que vos tâches sont nombreuses. Je vois vos mains fatiguées et vos fronts perlés de sueur. Mais rappelez-vous ceci : ce que vous faites ici, aujourd'hui, a une portée infinie. Quand un enfant déballera un jouet créé dans nos ateliers, vous ne serez peut-être pas là pour voir son sourire, mais vous l'aurez façonné. Vous l'aurez offert au monde.
Et cette année, mes amis, est encore plus importante. Plus que jamais, le monde a besoin de lumière. De cette lumière que nous seuls pouvons offrir.
Alors, je vous dis ceci : n'oubliez pas pourquoi vous êtes ici. Vous n'êtes pas de simples ouvriers. Vous êtes des artisans de rêves, des gardiens d'une tradition qui a résisté au temps, aux tempêtes, et à toutes les ombres qui ont tenté de l'éteindre.
Chacun de vous, du plus jeune apprenti au lutin le plus expérimenté, porte en lui une étincelle de cette magie. Et ensemble, nous sommes un feu qui illumine même les nuits les plus froides.
Alors relevez vos outils, prenez vos pinceaux, vos marteaux et vos aiguilles. Faites vibrer cet atelier de votre énergie, de votre passion. Et souvenez-vous : nous ne travaillons pas simplement pour Noël. Nous travaillons pour l'espoir, pour la joie, et pour ce qui unit les cœurs dans ce monde si vaste et parfois si froid.
Vous êtes les lutins de Noël. Nous sommes la magie incarnée. Et cette année encore, nous ferons briller le monde.
Allez, mes amis, retournons à l'ouvrage. Car cette nuit, des millions de rêves nous attendent. »
Un silence suivit ses mots, puis les lutins, pleins d'énergie et de fierté, se mirent à applaudir. Izuku suivit le mouvement, bien que le discours du vieil esprit le laissait un peu perplexe. Son chef s'amusa en le voyant, et s'abaissa pour lui chuchoter à l'oreille.
« Aëryn est un peu coincée dans l'ancien temps, elle ne voit pas tellement les avancés et progrès que l'on a fait ces dernières décennies. »
Izuku sourit en hochant la tête, mais son attention se reporta de nouveau sur le plus jeune esprit, qui semblait vraiment au bout du bout pour le coup. Izuku pinça ses lèvres, son cœur battant rapidement malgré lui.
« Kacchan. »
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