*Sélenne.* Mauvaise rencontre.
Le retour chez moi se fait dans un brouillard de pensées. Comment ai-je pu prendre autant de plaisir avec un mec qui me menace, qui me force en se servant de la vie de mon frère et de ma sécurité ? Me sacrifier encore une fois pour Elias me fait rager. Mais je ne peux pas tourner le dos à celui qui a pris soin de moi pendant mon adolescence. À la mort de nos parents, je n'avais plus que lui, j'aurais dû aller en famille d'accueil. Il a manigancé et trouvé des moyens de me garder près de lui et m'a protégé jusqu'à ce que je fasse la connerie de m'attaquer à un site gouvernemental.
Et puis même si je l'abandonnais à son sort, le russe ne me laisserait pas fuir. L'humiliation qu'il a subie par un membre de ma famille est telle qu'il perdrait la face s'il me permettait de ne pas le « rembourser ». Jamais il ne se montrera magnanime, pas dans son milieu. Car son geste le désignerait comme faible. Cet homme est orgueilleux et un obsédé du contrôle, j'ai pu le constater cette nuit. Un frisson sensuel me parcourt à ces souvenirs.
J'arrive à l'appartement et monte les escaliers lentement, car je suis fourbue de ces longues heures nocturnes. Mes muscles n'ont plus l'habitude d'être aussi sollicités. Les « exercices » en chambre et le boulot de serveuse en talons aiguilles sont des nouveautés encore assez récentes pour moi. Je n'ai pas eu d'amant depuis plusieurs mois, en y réfléchissant mieux je dirais même plus de deux ans. Éviter le harcèlement perpétuel de Richard et travailler d'arrache-pied ont été mes priorités et j'avais mis de côté ma vie sexuelle. La tenue obligatoire aux 7 Péchés Capitaux est une torture pour les pieds et les chevilles. Je ne porte jamais des talons aussi vertigineux, m'entraîner et prendre l'habitude de marcher avec a déjà été pour moi un véritable exercice périlleux. Donc en additionnant tous ces faits, je me retrouve lasse et courbaturée au petit matin.
Mes réflexions reviennent à Anton. Je me suis délibérément jetée dans son lit, j'ai même initié ce rapprochement de ma propre volonté. Pour le surprendre, pour l'envoûter et le manipuler. Mais je ne pensais pas autant apprécier ces moments. Je me devais d'être la victime offerte en pâture au monstre, celle qui n'a ni voix au chapitre ni possibilité de refus. Je devrais être honteuse et mal dans ma peau. Mais non !
Surprise d'autant apprécier, j'ai baissé la garde sans regrets ni remords, car ce diable de Sibérie m'a donné du plaisir. Il m'a dispensé des orgasmes comme jamais je n'en avais eu. Contrôler mon corps et les réactions, que je n'ai pu feindre ou dissimuler, face aux sensations reçues de sa part sont pour lui aussi importantes que de jouir de moi. Il a retardé puis accéléré des étapes de mon plaisir, jouant avec comme un maestro dirige son orchestre. Il a pincé les cordes de mes nerfs avec brio, les titillant juste comme il le fallait. Anton semble connaître mes réactions mieux que moi. Comment alors ne pas vouloir continuer à partager son lit ? Mais je me rappelle ma mission. Je ne suis là que pour l'approcher, l'espionner, le trahir et l'envoyer en taule. Je ne dois voir en lui que ma cible, rien d'autre. Ne pas m'attacher à lui juste parce qu'il s'est préoccupé de me donner des orgasmes.
J'introduis la clé dans la serrure et ouvre. Je reste un instant interdite, j'étais persuadée d'avoir fermé double tour. C'est bizarre !
Je pousse la porte doucement et jette un œil l'intérieur. Il fait encore sombre dans les pièces et il ne me semble rien voir. Je passe dans l'entrée, dépose mon sac et mes clés sur la tablette. Je laisse mon iPhone sur le dossier du canapé. Mes baskets sont abandonnées au milieu du chemin, je n'ai jamais été une fée du logis et tant que le désordre ne m'empêche pas de vivre, il peut bien rester comme ça.
- Tu rentres tard, dis-moi.
Mon cœur se retrouve dans ma gorge. Je sursaute et me retourne vers la porte de ma chambre. Cette voix provient de Rick.
- Mais qu'est-ce que tu fous chez moi ? Et pourquoi viens-tu de ma chambre ?
Ce pervers, s'il s'est branlé sur mon lit, je mets le feu au matelas. Quelle horreur, rien qu'à l'imaginer, j'ai des envies de vomir.
- Je t'attendais. Et tu n'es pas rentrée après ton service. Tu as découché, petite dévergondée.
Il s'avance lentement vers moi, une étincelle mauvaise dans le regard. Son pas prédateur me prévient qu'il a une idée derrière la tête. Je contourne les meubles pour l'éviter. Un jeu de chat et de la souris s'enclenche. Il sourit de façon sadique, prenant plaisir à mon malaise.
