Il est rare que nous écoutions les paroles répétées des adultes. 

" Je m'en fiche ! " , c'est exactement ce que l'on a envie de leur dire du haut de nos sept ans. J'ai été très difficiles mais je ne regrette rien. Petite, je n'en faisait qu'à ma tête, au grand désespoir de mes parents  qui s'efforçaient de m'éduquer du mieux qu'ils pouvaient.

Me démarquer de ma sœur était et est encore une obsession. Louise a toujours été première. A la naissance, cinq ans plus tôt que moi, à l'école et dans toutes les matières, premières à sortir tard le soir, à être payée pour me garder. Bref, Louise est " LA " première.

Il m'arrive parfois, quand je remet tout en question, de me dire que je la déteste vraiment. Je me dis que c'est normal d'être jalouse. Mais ça ne l'est pas, je me dis que j'ai raison d'être comme ça. Mais je n'en ai pas. Et je me dis qu'elle aussi doit m'envier des choses. Mais elle ne s'occupe pas de moi, parce que pour elle, je n'existe pas.

Mais je veux qu'elle m'admire , qu'elle se dise que je la fait rire ou que je l'aide à s'endormir. N'importe quoi, pourvus qu'elle me voit. Rien qu'une fois.

Efforts sur efforts, les années ont passés et rien n'a changé.

Mes joues se sont creusées, mes yeux, cernéent et et mon cœur, brisé. Elle ne voyait toujours rien, comme anesthésiée, loin de tout, hors d'atteinte. J'avais beau tendre la main, elle s'éloignait, toujours plus haut, sous le feu de toutes les attentions, me laissant dans son ombre, seule.

Durant quatorze-ans, je n'ai rien dit, j'ai fais comme si. Mais aujourd'hui c'est finit, je vais tout dire, tout ce qu'elle m'a fait subir