Au village de Konoha, le ciel gris avait couvert la ville. Certains nuages arboraient un gris plus foncé que d'autre. Dans un mouvement lent, ils se déplaçaient les uns après les autres. La pluie se mit à tomber sur le sol.
Sur le toit de la bâtisse de l'Hokage, un homme aux cheveux argenté, équipé d'une veste de jonin verte, regardait le ciel. Il laissait l'eau de la pluie couler le long de son visage. Ses cheveux devenaient trempés au fur et à mesure que les gouttelettes d'eau tombaient dans ceux-ci. Il regardait le ciel se couvrir, devenant de plus en plus menaçant. Le ciel pleurait... mais pourquoi ? Un mauvais sentiment commença à s'incruster dans son corps. Au plus profond de lui, il sentait que quelque chose était arrivé. Son esprit ne cessait de lui hurler de Sakura était en danger. À de multiples reprises, il avait pensé céder son poste à Tsunade et filer rejoindre Yamato et le groupe pour leur donner un coup de main. Or, malgré qu'il souhaitait la retrouver lui-même, il ne pouvait pas céder sa place comme il le voulait et ça l'enrageait. Il devait reposer sa conscience sur Yamato.

- Je me disais bien que je te trouverais ici, parvint une voix de femme dans son dos.

Reconnaissant la voix, il ne se retourna pas. Il continua de fixer le ciel sans rien dire. Il entendit les pas de l'interlocuteur s'avancer dans sa direction. Un regard en coin, Kakashi pouvait apercevoir son corps de femme se poster à ses côtés. Ses cheveux bruns descendaient jusqu'à ses épaules. Ses yeux rouge-brun se posèrent sur lui.

- Je crois que je ne t'ai jamais vu dans un tel état. Tu veux en parler ?
- Kurenai... est-ce que je peux te poser une question ?
- Bien sûr.
- Est-ce qu'il t'arrive de ressentir des mauvais pressentiments lorsque Asuma quitte le village pour effectuer une mission ?
- Oui, beaucoup trop souvent. Surtout lorsqu'il s'agit d'une mission de type A ou S. Quelque chose te tracasse ?
- Beaucoup plus que je ne me l'imaginais.
- Qu'est-ce qui se passe, Kakashi ? Est-ce que c'est à propos de Sakura ?

En entendant la prononciation de son nom, la mâchoire de Kakashi se crispa. Bien qu'il n'était pas le genre d'homme à laisser ses sentiments paraître, il sentit les larmes monter jusqu'à ses yeux. Sakura. Si ça se trouvait, elle était en danger bien plus qu'il ne le pensait. Peut-être qu'elle était en train de prier mentalement pour qu'il vienne la chercher, alors qu'il était ici sur ce toit.
Ses deux mains se posèrent sur la rambarde du toit de la bâtisse. Ses doigts se resserrèrent autour du barreau de métal, ses jointures devenant plus blanche. Le visage inquiet, Kurenai posa une main sur le dos de l'argenté. Jamais elle n'avait vu son ami être dans un sal état. Il lui semblait ravagé par la tristesse mélangé à de la colère. Elle se demandait ce qui avait bien pu se passer entre eux alors qu'ils semblaient si heureux ensemble.

- Ce n'est pas de sa faute. Elle n'a rien fait.
- Alors, qu'est-ce qui te met dans cet état ? lui demanda la jonin.
- J'aurais dû être plus méfiant. J'avais le pressentiment que quelque chose allait arriver et... comme un idiot, j'ai tenté de me prouver le contraire. Je me disais que c'était peut-être ma tête qui me jouait des tours.
- De quoi est-ce que tu parles ?

Kakashi prit une pause avant de lui expliquer tout ce qui s'était passé. Il lui dit que Yamato était partit à la recherche de Sakura mais qu'il ressentait toujours ce mauvais pressentiment qui faisait pression sur lui.
Après avoir écouté le récit de son ami, elle posa ses deux mains sur ses épaules pour le forcer à se retourner vers elle. Elle pouvait son oeil droit, les larmes aux yeux. Malgré que son oeil gauche était caché par son bandeau, elle savait qu'il en était de même pour lui aussi.

- Est-ce que je suis fou ? Tu crois que je m'en fais pour rien ?
- Bien sûr que non ! Je crois tout simplement que ce pressentiment est une preuve que votre lien entre vous est plus fort que ce que tu croyais.
- Tout ça c'est de ma faute ! haussa la voix de Kakashi, une larme coulant le long de sa joue. Si j'aurais été plus vigilant, rien de tout ça ne serait arrivé. Elle serait encore parmis nous, avec moi.
- Kakashi, tu ne pouvais pas savoir que ça allait arriver. Tu n'as pas à te blâmer pour quelque chose dont tu n'es pas responsable.
- Je l'aime tellement... ma vie n'est rien sans elle.
- Fait confiance à la vie. Tôt ou tard, elle finira par revenir. Que ce soit dans quelques jours, voire des semaines. Sakura est une femme forte. Elle va revenir.
- Comment est-ce que tu peux en être aussi sûr ?
- Parce que, même si je suis prise d'un pressentiment de ce genre quand Asuma part en mission, il finit toujours par revenir vers moi, quelque soit son état.

