Obscurité.
Sélenne
Il est au-dessus de moi, ses genoux enserrant mes hanches. Il mordille ma lèvre inférieure et tire dessus, se dirige le long de ma mâchoire, contourne le lobe de mon oreille avec sa langue. Je ne peux que lui offrir mon cou. Il laisse un chemin humide de baisers et se lance à l’assaut de ma poitrine. Il se redresse à genoux et ancre son regard au mien. Tous ses gestes sont empreints d’une lente assurance pour me faire attendre, anticiper et même supplier le prochain toucher.
Il tire doucement sa cravate. Le bruit du frottement du tissu sur le col est le seul que l’on peut entendre à cet instant. Ma respiration s’est bloquée et je suis dans l’expectative. Je ne bouge pas, comme paralysée, je ne veux pas briser ce moment et perdre ces sensations. Il me sourit et attrape mes poignets. Il les place au-dessus de ma tête et d’un geste sûr et rapide les noue à la tête de lit avec sa cravate hors de prix. Je me raidis en me sentant vulnérable. Ce matin j’étais aussi dans une situation où l’on m’a arraché le contrôle. Mon subconscient fait le rapprochement et coupe mes envies. La peur revient soudain.
Il m’empêche de protester en plongeant sa langue durement entre mes lèvres. Il semble me lire et comprendre mes frayeurs et mes hésitations, bien qu'il en ignore les origines. Cet assaut a pour objectif de me faire oublier et y arrive complètement.
— Ne te débats pas, laisse-moi une chance de t’offrir du plaisir.
— Je ne t’ai pas donné la permission de m’attacher, je réplique dans une tentative de courage.
Il se redresse, va fouiller dans le tiroir d’une commode et revient avec un foulard de couleur foncée.
Je rejette la tête sur le coussin. Il met un genou à côté de moi et se penche. Il glisse le rectangle de soie de mes chevilles vers ma poitrine. C’est frais, c’est doux. Ça glisse et me traverse, contourne mes monts et mes vallées, coule sur mes hanches, remonte vers mon nombril et s’échoue entre mes seins.
Lent, aguicheur et érotique. Ma respiration s’est faite erratique, mon cœur bat si vite. Le tissu effleure mes seins et leurs pics dressés et vient mourir autour de mon cou. Sa sensualité me déroute et me détend.
— Tu me laisses te bander les yeux ?
Il demande, il n’ordonne pas. La différence lui fait gagner ma confiance, partielle du moins. Comment croire qu’il ne profitera pas de la situation ?
— Oui, je murmure.
Je ne peux pas faire plus, ma voix est partie avec mes pensées, loin de nous. Il me cache le visage avec la soie. Je le sens s'incliner sur moi et ses mains m’entourer la tête. Je me soulève légèrement et il noue le bandeau. Fort. Je n’y vois plus rien. Le noir. Mes sensations sont accrues. Les sons sont amplifiés.
Je tente de deviner ce qu’il fait. Le matelas penche du côté où il a posé son genou. Mes bras relevés au-dessus de ma tête tirent un peu. Cet inconfort n’est pas gênant en soi, il me donne l'impression de ne pas avoir la situation en mon pouvoir.
Je veux savoir ce qu’il se passe et essaie de calmer ma respiration ainsi que mon rythme cardiaque. Le bruit qu’ils font à mes oreilles est assourdissant. Je n’aime pas l’incertitude.
Anton se relève, je l’entends bouger dans la chambre. Le frottement de ses pieds sur le tapis m’indique son éloignement. Que fait-il ?
Je l'écoute se déplacer vers la porte. L’ouvrir. Puis il parle exprès en russe pour que je ne comprenne pas. Je m’agite sur le lit, frotte ma tête contre mon avant-bras pour retirer le bandeau. Rien à faire. Je ne vois rien.
Anton revient. Je sens une main sur ma cheville. Je sursaute. C’est lui ? Des mouvements dans l’air me déstabilisent, je sens une respiration près de mon cou, les doigts serrent à présent mon mollet et remonte. Je ne reconnais pas son toucher. Il me semble différent. Je me fais peut-être des idées. Comment savoir ? Mon sang coule plus vite dans mes veines. Je suis parcourue de frissons chauds et froids qui me laissent tremblante.