Connard !
- J'ai fait ce qu'il fallait pour que le Russe ne me tue pas et que je reste assez proche de lui maintenant qu'Elias a disparu.
- Je vois que tu mets du tien pour ça. Je suis certain que tu te donnes à fond.
Quel con, mais le pire c'est que ce sont presque les mêmes mots qu'a eu Anton hier après que je l'ai fait monter au rideau avec ma bouche. Mon cœur se serre à cette réflexion. Je ne suis pas une pute, je suis assez libre dans ma vie sexuelle. Mes choix je les assume sans regret, mais quand ces hommes se moquent ouvertement... Non, je ne baisserai pas les yeux pour mes actes. Je fais ce qu'il faut pour ma survie et si en plus j'en tire du plaisir, je ne serai pas honteuse, je ne leur permettrai pas ni à l'un ni à l'autre de me dénigrer.
- Oui et alors ? Je lui réponds avec une pointe d'impudence dans mon attitude.
Le menton relevé en signe de combativité, je hausse les épaules.
- Et tu as pris ton pied avec le mafioso ou tu as pleuré ?
- J'ai fait ce qu'il fallait, le reste ne te regarde pas.
- Oui, mais je vois à tes yeux que ça n'a pas été un gros sacrifice. Donc ce n'est qu'avec moi que tu joues à la sainte nitouche, à la mijaurée... Tu refuses mes avances, mais tu baises un criminel.
- Si je t'ai repoussé, c'est parce que tu ne m'attires pas.
Et je pense un bon gros « Ducon », en espérant qu'il ne lise pas trop en moi. Il se rapproche sournoisement, j'initie un mouvement de retraite sans le quitter des yeux. J'ai l'espoir de deviner ses prochains gestes et le contrer.
- Ou alors tu es attirée par les mafieux, car tu es toi aussi une criminelle.
- Quoi ? Tu insinues que je suis toujours du mauvais côté de la barrière ! Que tous les efforts fournis pendant ces années de travail ne prouvent rien ? Je me suis tuée à la tâche pour vous démontrer ma bonne foi.
Je suis furieuse et dégoûtée. Et lui il rit.
- Bien sûr que oui. Tu resteras toujours suspecte et c'est pour ça que tu vas venir ici, te mettre à genoux et ouvrir ta petite bouche de salope et me faire une pipe. Celle dont je rêve depuis des mois.
- Jamais !
Je refuse dans un cri venant du cœur et cherche du regard mon téléphone. Il est trop loin, il faut absolument que je l'atteigne. Mais Rick est malin et il se place entre mon salut et moi.
- Oh si, et tout de suite sinon je te dénonce au Superviseur, tu seras très vite de retour en taule.
- Il ne te croira pas, j'objecte en secouant la tête. Tu es censé me soutenir et tu n'as rien fait pour cette dette d'argent.
Ma voix que je voudrais forte et assurée se fissure. Même moi, je crains les réactions du directeur. Il part dans un rire sadique et comble l'espace entre nous, m'obligeant à reculer précipitamment pour éviter qu'il ne me touche.
- Qui mettra ma version en doute ? Je suis un agent sans problème avec de bons résultats, et toi ? Toi, tu es une ex-taularde, hackeuse et sœur d'un criminel. Tu envies et imites notre vie, mais tu ne l'auras jamais, personne ne te laissera atteindre ces rêves. Tout le monde pense que tu ne le mérites pas et tous tes efforts resteront vains ma poulette. Fais le calcul, tu n'as aucune chance, chérie...
Merde, il a raison. Comment lutter contre les mauvaises réputations et les apriori ? Mon cœur se serre à cette idée et cette douleur au milieu de la poitrine me déconcentre une seconde, ce que Rick perçoit et tente d'en profiter. Il continue à me poursuivre dans le salon, tentant une feinte pour que je fuie d'un côté, mais je passe entre la table basse et le meuble télé pour lui échapper. Par malheur, je tape mon pied dans le coin du fauteuil et trébuche.
Je sens sa main accrocher le haut de mon t-shirt, l'encolure tire sur ma gorge et m'étrangle. Je pars en arrière et Rick agrippe mes cheveux, ce qui m'arrache un cri.
La seconde écrase ma trachée, le souffle fétide de sa respiration envahit le creux de mon oreille et me donne un frisson, mélange de dégoût et de haine.
- Tu as l'air d'avoir pris ton pied cette nuit. Ton teint rose le prouve et tes cernes aussi, me susurre-t-il en resserrant ses doigts.
Je cherche frénétiquement de l'oxygène.
- Tu es une belle salope... tu couches avec ce mec, mais avec moi tu refuses. Tu me regardes de haut comme si j'étais une merde.