La femme ninja posa ses deux pieds sur la rambarde. Elle se retourna vers Kakashi.

- Tu devrais essayer d'aller dormir. Ça te ferait du bien.

Sur ces mots, elle partit. La pluie cessa de tomber. Les nuages gris se dissipèrent lentement, laissant la place à la lune ronde de briller, de toute sa splendeur, sur la ville. D'une main, le ninja révéla son bandeau pour le repositionner sur son front, dévoilant son oeil gauche dont les cils étaient légèrement mouillés par les larmes qu'il avait laissé tomber. De ses yeux noirs, il contempla la lune. Ses yeux se refermèrent et il s'écroula sur les genoux. Les deux paumes de ses mains posées sur le sol, il laissa court à ses sentiments.
Il pleurait. Les larmes coulaient à flot sur ses joues cachées par son masque. Il sentait son coeur se serrer. Il avait mal. Sa présence, auprès de lui, lui manquait. Cela ne faisait même pas 48h qu'elle avait disparue et il n'en pouvait déjà plus de cette attente. Il ressentait le besoin de la sentir. De sentir ses lèvres sucrées contre les siennes. Il désirait sentir la chaleur de son corps contre le sien. Il avait besoin d'elle et quelque chose de grave lui était arrivé. Il le savait. Cependant, il restait impuissant face à cette situation. Tout ce qu'il pouvait faire c'était de hurler sa peine.

****

Blanc. La couleur de la pureté et de la paix. Une pièce complètement vide et blanche de partout. Voilà où se trouvait Sakura.

Où suis-je ?

Sakura marcha dans la pièce, scrutant la pièce de ses yeux. Elle était seule dans une pièce vide, dépourvu de tout objet. Était-elle morte ? C'était la question qu'elle ne cessait de se demander mais à laquelle elle semblait avoir la réponse : oui. Elle était morte. Elle avait rendu son dernier souffle en entendant Kaji crier alors qu'il se faisait sceller dans un parchemin. Elle se souvenait d'avoir passé en revue chaque personne qu'elle aimait dans sa mémoire, leur donnant un dernier adieu mentalement. Tout était terminé. Elle n'était plus de ce monde.
Au loin, elle remarqua une porte en bois de couleur brune. Une porte qui n'était pas présente, quelques secondes auparavant. D'un pas hésitant, elle s'avança vers la celle-ci. Sa main se posa sur la poignée et elle ressentit une chaleur. Une chaleur accueillante qui lui intimait de tourner la poignée. Doucement, elle la tourna et ouvrit la porte. Devant elle se tenait un magnifique champ dont la verdure était plus verte que ses propres yeux. L'herbe était parsemée de milliers de roses blanches. Émerveillé par la beauté de l'endroit, elle pénétra dans le champ, un sentiment de sérénité parcourant son corps. Elle se retourna pour regarder la porte derrière elle mais celle-ci avait disparue. Elle continua d'avancer dans le champ parfumé. Un sourire s'immisça sur son visage. Jamais elle n'aurait pensé que le paradis était si beau.
Plusieurs minutes s'écoulèrent avant qu'elle ne s'arrête de marcher. Devant elle se dressait un immense arbre avec un large tronc. Un arbre fleur de cerisier dont les pétales étaient tout aussi roses que ses cheveux. La rose s'avança vers l'arbre mais arrêta de nouveau de marcher. Une grande femme d'une trentaine d'années, se tenait sous l'arbre. Elle possédait de longs cheveux roses ainsi que de magnifiques yeux émeraudes. Sakura la reconnaissait. C'était la même femme qu'elle avait vu dans son rêve : son arrière grand-mère.
D'où elle se situait, la kunoichi pouvait percevoir un sourire s'installer sur le visage de la femme. Elle se mit à tendre un bras vers elle, sa main l'invitant à la rejoindre. Laissant couler les larmes qui s'étaient immiscées dans ses yeux, Sakura courut dans sa direction et lui sauta dans les bras. Ses bras entourant la taille de la femme, la rose se laissait consumer par ses pleurs. D'un côté, elle était heureuse. Heureuse que tout ce calvaire soit terminé. Heureuse de connaître son ancêtre, de la savoir auprès d'elle. D'un autre côté, elle s'en voulait. Elle laissait derrière elle tous ceux qu'elle aimait. Bientôt, ils allaient tous pleurer sur sa tombe. La fleur ne pouvait s'empêcher de s'en vouloir mais il était trop tard. Elle avait fait son choix.