Je n’aime pas cette ambiguïté.
— Tu m’as permis de t’attacher, t’aveugler, murmure-t-il derrière mon oreille.
Son visage effleure ma mâchoire, ses cheveux sont doux contre ma joue.
— Tu me dis que tu ne veux que moi. Tu es sûre, tu ne désires personne d’autre ? Je peux faire un effort et t'offrir à un autre. Ou à plusieurs, si tu préfères.
Je sursaute à ses paroles. Quoi ? Non, il ne peut pas, il ne sait pas partager. Il bluffe.
— Non, je gémis. Tu ne le veux pas.
— Moi non, mais toi ? Que veux-tu ? Ici tout est possible justement. Nous sommes dans la chambre aux dragons. Je peux laisser de côté mes envies pour tes fantasmes.
Le matelas bouge, je suis perdue dans cette obscurité. Je ne sais plus.
Qui est à côté de moi ? Suis-je seule avec lui ou a-t-il fait entrer un inconnu ? Cette présence muette est-elle réelle ou sort-elle de mon imagination débridée ? Ou veut-il me donner une leçon ?
Je me détends d’un coup. Oui, c’est cela. Il essaie juste me faire avouer que j’ai confiance en lui. C’est un test.
Que faire ? Le lui dire ou jouer encore et lui mentir en disant que je désire un autre ?
Cela pourrait se retourner contre moi. Il pourrait se sentir obligé de continuer jusqu’au bout.
Non, je vais être franche, c’est mieux. Fini de jouer.
— Je sais qu’il n’y a que nous deux dans cette chambre, dans ce lit et... Je ne veux que toi, Anton.
Dans ce noir, cette obscurité qui m’entoure, je ressens son soulagement palpable. Sa respiration qu’il avait retenue discrètement se relâche. Il se fait plus lourd sur moi. Une main vient se poser en coupe sur ma joue, un pouce se frotter sur ma pommette. Jamais il n’aurait pu me regarder avec un autre, le laisser me faire monter jusqu’à l’extase sans intervenir.
Sa langue vient jouer sur mes lèvres. Il me mord jusqu’à ce que je gémisse. Il est pris de frénésie. Il descend vers ma poitrine. Il continue ses morsures et me laisse sans l’ombre d’un doute des traces de son passage sur ma peau. Il me lèche pour apaiser le feu de chaque meurtrissure. Mon ventre se contracte, le besoin de lui se fait plus pressant, plus criant.
Anton arrive à mes seins, il poursuit ses attaques du bout des dents, contourne les globes, passe de l’un à l’autre, tourne autour des mamelons. Je voudrais tant qu’il se décide à prendre en bouche un de mes tétons. Ils pointent et se tendent vers lui. J’ondule et essaie de le toucher. Dès que tout autre contact que celui de ses lèvres se fait, mon russe se recule. Je me tortille, sens la chaleur se répandre.
Ses mains retiennent mes seins l’un contre l’autre et les pressent, les malaxent. Il passe sa bouche entre, son souffle me fait vibrer. Il recueille de la pointe de la langue les gouttes de ma transpiration.
Comment fait-il ? En n’embrassant que mes seins, il va parvenir à me donner un orgasme. Si seulement il pouvait, s’il voulait s’occuper de mes tétons. Je crois, non je suis persuadée qu’un geste de lui me fera partir. Il continue encore et encore. Le temps n’est plus réel, j’ai perdu mes repères. Une heure, un jour, je ne sais plus depuis quand il me torture.
S’il veut que je supplie, je le ferai, j’ai atteint mes limites.
— Pitié, Anton, je n’en peux plus...
À peine ai-je parlé qu’il se jette sur un téton. Ses lèvres l’entourent, sa langue appuie. Puis il aspire fort. Presque jusqu’à la douleur. Mon corps se cabre, hors de contrôle, des vagues de plaisir partent de ma poitrine tel un tsunami sur les récifs de mon entrejambe.
Je pense que j’ai hurlé ma jouissance. Mon souffle erratique a du mal à se calmer. La béatitude rend mon corps mou et détendu.
— Bien, ma belle ! On ne fait que commencer.
Sa voix rauque est remplie d’une suffisance pleine de fierté et d’orgueil. Je ne peux pas le contredire, il m’a presque tuée de plaisir.
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