Il resserre son emprise et diminue la distance entre son membre dressé de façon obscène et moi. La douleur dans ma mâchoire inférieure m'oblige à desserrer les dents. J'ai tellement envie de vomir que la bile remonte dans ma gorge. La transpiration qui me colle au corps se glace tant je suis terrifiée. Je ne pourrais jamais. Mais ... c'est en train de se produire, il est presque sur moi. Il joue et se caresse contre mes lèvres figées. Je retiens un haut-le-cœur, me débats encore mais sans la même conviction qu'il y a quelques instants. Je n'ai aucune échappatoire. Mes larmes de rage et de détresse coulent à flots. Je ne le supplierai pas car j'ai encore un peu de fierté mais la jubilation dans son regard indique qu'il a compris qu'il a gagné.
Soudain résonnent des coups fermes et déterminés à la porte. Je me fige, incertaine que je ne suis pas occupée à divaguer. Mon esprit imagine peut-être des secours sous l'effet du stress, je deviens folle qui sait ?
Mais non, car mon agresseur stoppe son attaque. Il regarde d'un air mauvais la porte d'entrée et réfléchit.
Les coups recommencent. Mon sauveur qui s'ignore est impatient. La sonnette prend le relais et le bruit aigu agresse joyeusement mes tympans.
Le soulagement se répand dans mes veines et mes muscles se relâchent d'un seul coup. Ma respiration n'est par-contre pas ralentie. Au maximum et anarchique, elle offre à mon corps un trop-plein d'oxygène et la tête me tourne. Richard se penche vers moi me secouant méchamment pour attirer mon attention.

- Tu vas aller ouvrir et voir qui t'a sauvé la mise. Tu as intérêt de ne rien révéler sinon tu le regretteras, siffle-t-il entre ses dents.

Il me libère et se rhabille. Je suis fébrile, sans savoir comment réagir. Je me lève très vite et mets le plus de distance entre nous. Il me dégoute, si je pouvais, je l'abattrais sur le champ comme le chien enragé qu'il est.

- Dépêche-toi, m'ordonne-t-il, ton visiteur va rameuter tout le quartier.
Et quoi ? Il est agent au F.B.I, il trouverait une parade, j'en suis certaine. Je me frotte fébrilement les mains sur mon pantalon puis sur le visage, emportant les traces flagrantes de mes larmes.
Je souffle et essaie tant bien que mal de respirer normalement. Le contrôle sur mes réactions physiques est impossible. Comment ne rien montrer ? J'aimerais me rouler en boule et hurler et je dois faire comme si de rien n'était. Je sens sa présence derrière moi, il me colle au battant de la porte et jette un œil par l'orifice prévu à cet effet. Un sourire narquois apparaît sur sa gueule d'ange. Agrippant le haut de mon bras et y imprimant ses doigts, il insiste en me chuchotant :

- C'est une des putes d'Anton, je la reconnais. Tu dis ce que tu veux mais tu l'as fait dégager. Je reste en retrait.

Qui ? Et pourquoi une des filles serait chez moi ? J'ouvre intriguée.

- Oui ?

Je tente de calmer mes pulsations, et de prendre un visage serein. C'est Krystal, enfin son nom de scène, je ne connais pas son vrai prénom. Elle est une des stripteaseuses des 7 Péchés. Grande blonde, sa poitrine refaite pointe fièrement sans soutien-gorge et sans crainte de la gravité. Bien qu'elle ne porte plus son maquillage trop marqué de la nuit, son teint respire la bonne santé, je l'envie à cet instant. Je me sens mal, salie et au bord de la crise de nerfs. Sa présence surprise sur le pas de ma porte est une bénédiction, je serais prête à en faire ma meilleure amie si elle me laissait faire.

- Hey, salut ! Tu as une tête de déterrée !

Bon, pas ma best finalement.

- Et ? Je sais à quoi je ressemble, merci. Tu es venue jusqu'ici pour te foutre de moi ou tu as une raison plus précise ?