- Ne pleure pas, lui dit son ancêtre en lui caressant son dos. Je suis là.

Ravagée par sa peine, la rose se laissa tomber sur l'herbe. Son arrière grand-mère s'accroupit pour lui faire face. Elle prit entre son pouce et son index le menton de Sakura, relevant sa tête pour la forcer à la regarder. De son autre main, elle essuya doucement les larmes qui coulaient sur ses joues. La femme lui fit un sourire rassurant avant de se lever. De ses yeux verts, la kunoichi regardait la femme se diriger vers le tronc d'arbre où elle s'y assit, le dos appuyé contre celui-ci.

- Et si tu venais me rejoindre ?

Acceptant la proposition de son ancêtre, Sakura se leva pour aller la rejoindre. Elle se plaça à côté d'elle, le regard rivé sur le champ de roses.

- Suis-je morte ? lui demanda la fleur.
- En quelque sorte mais pas complètement. Tu es entre la vie et la mort.
- Ça veut dire que ce n'est pas le paradis ?
- Non, lui sourit la femme. Le paradis, c'est encore plus beau que ça.
- Alors... pourquoi je ne suis pas complètement morte ?
- Il s'agit d'une transition vers le paradis.
- Une transition ?
- Oui. Il me fera un plaisir de t'expliquer en quoi il s'agit mais pour l'instant... (La femme se releva et regarda Sakura.) Et si nous allions nous promener ?

La femme se retourna et Sakura la suivit. Ils déambulèrent dans le champ sans trop savoir où elles se dirigeaient.

- En quoi consiste cette transition ?
- C'est la phase qui te permet de savoir si tu es prête à passer la barrière.
- La barrière ?

La femme fit retourner Sakura de l'autre côté. Près de l'arbre où elles se tenaient plus tôt, Sakura pouvait percevoir une barrière presque invisible à l'œil nu. Ce qui lui laissait la percevoir était les rayons du soleil qui reflétaient sur celle-ci.

- Je dois la passer pour monter au paradis ?
- C'est ça.
- Alors, je sais ce que j'ai à faire...

Sakura commença à marcher vers la barrière lorsqu'une main s'empara de son poignet. Elle se retourna vers son arrière grand-mère et plongea ses yeux dans les siens.

- Sakura... là n'est pas la question de ce que tu dois faire. Il s'agit de ce que toi tu veux.

De ce qu'elle voulait ? À bien y penser, elle n'en savait pas trop elle-même. Un côté lui disait de retourner sur terre pour retrouver tous ceux qui lui étaient cher. Sa conscience lui hurlait de retourner auprès de Kakashi et l'avertir que des ninjas souhaitaient sa mort. D'un autre côté, elle ne voulait pas revenir à la vie. Pas si ça signifiait avoir perdu Kaji. Il était devenu une partie intégrale de sa vie et elle ne pouvait plus s'imaginer sans lui.
Son ancêtre lui relâcha le poignet, la regardant en attente d'une réponse.

- Est-ce que toi aussi tu as passé par cette phase avant de monter au paradis ? lui demanda Sakura.
- Non. Je suis directement passé de l'autre côté.
- Pourtant, tu viens juste de me dire qu'il s'agissait d'une phase de transition.
- C'est le cas. Si tu aurais vraiment été prête à mourir, tu ne serais pas obligé de passer par ici. Tu aurais traversé la barrière à la minute où tu serais morte, comme moi.
- Tu étais prête ?
- Bien que j'étais jeune, oui, je l'étais. Toute ma vie je me suis battu contre les méchants. Je n'ai jamais cessé de m'entraîner, au point de créer mes propres techniques. Et avant de mourir, j'ai réussi à me fonder une petite famille. Mais toi... tu es encore jeune, Sakura. Je crois que tu veux te prouver que tu es prête à mourir alors que ta conscience indique le contraire. C'est la raison précise du pourquoi tu es ici.

La kunoichi baissa le regard vers le sol. Elle savait que son arrière grand-mère avait raison. Sa conscience lui hurlait le contraire de ce qu'elle voulait faire.
La femme posa une main sur l'épaule de Sakura.

- Sakura, va te choisir une rose.
- Pour quoi faire ?
- Tu le découvriras bien assez tôt, lui sourit-elle.

Suite à sa demande, Sakura marcha dans le champ de fleur. Son ancêtre la suivait quelques pas derrière elle. Sakura regardait chacune des roses blanches. Elles étaient toutes identiques ce qui l'amenait à se demander pourquoi il fallait qu'elle en choisisse une en particulier. Alors qu'elle s'apprêtait à abandonner les recherches, elle vit une rose située plus loin. Elle était seule dans son coin, loin de ses compères. D'un pas déterminé, la Haruno s'avança vers elle. Cette fleur était la plus belle de toutes car elle possédait plus de pétales que les autres. D'une main, elle la retira de sa tige. Elle la tint entre ses mains. Soudainement, la fleur changea de couleur. Sa couleur blanche céda sa place à un rouge vif.

- Le rouge. La couleur de l'amour et de la passion, lui dit la femme.
- Mais qu'est-ce que...
- La voilà la principale raison du pourquoi tu n'es pas prête à quitter ce monde et mon petit doigt me dit que tu sais bien de qui je veux parler.

Kakashi...

Sakura se retourna vers la femme.

- Tu le sais ?
- Je veille sur toi, ma petite Sakura, rigola-t-elle. À chaque jour qui passe.

La jeune ninja serra la fleur contre son coeur. Il lui manquait terriblement. Un fort vent apparu dans le champ. Un vent puissant avec une chaleur réconfortante. Baissant le regard jusqu'à ses pieds, Sakura s'aperçut qu'elle était entouré de flammes. Ignorant ce qui se passait, elle releva les yeux vers son ancêtre.

- Ton heure n'est pas encore venue, Sakura.

La femme s'approcha de la kunoichi et la serra dans ses bras.

- Je serai toujours près de toi, lui dit-elle. Chaques minutes, chaques secondes qui passeront.

Alors que Sakura voulait lui répondre, elle se sentit propulsé à l'extérieur du champ. Tout ce qu'elle pouvait voir était la silhouette de son arrière grand-mère, les cheveux battant par le vent, devenir de plus en plus petite avant de sombrer dans l'inconscience.

****

Dans le village de Kumo, Manzo et ses deux enfants se réjouissaient de la mort de la jeune femme. Un verre à la main, ils buvaient leur saké. Le Raikage félicita ses deux enfants d'avoir accompli la mission haut la main, ce qui leur avait permis de capturer la créature.

- À la nôtre ! Et à notre vengeance qui sera bientôt assouvie.

Ils cognèrent leurs verres dans un synchronisme parfait. Ils prirent de nouveau une gorgée de leur boisson. Manzo déposa son verre sur la table et regarda Akane et Akio.

- Maintenant, nous allons passer à la phase B. (Il se retourna vers Akane.) J'espère que tu es prête.
- Oui !

Elle n'avait jamais été autant prête de sa vie. Elle se souvenait des entraînements que Sakura faisait en la compagnie de ses deux sensei. Elle possédait une telle puissance et ses techniques de Katon... ce qu'elle l'enviait ! Du moins, c'était avant qu'elle ne rende l'âme. Maintenant, elle n'était plus qu'un vulgaire corps sans vie et le phoenix était en leur possession. Bientôt, Akane lierait son destin avec celui de la créature pour avoir accès à tous ses pouvoirs.
Une fumée noire sortit de la porte menant au cachot. À l'odeur de celle-ci, les trois ninjas se retournèrent. À la hâte, Manzo se leva de table et, suivi de ses deux enfants, fila devant la porte. Il l'ouvrit ce qui laissa échapper davantage la fumée dans la maison. Un bras devant leurs nez, les trois personnes descendirent les escaliers pour se rendre devant la porte du cachot. Retenant sa respiration, l'homme ouvrit la porte et il vu l'horreur qui se dressait face à lui. Du feu. La pièce toute entière était en train d'être consumé par les flammes mais ce n'était pas le pire. Arpentant les yeux du regard, il ne pouvait trouver le corps de Sakura. Celle-ci avait complètement disparue.
Akane passa la tête à travers la porte. Elle regardait les flammes géantes dévorer leur cachot. À son tour, elle remarqua que le corps manquait à l'appel. Instinctivement, sa main s'empara de son parchemin où elle avait scellé la créature. Alors qu'elle le déroulait, ses yeux se mirent à devenir ronds comme des billes. Le sceau qu'elle avait apposé n'était plus là. La créature avait réussi à s'en échapper et la femme ignorait comment. Elle l'avait vu de ses propres yeux être emprisonné dans ce parchemin, d'autant plus que c'était elle qui l'avait fait. Le souffle court, elle comprit qu'il s'était non seulement échappé mais il avait amené le corps de Sakura avec lui.
Son regard se retourna vers son père. Celui-ci la regardait d'un air sérieux. Akane pouvait deviner que lui aussi il avait comprit la situation à laquelle ils faisaient face.

- Mes enfants, la chasse n'est pas terminée. Je veux que vous me la ramenez quoi qu'il arrive... vivante ou morte.