Obsession.
Anton
Elle, Sélenne, son regard sauvage. Sans intention de rendre les armes. Je ne pense qu’à Elle, cette femme. Je veux la voir à genoux, l’entendre me supplier. Avec sa rousseur, sa pâleur, ses formes douces et tentantes. Elle représente une véritable fortune sur le marché. Je sais que je pourrai la vendre, lui trouver un Maître. Je pourrais me faire un joli tas de dollars.
Je fournis des corps, du jeu et de la drogue. Je connais sa valeur. J’ai la mainmise sur cette ville, ma ville, Milwaukee.
Mais me défaire d’elle ne me tente pas. Pas de suite en tout cas.
Je la veux suppliante, pas pour sa vie ni celle de son frère. Mais pour que je la fasse gémir, crier et jouir. Je veux sa bouche sur moi et voir son regard se troubler.
Ces pensées périphériques parasitent ma journée. Je me souviens de la douceur de sa peau, de ses frissons sous mes doigts, de sa chaleur. Le grain de beauté juste entre ses seins m’obsède. Je veux le lécher, le titiller du bout de la langue. J'ai besoin d'observer, sentir et apprécier ses réactions à mon contact.
Ce soir ! Cette nuit sera notre première et j’en ferai une nuit blanche remplie de cris et de gémissements.
Je me rends aux « 7 Péchés Capitaux », la partie visible de mon empire. La voiture s’arrête et je regarde par la fenêtre en attendant que l’on m’ouvre.
La façade de brique rouge rappelle les anciens entrepôts de marchandises que l’on trouvait dans cette partie du quartier.
J’ai choisi de m’installer ici, près du port. L’accès y est facile et les rénovations entreprises par la ville depuis quelques années ont amené les investisseurs à renflouer l’économie et inciter un retour de la population.
Cet immeuble à grandes fenêtres ne possédait que deux étages quand je l’ai acheté. Depuis, j’y ai fait ajouter des sous-sols.
L’enseigne lumineuse brille dans le noir. Les couleurs et les volutes attirent l’œil. Je sors de la voiture et monte les quelques marches qui mènent aux doubles portes. Elles sont immenses, provenant d'arbres rares et exotiques rouges, décorées de clous en bronze. J’aime l’effet que cette entrée a sur les clients.
La première partie de mon domaine est un bar lounge. Tout simplement. Il y a de la musique douce, la lumière est feutrée. Toutes les personnes comptant dans cette ville viennent ici. Pour réussir, il faut se pavaner, se montrer en bonne compagnie.
On y trouve bien sûr des politiciens, des hommes et des femmes d’affaires, des sportifs et des artistes.
Ils désirent passer une bonne soirée avant d’aller vers des destinations plus sombres, plus secrètes.
Que bien entendu, je leur fournis.
Mon Club est voué aux péchés capitaux, j’ai donc fait en sorte de leur offrir toutes les tentations possibles. Les parties à l’accès plus restreint se situent dans les sous-sols.
Plus on s’enfonce dans les tréfonds des sous-sols, plus il faut payer pour avoir le droit d’assouvir ses fantasmes et tomber dans la dépravation.
J’ai mis au point un système de bracelets qui donne un droit d’entrée dans ces zones.
La couleur cuivrée du premier niveau laisse passer que les clients dans les salles appelées « Luxure et Envie », dédiées bien entendu aux corps dénudés.
Les filles dansent, se déshabillent et plus si l’on ajoute quelques billets. La décoration y est plus chaude, faite de rouge et d’or, de satin et de velours.
Il y a aussi des salons privatifs et des alcôves pour plus d’intimité. Les serveuses portent des tenues légères, les danseuses vont et viennent entre les tables entraînant les clients à boire et à dépenser.
Il y a de part et d’autre des scènes où les filles se trémoussent autour d’une barre. Des fêtards se rassemblent devant pour admirer leur show et agiter leurs billets. Si on descend encore d’un niveau, nous arrivons dans l’antre des bracelets argentés.
« La Gourmandise et la Paresse » sont les tentations offertes aux chanceux qui ont y leurs entrées. Ceci est le refuge du SM, BDSM, et autres vices. Tous les fantasmes y sont permis. Cela va du « donjon » de base aux demandes les plus particulières. La maison ne recule devant rien, comme on dit. Les pièces principales ressemblent à un lupanar romain en pleine décadence. Des couchettes et des canapés invitent à la débauche. Ici, le personnel donne de sa personne. Rien n’est refusé. Les clients peuvent y venir masqués s’ils le souhaitent, la discrétion est assurée.