Je suis agressive mais Rick derrière moi m'empêche de courir le plus loin possible, je dois d'abord la faire déguerpir pour qu'elle ne soit pas la prochaine victime de ce salaud.

- Moi ce que j'en dis, me répond-elle avec un haussement d'épaules. Anton m'a demandé de passer pour vérifier que tu as ce qu'il te faut pour la soirée de prévue.

- Demander ou ordonner ?

- Pas faux, oui, mais ça revient au même. Tu vas me laisser sur le pas de la porte ou je peux faire mon job ?

- Non..., j'hésite en regardant par-dessus mon épaule, je... Je ne suis pas seule.

- Ah !

Elle me scrute, me scanne de ses yeux pleins d'expériences de la vie, comprend sûrement que je ne passe pas un moment joyeux. Ses yeux passent sur ma joue, ma gorge, puis mon bras. Je sais de quoi je dois avoir l'air, un sentiment de honte se répand en moi. Alors que je suis la victime, pourquoi j'en suis la première surprise ? Je n'ai rien à me reprocher, mais la sensation m'étouffe et me déstabilise.
J'avance d'un pas et me cache de Rick en passant derrière la porte. Je dis sans prononcer un mot :

- Va-t'en, s'il te plait.

Son visage se ferme quand Krystal lit sur mes lèvres et elle se redresse. Un sourire tout ce qu'il y a de plus faux apparait et elle me fait un clin d'œil.

- C'est Youri qui m'a accompagné, car je ne connaissais pas ton adresse. Il attend en bas pour le cas où il faudrait aller faire les boutiques. Anton tient A-Bso-Lu-Ment à ce que tu en jettes ce soir.

Elle me repousse dans l'appartement et entre comme si elle était chez elle.
Marquant un arrêt en apercevant Rick, elle mime la surprise. Elle devrait être comédienne.

- Oh ! Bonjour beau mec. Je ne savais pas que tu avais de la visite ? insiste-t-elle comme une blonde.

Elle joue l'ingénue, celle qui ne comprend pas, voulant semblerait-il l'obliger à se présenter et passer pour une écervelée. Elle le détaille de ses beaux yeux bleus trop maquillés. Sa bouche mime un sourire séduit et Richard ne se prive pas pour lui retourner ses attentions d'un regard salace. Il dérive sur ses courbes mises en valeurs par sa robe ultra courte et près du corps. Ses talons vertigineux mettent encore plus en valeur ses jambes.

- Heu... C'est Richard, mon agent de probation, il était sur le point de partir.

Je fronce les sourcils et espère qu'il comprendra le message, croisant les doigts mentalement pour qu'il se casse.

- Enchantée Richard...

Sa voix est un appel au sexe, elle le manipule sans une once de gêne, je commence à apprécier cette nana.

- Oui, nous avons fini pour aujourd'hui, Sélenne. Mais, n'oublies pas...

Il vient murmurer la fin de sa phrase à mon oreille en écrasant mon épaule entre ses doigts cruels :

- Tu ne m'échapperas pas la prochaine fois. Tu y passeras.

- N'y compte pas trop.

Ma voix que je voudrais forte est tout le contraire, brisée, fébrile, bien trop fragile. Il sourit, suffisant et s'en va en claquant la porte. Je me plaque contre le battant, jette un regard par l'œil de bœuf. Il est en train de parler au téléphone, je veux savoir s'il appelle le directeur donc je colle mon oreille pour vérifier.

- Ola, Amigo ! ... Oui... J'y travaille. C'est pour bientôt. Ne me pousse pas, oui... Je sais... tu auras ce que tu veux.

Il passe la main dans ses cheveux. Il a l'air frustré et anxieux. Quel chien ! Il n'a aucune intention de me balancer au directeur. Logique, sinon je ne serai plus à sa botte. Je ne connais pas son interlocuteur mais il a l'avantage sur lui et le mène à la baguette. Tant mieux, j'espère qui lui en fera voir de toutes les couleurs à ce pourri. Rick s'éloigne et moi je suis libre.