Ça ! Une vraie raclure, oui ! S'il pense que je vais le laisser poser ses sales mains de pervers sur moi ! Il se met le doigt bien profond. Je me secoue pour le faire dégager, mais il me tient bien. Il connaît les techniques de combats.
Il se frotte contre mes fesses, le dégoût me submerge, la bile remonte dans la gorge. Je le frappe du coude dans les côtes et me sauve dès qu'il relâche sa prise pour récupérer son souffle. Mais je n'ai pas fait deux pas qu'il me pousse violemment contre le fauteuil. Le meuble se renverse quand je tombe par-dessus. Je m'écrase de tout mon long et je déguste. Je vois des étoiles et gémis ma douleur.
Ce salopard m'empoigne sans attendre que je recouvre mes esprits, me retourne d'un coup. Je le frappe, le griffe, le repousse. Malgré ma résistance, il parvient sans peine à me retenir, à m'immobiliser. Son entraînement au corps à corps, sa taille et son poids sont à son avantage.
- Arrête ! Je lui hurle, désespérée.
Il me plaque durement au sol, ma tête cogne contre la surface lisse de mon salon et l'obscurité prend le pas quelques secondes dans mon champ de vision. Quand je reviens à la conscience, il m'a enjambée, ses genoux bloquent mes bras en appuyant lourdement dessus, empêchant toute fuite. Ma respiration se fait difficile sous son poids et la panique.
- Rick ! Arrête, merde !
- Tu as aimé baiser le Russe ? Hein !
Ses mains entourent mon cou.
- Une salope comme toi peut bien le préférer, mais tu vas goûter à ma queue. Comme ça tu pourras comparer.
Son sourire me fait peur, il est complètement fou, mais sérieux.
- Non... Je ne veux pas !
- Tu vas aimer, tu vas voir. Comme avec lui. Dès qu'on ne te laisse pas le choix, tu jouis, sale pute.
- Non !
Il est cinglé s'il croit réellement ça.
Anton m'a forcée, mais pas physiquement. Il ne m'a pas fait de mal. Je le comprends au vu de la nuit passée. S'il l'avait désiré, il m'aurait utilisée puis jetée. Il ne se serait pas préoccupé de mon plaisir. J'étais dégoûtée de ma réaction par rapport à lui. Maintenant je suis rassurée de lui avoir cédé à lui et pas à Rick. Ce mec veut juste me violer, prendre le pouvoir, me faire du mal et me briser. Sous ses faux airs avenants d'homme bien, de gentil agent du gouvernement, c'est un monstre. Me bloquant toujours, il m'étrangle d'une main pendant qu'il se redresse pour mieux accéder à sa ceinture de l'autre. Je dégage un bras, griffe le poignet, tente de le détacher de ma gorge, tape des pieds contre le sol et essaie vainement de le faire basculer en projetant mon bassin de gauche à droite.
La terreur noie ma conscience et mes facultés de réflexions, je n'arrive ni à réfléchir ni à hurler pour alerter les voisins. L'oxygène s'amenuise et mes poumons me brûlent. Par-dessus ma respiration sifflante, le bruit de sa ceinture qui claque me fait l'effet d'une bombe. Il va le faire ! Il va me forcer. Ses mouvements se font hachés et précipités, il triture sa braguette, l'ouvre et sort son... sa... Non ! Je me débats de plus belle. Jamais, je ne le supporterai pas.
- Allez ! Sois une gentille petite salope et ouvre la bouche, m'ordonne-t-il d'une voix rauque d'excitation.
Quoi ? Non, pas question ! Plutôt m'étouffer dans son sang et l'émasculer à coups de dents que de subir ça.
Ses doigts relâchent mon cou et viennent agripper en étau ma mâchoire. Ils s'enfoncent durement dans la chair de mes joues. Il se rapproche et je serre les dents. Je préfère qu'il me casse ou me déboîte la mâchoire que d'ouvrir ma bouche pour cette raclure d'humanité.
- Tu vas me sucer et tu n'as pas intérêt à mordre. Sinon ton frère seras arrêté, emprisonné et je me ferai une joie de l'interroger personnellement.
Je secoue la tête, je ne le crois pas.
- Je sais parfaitement où il se trouve en ce moment. Des hommes le suivent. Je n'ai qu'un appel à donner et il pourra apprécier mes techniques pour les interrogatoires musclés.
Merde, il est connu pour faire avouer les suspects les plus récalcitrants, c'est la seule tâche de son dossier. Rick est trop violent parfois avec les prisonniers. Il menace encore Elias, jouant de mon point faible. Les larmes coulent, nombreuses et amères. Je ne peux pas faire ça, même pour lui. Je viens de passer la nuit dans le lit d'un homme pour éviter notre mort à tous les deux, mais je ne supporterai jamais ce que Rick veut me faire endurer.
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