Le dernier étage, le plus bas ne s’ouvre que pour les détenteurs du bracelet « or ». Cette zone est très sélective, il faut aussi un parrain de la même couleur de bracelet. Ce lieu est appelé officiellement « Colère et Orgueil », il faudrait y ajouter l’avarice, mais certains clients y verraient sûrement un affront. Il faut suffisamment d’argent pour oser participer. Jeux de cartes, combat, paris en tous genres. Pour ma part, je nomme le deuxième sous-sol, « L’enfer », et j’en suis le gardien. Cela résume bien l’ambiance. Elle est sombre, brute. On a le sentiment de ressentir les cris, le sang et la violence qui se sont déroulés entre ses murs de béton.
Tout y est fait pour que le client s’oublie et soit poussé dans ses derniers retranchements. La colère et l’agressivité y sont décuplées, magnifiées et dirigées vers le ring central de free fight.
Et qui dit combats, dit paris. Nous, les Russes savons utiliser à notre avantage les défauts de la populace. Il ne faut pas sous-estimer l’attrait de l’argent facile. Dans l’ambiance surchauffée d’un combat, beaucoup sont tentés de miser des fortunes pour espérer gagner le gros lot. Ils viennent voir le sang couler et frissonner. Le revers de la médaille apparaît s’ils perdent. Ici, on paie cash ses dettes sinon on ne ressort pas entier.
Ce sont Mes Règles. Voilà mon œuvre. Mon empire. J’ai d’autres possessions, d’autres business. Mais les « 7 Péchés Capitaux » sont pour moi l’aboutissement. J’entraîne toujours plus profond ces hommes et ces femmes vers leur enfer personnel. Il n’y a pas de pardon.
Je traverse le Lounge et entre dans l’Envie et la Luxure. De suite, je cherche mon nouveau jouet. Elle est de service, je devrais la trouver facilement.
Je l’aperçois au loin, dans une des tenues réglementaires. Des talons vertigineux, une jupe noire fendue qui lui arrive à mi-cuisses, et un petit haut noir fait de dentelle et de rubans. Il donne cette impression qu’on pourrait sans effort le défaire en tirant sur le bon nœud. Ses jambes sont gainées de bas résille avec une ligne de petits nœuds rouge courant sur l’arrière de celles-ci en une touche terriblement coquine.
Je la regarde en m’asseyant avec Youri à ma table habituelle, un peu retirée et stratégiquement placée pour avoir une vue dégagée sur la salle. Je la suis des yeux. Cette nuit, Sélenne est ma proie. Je ne la lâcherai pas tant que je ne serai pas rassasié. Une serveuse amène des verres. Pas besoin de commander, on connaît mes goûts. Youri tente de m’intéresser aux affaires en cours, mais je l’ignore. J’ai mieux à faire.
– Tais-toi, le rabroué-je.
– Tu es le Boss, je suppose que tu sais ce que tu fais. Mais à mon avis, cette fille ne t’apportera que des ennuis.
Il sourit en avalant une gorgée de sa vodka. Il sait pertinemment que je ne me détourne pas facilement de mes obsessions. Et cette situation me permet de pouvoir prendre ce que je veux, et de sauver la face du même coup. Me servir de Sélenne, de son corps et me venger de son frère.
Je repars en chasse. La jeune femme est légère. Elle semble glisser entre les tables. Elle est joueuse aussi, sensuelle et coquine. Elle rit, plaisante et flirte. Mais je remarque qu’elle évite les mains baladeuses. J’apprécie qu’elle ne se laisse pas toucher par n’importe qui. Elle secoue sa crinière aux reflets changeants, hausse les épaules et retourne s’occuper d’autres commandes.
– Il faut reconnaître qu’elle a du charme, reprend mon compagnon.
– Tu es bien bavard ce soir, Youri ! Arrête de me chercher ! Je ne suis là pour personne cette nuit.
– À part pour elle, me répond-il.
Oui, juste pour elle. Ma vengeance va être si savoureuse. Je souris, rien que d’imaginer la suite de ma soirée.
Je reporte mon attention sur la salle et je me sens me raidir.
– Mais, c’est qui ce con ?
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro